1-History Lesson 1.22
2-Future Bill & Ted Leave 1.53
3-Rufus Lands 1.02
4-A Lot More Than That 1.00
5-Austria, 1805 2.02
6-Short Dead Dude 2.54
7-Old West 0.45
8-Saloon Tack Piano 1.52
9-Billy The Kid 0.27
10-Brawl and Ancient Greece 3.33
11-Medieval England 5.00
12-Meet the Princesses 1.40
13-Execute Them!
(With Hoo-Hahs) 3.16
14-Bag Freud 1.31
15-Prehistoric Pit-Stop 3.43
16-Thanks, Rufus 0.23
17-Napoleon Hesitates 0.35
18-Mall Mayhem 1.30
19-Wild Speech Montage 2.01
20-Jailbreak 3.34
21-America the Beautiful
(Ward, Arr. Newman) 1.07
22-Thank You San Dimas High 0.29

The Extras

23-Saloon Tack Piano
(Alternate End) 1.56
24-Execute Them! (Orchestra) 3.16
25-Trumpet Fanfare 0.07
26-Go Faster (Film Version) 0.18
27-Coda#3 (With Echoplex) 0.06
28-Fleur De Lis
(Beethoven, arr. Newman) 0.44
29-William Tell Overture
(Rossini, arr. Newman) 0.39

Musique  composée par:

David Newman

Editeur:

Intrada Special Collection vol. 269

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Orchestrations:
David Newman, Patrick Russ,
Jeff Atmajian, Mark McKenzie,
Tom Villano

Mixage score:
Tim Boyle
Monteur musique:
Scott Grusin
Assistant monteur:
Sara Sheranian
Superviseur musique:
David Kershenbaum
Assistant de Mr. Newman:
Krystyna Newman
Manager de production:
Regina Fake
Assistant éditorial:
Frank K. DeWald

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1989/2014 Studiocanal. All rights reserved.

Note: ****
BILL & TED'S EXCELLENT ADVENTURE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Newman
Le cinéma américain des années 80 a vu s’enchaîner plusieurs modes éphémères qui ont connu des hauts et des bas : entre la prolifération des films d’action, de science-fiction post-Star Wars et des films d’heroic-fantasy à la « Conan », il y eut aussi la mode des comédies de science-fiction, généralement destinées à un public d’ado et mettant en scène le thème du voyage dans le temps : on peut citer « Back to the Future », « My Science Project », mais aussi « Bill & Ted’s Excellent Adventure », film délirant réalisé par Stephen Herek en 1989 et mettant en scène deux lycéens accrocs au rock qui doivent trouver une solution peu orthodoxe pour accomplir leur exposé d’histoire au lycée. Le récit se déroule à San Dimas en Californie en 1988. On y suit ainsi l’histoire de Bill S. Preston (Alex Winter) et Ted Logan (Keanu Reeves), deux cancres qui s’intéressent davantage à leur futur groupe de rock qu’ils souhaitent monter, le « Wyld Stallyns », plutôt qu’à leurs études. Leur professeur d’histoire Mr. Ryan (Bernie Casey) leur pose alors un ultimatum : s’ils n’ont pas la note maximale à leur prochain exposé d’histoire qu’ils doivent présenter dans quelques jours au lycée, ils seront renvoyés pour de bon. Bill et Ted comprennent alors que l’heure est grave, et qu’ils doivent absolument trouver un sujet intéressant et original pour leur travail. C’est alors qu’ils reçoivent la visite inopinée de Rufus (George Carlin), un homme venu du futur à bord d’une machine à voyager dans le temps ressemblant à une cabine téléphonique. Rufus leur explique alors qu’il vient de 2688, et qu’il est primordial pour lui qu’ils réussissent leur exposé d’histoire, sous peine de quoi le futur de 2688 s’en trouverait modifié à jamais. Utilisant la machine à voyager dans le temps, Bill et Ted se lancent alors dans une aventure incroyable, remontant les différentes époques du passé pour y ramener en 1988 de grandes figures historiques qu’ils présenteront en live au cours de leur exposé d’histoire : Napoléon Bonaparte (Terry Camillieri), Jeanne d’Arc (Jane Wiedlin), Socrates (Tony Steedman), Bill the Kid (Dan Shor), Abraham Lincoln (Robert V. Barron), Sigmund Freud (Rod Loomis), Ludwig Van Beethoven (Clifford David) et Genghis Khan (Al Leong).

Avec un scénario aussi extravagant et délirant, on ne pouvait s’attendre qu’à une comédie ultra colorée et déjantée, ce que Stephen Herek nous offre donc avec « Bill & Ted’s Excellent Adventure ». Malgré un succès mitigé à sa sortie au cinéma en 1989, « Bill & Ted » est devenu rapidement un film culte des années 80, donnant lieu à une suite, « Bill & Ted’s Bogus Journey » en 1991, une série télévisée d’animation/spin-off produite par Hanna-Barbera en 1990, une série TV live produite en 1992 et quelques comics books et jeux vidéos – un troisième film est prévu depuis 2010 – Le premier opus possède le charme des comédies 80’s avec quelques effets spéciaux kitsch (notamment lors des scènes de traversées du temps) et une ambiance de buddy movie pour ado typique du moment. Le problème, c’est que le film est totalement invraisemblable et enchaîne les scènes WTF à grande vitesse, le pompon étant atteint lors d’une longue séquence où Beethoven, Gengis Khan, Freud, Lincoln, Socrates, Jeanne d’Arc et Billy the Kid sèment la pagaille dans un grand magasin de sport californien en 1988, tandis que Napoléon s’éclate en mangeant des glaces et en faisant du toboggan dans un grand parc aquatique - il faut aussi signaler que le concept du voyage dans le temps à bord d'une cabine téléphonique est clairement inspiré de la série TV britannique culte « Doctor Who » de 1963). Et que dire de la révélation finale amenée par Rufus, du grand n’importe quoi dans toute sa splendeur ! Bref, si vous êtes preneur de ce type d’humour absurde et stupide – d’où certainement la présence inattendue de l’humoriste américain ultra controversé George Carlin dans le rôle de Rufus – « Bill & Ted’s Excellent Adventure » devrait vous divertir amplement. Pour les autres, le long-métrage de Stephen Herek fait clairement office de plaisir coupable décérébré clairement destiné aux ados des années 80 et à ceux qui veulent laisser leur cerveau aux vestiaires pendant 1h20 !

Si les chansons rock occupent une place majeure dans la bande originale de « Bill & Ted’s Excellent Adventure », incluant les solos de guitare récurrents conçus par Stevie Salas, la partition symphonique de David Newman apporte à son tour une énergie et une certaine force au film, dynamisant chaque scène et chaque péripétie avec un fun et un plaisir constant. David Newman avait déjà collaboré avec le réalisateur Stephen Herek sur son tout premier film, « Critters » (1986), qui fut aussi le tout premier score du compositeur écrit pour un long-métrage. Rappelons que David Newman avait aussi participé à deux précédentes productions de chez Orion Pictures, le film d’action « Malone » (1987) et la comédie satirique « Throw Momma from the Train » (1987). Ce n’est donc pas un hasard si le compositeur se voit confier les rennes de la partition de « Bill & Ted », pour lequel il livre un score énergique et coloré partagé entre l’orchestre symphonique habituel et des synthétiseurs et rythmes pop très eighties kitsch. Pour s’imprégner plus judicieusement de l’ambiance du film, Newman n’hésita pas à se rendre sur le tournage à la rencontre de l’équipe de réalisation et des acteurs. Dans une note du livret de l’album publié par Intrada, le compositeur précise que son intention était d’exprimer en musique l’aventure de Bill et Ted sans faire d’eux des idiots, mais d’apporter davantage de coeur et d’émotion à leurs aventures sans devenir sentimental. Défi de taille pour Newman : évoquer les différentes périodes de l’histoire que Bill et Ted traversent dans leurs périples en variant les styles tout en conservant une unité musicale cohérente. La conception de ce score représenta un grand challenge pour le compositeur, puisqu’il fallait ainsi évoquer tous ces différents éléments tout en alternant entre orchestre, synthétiseurs, guitares électriques, instruments solistes, voix samplée (dans « Billy the Kid ») et percussions. Dans le film, le score a été reséquencé de manière différente par rapport à l’ordre chronologique original des morceaux : certaines pièces se retrouvent ainsi dans d’autres scènes que celles pour lesquelles elles avaient été prévues, tandis que d’autres sont montées différemment sur les images. L’album d’Intrada nous permet d’ailleurs d’entendre le score original complet tel que David Newman l’avait conçu originellement, tandis que le reste de la musique du compositeur cohabite dans le film avec les nombreuses chansons pop/rock, Newman n’hésitant pas à arranger trois pièces classiques du film pour certaines scènes du film – la « Lettre à Elise » de Beethoven intitulée « Fleur de Lis » sur l’album, le célèbre hymne « America the Beautiful » de Samuel Ward et la célèbre « Ouverture de Guillaume Tell » de Rossini –

Enregistrée en Californie avec un grand orchestre symphonique, la musique de « Bill & Ted’s Excellent Adventure » reflète le sentiment d’aventure avec un ton insouciant typique de la jeunesse et de la naïveté de Bill et Ted. Pour parvenir à ses fins, David Newman structure son score autour d’un thème principal brièvement suggéré aux trompettes vers 1:16 dans « History Lesson » (qui accompagne le prologue avec quelques roulements de caisse claire militaire et une sonnerie de trompette traditionnelle). Le thème est repris par un duo hautbois/basson à 0:03 dans « Rufus Lands », tandis qu’un second motif apparaît ici, une série de 5 notes répétées pour l’idée du voyage dans le temps. A noter que Newman juxtapose régulièrement ces deux motifs pour parvenir à ses fins dans la musique de ce film (flagrant par exemple dans « Austria, 1805 »). Le motif principal réussit ainsi à se glisser furtivement d’une pièce à une autre sans retenir particulièrement notre attention au départ mais de façon quasi subliminale, entre deux passages synthétiques/pop très datées dans « Future Bill & Ted Leave » ou « A Lot More Than That », évoquant aussi bien l’atmosphère de teenage movie des années 80 que le futur d’où provient Rufus. Le thème principal de Bill et Ted et le motif de Rufus se mélangent dans la seconde partie plus orchestrale de « A Lot More Than That », où Newman propose un développement du Main Theme sous la forme d’une fanfare héroïque exprimant l’idée d’un voyage épique dans les grandes époques du passé. Le thème principal et le motif du voyage dans le temps sont développés de façon simultanée dans un contrepoint mélodique intéressant pour « Austria, 1805 », qui marque l’arrivée de Bill et Ted en Autriche en 1805 pour leur premier voyage dans le passé. A noter ici l’emploi de cuivres majestueux et de fanfares héroïques traduisant l’idée d’une aventure haute en couleurs et pleine de vitalité. Il reste bien évidemment les passages au synthé kitsch comme « Short Dead Dude » qui plaira aux fans des musiques électroniques kitsch des années 80 avec quelques guitares électriques rock additionnelles, des passages qui apportent un charme non négligeable à la musique de « Bill & Ted’s Excellent Adventure ».

Dans « Old West », David Newman se fait vraiment plaisir et évoque l’arrivée de Bill et Ted au far-west avec un pastiche de musiques western traditionnelles façon Aaron Copland (on pense à « Appalachian Springs »). Comme toujours avec le compositeur, les orchestrations sont très riches et colorées, teintées d’un classicisme d’écriture évident cher à David Newman. Dans « Billy the Kid », les influences de Copland sont encore plus manifestes, tandis que le motif principal est suggéré au détour de quelques ponctuations discrètes avec une mélodie jouée ici par un sifflement synthétique dans un style très proche de certains travaux de Jerry Goldsmith à l’époque (on pense ici au motif du cow-boy dans le score de « Innerspace » pour Joe Dante). Dans « Brawl and Ancient Greece », Newman pastiche les musiques de western spaghetti d’Ennio Morricone avec son lot de trompette mariachi/mexicaines. On pense par la suite à Jerry Goldsmith ou Bruce Broughton (l’influence de « Silverado » n’est guère loin !) pour un passage de type chevauchée western. Et tandis que le thème principal est constamment présent, « Medieval England » offre la possibilité au musicien de développer une atmosphère plus médiévale et raffinée pour l’arrivée dans l’Angleterre du Moyen-âge. Newman crée ici une sérénade à trois temps pour hautbois, cuivres et cordes avec quelques brefs rappels du Main Theme. La sérénade est développée dans le joli « Meet the Princesses » assez typique des musiques plus intimistes médiévales de ce type de film d’aventure. Newman travaille les harmonies et les sonorités médiévales dans la scène de l’exécution de « Execute Them ! » où la fanfare principale est développée aux côtés du thème du voyage dans le temps, le tout accompagné des « hoo-hahs ! » scandés par des voix masculines en arrière-plan (inaudibles dans le mixage du film). Le motif de 5 notes du voyage dans le temps est ici omniprésent, se transformant en véritable motif d’aventure aux côtés du thème principal.

« Bag Freud » s’inscrit dans la continuité avec ses envolées orchestrales colorées et ses fanfares héroïques saupoudrées de quelques touches de mickey-mousing sautillants pour l’aspect comédie du film. Newman s’amuse dans « Prehistoric Pit-Stop » où il illustre la scène de l’arrêt dans la Préhistoire avec un groupe de flûtes à bec et de flûte à coulisse assez comiques, sur fond de rappel du motif d’aventure de 5 notes (le dit motif est d’ailleurs repris dans une version électro/pop kitsch dans « Thanks, Rufus » sur fond de guitare électrique rock). « Mall Mayhem » accompagne la scène de l’énorme bazar dans le centre commercial avec une série de petites percussions diverses, de passages bondissants, de flûte à coulisse et de flûtes évoquant l’aspect tribal/ethnique/guerrier de Genghis Khan, sans oublier l’intervention des synthétiseurs plus modernes. Ce mélange entre orchestre et synthés est plus probant dans « Wild Speech Montage » et l’excellent « Jailbreak », autre morceau d’action/aventure de grande qualité pour la scène de l’évasion de la prison vers la fin du film. David Newman semble donc s’être bien amusé sur « Bill & Ted’s Excellent Adventure », et l’incroyable vitalité de sa musique est un pur régal pour les amateurs de musiques d’aventure/comédie des années 80 ! Ecrite avec goût et intelligence, la musique de David Newman permet au compositeur de maîtriser ses références (Goldsmith, Copland, Broughton et même un peu de Poledouris dans « Meet the Princesses ») et d’offrir au film de Stephen Herek une musique riche, drôle et énergique, débordant de vie et avec deux motifs principaux magnifiquement développés et parfaitement cohérents sur les images du film. Le score s’apprécie autant à l’écran que sur l’album d’Intrada, où le travail de Newman en ressort largement grandi grâce à un séquençage cohérent et proche des intentions originales du compositeur, un vrai bijou dans le domaine des musiques d’aventure de la fin des eighties. « Bill & Ted’s Excellent Adventure » n’a peut être pas l’aura d’un chef-d’oeuvre immortel de la musique de film hollywoodienne, mais cela n’en demeure pas moins une musique de grande qualité, riche, soignée et pleine de vie, à redécouvrir grâce à l’excellent album d’Intrada qui propose l’intégralité du score et quelques bonus intéressants pour les nostalgiques du film et de sa musique !




---Quentin Billard