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1-Recurring Dream 1.33
2-The Auction 3.19 3-Moving IN 1.46 4-You Promised Me 1.19 5-Juice Box 0.32 6-Kaylie's Nightmare 0.56 7-Graphic Photos 1.47 8-The Mirror 1.01 9-Grotesque Cow 0.15 10-The Other Woman 0.15 11-Memories Surface 1.13 12-Dead Plants 0.46 13-We Have A Gun to its Head 1.40 14-History of the Mirror 1.54 15-Fuzzy-Trace Theory 2.29 16-Mason Was Sick 0.26 17-Fingernails 1.40 18-Book Stacking 1.13 19-Whispers in the Glass 0.18 20-Who Are You Talking To? 1.03 21-The Reveal 2.54 22-Marisol, Marisol, Marisol 2.52 23-Shifting Glass 0.47 24-Marie's Breakdown 3.39 25-Lightbulbs & Apples 2.29 26-Seeing Things 0.56 27-Broken Plates 0.57 28-She Needs A Doctor 1.19 29-This Isn't Real 4.58 30-Staring Eyes 5.11 31-It Won't Let Us 0.55 32-I've Seen the Devil And He Is ME 2.53 33-A Mother's Embrace 3.16 34-Oculus 4.40 35-Oculus Remix 2.48* 36-Oculus of Glass 4.39** *Interprété par The Newton Brothers et Paul Oakenfold **Interprété par The Newton Brothers et Paul Oakenfold featuring Greta. Musique composée par: The Newton Brothers Editeur: Varèse Sarabande 302 067 263 8 Producteurs exécutifs pour Varèse Sarabande: Cary E. Mansfield, Bryon Davis, Bill Pitzonka Produit par: The Newton Brothers Ingénieur Pro Tools: Boban Apostolov Music Business & Legal executive: Charles M. Barsamian Producteur exécutif musique: James Gibb Monteur musique: Dave Lawrence Supervision musique: Andy Ross Orchestrateur/copiste: Jason Turbin Coordinateur musique: Tom Villano Mixage score: Matthew J. Ward Artwork and pictures (c) 2014 Relativity Media. All rights reserved. Note: *** |
OCULUS
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by The Newton Brothers
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« Oculus » est un film d’épouvante sorti en 2013 et réalisé par Mike Flanagan, qui signe là son premier long-métrage pour Hollywood. Il s’agit du remake d’un court-métrage de Flanagan lui-même tourné en 2005. Alors que les studios pensèrent le concevoir sous la forme d’un film de found footage, Mike Flanagan s’opposa à l’idée et décida de réaliser un film d’épouvante plus conventionnel, mais dont la narration serait basée sur une mise en parallèle très particulière entre deux récits, l’un se déroulant dans le passé, et l’autre dans le présent, le tout conçu dans l’esprit des récits fantastiques de H.P. Lovecraft. « Oculus » se déroule ainsi sur deux périodes temporelles, à 11 ans d’intervalle, les deux récits étant racontés en parallèle grâce à des flashbacks qui permettent de faire des allers retour de l’un vers l’autre. L’histoire débute lorsque en 2002, l’ingénieur d’informatique Alan Russell (Rory Cochrane) s’installe dans sa nouvelle maison avec sa femme Marie (Katee Sackhoff) et ses deux enfants, Tim, 10 ans, et Kaylie, 12 ans. Pour décorer la maison, Alan vient tout juste d’acheter un grand miroir qui orne le salon. Hélas, ce que les Russell ignorent, c’est que le miroir est possédé par des esprits maléfiques qui provoquent des hallucinations chez les deux adultes. Traqués par des visions de plus en plus troublantes, Alan et Marie finissent par devenir psychotiques, et Marie tente alors d’assassiner ses enfants. Possédée par le miroir maléfique, Marie sera finalement abattue par Alan, qui finira quand à lui par retrouver ses esprits et forcera son jeune fils Tim à l’abattre à son tour. Avant d’être interné dans un hôpital psychiatrique, Tim fait un pacte avec sa soeur Kaylie : ils se retrouveront plus tard à l’âge adulte afin de détruire le miroir qui a causé la perte de leurs parents et prouver à tous que l’objet en question est réellement possédé par des forces surnaturelles, en filmant une expérience très particulière. « Oculus » est donc un film d’épouvante un peu étrange, réalisé avec très peu de moyens et des acteurs assez peu connus. Le film de Mike Flanagan joue sur la peur irrationnelle des miroirs en recyclant les codes habituels des ghost movies et de l’épouvante surnaturelle très à la mode ces derniers temps. « Oculus » est une sorte de mélange entre « Paranormal Activity », « Sinister » et « Insidious » sans grand éclat particulier, mais dont l’unique originalité vient de la construction en miroir (sans jeu de mot !) de ses deux narrations, l’une dans le passé et l’autre dans le présent, avec comme point commun un drame terrible qui a détruit la famille d’un frère et de sa soeur. Hélas, le film met beaucoup de temps à démarrer et les explications sur l’expérience filmée sont trop longues et parfois ennuyeuses. Et lorsque l’on rentre enfin dans le vif du sujet, on décroche rapidement devant l’absence de réels frissons. Malgré une ambiance très particulière, un bon scénario et une direction d’acteur convaincante, ainsi qu’une narration assez atypique, « Oculus » déçoit par son manque cruel de folie, d’ambition, d’angoisse.
La musique du long-métrage de Mike Flanagan est l’oeuvre des Newton Brothers, un duo formé par deux musiciens américains, Andy Grush et Taylor Stewart (qui ne sont en réalité même pas frères !), qui n’en sont pas à leur premier coup d’essai au cinéma (« Shades of Ray » en 2008, « Detachment » en 2011, « Magic Man » en 2012, etc.), mais qui signent avec « Oculus » leur premier score majeur et médiatisé. La musique des Newton Brothers pour « Oculus » est assez symptomatique de ce style musical très à la mode dans le cinéma d’épouvante hollywoodien actuel : le score est constitué d’une longue succession de loops et samples synthétiques divers avec son lot d’expérimentations sonores en tout genre, de sons malmenés et trafiqués, de sursauts violents et de techniques instrumentales avant-gardistes. L’ouverture – « Recurring Dream » - est assez représentative de l’ensemble, dans sa façon dont les Newton Brothers joue sur les sonorités électroniques glauques et les nappes sonores obscures avec quelques cordes lugubres. En un peu plus d’une minute, l’ambiance est posée, le ton est donné. Dès lors, « The Auction » confirme ce que l’on avait pressenti : nous sommes bel et bien en présence d’une nouvelle partition horrifique atmosphérique et expérimentale comme on en entend régulièrement de nos jours dans ce type de film. Si l’orchestre à cordes occupe une place majeure dans la musique de « Oculus » - exprimant le lien entre Kaylie et Tim dans le film avec la chaleur indispensable des instruments à cordes – les éléments électroniques sont aussi largement privilégiés par les deux compositeurs, qui s’offrent l’occasion de triturer le son sous toutes ses formes. La musique n’oublie pas pour autant l’aspect plus tragique et humain du récit comme dans « You Promised Me » et ses cordes mélancoliques et moroses. Avec « The Auction », les Newton Bros mettent en place un élément sonore-clé récurrent, une nappe sonore constitué d’un bourdonnement grave et répétitif qui exprime les pouvoirs du miroir maléfique. Ce son revient dans « Juice Box » et instaure à l’écran une atmosphère à la fois étrange et inquiétante, et aussi plutôt minimaliste. En revanche, « Kaylie’s Nightmare » est un peu plus conventionnel dans son approche horrifique avec son lot de cordes stridentes/dissonantes, de sonorités atonales et de techniques avant-gardistes héritées de la musique contemporaine du XXe siècle. Le mélange de cordes et de nappes sonores électroniques opère pleinement pour créer une ambiance sombre, lente et mystérieuse dans « Graphic Photos » et « The Mirror », qui reprend le son-clé du miroir maléfique (déjà entendu dans « The Auction » ou « Juice Box »). Les apparitions maléfiques ou les scènes avec le miroir permettent aux compositeurs de créer des ambiances surréalistes et quasi oniriques, comme c’est le cas dans « The Other Woman », « Memories Surface » ou « Dead Plants », où les nappes synthétiques deviennent plus profondes, plus inquiétantes et parfois mixées de façon distante pour rendre le tout encore plus mystérieux. On appréciera l’économie de moyens dont font preuve les Newton Bros qui évitent assez souvent de tomber dans le scare jump facile ou la cacophonie pure, hormis quelques passages plus conventionnels et prévisibles. Le motif sonore obscur du miroir revient dans « We Have a Gun To It’s Head » pour renforcer l’angoisse suscitée par les pouvoirs démoniaques du miroir hanté, tandis que « History of the Mirror » accompagne la scène du flashback sur les origines du miroir – racontée par Kaylie – avec une série de samples, drones et nappes sonores lugubres, avec quelques effets sonores intéressants (dont notamment des sons retravaillés en stéréo avec effet d’alternance gauche/droite) et des cordes sombres. Ici aussi, les compositeurs demeurent assez minimalistes, sans jamais en faire de trop. La musique évoque aussi bien les sentiments troublés de Kaylie et Tim que leur expérience particulière face au miroir qui les tourmente depuis toujours. Le problème du score, c’est qu’une fois la logique sonore établie dans les premiers morceaux, le reste du score n’est qu’une simple répétition en boucle des mêmes éléments, encore et toujours, si bien que l’on a parfois l’impression – dans l’album, surtout – d’écouter la même chose sans fin, alors que le score reste plus varié et intéressant sur les images. Si la musique n’a donc rien de bien passionnant en écoute isolée, elle apporte cette noirceur étrange et particulière au film de Mike Flanagan. « Fingernails » illustre à son tour l’atmosphère si particulière de la musique de « Oculus », avec ces semblants d’infra-basses entêtantes associées au miroir dans le film, et un bref sursaut angoissant pas vraiment passionnant mais qui accomplit parfaitement son devoir à l’écran et fait monter la tension d’un cran. La répétition quasi systématique de ce motif sonore rattaché au miroir dans le film rend l’écoute assez particulière, comme une sorte d’obsession sonore impossible à sortir de son esprit, un son qui semble ‘contaminer’ l’ensemble de la partition de façon intéressante, se glissant d’une pièce à une autre avec toujours ce ton minimaliste assez réussi. Les compositeurs manipulent donc les sons et expérimentent dans « Whispers in the Glass » qui évoque le verre du miroir avec des sons électroniques aigus et difformes qui rappelleraient presque les musiques expérimentales de Goblin pour certains giallos italiens des années 70 (une pièce comme « She Needs A Doctor » ferait aussi presque penser aux travaux d’Akira Yamaoka sur la saga « Silent Hill »). « The Reveal » apporte un sentiment de révélation qui semble bousculer un peu la latence parfois fastidieuse du score alors que « Marie’s Breakdown » illustre le flashback sur la folie sanglante de Marie avec une intensité constante, tout comme l’oppressant « Lightbulbs & Apples » ou « Broken Plates » - Le climax est atteint avec les deux morceaux les plus longs et les plus imposants du score, « This Isn’t Real » et « Staring Eyes », pour l’acte final du film, sans oublier les cordes tragiques et les sonorités macabres de « I’ve Seen The Devil and He Is ME ». Le générique de fin permet aux Newton Brothers de signer un morceau de qualité sobrement intitulé « Oculus », dans lequel un piano se balade parmi des nappes macabres, des cordes sombres et un choeur d’enfants (synthétique) évoquant le passé de Kaylie/Tim et aussi leur présent. « Oculus » accomplit parfaitement sa tâche à l’écran, apportant cette noirceur nécessaire au film de Mike Flanagan, sans jamais en faire de trop. Ne vous attendez donc pas ici à des ambiances apocalyptiques ou particulièrement tonitruantes : la musique de « Oculus » est avant tout atmosphérique, lente, minimaliste, envoûtante et expérimentale mais sans grande originalité particulière. Le problème du score, c’est que les Newton Bros n’ont pas grand chose de neuf à proposer et font tout ce qui se fait habituellement sur ce type de film à l’heure actuelle, notamment dans l’emploi des sonorités électroniques déformées et samplées. D’autre part, le score est extrêmement répétitif et impossible à écouter d’une traite, en raison de l’extrême similitude des morceaux qui s’enchaînent de façon fort concise (rares sont les pièces qui dépassent ici les 1 minutes !), l’album nous offrant un enchaînement ultra morcelé de petits bouts de 16/20 secondes ou 1 à 2 minutes environ, ce qui gêne considérablement l’écoute et ne permet pas à la partition de se développer de façon conséquente sur la longueur. A cause de ce caractère répétitif moins gênant dans le film (où on finit par ne plus trop remarquer la musique, qui ne marque pas les esprits !) mais trop présent sur l’album, la musique de « Oculus » ne convainc donc qu’à moitié, car malgré de bonnes intentions et d’assez bonnes idées, on a trop souvent l’impression d’avoir déjà entendu ça des centaines de fois auparavant, d’autant qu’il n’y a vraiment rien de bien passionnant auquel se rattacher ici : pour les fans de musique horrifique atmosphérique uniquement ! ---Quentin Billard |