1-Don't Do This 2.34
2-Pictures 0.52
3-Unlock the Car 1.29
4-Did You Get The Raise? 0.35
5-Driving 2.56
6-Commencement 2.56
7-Foot Trap 1.20
8-Diego 4.36
9-Two For Big Daddy 6.01
10-I'm Doing God's Work 1.42
11-I'll Be A Martyr 2.19
12-New Rule 1.48
13-He Stole Our Pensions,
Now He's Gone 4.13
14-Subway 2.54
15-Running 2.00
16-Money 6.21
17-Hunting Grounds 4.34
18-I'm Sorry 3.18
19-This Is Our Time Now 1.06
20-Better Citizens 2.31
21-A Nation Reborn 3.17
22-Please, Let Us
Take Care of You 2.39

Musique  composée par:

Nathan Whitehead

Editeur:

Back Lot Music no label number

Produit par:
Nathan Whitehead
Orchestrations:
Peter Bateman
Montage temp music:
Shannon Erbe
Assistant mixage score:
Colleen M. Lutz
Arrangements additionnels/
Coordinateur technique score:
Erik Lutz
Direction d'orchestre:
Vladimir Martinka
Mixage score:
Satoshi Mark Noguchi
Superviseur musique:
Julie Sessing
Monteur musique:
Nevin Seus

Artwork and pictures (c) 2014 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
THE PURGE : ANARCHY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nathan Whitehead
« The Purge » est un survival horrifique qui s’était fait remarquer en 2013 par la radicalité de son scénario, montrant l’Amérique de 2022 en pleine renaissance, gouvernée par les Nouveaux Pères Fondateurs qui ont mis en place une purge annuelle, une nuit de 12 heures durant laquelle toute activité criminelle est permise, incluant le meurtre. L’objectif de cette purge annuelle était une façon de réguler le problème du chômage et de la criminalité dans une société américaine déclinante. Face au succès de cette production Michael Bay, le studio rempila pour un second épisode, « The Purge : Anarchy » (American Nightmare 2 : Anarchy) sorti en 2014, et à nouveau confié à James DeMonaco. L’histoire se déroule un an plus tard, en mars 2023. On y suit un groupe d’individus qui tentent de survivre ensemble à la purge annuelle durant une nuit cauchemardesque de 12 heures où le crime est toléré. Mais un mouvement de résistance anti-purge s’est mis en place, piratant les programmes télévisés afin de diffuser leurs messages anti-gouvernementaux. Eva Sanchez (Carmen Ejogo) et sa fille Cali (Zoë Soul) se retrouvent piégés dans les rues de Los Angeles par des hommes armés avant d’être secourus in extremis par Leo Barnes (Frank Grillo), sergent de police du LAPD qui exécute les assaillants et blesse gravement leur chef, Big Daddy (Jack Conley). Les trois individus croisent alors la route d’un couple de survivants, Shane (Zach Gilford) et Liz (Kiele Sanchez) qui tentent à leur tour de s’en sortir comme ils le peuvent. Comprenant que seule la coopération leur permettra de survivre à cette nuit d’enfer, Shane, Liz, Eva, Cali et Leo unissent leurs forces pour sortir de la ville et échapper aux criminels et aux hommes armés de Big Daddy. « The Purge : Anarchy » reprend donc le concept du premier film sorti en 2013 et s’oriente davantage vers l’action, là où le premier film était avant tout un survival/huis clos assez classique dans sa forme (on y retrouvait l’influence du « Assaut » de John Carpenter). Le personnage de Leo Barnes devient même ici une sorte d’action-hero typiquement hollywoodien, s’improvisant leader/sauveur d’un groupe de survivants alors que l’homme a d’autres idées en tête – et notamment une quête de vengeance que l’on découvrira à la fin du film – James DeMonaco semble avoir tout dit avec son premier opus, et cette suite tout à fait dispensable ne rajoute rien de neuf, si ce n’est que l’histoire se déroule cette fois-ci dans les rues de la ville et non plus dans une maison isolée. Sombre, intense et violent, « The Purge : Anarchy » n’a pourtant rien du thriller ambitieux et anarchique qu’il souhaiterait être : il lui manque une vraie audace formelle et une réelle personnalité pour pouvoir se hisser au dessus de la masse. Du coup, le film ne laisse aucun souvenir particulier et s’oublie très vite, laissant peu d’espoir à une franchise déjà moribonde et pas vraiment passionnante.

On retrouve à la musique le compositeur Nathan Whitehead, déjà responsable du score de « The Purge » sorti en 2013. Une première écoute de la musique dans le film nous permet déjà de poser une première affirmation : le score de ce deuxième opus reprend l’esthétique du premier film, à savoir un mélange hybride entre électronique expérimental et parties acoustiques. Dans « The Purge : Anarchy », Nathan Whitehead se montre moins expérimental mais continue de manipuler les sons à sa guise avec quelques rares moments d’émotion plus dramatiques évoquant le destin des survivants (« Did You Get The Raise ? »), tandis que la tension est largement entretenue tout au long du récit par de multiples beats et loops électro en tout genre. C’est notamment le cas lorsque Shane et Liz s’enferment dans leur voiture (« Unlock the Car ») ou lorsqu’ils conduisent dans « Driving ». Whitehead suggère la tension ici par le biais de nombreuses nappes sonores, de quelques cordes dissonantes qu’il superpose aux parties électroniques essentiellement atmosphériques. On retrouve ici de nombreux effets incluant quelques filtres, des samples saturés, des sonorités grinçantes et difformes qui tendent à déshumaniser les assaillants du film et à suggérer l’idée que les survivants sont attaqués par des monstres surhumains. Cette impression est largement confirmée par les samples trash de « Commencement » sur fond de rythmes électro/techno speed aux sonorités industrielles. L’anarchie est largement représentée ici par ce mélange de sons trash/indus qui parcourent une bonne partie de la musique de « The Purge : Anarchy », sans aucune surprise particulière. Whitehead confirme qu’il est à l’aise dans la programmation des sons et la musique électronique, profitant de ce second film pour expérimenter à nouveau autour des sons dans un registre un brin plus rythmique et un peu plus intense.

Un morceau comme « Foot Trap » est assez symptomatique du travail de Whitehead sur ce second film, tandis que l’on retrouve le même défaut que dans le premier film, une absence totale du moindre repère thématique. Le compositeur se contente trop souvent d’enchaîner les pièces atmosphériques sans aucun fond ni émotion particulière à laquelle se rattacher, se limitant simplement à suivre l’action à l’écran de manière purement fonctionnelle, rendant sa musique – pourtant très présente dans le film – peu remarquable et finalement très ennuyeuse à la longue. Ce problème récurrent dans les musiques de film d’horreur actuels finit par plomber une bonne partie de la production musicale hollywoodienne où il est de plus en plus commun de délaisser les thèmes au profit de bidouillages sonores bricolés parfois à la va-vite et sans aucun talent particulier. Pourtant, il faut reconnaître que Nathan Whitehead fait du bon travail lorsqu’il superpose les rythmes électro et les nappes sonores difformes dans « Diego », créant même des ambiances synthétiques qui feraient presque penser aux musiques électroniques de certains films d’horreur des années 80. Le problème, c’est que ce style n’offre plus grand chose de neuf aujourd’hui et délaisse de plus en plus la notion de thématique – souvent essentielle dans la compréhension du vocabulaire musical au cinéma – pour une longue succession fastidieuse de drones, de loops et autres samples manipulés sur ordinateur et sur clavier. Dommage, car il y a pourtant quelques bons moments dans cette partition, incluant la fusillade avec Big Daddy dans l’ultra nerveux et agressif « Two for Big Daddy », qui aligne percussions meurtrières, loops survoltés, drones industriels et nappes sonores oppressantes pour un résultat sonore plutôt intéressant, un agglomérat de couches sonores complexes et dynamiques incluant quelques parties de cordes (discrètes !).

Autre problème de taille de la musique de « The Purge : Anarchy », outre son manque cruel d’idée thématique, c’est le caractère ultra répétitif de cette composition sombrement monotone. Whitehead enchaîne les morceaux de façon routinière sans aucun relief particulier. Chaque morceau ne fait qu’amplifier un peu plus ce qui a été dit précédemment, tandis que la musique se contente de souligner la tension, l’action et la violence à l’écran de façon intense, froide et sombre, mais sans aucune surprise ni originalité particulière. On devine quelques pointes d’émotion discrètes comme le final de cordes poignant de « I’ll Be A Martyr » où il est question de sacrifice, la mélancolie amère et sombre de « New Rule » sans oublier la rédemption pleine de tristesse de « I’m Sorry ». Pour le reste, le score est essentiellement composé de ces passages d’action/suspense électro nerveux et ultra prévisibles comme « Subway », « Money » ou « Hunting Grounds », qui n’apportent rien de plus à la musique et à son film. Ainsi donc, on ressort déçu par l’écoute de « The Purge : Anarchy », une partition atmosphérique aussi terne et ennuyeuse que celle du premier film, qui confirme la piètre qualité de cette franchise horrifique peu réjouissante, tant sur le plan musical que cinématographique (hélas, un troisième opus est en cours de route !). Malgré tous ses efforts et un rythme beaucoup plus présent, Nathan Whitehead ne convainc toujours pas avec ce deuxième essai vraiment peu passionnant, assez réussi d’un point de vue technique mais trop répétitif, trop bruyant et conçu de façon trop froide et sans passion pour convaincre réellement !



---Quentin Billard