1-Main Title 5.43
2-Madrid/Malone Lights Up 2.21
3-Malone's Gun 2.22
4-Deliberate Accident/Short Drive 1.03
5-Paul and Malone/Cemetery 2.15
6-Patterson Kills Danby 2.31
7-Jo and Malone 1.26
8-Oath 0.34
9-Fight on the Bridge 3.07
10-Barbershop Death Part 1 3.57
11-Barbershop Death Part 2 0.25
12-Let Him Go 1.16
13-Could I Talk To You/Jo Knocks 1.38
14-Malone Hugs Jo 2.55
15-Malone Under Attack 5.00
16-Hard Drive 1.42
17-He Killed Them Both/
It's Clinton 1.42
18-Hospital Escape 1.06
19-Jamie's Phone Call/
Malone and Jamie 2.27
20-Jamie's Death/I Want Malone 4.34
21-Malone's Revenge 7.01
22-Delaney Runs 1.40
23-Explosion 1.35
24-End Credits 4.05

Musique  composée par:

David Newman

Editeur:

Intrada Special Collection vol. 45

Produit par:
David Newman, Douglass Fake
Producteur exécutif:
Roger Feigelson
Orchestrations:
David Newman
Ingénieur enregistrement:
Dan Wallin
Ingénieur transfert et remix:
Joe Tarantino

Artwork and pictures (c) 1987/2007 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc, all rights reserved.

Note: ***1/2
MALONE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Newman
Dans la liste interminable des séries-B d’action produites à Hollywood durant les années 80, « Malone » pourrait faire office d’archétype parfait du genre. Produit par le défunt studio Orion Pictures pour un budget maigrichon, le film est réalisé par Harley Cokeliss et met en scène Burt Reynolds dans la peau d’un ancien tireur d’élite de la CIA qui cherche à fuir son passé et recommence une nouvelle vie dans une petite ville de l’Oregon. Parce qu’il a refusé d’exécuter son dernier contrat, Richard Malone (Reynolds) s’enfuit et disparaît sans laisser de trace, brûlant son permis de conduire et tout ce qui pourrait permettre de le retrouver. Sa Mustang tombe alors en panne près de l’Oregon, obligeant alors Malone à se rendre dans une station service près des montagnes tenue par Paul Barlow (Scott Wilson) et sa jeune fille de 17 ans Jo (Cynthia Gibb). Sympathisant rapidement avec le père et sa fille, Malone s’installe chez les Barlow pendant quelques jours, le temps que Paul puisse commander les pièces nécessaires à la réparation de sa Mustang. Malone ne tarde alors pas à découvrir que la ville est sous l’emprise de Charles Delaney (Cliff Robertson), un sinistre homme d’affaires qui cherche à s’emparer de tous les terrains de la région en obligeant les gens à les lui vendre par la force. Delaney fait partie d’un puissant groupuscule de « patriotes » américains qui tentent de reconquérir le pays par le biais de soutiens puissants au congrès américain. Le jour où Malone vient en aide à Jo en battant violemment l’un des hommes de main de Delaney, ce dernier comprend que l’ancien agent de la CIA pourrait représenter un gros problème dans la réalisation de ses plans et décide de tout faire pour l’éliminer, quitte à faire jouer ses relations auprès du shérif Hawkins (Kenneth McMillan) ou de ses nombreux sbires pour finir le boulot. « Malone » est assez symptomatique de la décadence de la carrière de Burt Reynolds dans les années 80/90, enchaînant les nanars et les films de qualité douteuse avec une constance effrayante.

Celui qui fut autrefois une star des westerns spaghettis (« Navajo Joe », « 100 Rifles ») et connu pour ses rôles d’homme fort (« The Cannonball Run ») va très vite se retrouver à cachetonner dans des séries-B ringardes qui n’apporteront rien à la carrière de Burt Reynolds, obligé de jouer dans des films médiocres comme « Rent-A-Cop » (1987), « Striptease » (1996), « Cop and a Half » (1993), « Switching Channels » (1989) ou « Stringer » (1999) dans lequel il joue dans un tandem improbable avec Elie Semoun, sans oublier toute une pléiade de direct-to-video nullissimes à la fin des années 90 et dans les années 2000 (Reynolds ira même jusqu’à jouer dans un film d’Uwe Boll !). Hélas, « Malone » ne fera rien pour redorer le blason de l’acteur/cascadeur/producteur, dont on se souvient surtout de sa performance remarquable dans le célébrissime « Deliverance » de John Boorman en 1972. Le film d’Harley Cokeliss ne fait rien pour se hisser au dessus de la masse, bien au contraire : avec un scénario repris des westerns et plus particulièrement du fameux « Shane » de George Stevens (1953), « Malone » n’est qu’une énième série-B virile de plus dans laquelle Burt Reynolds reprend encore une fois son rôle d’homme d’action qui vient en aide aux démunis et aux opprimés, face à un Cliff Robertson machiavélique à la tête d’une conspiration de patriotes américains bien organisés. Le film se termine sur l’assaut du héros sur le Q.G. du bad guy, avec son lot de fusillades, de règlements de comptes et de morts violentes. Rien de bien neuf ici, d’autant que la réalisation mollassonne d’Harley Cokeliss empêche le film de décoller vraiment, hormis quelques bonnes répliques très 80’s et de bons seconds rôles - incluant la mignonnette Cynthia Gibb, ado de 17 ans qui s’amourache d’un homme qui a 40 ans de plus qu’elle !

Seule la musique symphonique de David Newman est à n’en point douter l’élément le plus intéressant de cette série-B d’action sans grande envergure et pas vraiment passionnante. Le compositeur s’est fait connaître quelques années auparavant en signant les musiques des films d’épouvante « Critters » (1986) et « The Kindred » (1987) sans oublier son premier travail pour le cinéma avec le court-métrage « Frankenweenie » de Tim Burton en 1984. Le score de « Malone » est assez représentatif du style action orchestral très à la mode dans la musique de film hollywoodienne des années 80. Inspirée des travaux de Jerry Goldsmith composés à la même époque, la musique de « Malone » véhicule clairement un suspense et une excitation constante tout au long du film, dynamisant chaque scène d’action avec une vigueur rafraîchissante typique de David Newman à cette époque. Le film démarre sur une série de phrases mélodiques de l’orchestre dans un « Main Title » assez dense introduisant le thème principal associé à Malone. On y découvre aussi un motif introductif de trompettes et cors rappelant certains passages du « First Blood » de Jerry Goldsmith, avec un accompagnement de harpe et flûte. Le problème, c’est que le motif de Malone met un peu de temps apparaître, et se fait entendre brièvement aux cordes à 1:54 sur fond de rythmes martiaux et de trompettes à la Goldsmith. Le thème de Malone est ensuite repris et développé au cor à 2:46 sur un contrepoint de cordes et de vents. Newman parvient à apporter à cette mélodie de 4 notes une allure solennelle, sérieuse, noble et solitaire, évoquant le sens du devoir mais aussi l’isolement de l’ancien assassin de la CIA. La seconde partie du « Main Title » développe alors quelques rythmes de caisse claire martiale durant l’opération avortée de Malone au début du récit. On notera ici l’écriture très riche et détaillée typique de David Newman, incluant des orchestrations très soutenues privilégiant chaque pupitre de l’orchestre avec un souci constant du détail. Le « Main Title » se conclut sur un deuxième thème majeur du score, le thème ‘familial’ pour la relation entre Malone, Paul et Jo dans le film – les bois l’introduisent dès 3:48, puis au cor à 4:12, à la trompette à 4:19 et aux violons à 5:03 - Ce thème plus chaleureux et bucolique reste dominé par les vents et les cordes et annonce la quête de paix de Malone qui cherche à fuir son passé et démarrer une nouvelle vie plus sereine.

Le thème de Malone est davantage présent dans « Madrid/Malone Lights Up » (au hautbois à 0:24) tandis que l’on retrouve des éléments de l’ouverture, et notamment ces arpèges rapides de harpe/flûte inquiétants et ce duo de trompettes à la Goldsmith. « Malone’s Gun » introduit quand à lui le contenu ‘action’ du score, avec un premier déchaînement orchestral incluant un élément-clé de la partition, une utilisation des boîtes à rythme typique des années 80. Utilisant la batterie et ces rythmes synthétiques si caractéristiques de la musique de cette décennie, David Newman inclut quelques touches électroniques à un score essentiellement dominé par l’orchestre symphonique dans un registre assez classique (on n’est guère loin par moment du « Extreme Prejudice » de Jerry Goldsmith !). Les arpèges rapides de harpe/flûte sont repris dans « Deliberate Accident/Short Drive », tandis que le thème de Malone reste très présent, passant furtivement d’un instrument à un autre avec une certaine fluidité. La tension monte d’un cran au fur et à mesure que l’histoire avance, et l’on retrouve les trompettes mystérieuses et solennelles de l’ouverture dans « Paul and Malone/Cemetery » qui reprennent le thème familial associé à la petite ville de l’Oregon et au rapprochement entre Paul, Jo et Malone. Le thème principal de 4 notes est toujours repris brièvement pour rappeler l’omniprésence du personnage de Burt Reynolds au coeur de l’histoire, tandis que l’on retrouve le thème solennel de trompettes issu du « Main Title » (à 1:40), associé au passé d’agent de la CIA de Malone. L’action reprend de plus belle dans « Patterson Kills Danby » où l’on retrouve le mélange batterie/boîte à rythme 80’s et claviers avec un orchestre énergique et dynamique pour une scène où les hommes de Delaney commettent leur premier méfait. On retrouve ici non seulement l’influence de Jerry Goldsmith mais aussi de nombreux scores d’action de l’époque, et plus particulièrement des musiques de « 48 Hours » et « Commando » de James Horner.

Le thème familial est repris avec grâce et douceur dans « Jo and Malone » mais c’est « Oath » qui attirera davantage notre attention, puisque David Newman introduit dans ce morceau le troisième thème majeur du score, une sorte d’hymne patriotique sombre pour l’organisation de Charles Delaney. Dans « Fight on the Bridge », on appréciera la façon dont les différents éléments sonores-clé du score se mettent en place et commencent à se développer et à se juxtaposer : on commence avec le thème familial pour une scène de discussion entre Jo et Malone sur un pont, puis on retrouve le thème solennel du Main Title aux cors (à 0:31), le motif de 4 notes de Malone et les arpèges rapides de harpe/flûte suggérant la tension et le danger pour une première confrontation entre Malone et les hommes de main de Delaney. A noter ici une reprise vigoureuse du thème de 4 notes de Malone aux cuivres à 1:41 juxtaposé au thème solennel de trompettes à 1 :55, qui sera très souvent joué en parallèle de l’omniprésent motif du héros campé par Burt Reynolds. Les arpèges de clavier/harpe/flûte sont repris dans « Barbershop Death Part 1 », annonçant les dangers à venir et une tension qui va crescendo, sans oublier le retour des boîtes à rythme et des deux motifs de Malone, le tout débouchant sur une « Part 2 » dominé par un impressionnant travail autour des percussions agressives. Le thème de l’organisation de Delaney est repris dans « Let Him Go » de manière sinistre mais avec une certaine noblesse. Newman personnifie à merveille les différents aspects de l’histoire grâce à ses différents motifs qu’il développe à merveille tout au long du récit, à la manière de leitmotive quasi opératiques qui apportent une vraie compréhension au récit et un sens aigu de la narration. Dommage que les influences soient trop souvent évidentes (et notamment celle de Jerry Goldsmith).

Le thème familial paraît plus tourmenté dans « Could I Talk To You/Jo Knocks », tandis que le thème solennel de trompettes rappelle qui est Malone, suivi d’une jolie reprise du thème familial au piano et à l’orchestre pour représenter le rapprochement entre Jo et l’ancien agent de la CIA. Même chose dans « Malone Hugs Jo » tandis que les choses se corsent sérieusement dans « Malone Under Attack », pour la première scène où les sbires de Delaney s’en prennent à Malone. Ici, les arpèges rapides de harpe/flûte s’intensifient avec quelques dissonances et une tension plus présente. La scène de la fusillade est illustrée par l’un des meilleurs morceaux d’action de « Malone », incluant une reprise cuivrée quasi héroïque du thème de Malone. L’action s’intensifie ensuite dans l’excitant « Hard Drive » et son flot continu de percussions synthétiques très 80’s, tout comme le nerveux « Hospital Escape », des passages agressifs tempérés par la chaleur du Love Theme introduit dans la seconde moitié de « Jamie’s Phone Call/Malone and Jamie ». « Jamie’s Death/I Want Malone » reprend les principaux thèmes du score et fait monter la tension, alors que Malone jure de venger la mort de Jamie à la fin du film. C’est ainsi que l’on débouche sur la confrontation finale dans le superbe « Malone’s Revenge », morceau d’action clé de la partition de Newman ponctué de sursauts orchestraux agressifs et dissonants à grand renfort de techniques avant-gardistes des cordes reflétant la violence de la séquence finale. La confrontation se termine dans la reprise de l’hymne sinistre dans le sombre « Delaney Runs » pour la mort du bad guy, et une reprise triomphante du thème de Malone dans « Explosion ». David Newman signe donc une partition d’action très solide pour « Malone », privilégiant les thèmes et les orchestrations classiques et très riches comme il le fait depuis ses premières oeuvres pour le cinéma.

Si l’on pourra reprocher les influences trop flagrantes du score (Goldsmith, Horner) probablement dictées par les temp-tracks du film, et le côté répétitif et ultra omniprésent du thème de Malone, force est de constater que la musique de « Malone » accomplit à la perfection son rôle à l’écran, apportant une énergie et une tension dramatique saisissante dans les moments les plus sombres et les plus agressifs, notamment grâce à un travail d’orchestration d’une précision et d’une cohérence exemplaire. Sans être le chef-d’oeuvre de David Newman, « Malone » est une partition injustement tombée dans l’oubli, à redécouvrir aujourd’hui grâce à cette excellente édition d’Intrada Records, qui propose le score complet de Newman avec un son de très bonne qualité !




---Quentin Billard