1-Opening 1.46
2-Cage Fight-In the Woods 4.06
3-Barbarian Attack 4.10
4-The Quest 2.12
5-Hubert Approaches the City 1.55
6-Hubert Meets Guy-Departure 2.45
7-To the Sallyport 1.37
8-Battlefield-Treat the Wounded 3.22
9-Barbarian Camp 2.45
10-Huberts Vow 2.24
11-Gilbert Dies 0.58
12-Guy and Joan 2.37
13-Winter 2.26
14-Maddogs Vision 2.35
15-Sacking the Castle 3.51
16-Joans Suicide-The Gate Falls 5.39
17-Guy and Blanche 1.28
18-Final Sword Fight 4.59
19-Epilog 4.13

Musique  composée par:

Andreas Weidinger

Editeur:

Media Recordings Intl.
No label number

Produit par:
Andreas Weidinger
Mixage score:
Peter Fuchs

(c) 2014 Mythic International Entertainment/International Pictures One/Gloucester Place Films. All rights reserved.

Note: ***1/2
IRONCLAD : BATTLE FOR BLOOD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Andreas Weidinger
« Ironclad » (Le sang des templiers) était un film d’aventure médiéval sorti en 2011 et racontant le siège du château de Rochester en Angleterre par le roi Jean sans Terre en l’an 1215, au début de la première guerre des barons, conflit civil qui toucha le pays entre 1215 et 1217 suite au refus du roi Jean d’appliquer la Magna Carta. Le film, réalisé par Jonathan English, était alors considéré comme l’une des productions indépendantes britanniques la plus chère de l’histoire du cinéma anglais. Une suite sortira finalement en 2014, destinée cette fois-ci au marché de la vidéo, sobrement intitulée « Ironclad : Battle for Blood » (« Le sang des templiers 2, la rivière de sang » en VF, titre stupide étant donné qu’il n’est nullement question des templiers dans le film !). Toujours réalisé par Jonathan English mais avec un budget plus modeste – le film a cette fois-ci été partiellement tourné en Serbie pour des questions d’ordre budgétaire – le film reprend une intrigue similaire à celle du premier opus : on y assiste à l’assaut d’un château fort anglais par un groupe de guerriers écossais qui souhaitent venger la mort d’un de leurs proches, tué durant une précédente bataille par des soldats britanniques. L’histoire se déroule cinq ans après les événements de Rochester. Dès lors, les occupants du château font appel à un groupe de mercenaires engagés pour défendre la bâtisse par tous les moyens. « Ironclad 2 » n’apporte donc rien de nouveau et se contente simplement de reproduire l’intrigue (faiblarde) du premier film point par point, sauf que cette fois-ci, les assaillants sont des guerriers celtes enragés et revanchards. Hélas, si l’on pouvait espérer un minimum de qualité avec le fait que le réalisateur du premier film reste à la barre du projet, il n’en est rien, car « Ironclad 2 » est une copie carbone moins bonne du premier film : le château ressemble à celui du premier film en moins bien, l’histoire est sensiblement la même, mais les acteurs sont tous renouvelés. A ce sujet, le film manque clairement d’ambition et de moyens : CGI douteux pour les effusions de sang, scènes de bataille violentes mais confuses et mal filmées, armes limitées (exit ici les grosses massues qui font mal et les catapultes !), acteurs de seconde zone peu connus et direction d’acteur limitée, etc. Rien ne semble fonctionner comme il le devrait ici, étant donné que l’effet de surprise a disparu et qu’on nous propose une reconstitution molle d’une énième bataille médiévale sanguinaire sans grande inspiration, pour un DTV insipide qu’on oubliera malheureusement très vite, alors que le premier film de 2011 avait pourtant su se faire remarquer par son casting de luxe et sa description réaliste et ultra violente des batailles médiévales lors de l’assaut du château de Rochester.

Après un premier score fort réussi de Lorne Balfe pour « Ironclad », c’est au tour du compositeur allemand Andreas Weidinger de signe la musique de « Ironclad : Battle for Blood ». Weidinger est un jeune compositeur qui oeuvre pour le cinéma allemand depuis la fin des années 90, particulièrement très actif à la télévision. Après le thriller horrifique « Banshee Chapter » et le film de science-fiction « Shockwave Darkside » en 2013, Andreas Weidinger se voit confier les rennes de la partition pour sa troisième production U.S. avec « Ironclad : Battle for Blood », composant pour ce DTV bourrin un score d’action dans la veine du précédent score de Lorne Balfe pour le « Ironclad » de 2011. Malgré la limite évidente du budget, Weidinger compose un score guerrier et percussif à partir de banques de sons orchestrales forcément limitées mais assez crédibles dans l’ensemble, mettant l’accent sur les percussions barbares mais aussi les flûtes et solistes ethniques (incluant une imitation d’une ghaïta arabe), les nappes synthétiques, les choeurs masculins et les samples orchestraux divers. Dès l’ouverture du film, le ton est donné avec « Opening », qui pose les bases de la musique : percussions diverses (incluant une armée de timbales, tambours, grosse caisse et cymbales), avec quelques percussions samplées aux sonorités métalliques étranges, cordes sombres et pesantes, flûtes ethniques, tout semble fait pour plonger l’auditeur dans une ambiance médiévale et guerrière brumeuse, avec ces quelques touches ethniques/orientales qui apportent un plus à la partition de « Ironclad 2 ». Les percussions arrivent dans un renfort dans le combat de « Cage Fight/In the Woods » au début du film. Weidinger utilise ici le lot habituel de tambours, derboukas et taïkos japonais pour parvenir à ses fins dans un mélange percussif détonnant et totalement belliqueux, sans la moindre once de subtilité. Ici, on cogne et on cogne fort, ce que le compositeur semble revendiquer à chaque seconde dans sa partition ! La partie orchestrale reste toujours présente, mais limitée au strict minimum : cordes atmosphériques sombres et cuivres dissonants la plupart du temps, pas grand chose à se mettre sous la dent de ce côté là !

« Barbarian Attack » confirme l’orientation martiale et ultra virile du score de « Ironclad 2 » pour l’attaque des barbares celtes au début du film, auxquels le compositeur associe des sonorités ethniques orientales (fait étrange pour évoquer un peuple celte !), Weidinger nous offrant son premier grand morceau d’action aux rythmes trépidants, traversé d’un ostinato mélodique de cordes qui reviendra à plusieurs reprises dans le film. La musique prend une tournure plus noble dans « The Quest », qui, malgré le côté parfois synthétique des cordes samplées, parvient à apporter une densité dramatique dans le film, notamment grâce à l’emploi d’instruments solistes acoustiques incluant un très beau solo de violoncelle éthéré au cours d’une mélodie teintée d’une noblesse médiévale réussie, notamment avec l’emploi d’une chorale masculine qui rappellerait presque les travaux « new age » du groupe Era d’Eric Lévi dans les années 1990/2000. Cet emploi des chœurs est largement repris dans « Hubert Approaches the City » où Weidinger exploite parfaitement les sonorités orientales de sa partition pour évoquer l’univers médiéval du film avec les syllabes scandées de façon épique par la chorale, lorsqu’Hubert part à la ville pour recruter les mercenaires engagés pour défendre le château de Rochester. Dans « Hubert Meets Guy/Departure », le compositeur verse dans du new age/rock épique avec l’emploi de l’oud arabe, de guitares ethniques orientales, des cordes synthétiques et d’un choeur en latin sur fond de batterie, un superbe morceau très prenant qui distille un parfois d’espoir assez héroïque, notamment au cours d’un final très épique – on appréciera ici l’emploi d’un style hérité du groupe Era, qui apporte un vrai plus au film de Jonathan English ! Dans « To the Sallyport », on retombe néanmoins dans une esthétique action/belliqueuse plus mécanique et fonctionnelle, beaucoup moins intéressante que dans les recherches new age accrocheuses de « Hubert Meets Guy/Departure ».

Dès lors, l’action semble non stop, le compositeur fonçant tête baissée alors que les combats sanguinaires se multiplient dans le film : « Battlefield/Treat the Wounded » ne fait rien pour cacher ses envolée percussives galvanisantes, bien au contraire, alors que Weidinger traite une scène de bataille dans le château à grand renfort de sonorités orientales, percussions déchaînées, cordes et cuivres survoltées, et même une magnifique série de vocalises masculines orientalisantes du plus bel effet à partir d’1 minute, suivi du violoncelle soliste élégiaque. « Huberts Vow » apporte une accalmie à la musique avec un thème plus mélancolique et dramatique, malheureusement un peu gâché par le côté cheap des cordes samplées. On appréciera l’emploi des cordes aux harmonies plus médiévales au début de « Gilbert Dies », avec le retour du thème dramatique pour la mort de Gilbert vers le milieu du film. Le travail des cordes reste aussi très appréciable dans « Guy and Joan » et le tragique « Winter », tandis que la bataille finale débute au son des percussions frénétiques de « Sacking the Castle », avec ses choeurs épiques grandioses, que l’on retrouve dans « Joans Suicide/The Gate Falls », alors que les barbares parviennent à franchir les défense du château à la fin du film, sans oublier le duel final barbare de « Final Sword Fight » sur les sommets du château, 5 minutes d’action pure et dure avec le retour des sonorités orientales des guerriers celtes, des choeurs épiques façon trailer hollywoodien, des percussions surdimensionnées et même de quelques accords dramatiques assez prenants et intenses durant les dernières minutes.

Le résultat final, pas follement original, reste assez appréciable sur l’album, offrant une vision assez claire du travail d’Andreas Weidinger sur « Ironclad : Battle for Blood ». Le compositeur allemand s’inspire des travaux de Lorne Balfe sur le premier « Ironclad » et prolonge son style épique/médiéval/guerrier avec les mêmes ingrédients, utilisant un orchestre samplé mais agrémenté de plusieurs solistes et d’une chorale grandiose qui apporte un vrai plus à la partition, notamment dans le superbe « Epilog » qui mélange pêle-mêle rock new-age, chants choraux épiques, percussions orientales avec claquements de mains façon flamenco, orchestre, synthés, etc. « Epilog » reste assez inventif même si la progression harmonique du thème semble assez ordinaire et ultra prévisible. Force est de constater que le compositeur se fait plaisir quand il le peut et offre de bons moments à un score assez fonctionnel mais plutôt généreux en terme d’action et d’atmosphères guerrières médiévales. Moins poussée et aboutie que le « Ironclad » de Lorne Balfe, ce « Ironclad 2 » version Andreas Weidinger a de quoi ravir les amateurs du genre, qui y trouveront probablement leur compte, car la musique reste aussi appréciable dans le film que sur l’album : une jolie découverte en somme, pour ce travail de bonne facture que nous livre le jeune compositeur allemand qui, on l’espère, saura trouver sa voie sur des films plus ambitieux et plus intéressants, que ce soit aux USA ou en Europe.




---Quentin Billard