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1-Sister Rust 3.25*
2-First Cells 1.00 3-Mr. Wang's Bloody Suite, Pt. 1 to 4 4.37 4-Mr. Wang's Bloody Suite Pt. 5 to 7 2.56 5-All We Have Done with It 1.29 6-Choose to Reproduce 0.38 7-Inner Fireworks 2.32 8-Lucy is Going Out, Pt. 1 1.35 9-Lucy is Going Out, Pt. 2 1.37 10-Tingjhou Hospital 1.56 11-I Feel Everything 2.09 12-Requiem in D Minor, K. 626 : I. Introitus. Requiem aeternam 5.19** 13-Thank You for Sharing 1.31 14-Taipei Airport 0.39 15-Lucy and the Sniffer Dog 1.04 16-Disintegration 2.43 17-Green Beams 1.34 18-Sling the Decks (The Single Barrel Mix) 4.24*** 19-Pleasant Drive in Paris 0.35 20-Sixty Percent Mess 0.38 21-Crossing the Goon Sea 1.50 22-GPS Control 0.49 23-Goons and Guards 0.48 24-Time Is Unity 1.38 25-Blue Injection 2.42 26-Melt into Matter 3.30 27-Flicking Through Time 2.00 28-Lucy and Lucy 0.32 29-Moonbirth 0.45 30-Origin of the World 2.26 31-Where is Lucy? 0.49 32-I Am Everywhere 2.20 *Interprété par Damon Albarn Produit par Electric Wave Bureau Ecrit par Damon Albarn Pulse Sample d'Eric Serra **Ecrit par Wolfgang Amadeus Mozart Interprété par Patrizia Pace, Waltraud Meier, Frank Lopardo, James Morris, Swedish Radio Choir, Stockholm Chamber Choir, Berliner Philharmoniker, Riccardo Mutti ***Interprété par The Crystal Method Ecrit par Scott Kirkland et Kenneth Jordan. Musique composée par: Eric Serra Editeur: Back Lot Music no label number Musique conduite par: Geoff Alexander Orchestrations: Geoff Alexander, Eric Serra Mixé et enregistré par: Nicolas Duport, Didier Lozahic Montage: Samuel Potin Album produit par: Eric Serra (c) 2014 Canal+/Cine +/EuropaCorp/TF1 Films Production. All rights reserved. Note: *** |
LUCY
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Eric Serra
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Après « The Lady » et « Malavita », Luc Besson nous livre son dernier film, « Lucy », un projet de longue date pour le cinéaste français sorti en 2014 qui souhaitait revenir au genre de la science-fiction après avoir tourné « Le Cinquième Elément » en 1995. « Lucy » raconte l’histoire d’une jeune étudiante américaine de 25 ans, Lucy (Scarlett Johansson), qui vit à Taipei à Taiwan. Un jour, son petit ami lui demande de lui rendre service en l’aidant à transporter pour lui une mallette destinée à son employeur, Mr. Yang (Choi Min-sik), un baron de la drogue et dangereux mafieux coréen. La mallette contient une nouvelle drogue de synthèse expérimentale, le CPH4, que Mr. Yang fait transporter dans des sacs implantés dans le ventre de trafiquants de drogue. Violentée et enfermée dans une cellule, Lucy subit les coups, ce qui a pour effet de déchirer le sac dans son abdomen. La drogue se répand alors dans son corps, ce qui a pour effet de décupler brusquement ses facultés psychiques et physiques. Désormais, grâce au CPH4, Lucy colonise son cerveau et découvre qu’elle peut désormais exploiter des pouvoirs et des savoirs illimités, contrôlant les ondes, l’électricité, la matière, le temps et douée de pouvoirs télékinésiques. Lucy s’échappe et contacte ensuite le professeur Samuel Norman (Morgan Freeman), un spécialiste du cerveau humain qui a développé une théorie selon laquelle les humains n’utiliseraient que 10% de leurs capacités cérébrales. Lucy prouve à Norman qu’elle est la seule à pouvoir apprivoiser son cerveau et utiliser toutes ses capacités, mais pour cela, elle devra affronter les hommes de main de Mr. Yang et retrouver les trafiquants qui transportent la drogue en Europe, car, si Lucy espère utiliser 100% de son cerveau, il lui faudra davantage de drogue.
« Lucy » reprend donc les grandes lignes d’un scénario bien connu, celui du héros qui utilise la totalité de ses capacités cérébrales grâce à une drogue de synthèse…eh oui, il s’agit bien du scénario du thriller « Limitless » avec Bradley Cooper et Robert De Niro sorti en 2011, et qui était lui-même déjà adapté d’un roman, « The Dark Fields » d’Alan Glynn publié en 2001. N’hésitant pas une seconde, Luc Besson assume pleinement son « petit » emprunt éhonté et livre une production d’action/science-fiction totalement fantaisiste et pas crédible pour un sou, d’abord parce que la théorie en vogue de l’utilisation des 10% du cerveau est un mythe largement contestée par la communauté scientifique, ensuite parce que le scénario du film est juste paresseux et bâclé, et que la réalisation est d’une platitude effrayante. On a rarement vu un Besson en aussi petite forme, obligé d’aligner les scènes d’action et les effets spéciaux à grande vitesse (signés ILM tout de même !) en empruntant des éléments par-ci par-là, et pas seulement qu’à « Limitless » (on pense aussi à John Woo dans la chorégraphie de certains combats), tout en filmant une Scarlett Johansson en superwoman du futur, capable de voyager dans le temps (quand Lucy rencontre son ancêtre…Lucy !), ce qui débouche sur des scènes totalement absurdes et invraisemblables à la WTF ! Dommage, car malgré quelques bonnes idées, le film ne tient pas la route et tombe trop souvent dans cette excentricité grotesque qui se pare d’un raisonnement scientifique faussement complexe (prétexte à de nombreuses séquences de montage inutiles tendance clip MTV), sans parler d’une fin absurde qui oblige le spectateur a laisser son cerveau au vestiaire, un comble pour un film qui montre une héroïne utilisant progressivement la totalité de ses capacités cérébrales ! « Lucy » reste donc un thriller d’action violent, bourrin, pas si intelligent qu’il veut bien le faire croire, et même si le film a été acclamé par certains mouvements féministes qui ont apprécié de voir enfin une femme prendre totalement le dessus sur la société des hommes, on ressort perplexe de cet énorme hit frenchy du box-office 2014 (plus gros succès du cinéma français à l’étranger) qui reste d’une vacuité ahurissante, ni fun, ni malin, ni même particulièrement divertissant. Eric Serra est encore une fois de la partie sur le nouveau long-métrage de Luc Besson. Cela fait bientôt plus de 30 ans que les deux hommes collaborent ensemble. Rappelons que Serra et Besson se sont croisés pour la première fois sur le court-métrage « L’Avant dernier » en 1981, suivi de « Le Dernier Combat » (1983), « Subway » (1985), « Le Grand Bleu » (1988), « Nikita » (1990), « Atlantis » (1991), « Léon » (1994), « Le Cinquième Elément » (1997), « Jeanne d’Arc » (1999), « Arthur et les Minimoys » (2006), « Arthur et la Vengeance de Maltazard » (2009), « Les Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec » (2010), « Arthur 3 : la Guerre des deux mondes » (2010) et « The Lady » (2011). Pour sa quinzième collaboration à un film de Besson, Eric Serra s’oriente davantage vers un mélange hybride d’électronique et de parties symphoniques pour parvenir à ses fins. La musique de « Lucy » s’avère être plutôt intense et accrocheuse dans le film, grâce au talent et à l’expérience de Serra, fort d’une collaboration exemplaire avec Besson. Le film s’ouvre sur le mystérieux « First Cells », pièce entièrement électronique à basse de loops électro 90’s et de samples de vocalises féminines kitsch. Serra reste fidèle à son goût pour les synthétiseurs et la musique électro, ce qu’il confirme avec le sinistre « Mr. Wang’s Bloody Suite » entendu durant la scène où Lucy est capturée par le mafieux Mr Yang. Pendant de nombreuses minutes, le compositeur développe ici une atmosphère suffocante et oppressante à l’aide de loops menaçants, de nappes brumeuses et de cordes lugubres, dans un registre suspense évident. A noter l’emploi de quelques percussions électroniques ‘action’ très caractéristiques, qui rappellent parfois le « Ronin » d’Elia Cmiral (1998). Les parties 5 à 7 de « Mr.Wang’s Bloody Suite » versent davantage dans les rythmes à l’aide de percussions martiales et exotiques utilisées de façon inventives, le tout baignant dans un sound design plutôt ordinaire, parsemé de quelques accords dissonants de cordes. L’utilisation de l’électronique suggère clairement ici le ton fantastique/science-fiction du film, et l’aspect futuriste/technologique du film. Véritable touche-à-tout, Eric Serra sait varier les styles et les ambiances, un point fort qu’il met régulièrement en valeur dans ses productions musicales pour le cinéma. « All We Have Done With It » le confirme en cédant cette fois-ci la place à une ambiance plus european-jazz à l’aide d’un mélange saxophone/trompette punchy, sur fond de percussions et synthétiseurs. Autre exemple : dans « Choose to Reproduce », Serra utilise une guitare acoustique aux sonorités quasi latino. « Inner Fireworks » évoque l’acquisition des nouveaux pouvoirs dans le cerveau de Lucy suite à l’ingestion de la CPH4 dans son organisme. Serra expérimente ici autour de l’électronique à l’aide d’un sample de didgeridoo australien, de nappes sonores sombres et de percussions métalliques agressives. Les changements dans le corps et l’esprit de Lucy sont clairement symbolisés ici par des sonorités distordues, industrielles et assez expérimentales – A 1 :05, Serra va même jusqu’à utiliser le bruit de l’électricité dans sa musique – Les parties orchestrales sont présentes, bien souvent limitées aux pupitres des cordes et des cuivres, comme c’est le cas lors du final intense de « Inner Fireworks ». L’électronique domine dans « Lucy is Going Out », le trash et assourdissant « Sixty Percent Mess » ou le techno « Pleasant Drive in Paris », dans un style 90’s un peu kitsch qui risque de paraître daté au vu des banques de sons électro actuelles – cela reste un choix assez typique du compositeur, qui reste fidèle à ses sons synthétiques d’il y a 10/15 ans – « I Feel Everything » introduit le thème principal de Lucy, avec l’aspect plus humain et émotionnel de la musique de « Lucy » à l’aide de cordes élégiaques et poignantes typiques d’Eric Serra - impossible de passer ici à côté de la partie très onirique de violon soliste dès 1:19 – Le thème principal, peu mémorable à la première écoute, se distingue par une poignée de notes descendantes assez simples mais sans grande originalité (on a déjà entendu de bien meilleurs thèmes de la part du compositeur pour un film de Besson !). Le thème de Lucy est alors repris dans « Disintegration » et se distingue par son étrange mélancolie planante et assez surréaliste, notamment grâce à l’emploi du registre aigu des cordes et des samples électro inversés. A noter la façon dont le thème de Lucy prend ici une plus grande ampleur, durant une scène où Lucy teste ses nouveaux pouvoirs pour défaire les sbires de Mr. Yang. Alors que Lucy colonise son cerveau minute après minute, le Main Theme prend de plus en plus d’importance vers la fin du film, tandis que les sonorités menaçantes/oppressantes et martiales de Mr. Yang reviennent dans « Blue Injection », pour rappeler l’omniprésence du mafieux coréen bien décidé à éliminer Lucy et récupérer sa précieuse drogue. Le morceau bascule même dans la dissonance et l’expérimentation sonore pure de façon abstraite et atmosphérique. Le premier grand climax dramatique du film est atteint dans « Melt Into Matter », alors que Lucy entame sa transformation spectaculaire à la fin du film. Serra met ici l’accent sur des cordes et des cuivres amples, et les vocalises d’une soprano, grand moment d’émotion dans la musique de « Lucy » et un pur moment de lyrisme typique du musicien français - les vocalises éthérées de la soprano font parfois penser ici à Ennio Morricone – La séquence de la traversée du temps permet à Serra d’avoir recours à un orchestre plus complet avec une flûte alto, des cordes et des vents dans l’adagio dramatique « Flicking Through Time », conçu comme un prolongement mélodique du thème lyrique de « Melt Into Matter ». Le thème onirique de 4 notes de Lucy est même repris dans « Lucy and Lucy », lorsque l’héroïne rencontre son ancêtre préhistorique, débouchant sur le grandiose et puissant « Moonbirth », autre grand moment du score d’Eric Serra. Enfin, le Main Theme atteint son apogée dans « Origin of the World », séquence métaphysique pour laquelle Serra permet à son thème de s’épanouir pleinement durant plus de 2 minutes intenses, sur fond de rythmes scandés et martelés de manière quasi épique, symbolisant les pouvoirs totalement surréalistes de Lucy durant les derniers instants du film. Eric Serra saisit donc son sujet à bras le corps et convoque pour « Lucy » une pléiade de banques de sons certes datés mais redoutablement efficaces dans le film. Le problème, c’est que la musique ne décolle vraiment que durant les 20 dernières minutes du film, le reste étant constitué d’un enchaînement de sonorités électroniques expérimentales, atmosphériques et organiques, certes inventives mais un peu lassantes sur la longueur, d’autant que la trop courte durée des pistes empêche la musique de se développer sur la longueur. En revanche, une fois que le thème rentre en scène, la musique de « Lucy » prend une toute autre tournure et se dirige lentement vers un lyrisme et une mélancolie assez étrange durant l’acte final du film. Eric Serra ne signe donc pas un nouveau chef-d’oeuvre avec « Lucy » mais confirme qu’il reste un vétéran de la musique de film et de l’électro, offrant quelques rares moments de grâce au film de Luc Besson même si l’on aurait aimé entendre quelque chose de mieux construit, de moins atmosphérique et de plus mémorable sur la longueur. Evoquant à la fois les pouvoirs de Lucy et sa volonté de franchir toutes les frontières de son cerveau pour aller au-delà des possibilités humaines, la musique de « Lucy » apporte la densité dramatique nécessaire au film mais constitue une écoute mitigée sur l’album, car s’il ne fait aucun doute que les fans de Serra bondiront de leur siège au détour de quelques pistes nerveuses, inventives et même lyriques vers la fin, les autres risquent d’en rester sur leur faim, notamment en raison de nombreux passages synthétiques pas toujours réussis et sans grande conviction. ---Quentin Billard |