1-Everything is Awesome!!! 2.34*
2-Prologue 2.28
3-Emmet's Morning 1.59
4-Emmet Falls in Love 1.11
5-Escape 3.27
6-Into the Old West 1.00
7-Wyldstyle Explains 1.21
8-Emmet's Mind 2.17
9-The Transformation 1.46
10-Saloons and Wagons 3.38
11-Batman 1.23
12-Middle Zealand 0.28
13-Cloud Cuckooland and
Ben the Spaceman 1.25
14-Emmet's Speech 2.02
15-Submarines and Metalbeard 1.49
16-Requiem for Cuckooland 1.23
17-Reaching the Kragle 2.35
18-Emmet's Plan 1.54
19-The Truth 3.16
20-Wyldstyle Leads 2.46
21-Let's Put it All Back 2.02
22-I Am a Master Builder 2.48
23-My Secret Weapon 4.19
24-We Did It! 1.31
25-Everything is Awesome!!! 1.26**
26-Everything is Awesome!!! (unplugged) 1.24***
27-Untitled Self Portrait 1.08+
28-Everything is Awesome!!!
Instrumental 2.41++

*Interprété par Tegan et Sara
feat. The Lonely Island
Ecrit par Shawn Patterson
Paroles additionnelles de
Joshua Bartholomew et Lisa Harriton
Paroles rap d'Akiva Schaffer,
Andy Samberg, Jorma Taccone
Produit par Mark Mothersbaugh
Production additionnelle de
Akiva Schaffer
Mixé par Jason Goldstein
**Interprété par Jo-Li
Ecrit par Shawn Patterson
Paroles additionnelles de
Joshua Bartholomew, Lisa Harriton
***Paroles et musique de
Shawn Patterson
Produit par Shawn Patterson
Interprété par Shawn Patterson
et Sammy Allen
*Interprété par Will Arnett
Ecrit par Mark Mothersbaugh,
Will Arnett, Phil Lord
et Christopher Miller.

Musique  composée par:

Mark Mothersbaugh

Editeur:

WaterTower Music WTM-39500

Orchestrations:
Ricky Edwards
Conduit par:
James Sale
Monteur musique:
Andy Dorfman
Programmation additionnelle:
James Sale, Bradley Denniston,
Albert Fox

Enregistrement orchestre:
Daniel Brown
Coordinateur score:
Elaine Beckett
Orchestre:
Sydney Scoring Orchestra
Choeur:
Cantillation Choir
Album produit par:
Mark Mothersbaugh
Producteurs exécutifs:
Phil Lord, Christopher Miller,
Chris McKay

Direction de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Paul Broucek, Niki Sherrod
Direction de la musique pour
WaterTower Music:
Jason Linn
Music business affairs:
Dirk HebertDirection artistique:
Sandeep Sriram

Artwork and pictures (c) 2014 Warner Bros. Entertainment Inc./Village Roadshaw Films (BVI) Limited. All rights reserved.

Note: ****
THE LEGO MOVIE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Mark Mothersbaugh
Le genre du brickfilm est un style de film apparu tardivement ces dernières années, très prolifique sur la toile notamment où l’on ne compte plus le nombre de courts ou de moyens-métrages réalisés en figurines Lego (NDLR : je suis moi-même l’auteur des partitions pour les brickfilms « Henri et Edmond : le Nouveau Voisin », « Henri et Edmond : Droits d’Auteur » et « Henri & Edmond : Plastic Love »). Très vite, le genre s’est diversifié en se transformant en séries animées télévisées et même en jeux vidéo (la déclinaison des « Lego Star Wars », « Lego Batman », « Lego Harry Potter » ou « Lego Indiana Jones »). C’est donc sans surprise que l’on voit aujourd’hui débarquer sur nos écrans un film d’animation hollywoodien récapitulant à lui tout seul tout ce qui a déjà été tenté dans le registre du brickfilm, tout en multipliant les clins d’oeil et les nombreuses références culturelles geek à grand coup d’humour, de scènes loufoques et de dérision. « The Lego Movie » (La Grande Aventure Lego) est l’oeuvre des américains Phil Lord et Chris Miller, à qui l’on devait déjà le déjanté « Cloudy with a Chance of Meatballs » en 2009. « The Lego Movie », c’est l’histoire farfelue d’un petit personnage Lego, Emmet Brickowski, qui mène une existence ordinaire et bien ordonnée à Briqueburg, ville Lego dominée par l’omnipotent Lord Business. Pour Emmet, modeste ouvrier de chantier, son quotidien consiste simplement à suivre des règles de conduite prédéfinies qui régissent l’intégralité de son monde. Du moins est-ce ce qu’il pensait, jusqu’à ce qu’il croise la route de la jolie et robuste Cool Tag, qui recherche un artefact mystique sur lequel Emmet tombe par inadvertance. Alors que tout le monde le prend pour « Le Spécial », celui qui, selon la prophétie, arrivera pour sauver le monde Lego de la destruction du Kragle – une machine capable de coller à tout jamais les figurines Lego – Emmet se retrouve embarqué bien malgré lui dans une série d’aventures loufoques et déjantées, où, aux côtés de Cool Tag, Batman et le vieux mystique Vitruvius, il devra déjouer la conspiration orchestrée par le tyran Lord Business, qui cherche à détruire le monde grâce au Kragle.

« The Lego Movie » nous propose ainsi une exploration très colorée de l’univers des figurines Lego avec une animation 3D de qualité, un budget conséquent (100 millions de dollars), et des idées saugrenues dans chaque scène principale du film. Le long-métrage de Phil Lord et Chris Miller s’impose par son humour absurde, sa galerie de personnages déjantés (on retrouve quelques héros connus comme Batman, Green Lantern, Wonder Woman, Superman, Gandalf, et même William Shakespeare, Shaquille O’Neal et Abraham Lincoln !) et ses innombrables clins d’oeils cinématographiques (« Star Wars », « Superman », « Lord of the Rings », etc.), alors que le film est une charge évidente contre l’intégrisme de certains constructeurs Lego qui se bornent à construire des modèles pré-établis en suivant des plans tout faits alors que ces figurines sont faites pour explorer avant tout son imagination et sa créativité – c’est d’ailleurs le grand message du film, très perceptible durant les 10 dernières minutes où apparaissent les deux seuls acteurs live du film, Will Ferrell et le jeune Jadon Sand – « The Lego Movie » est d’ailleurs avant tout un hymne à l’imagination et à la créativité, le film débordant d’idées farfelues, de bonnes trouvailles à chaque plan et d’un sens constant de l’autodérision, même si l’on finira par se lasser au bout d’une demi heure du caractère ultra loufoque du film et du rythme effréné limite hystérique auquel s’enchaînent les scènes les unes à la suite des autres. Dommage, car les bonnes idées et l’inventivité assez rafraîchissante du film est constamment gâché par un montage ultra rapide et un enchaînement effréné de scènes qui rendent le film un peu bordélique et fourre-tout, manquant cruellement de pause, d’aération. Hymne à la pop culture et à l’enfance, « The Lego Movie » enchaîne donc les scènes déjantées à un rythme haletant, avec une utilisation remarquable de la 3D, une accumulation de gags loufoques et de bonnes répliques ainsi qu’une galerie de personnages décalés (le méchant flic/gentil flic au double visage) face à des situations totalement improbables. Certes, c’est lourd, parfois too much, parfois un peu bordélique, mais « The Lego Movie » reste malgré tout une bonne surprise pour les amateurs de brickfilms modernes réalisés avec de gros moyens.

Après « Cloudy with a Chance of Meatballs », le compositeur Mark Mothersbaugh retrouve Phil Lord et Chris Miller pour « The Lego Movie », signant une partition plus moderne et débordant d’énergie, à l’instar du film lui-même. Comme l’a fait récemment Henry Jackman sur le film Disney « Wreck-it-Ralph », Mark Mothersbaugh choisit d’écrire pour « The Lego Movie » une partition mélangeant orchestre symphonique, choeurs avec une pléiade de synthétiseurs analogiques 80’s et de sons kitsch rappelant les consoles de jeu 8 bits des années 80 (et notamment la NES et la Master System). Le ton est donné dès le spectaculaire « Prologue » qui dévoile un orchestre ample avec des choeurs épiques et grandioses façon « Lord of the Rings », et un environnement électronique à la fois kitsch et moderne. La musique ne manque pas d’énergie, le mélange entre la partie symphonique et synthétique fonctionnant ici parfaitement, servie par une écriture orchestrale assez riche et soutenue, comme souvent avec Mothersbaugh. A 0:40, on découvre un premier thème important dans le score, un motif de 4 notes descendantes et menaçantes associées à Lord Business dans le film. Dans « Emmet’s Morning », le compositeur évoque le quotidien d’Emmet au début du film à l’aide de touches mickey-mousing inévitables (bois, cordes sautillantes, xylophone) et de synthés analogiques kitsch, dont on devine par moment quelques inspirations du côté des jeux vidéo de l’époque (coïncidence ou pas ? Le passage enjoué vers 0:42 rappelle la musique du générique de fin de « Metroid » sur la NES). « Emmet’s Morning » fait donc plus référence à un monde d’aventure vidéoludique qu’aux jeux légo d’origine, un choix pas si étonnant lorsqu’on sait à quel point ces sonorités synthétiques kitsch sont décidément très à la mode de nos jours dans le monde de la musique électro. Autre élément notable : « Emmet’s Morning » est adapté de la mélodie principale de la chanson-clé du film « Everything is Awesome ! », chanson pop kitsch aux rythmes « bubblegum song » façon tube pop kitsch des séries TV Disney pour adolescents. A première vue, la chanson interprétée par le groupe The Lonely Island – qui mélange aussi une partie rap – pourra en agacer plus d’un, mais son incorporation dans le score instrumental de Mark Mothersbaugh est une jolie réussite, rendant l’écoute plutôt cohérente dans le film. Le thème d’Emmet est aussi dévoilé, thème sautillant et joyeux évoquant la naïveté et la fraîcheur du personnage, avec une superbe reprise très électro/techno du thème à 1:31 - curieusement, le thème semble calqué sur un passage similaire de la musique du film « One Fine Day » de James Newton Howard ! - Mothersbaugh se fait plaisir dans « Emmet Falls in Love » où il dévoile un thème romantique (avec une guitare électrique, une batterie, une basse et un harmonica) pour la jolie Cool Tag lors de sa première rencontre avec Emmet au début du film, thème adapté à la façon du Love Theme 80’s de « Top Gun » d’Harold Faltermeyer.

« Escape » se place dès lors sous le signe de l’action et de l’aventure durant la poursuite vers le début du film, avec un premier morceau déchaîné largement dominé par les rythmiques et les samples électro/techno analogiques et modernes. Après une brève allusion au thème de « Everything is Awesome » ! (à 0:08), le thème de Cool Tag est ici repris aux synthés à 0:24 placé cette fois-ci sous le signe de l’aventure et de la détermination. On ressent ici une énergie et une fraîcheur revigorifiante, dans laquelle l’orchestre semble malheureusement noyé sous des tonnes de pads et de samples/loops électro/techno tendance dance des années 90. Le thème principal de « The Lego Movie » est alors dévoilé à 1:03 par des pads techno tonitruants, thème qui restera très présent tout au long du film pour symboliser la quête d’aventure d’Emmet face à la conspiration du cruel Lord Business. L’utilisation des pads synthé suggère ici une certaine folie sonore, notamment durant la dernière partie de « Escape » où Mothersbaugh n’hésite pas à utiliser des pads saturés à la limite de la cacophonie. La programmation des sons est ici essentielle, le compositeur navigant entre samples multiples, à la fois datés et modernes pour parvenir à ses fins, tandis que l’orchestre tente de reprendre timidement le dessus sur la fin. Saisissant à bras le corps l’aspect parodique et humoristique du film, Mark Mothersbaugh s’amuse à multiplier les pastiches musicaux, comme c’est le cas dans « Into the Old West, » qui parodie les musiques de western traditionnelles façon Ennio Morricone, avec une brève reprise du thème principal façon Aaron Copland (à 0:17). « Wyldstyle Explains » s’oriente davantage quand à lui vers une ambiance musicale de comédie avec des orchestrations plus diversifiées et fluides incluant cordes, bois et cuivres, tandis que « Emmet’s Mind » utilise les synthétiseurs de façon quasi expérimentales et étranges, notamment avec l’emploi de choeurs synthétiques mystérieux et de sonorités new age, et une reprise du thème principale plus lente aux violons dès 1:04.

L’aventure domine dans l’excellent « The Transformation », qui rappelle par moment le style de « Cloudy with a Chance of Meatballs ». Mothersbaugh n’a pas peur de verser ici dans l’épique avec l’utilisation des choeurs et une reprise du thème descendant de Lord Business à 0:26. Dans « Saloons and Wagons », on retrouve les allusions humoristiques aux musiques de western avec une série de variantes amusantes autour du thème principal. Dans « Batman », Mothersbaugh s’amuse même à livrer un thème héroïque pour le héros chauve-souris, dans un style très électro/orchestral assez tonitruant, incluant même quelques vocalises masculines amusantes et inattendues à 0:54 où un homme scande avec sa grosse voix : « dark-ness ! ». Dans « Middle Zealand », Mothersbaugh poursuit son exploration parodique en pastichant les musiques des « Lord of the Rings » d’Howard Shore, tandis que « Cloud Cuckooland and Ben the Spaceman » s’oriente vers du dubstep/dance kitsch 90’s et des pads 8 bits 80’s sur un tempo rapide. Visiblement, le compositeur s’amuse comme un petit fou sur « The Lego Movie », et ses nombreuses idées qu’il balance à tout va apporte une fraîcheur et une énergie communicative à l’auditeur (et au film). Dans « Emmet’s Speech », Mothersbaugh imite le style des marches militaires américaines, tandis que les choeurs épiques reviennent dans le massif et excitant « Submarines and Metal Beard » pour une autre scène d’action délirante du film (le final de « Metal Beard » imite les musiques de film de pirate). A noter un nouveau thème qui apparaît à 0:48, un motif de 5 notes porté par des choeurs féminins, un thème héroïque suggérant les exploits d’Emmet et ses amis dans le film. Mothersbaugh sait aussi émouvoir en livrant dans « Requiem for Cuckooland » un requiem funèbre et poignant pour choeurs et orchestre suite à la disparition de l’île de Cuckooland, reprenant le thème héroïque de 5 notes à 0:58.

Les réfractaires aux samples 8 bits et aux pads techno seront certainement agacés par « Reaching the Kragle » et une bonne partie du score de « The Lego Movie », car ces sons sont véritablement partout, y compris dans les moments les plus calmes. Le thème héroïque est aussi repris dans « Reaching the Kragle » dans des variantes ‘action’ plus sombres et sérieuses, tout comme le thème d’Emmet, judicieusement développé ici de façon plus lente dans un solide contrepoint entre cuivres et cordes. A noter le final plus dramatique de « Reaching the Kragle » qui ramène un semblant d’émotion dans le film, tout comme le tragique « The Truth », qui reprend en grande partie le motif menaçant de Lord Business. Autre grand moment d’émotion inattendu : le très beau « My Secret Weapon », partagé entre cordes, piano, nappes synthétiques planantes et choeurs solennels et dramatiques, pour le final du film avec la scène live de Will Arnett, sans aucun doute le plus beau morceau de la partition de « The Lego Movie ». Enfin, l’espoir arrive dans « Wyldstyle Leads » qui reprend le thème de Cool Tag sous un angle déterminé pour un nouveau morceau d’action déchaîné à grand renfort de samples techno/électro, de choeurs épiques et de variations sur le thème principal. La bataille finale s’intensifie dans le débridé « Let’s Put It All Back » qui rappelle l’énergie avec laquelle Mark Mothersbaugh construit ses morceaux d’action, nombreux dans le film, pour rythmer l’histoire avec une certaine folie et une inventivité constante, sans oublier l’apport indispensable des thèmes mélodiques de la partition. A ce sujet, difficile de passer à côté des reprises grandioses du thème héroïque d’Emmet dans « I Am A Master Builder », lorsque le héros découvre enfin sa destinée et ce pourquoi il est réellement fait.

Mark Mothersbaugh signe donc une partition ultra vitaminée, riche et colorée pour « The Lego Movie », mélangeant les idées avec une inventivité folle, quitte à perdre son auditoire en cours de route, car, à l’instar du film, la musique semble parfois partir dans tous les sens. Pourtant, en y regardant d’un peu plus près, on se rend compte à quel point la musique de Mothersbaugh reste parfaitement cohérente et unifiée de bout en bout (ce qui n’est pas forcément le cas du film par exemple !), notamment grâce à l’emploi des samples électroniques débridées et envahissants, mais qui apportent une certaine personnalité à la bande originale du film. Certes, certains trouveront cela fort excessif et démesuré, mais le tout reste globalement cohérent dans le film et indissociable de l’ambiance parodique et délirante du long-métrage animé de Phil Lord et Chris Miller. Si vous cherchez une musique de film animé intéressante et inventive, qui sort un peu de l’ordinaire, il est probable que la partition de « The Lego Movie » réussisse à vous convaincre et à vous entraîner dans son tourbillon sonore dément de samples électro 8 bits kitsch, de thèmes accrocheurs et d’idées musicales farfelues (la voix masculine dans « Batman », le pastiche d’Howard Shore, ou d’Ennio Morricone, etc.). Décidément, Mark Mothersbaugh reste un compositeur particulier et intéressant lorsqu’il travaille pour le cinéma d’animation, car sa musique pour « The Lego Movie », assez fastidieuse à écouter sur la longueur, est un véritable tour de montagne russe parfois indigeste et assourdissant, mais toujours très fun et décomplexé, à l’instar d’un film de figurines lego où tous les délires imaginables sont permis, un vrai hymne à l’imagination, une jolie réussite en somme !




---Quentin Billard