1-Main Title 1.51
2-Birthday Preparations 1.00
3-Rape and Murder 3.03
4-Overnight at Dolly's/
Where's Julie? 3.00
5-Julie's Pillow 1.01
6-Tar Pits/Private Meeting 2.29*
7-Dirty Pillow/We Got Him 2.49
8-Courtroom/Case Dismissed/
Still In Bed 3.47
9-Following Doob/
Marking Territory 2.53
10-Denillo Warns Doob 1.26*
11-Video Sting/Playground 2.21
12-After School/Tucked In/
Can You Help Me? 3.21
13-We Can Help You 0.42*
14-Training Montage/Backyard/
Karen Is Followed 2.43
15-Are You Still Mad?/
Phone Tap 3.08*
16-Karen Leaves Angel's/
Crime Scene/Doob Is Released 2.27
17-Trashing Apartment 3.53
18-Setup/It's Very Personal 4.03
19-Mack Arrives Home 1.17
20-End Credits 4.11

Bonus Tracks

21-Trashing Apartment
(alternate) 3.52
22-Mack Arrives Home
(alternate) 1.57

*Not used in film.

Musique  composée par:

James Newton Howard

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1324

Producteur exécutif de l'album:
Dan Goldwasser
Producteurs exécutifs pour
La-La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Orchestrations:
James Newton Howard, Brad Dechter,
Robert Elhai, Jeff Atmajian

Coordinateur score:
Michael Mason
Monteur musique:
Jim Weidman
Assistant monteur score:
David Olson
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordinateur album:
Eric Ybanez
Consultant projet:
Lukas Kendall
Assistance de production:
Frank K. DeWald, Neil S. Bulk

Edition limitée à 1500 exemplaires
American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1995 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
EYE FOR AN EYE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by James Newton Howard
Connu pour ses thrillers et ses drames particuliers et souvent très durs, le cinéaste anglais John Schlesinger a signé quelques perles du genre incluant « Midnight Cowboy » (1969), « The Day of the Locust » (1975), « Marathon Man » (1976), « Yanks » (1979) ou « Pacific Heights » (1990). C’est en 1996 que Schlesinger nous livre l’un de ses derniers films, « Eye for an Eye » (Au-delà des lois), thriller dramatique adapté du roman éponyme de l’américaine Erika Holzer publié en 1993. Le film aborde des sujets graves et difficiles : l’assassinat d’un proche, les failles du système judiciaire et l’obsession destructrice de la vengeance, avec une question cruciale au coeur même de l’intrigue du film : « et si le meurtrier de votre fille était relâché par la justice suite à un vice de procédure, que feriez-vous ? ». Reprenant les codes du ‘vigilante movie’ (film dans lequel des personnes se font justice eux-mêmes) très populaire dans les années 70/80 (on pense aux classiques du genre tels que « Death Wish » ou « Dirty Harry »), « Eye for an Eye » met en scène Sally Field dans le rôle de Karen McCann, une mère de famille ordinaire qui mène une existence banale avec son mari Mack (Ed Harris), et leurs deux filles, Julie l’aînée (Olivia Burnette) et la petite Megan (Alexandra Kyle). Alors que Karen est au téléphone depuis sa voiture avec Julie pour fixer les derniers préparatifs de son dix-septième anniversaire, un individu surgit brusquement dans leur maison puis viole et assassine la fille de Karen, qui assiste impuissante au meurtre de Julie depuis son téléphone. Brisés par ce terrible drame, Karen et Mack tentent de se reconstruire jusqu’au jour où l’inspecteur Denillo (Joe Mantegna) chargé de l’enquête, annonce qu’un suspect a été arrêté, un livreur nommé Robert Doob (Kiefer Sutherland). Hélas, les poursuites contre Doob sont abandonnées à la suite d’un vice de procédure, et un non-lieu est finalement prononcé en sa faveur par le tribunal. Désormais, Karen n’a plus qu’une seule idée en tête : suivre Doob et venger la mort de sa fille Julie.

John Schlesinger a toujours été attiré par les sujets sérieux dans ses films, traitant des thèmes durs et pas toujours accessibles au grand public, car, malgré le succès de certains de ses films des années 60/70, le cinéaste anglais n’a jamais été un partisan du divertissement pur, ce qu’il confirme avec « Eye for an Eye », qui reste un thriller sombre mais néanmoins captivant abordant un sujet qui dérange, notamment en nous mettant dans la peau d’une mère de famille brisée par un drame terrible, et qui envisage de commettre un meurtre pour venger la mort de sa fille. Moins spectaculaire que d’autres films du même registre, « Eye for an Eye » vaut surtout par l’interprétation sans faille de la poignante Sally Field, aux côtés d’un Ed Harris plus posé que d’habitude et du génial Kiefer Sutherland, LE personnage du film, qui campe un violeur/assassin absolument sinistre et effrayant, notamment grâce à son visage sec et brutal, tout en restant très réaliste – c’est le genre de type que vous pourriez croiser tous les jours dans votre rue sans y prêter attention au premier abord – C’est d’ailleurs dans cette volonté de rester le plus réaliste possible que Schlesinger parvient à emporter l’adhésion du public, filmant sans artifice mais avec quelques bonnes idées le thème de la violence qui s’immisce brusquement dans la vie d’une famille américaine ordinaire, même si l’on regrettera le côté plus convenu de l’affrontement final, typiquement hollywoodien et pour le coup moins réaliste (l’acte final du film évoque l’ultime confrontation à la fin de « Pacific Heights »). Avec une poignée de seconds rôles solides (incluant la participation des vétérans Joe Mantegna, Beverly D’Angelo, Philip Baker Hall, Keith David, etc.), « Eye for an Eye » est un excellent thriller dramatique qui offre une réflexion dure mais réaliste sur les failles du système judiciaire américain et les limites du concept de l’auto justice, sujet délicat mais très présent dans la société américaine.

John Schlesinger aura collaboré tout au long de sa carrière avec des compositeurs différents, incluant John Barry (« Midnight Cowboy », « The Day of the Locust »), Michael Small (« Marathon Man »), Richard Rodney Bennett (« Yanks »), J. Peter Robinson (« The Believers ») ou bien encore Hans Zimmer (« Pacific Heights »). Pour « Eye for an Eye », le cinéaste se tourne cette fois-ci vers James Newton Howard, alors très actif en 1996 avec quelques films-clé à son actif, et notamment « The Fugitive » (1993), « Alive » (1993), « Falling Down » (1993), « Dave » (1993), « Wyatt Earp » (1994), « Waterworld » (1995), « Just Cause » (1995) ou bien encore « Outbreak » (1995). Spécialiste des drames et des thrillers, JNH va connaître une année 1996 assez chargée, occupé à travailler sur sept films (incluant « The Rich Man’s Wife », pour lequel il signe le thème avec un score écrit par John Frizzell), dont quelques thrillers comme « The Juror », « The Trigger Effect » ou « Primal Fear ». James Newton Howard était donc le compositeur tout désigné pour signer le score de « Eye for an Eye », une partition qui s’inscrit clairement dans la continuité de « The Fugitive » mais avec une ambiance plus calme et plus intimiste. A l’aide d’un orchestre symphonique massif (incluant un large pupitre de cordes avec 3 flûtes, 2 hautbois, 4 clarinettes avec clarinette basse, 5 bassons avec contrebasson, 10 cors, 3 trompettes, 5 trombones, 2 tubas, 2 harpes, un clavier et 5 percussionnistes), James Newton Howard pose clairement sur les images l’ambiance dramatique adéquate au film, sans en faire des tonnes pour autant. Le film s’ouvre au son du thème principal associé à la famille McCann (« Main Title »), une série de 8 notes douces et tendres de piano/clavier sur lesquelles viennent se greffer une mélodie gracieuse de clarinette et quelques nappes sonores synthétiques. Le thème évoque le caractère paisible et chaleureux de la famille à l’aide du piano, de cordes et de bois doux, évoquant le calme avant la tempête. « Birthday Preparations » se montre même presque enjoué et insouciant grâce à sa très belle écriture de bois typique du compositeur, accompagnés d’arpèges de piano et de harpes sur fond de cordes.

Pourtant, les choses tournent mal avec « Rape and Murder », séquence terrifiante du viol et du meurtre de Julie au début du film. On retrouve ici le style suspense habituel de JNH, avec son lot de cordes dissonantes, de ponctuations rythmiques agressives des percussions et des cuivres, dans un style à mi-chemin entre « The Fugitive », « Outbreak » ou « Just Cause ». Le compositeur crée ici un sentiment d’horreur et de malaise sans en faire des tonnes pour autant, conservant une certaine gravité largement véhiculée ici par les cordes et quelques éléments électroniques sous-jacents. Dès lors, plus rien ne sera pareil pour la famille McCann, brisée par un drame horrifiant et insurmontable. C’est ce que tente de nous faire comprendre le poignant et élégiaque « Overnight at Dolly’s – Where’s Julie ? ». On retrouve ici le trio cordes/bois/piano qui développe une atmosphère mélancolique et intime plus posée, empreinte d’une tristesse et d’une amertume que l’on devine aisément, notamment grâce aux notes rapides et douces du piano ou des bois tels que le hautbois, la clarinette ou la flûte. Le souvenir de Julie fait office d’un morceau mélancolique délicat dans « Julie’s Pillow » où l’on retrouve le thème principal de 8 notes au piano avec la mélodie de la clarinette du « Main Title » sur fond de nappes sonores synthétiques distantes, comme une sorte de souvenir douloureux impossible à oublier pour la mère de famille brisée par une tragédie infâme. « Tar Pits/Private Meeting » évoque de son côté le personnage de Robert Doob (non utilisé dans le film) en empruntant une basse synthétique reprise du score de « Waterworld » sur fond de ponctuations percussives agressives et de cordes dissonantes et lugubres. Dès lors, le score de « Eye for an Eye » oscille entre moments intimes, mélancoliques et doux (« Dirty Pillow/We Got Him »), passages dramatiques intenses (« Courtroom/Case Dismissed/Still in Bed ») et moments plus sombres (« Following Doob/Marking Territory »).

Le personnage de Kiefer Sutherland n’a pas de motif à proprement parler, chacune de ses apparitions dans le film sont illustrées par des cordes dissonantes ou des accords menaçants de cuivres comme dans « Denillo Warns Doob » ou le lugubre « Video Sting/Playground ». On note néanmoins un bref motif sombre pour Karen entendu à 2:18 dans « Rape and Murder », repris ensuite à 0:04 dans « We Can Help You », évoquant le désir de vengeance de la mère de famille. Le même motif est aussi cité à 1:32 dans « Training Montage/Backyard/Karen is Followed », montrant la face plus sombre d’une femme bien décidée à trouver la paix lorsque l’assassin de sa fille sera tué. C’est dans « Following Doob/Marking Territory » que le score de JNH prend une toute autre tournure avec l’apparition de percussions et de rythmes électroniques clairement repris ici du score de « The Fugitive », avec quelques sons de guitare électrique et basse synthétique très 90’s accompagnant un orchestre dominé ici par des cuivres et des cordes denses, pour la scène où Karen commence à suivre Doob dans sa voiture. L’utilisation des synthétiseurs est ici parfaitement incorporée à l’orchestre et cohérente à l’écran, James Newton Howard privilégiant malgré tout les parties orchestrales comme il le fait habituellement. Et plus l’histoire avance, plus l’on ressent une tension omniprésente dans la musique de JNH, comme dans le dissonant « After School/Tucked In/Can You Help Me ? » où la menace de Doob devient plus pesante pour Karen, qui comprend que sa fille Megan n’est plus en sécurité, même à l’école. A noter la façon dont le piano est employé ici, rappelant le style des musiques de thriller de Christopher Young dans les années 90 (on pense par exemple à « Jennifer 8 » ou « Copycat »).

Les percussions et rythmes électroniques reviennent dans les préparatifs de Karen au combat dans « Training Montage/Backyard/Karen is Followed », autre très bon morceau de la partition de « Eye for an Eye » dans lequel JNH mélange parfaitement synthés 90’s et orchestre pour les besoins du film. On notera l’emploi très réussi des nappes synthétiques lugubres et macabres dans les moments de suspense plus oppressants comme « Karen is Followed » ou la confrontation finale dans l’excellent « Setup/It’s Very Personal », superbe morceau d’action dans lequel on retrouve le grand JNH des musiques d’action virtuoses façon « The Fugitive » ou « Outbreak ». Enfin, le calme revient avec le mélancolique mais apaisé « Mack Arrives Home », le cauchemar étant terminé, la musique respirant enfin avec le retour d’un lyrisme plus doux et poignant typique de JNH, reprenant ici le thème dramatique de cordes/bois de « Overnight at Dolly’s/Where’s Julie ? », la boucle étant bouclée, la famille McCann pouvant enfin espérer prendre un nouveau départ dans la vie et tenter de se reconstruire après toutes ces épreuves épouvantables. Le « End Credits » (générique de fin) récapitule en 4 minutes les principales idées de la partition de James Newton Howard, incluant les passages percussifs à la « Fugitive », le thème familial et les passages plus intimes et mélancoliques. JNH signe donc un score intense et mélancolique d’une grande qualité pour « Eye for an Eye », et si le compositeur n’offre rien de particulièrement original ou de grandement mémorable au film de John Schlesinger, il parvient à captiver notre attention grâce à son écriture orchestrale toujours très précise et cohérente, son maniement habile des parties électroniques et ses mélodies parfois subtiles et toujours élégantes. Pas très original, certes, mais intense, sombre et touchant dans le film : une jolie réussite !




---Quentin Billard