1-Main Title 2.39
2-Time Safari Inc. 0.36
3-Security 0.36
4-Ancestor 3.58
5-Rules/Time Jump 2.41
6-Major Problem 3.12
7-Lights Out 1.10
8-Morning News/Eruption 1.51
9-Time Wave 0.33
10-Jumping Alone/
Another Time Wave 2.28
11-Access Denied 5.19
12-Cab Ride 3.16
13-Seeking Eckels 1.53
14-Payne/Spota's Market/
Apt. 7A 6.28
15-Middleton/Butterfly 3.09
16-Tami's Hard Drive 5.43
17-University/Butterfly Saved 4.56
18-Look At This/End Titles A 2.55
19-End Titles B/End Roller Suite 8.28

Musique  composée par:

Nick Glennie-Smith

Editeur:

Dragon's Domain Records DDR600

Musique conduite par:
Nick Glennie-Smith
Producteur exécutif de l'album
pour Dragon's Domain Records:
Mark Bannin
Album produit par:
Nick Glennie-Smith, Ford A. Thaxton
Producteur associé de l'album:
Mike Joffe
Préparation musique/orchestrations:
Benoit Groulx
Ingénieurs musique:
Malcolm Luker, Jamie Luker
Monteur musique:
Gerard McCann

Edition limitée à 1000 exemplaires.

(c) 2005 Warner Bros. All rights reserved.

Note: **1/2
A SOUND OF THUNDER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nick Glennie-Smith
A l’origine de « A Sound of Thunder » (Un coup de tonnerre), il y a une excellente nouvelle de science-fiction du romancier américain Ray Bradbury publiée en 1952, prévue pour être enfin adaptée au cinéma dès 2001, avec Renny Harlin à la réalisation et Pierce Brosnan dans le rôle-clé. Hélas, rien ne fonctionnera finalement comme prévu pour ce film ‘maudit’. Suite à des désaccords entre le réalisateur et Ray Bradbury, visiblement mécontent de la manière dont le projet se montait, Harlin est finalement renvoyé (il tournera le thriller « Mindhunters » à la place en 2004), puis remplacé par Peter Hyams, avec Edward Burns dans le rôle principal. Hélas, le tournage, qui débuta à Prague l’été 2002, tournera au cauchemar pour l’équipe du film lorsque des pluies torrentielles – inattendues en plein été – détruiront une bonne partie des décors du film, et comme un malheur n’arrive jamais seul, le studio d’origine, Franchise Pictures, est en proie à de graves problèmes financiers et sera même attaqué en justice par le studio allemand Intertainment AG pour cause d’inflation frauduleuse des budgets alloués à certaines de leurs co-productions (incluant le désastreux « Battlefield Earth » en 2000), signifiant l’état de banqueroute de Franchise Pictures. Alors que le studio perdra son procès et fera faillite durant la phase de post-production du film, « A Sound of Thunder » verra finalement sa sortie repoussée d’un an en 2005, avec pour conséquence une modification dans les moyens alloués à l’origine au film – sur un budget de 80 millions de dollars, l’équipe du film devra finalement se contenter d’à peine 30 millions ! – Le problème, c’est que l’équipe chargée des effets spéciaux s’est retrouvé à travailler dans l’urgence avec des logiciels bon marché qui ne permettaient pas un rendu visuel satisfaisant, ce qui explique les effets numériques absolument catastrophiques du film, qui semblent complètement inachevés.

Le scénario nous plonge dans un futur lointain, en 2055 à Chicago. Une société nommée Time Safari dirigée par l’extravagant millionnaire Charles Hatton (Ben Kingsley) organise depuis des années des safaris préhistoriques grâce à une technologie permettant de voyager dans le temps. Ces safaris sont dirigés par Travis Ryer (Edward Burns) et son équipe, ainsi qu’un agent du gouvernement, qui est chargé de veiller au bon déroulement du protocole de chasse. Les safaris sont régis par des règles très strictes : les participants à la chasse peuvent tuer un Allosaure qui a vécu il y a 65 millions d’années pour revenir ensuite dans le présent avec une vidéo de leurs exploits, mais il est interdit de modifier quoique ce soit dans le passé, de laisser la moindre trace ou de sortir de la zone de chasse prévue. Au cours d’un safari, les fusils équipés de balles à nitrogène congelé (prévus pour ne laisser aucune trace) sont victimes d’une panne soudaine face à l’Allosaure chassé. L’un des clients se met alors à paniquer et tue accidentellement un papillon qu’il écrase sous sa chaussure. De retour en 2055, Ryer et son équipe comprennent que quelque chose ne va pas : le cours entier de l’évolution du monde est en train de changer suite à la mort accidentelle du papillon lors du précédent saut dans le temps. Dès lors, le nouveau présent rattrape le présent actuel par vagues successivesn transformant la faune et la flore avec, comme conséquence finale, la disparition de l’espèce humaine. Afin d’éviter que le monde qu’ils connaissent disparaisse pour de bon, Travis Ryer contacte alors Sonia Rand (Catherine McCormack), la scientifique à l’origine de la technologie des sauts dans le temps, puis ils se lancent ensemble dans une course effrénée pour tenter de comprendre ce qui a pu se passer dans le passé et revenir au moment du précédent safari afin d’empêcher le client d’écraser le papillon.

Au final, le film de Peter Hyams est une catastrophe totale, car malgré un scénario plutôt bien trouvé – mais qui simplifie considérablement la nouvelle d’origine de Ray Bradbury – la nullité ahurissante des effets spéciaux empêche « A Sound of Thunder » de convaincre pleinement, le spectateur se retrouvant dans l’incapacité de rentrer dans cette histoire de sauts temporels et d’effet papillon à cause d’un visuel médiocre à peine digne d’une série-B produite par des amateurs fauchés. Peter Hyams signe peut être là l’un de ses plus mauvais films, réunissant des acteurs plutôt bons d’ordinaire, mais qui n’arrivent même pas à y croire un minimum ici (Edward Burns semble s’en ficher royalement et joue très mal, Catherine McCormack ne convient pas au rôle, et le vétéran Ben Kingsley cabotine comme si sa vie en dépendait !). Les quelques scènes d’action et d’attaques des créatures – les singes dinosaures, la créature aquatique, les ptérodactyles, l’Allosaure, etc. – ne parviennent même pas à susciter la moindre excitation en raison d’effets trop cheap qui renvoient aux soubassements du nanar fauché digne des plus belles pages du site Nanarland. Mais malgré le ratage intégral du long-métrage de Peter Hyams, on retiendra un score orchestral/électronique ordinaire mais soigné de Nick Glennie-Smith, compositeur issu du studio Media Ventures/Remote Control d’Hans Zimmer et connu pour ses musiques d’action des années 90 (on pense notamment à « The Rock » ou « The Man in the Iron Mask »). Habitué à diriger les orchestres ou les chorales dans les BO d’Hans Zimmer, Nick Glennie-Smith s’est distingué à quelques reprises sur quelques films connus ou moins connus, en plus d’être l’auteur de musiques épiques mémorables pour le spectacle visuel « Cinéscénie » (2003) au Puy du Fou en France.

Le score de « A Sound of Thunder » est un mélange sans surprise d’orchestre et de synthétiseurs dans la continuité des musiques d’action que Nick Glennie-Smith composa dans les années 90. On retrouve ici les banques de sons bien connues des fans du compositeur, déjà entendues dans « The Rock », « Fire Down Below » ou « The Man in the Iron Mask ». Curieusement, le score paraît même bien daté pour un film de 2005, semblant surgir tout droit d’un blockbuster d’action du milieu des années 90. Enregistrée à Londres, la musique de « A Sound of Thunder » a bien du mal à se faire remarquer réellement dans le film en raison d’un mixage assez pauvre qui valorise timidement les efforts de Nick Glennie-Smith, hormis à 3 ou 4 reprises. Le score enchaîne les scènes d’action dans le film avec un rythme et une dynamique constante, évoquant la menace, le danger mais aussi l’héroïsme de Ryer grâce à un thème principal épique de qualité, comme seul Nick Glennie-Smith sait bien faire les faire. Le « Main Title » pose dès le début du film les bases de la partition avec un premier morceau sombre et tendu, dominé par le pupitre des cordes et quelques rythmiques/percussions électroniques très 90’s reprises de « The Rock », en plus d’une poignée de cuivres samplés. A 0:08, les cors dévoilent les 5 premières notes du thème principal repris ensuite à 2:22. Après quelques morceaux fonctionnels peu intéressants, « Ancestor » s’impose grâce à son ostinato rythmique continu à l’aide de petites percussions synthétiques, de cordes staccatos (incluant un son de flûte de pan déjà entendu dans certains scores d’action d’Hans Zimmer des années 90) et de marimba. C’est l’occasion pour NGS de dévoiler le second thème du score, une série de 4 notes rapides de cordes à 0:50, une sorte de motif d’action qui deviendra particulièrement intense durant certaines scènes de poursuite vers la fin du film. Le Main Theme est alors repris à 1:25 et dévoilé cette fois-ci dans son intégralité aux cordes et aux cuivres. On retrouve ici le style mélodique habituel de Nick Glennie-Smith, avec ce sentiment de noblesse et de grandeur épique typique de ses grands « anthems » mémorables des années 90 qui auraient pu avoir leur place dans des films tels que « Armageddon », « Crimson Tide » ou « The Rock ». Ce thème apporte au film un sentiment d’aventure et d’héroïsme évoquant l’idée que les héros vont accomplir l’exploit d’organiser un safari dans un passé vieux de 65 millions d’années.

« Rules/Time Jump » est le premier grand morceau d’action du score, baignant dans un environnement percussif/synthétique qui satisfera à coup sûr les nostalgiques des musiques d’action 90’s de Media Ventures qui pourront s’amuser à retrouver tous les sons bien connus des scores d’action de cette époque. Si l’action reste le principal mot d’ordre de « A Sound of Thunder », on oublie pas pour autant les passages plus sombres et plus posés comme « Major Problem », qui dévoile dans sa seconde partie une série de développements nerveux autour du motif d’action rapide des cordes (vers 2:13) durant la scène du safari qui tourne à la catastrophe. Les rythmes et la tension s’intensifient dans « Lights Out » et « Morning News/Eruption », qui accompagne la scène de l’éruption volcanique avec une série de cordes rapides et virtuoses créant un sentiment de panique et d’excitation. Le style de Nick Glennie-Smith est donc très reconnaissable ici, tandis que des morceaux robustes comme « Time Wave » ou l’envolée héroïque du thème principal au début de « Jumping Alone/Another Time Wave » s’imposent par leur puissance sonore malheureusement gâchée par une utilisation parfois cheap des synthés 90’s et la faiblesse d’orchestrations uniquement concentrées autour des cordes et des cuivres. Dans « Cab Ride » (scène de la poursuite en taxi), on appréciera la manière dont le motif d’action se transforme en ostinato nerveux des cordes, malheureusement gâché par un fond rythmique souvent très mécanique et des cuivres samplés un brin artificiels.

On sent clairement que le compositeur n’a pas pu disposer d’un budget suffisamment conséquent pour « A Sound of Thunder », même si son style se prête parfaitement à l’ambiance du film de Peter Hyams. L’action ne nous lâche pas d’une semelle avec l’intense et agressif « Seeking Eckels », traversé d’allusions nombreuses aux premières notes du thème principal qui reste au coeur même de la partition du film. Le motif d’action revient dans « Payne/Spota’s Market/Apt. 7a », pour une nouvelle série de rythmes nerveux alors que les héros tentent d’échapper aux attaques des créatures dans le parc qu’ils traversent pour tenter d’atteindre l’appartement de Middleton. Dommage que ces morceaux s’appuient trop souvent sur de l’électronique cheap et des cordes, là où des orchestrations plus sophistiquées et soignées auraient certainement permises au morceau d’atteindre son potentiel épique dans le film. La tension monte dans « Tami’s Hard Drive » et débouche sur le nerveux et agressif « University/Butterfly Saved », alors que Ryer remonte le temps et empêche enfin la mort du papillon. L’aventure touche alors à sa fin dans « Look at This/End Titles » qui reprend le superbe thème principal épique et solennel (« End Titles B/End Roller Suite »), la vraie grande réussite du score de « A Sound of Thunder ». Nick Glennie-Smith nous offre donc le minimum syndical pour le film de Peter Hyams, visiblement peu convaincu lui aussi par son sujet, obligé de recycler ses banques de sons synthétiques des productions Media Ventures des années 90, un comble pour un film de 2005, alors que même Hans Zimmer n’utilise plus ces sons à cette époque. Mais le problème n’est pas tant le retour de ces sons synthétiques qui apportent une dimension nostalgique au score mais plus la manière dont le compositeur les utilise ici, paresseusement alignés pendant des minutes entières sans aucun relief, calqués sur des schémas musicaux empruntés à « Crimson Tide » ou « The Rock ». Mais ce qui marchait à l’époque semble ici plutôt usé et surtout destiné aux nostalgiques de Media Ventures, le score semblant parfois même assez peu excitant à l’écran (ou bien est-ce le mixage moyen de la musique sur l’écran qui donne cette sensation ?). En définitive, les fans de Nick Glennie-Smith pourront se réjouir d’un énième score d’action musclé du compositeur de « The Rock », tandis que les autres regretteront le manque de relief et la qualité quelconque d’une musique d’action paresseuse et ringarde (même dans le film), tout juste sauvée par un thème principal de grande qualité.




---Quentin Billard