1-The Marketta 6.00
2-Aftermath 2.21
3-Convent Crimes 4.07
4-The Alley 1.47
5-Defying Diaz 3.17
6-Press Conference Melee 3.05
7-The Shootings 4.02
8-Bo's Testimony 2.20
9-Exoneration 5.35

Musique  composée par:

Bruce Broughton

Editeur:

Intrada MAF-7084

Musique conduite par:
Bruce Broughton
Album produit par:
Bruce Broughton, Douglass Fake
Concertmaster:
Endre Granat
Cordes enregistrées par:
Armin Steiner
Programmation synthétiseurs:
Ed Kalnins
Assistant de Mr. Broughton:
Patricia O'Keefe

Artwork and pictures (c) 1998 Stratosphere Entertainment L.L.C. All rights reserved.

Note: ***
ONE TOUGH COP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Bruce Broughton
« One Tough Cop » (Pur et dur) est un polar américain tourné en 1998 par le brésilien Bruno Barreto (remarqué pour ses films tels que « Carried Away » ou « Bossa Nova »). Le film est adapté du roman autobiographique de Bo Dietl et Ken Gross dans lequel Dietl, ancien policier new-yorkais, relatait ses années d’expérience passées dans la police à travailler sur un crime atroce – le viol et l’agression d’une nonne dans un couvent de New York en 1981, une sordide affaire résolue par Dietl avec l’arrestation des deux criminels, ce qui boosta considérablement sa carrière – Pour les besoins du film, le script de Jeremy Iacone reprend des éléments du livre et invente une nouvelle intrigue et des nouveaux personnages – « One Tough Cop » débute ainsi avec l’enquête de l’inspecteur Dietl (Stephen Baldwin) et de son équipier Duke Finnerly (Chris Penn) sur le viol et l’agression de la nonne. On découvre que Dietl est harassé par deux agents du FBI qui mènent une enquête sur lui, à cause de ses relations intimes avec un membre de la mafia new-yorkaise, Richie La Cassa (Mike McGlone), fidèle ami d’enfance de Dietl qui a grandi dans le même quartier que lui. Pour couronner le tout, en plus de ses ennuis avec le FBI, qui commence à le faire chanter en l’incitant à porter un micro dans la voiture de Richie pour faire tomber le gangster et sa bande, Bo Dietl doit jongler avec les problèmes de son équipier et ami Duke, qui doit plus de 100.000 dollars de dette de jeu au caïd Frankie Salvino (Paul Guilfoyle). « One Tough Cop » mélange ainsi plusieurs éléments et nous propose une série d’intrigues secondaires qui tournent autour de l’enquête policière principale qui conduira les deux flics à l’arrestation de deux jeunes toxicomanes. Seulement voilà, rien ne leur serra épargné, car, entre l’alcoolisme et la dépendance de Duke au jeu, sa dette colossale qu’il ne parvient plus à rembourser, le problème avec les deux agents du FBI en plein excès de zèle, et la relation houleuse entre Bo et Joey (Gina Gershon), ancienne compagne de son ami Richie, « One Tough Cop » se veut plus comme une sorte de plongée réaliste dans le quotidien de deux policiers new-yorkais au parcours chaotique que d’un réel polar hollywoodien façon « L.A. Confidential ». Le problème, c’est que le film ne décolle jamais vraiment, car à trop vouloir s’attacher au personnage et aux multiples intrigues, le long-métrage de Bruno Barreto traîne des pieds et prend des allures de modeste téléfilm à petit budget que l’on aperçoit parfois certains après-midi à la télévision, la faute à une réalisation assez molle et terne qui ne parvient que très rarement à transcender son sujet pour ne proposer autre chose qu’une banale chronique sur la vie difficile dans la police new-yorkaise.

Le compositeur Bruce Broughton retrouve à nouveau Bruno Barreto sur « One Tough Cop » après « Carried Away » en 1996. Pour sa nouvelle participation à un film du cinéaste brésilien, Broughton signe une partition assez sombre et mélancolique pour « One Tough Cop », utilisant les synthétiseurs (probablement pour des questions budgétaires) avec un piano, un petit orchestre à cordes et quelques percussions. Faisant preuve d’une économie de moyens bien éloignée de ce que Broughton fait habituellement sur ce type de film, le compositeur évoque les différents aspects du film de Bruno Barreto à travers ses notes retenues et amères : le drame, l’enquête policière, l’amitié fraternelle entre le flic et le mafieux, le combat pour l’honneur et l’intégrité, etc. Le film débute avec « The Marketta » (scène de l’intervention policière tendue dans le marché au début du film) qui pose en 6 minutes les fondements du score de « One Tough Cop » : cordes sombres essentiellement limitées au registre grave (l’accent est mis ici sur les violoncelles, les contrebasses et les altos), accords épars et minimalistes de piano, synthétiseurs imitant le son d’une guitare électrique et aussi quelques cordes synthétiques venant se greffer aux cordes live enregistrées par Armin Steiner. Le mélange acoustique/électronique évoque aussi bien l’univers urbain froid du film que l’histoire policière, tandis que la coda de « The Marketta » fait appel à un cor anglais qui deviendra l’un des instruments-clé du score de Bruce Broughton. La guitare électrique revient dans « Aftermath » pour évoquer Bo retournant au commissariat après l’incident du marché et la mort de l’homme qui retenait sa petite fille en otage. La musique est ici plus pressante avec un rythme marqué par les percussions et toujours ce mélange de cordes sombres live et de cordes synthétiques qui apportent une touche dramatique et froide particulière au film.

L’enquête au sujet du viol et de l’agression de la religieuse est suggérée dans « Convent Crimes » avec ses cordes graves épaisses et denses qui maintiennent une tension constante tout au long du film, baignant dans une atmosphère cafardeuse et morose particulière. Le problème de la musique, c’est que l’on a l’impression que les morceaux évoluent librement sur les images sans aucune cohérence particulière, hormis l’utilisation d’un bref motif associé à l’enquête policière dans le film, dévoilé à 2:07 dans « Convent Crimes » ou au tout début de « Defying Diaz », qui se distingue par son enchaînement assez creux de quartes parallèles des cordes et d’accords torturés. De longues minutes peuvent s’écouler sans que rien ne se passe de particulier dans le score, écrit de façon assez hasardeuse, sans conviction particulière. Heureusement, la seconde partie de « Convent Crimes » fait une utilisation plus réussie d’arpèges de piano aigus avec les cordes graves et quelques percussions métronomiques, l’utilisation de cordes synthétiques gâchant malheureusement l’ensemble avec un côté ‘cheap’ assez malvenu, tandis que le recours à la guitare électrique n’apporte pas toujours grand chose d’intéressant à la palette sonore de Broughton. « The Alley » rompt la glace avec une ambiance mélancolique et intime plus touchante grâce au recours au piano, aux cordes et au cor anglais, probablement l’un des passages les plus réussis du score de « One Tough Cop », reflétant l’aspect plus humain et dramatique du film. A noter l’emploi d’un autre thème discret et plus touchant pour évoquer la relation entre Bo et Joey dans le film, entendu dès les premières secondes de « The Marketta » aux violoncelles/contrebasses. Il s’agit d’un thème de 6 notes constitué de 3 notes ascendantes suivies de 3 notes descendantes.

Véritable leitmotiv de la partition associé aussi bien au personnage de Stephen Baldwin qu’à sa romance naissante avec Joey (Gina Gershon), ce thème protéiforme sera varié de différentes manières dans le film tout en demeurant assez discret et peu mémorable à la première écoute. On le retrouve aux cordes dès 0:05 dans « Aftermath », toujours accompagné des quelques notes de piano, et durant les premières secondes de « The Alley ». Broughton développe plus particulièrement ce thème de façon touchante pour suggérer ici le rapprochement intime avec Joey. La mélodie prend ici une tournure plus mélancolique grâce à des harmonies chaleureuses et un brin plus consistantes, sans oublier l’utilisation du cor anglais qui s’empare ensuite de la mélodie dès 1:13. Le thème est ensuite repris par la guitare électrique à 1:10 dans « Defying Diaz » sur fond de cordes plus pressantes. La fusillade finale et la vengeance de Bo sont illustrées dans le sombre « The Shootings » où les percussions sont plus présentes et les cordes utilisées de manière plus incisives et brutales. Même le thème repris au cor anglais vers 2:58 semble résonner ici de manière sombre et funèbre, lorsque Bo pleure sur le corps de Richie à la fin du film. Le thème revient ensuite dans le touchant « Bo’s Testimony » alors que Bo fait son speech devant les officiers de l’enquête de l’IGS pour tenter de sauver son poste. Dès lors, priorité dans les dernières minutes du film à l’émotion grâce à des accords plus doux et nostalgiques, partagées entre cordes, piano et cor anglais débouchant sur les 5 minutes vibrantes de « Exoneration », qui sonne comme un accomplissement personnel, une sorte de libération intérieure, d’apaisement de l’âme, durant lequel le thème résonne de façon nostalgique et douce au piano, débarrassé de toute forme de mélancolie, avec quelques accords vaguement jazzy vers 0:56-1:08 (curieux comme ce passage de piano fait parfois penser à du Joe Hisaishi !). Comme il l’avait déjà fait lors du final du film « The Presidio » en 1988, Bruce Broughton choisit de dévoiler son thème principal dans son intégralité pour la toute fin du film, « Exoneration » montrant ici la qualité de ce thème finalement assez réussi mais difficile à percevoir à la première écoute en raison du manque de personnalité d’un thème très retenu et peu original. La seconde partie de « Exoneration » accompagne le générique de fin en reprenant le motif de l’enquête policière de « Convent Crimes » et le motif principal.

On ressort donc assez mitigé de l’écoute de « One Tough Cop », un score qui a bien du mal à décoller et s’impose par une économie de moyens rare chez Bruce Broughton mais aussi un manque de passion réelle pour ce projet. De longues minutes peuvent ainsi s’écouler sans que le compositeur ne propose quoique ce soit de bien passionnant à l’écoute, la musique demeurant assez fonctionnelle et finalement assez creuse sur les images, où le score semble flotter librement sans artifice particulier mais sans idée réellement mémorable. Néanmoins, il faut quand même signaler l’apport indispensable du très joli thème principal qui apporte un semblant d’émotion à un score somme toute assez froid et uniforme, Broughton sauvant sa partition du désintérêt grâce à une série de développements subtils et judicieux de la mélodie de Bo Dietl dans le film. Il est néanmoins regrettable de constater que « One Tough Cop » fut l’un des derniers films à sortir au cinéma pour Broughton, qui disparaîtra quasiment du devant de la scène hollywoodienne au début des années 2000, cantonné essentiellement à des téléfilms et des direct-to-video pour Disney. Hélas, « One Tough Cop » n’est certainement pas ce que Broughton a fait de mieux pour le cinéma U.S. et le manque de conviction de cette partition urbaine sombre et froide semble peu correspondre aux réels talents du compositeur. Néanmoins, la musique parvient à susciter un semblant d’émotion au cours de quelques passages très réussis qui rendent l’écoute plus fluide et plus nuancée, même si l’on regrette le manque d’audace et de motivation de Broughton sur ce film mineur dans la filmo du compositeur.




---Quentin Billard