1-Main Title 5.21
2-Porter Gets Information 1.37
3-Chao Heist 2.04
4-Lynn's Habit 2.22
5-Pearle's Entrance 0.58
6-Val Meets Carter 4.06
7-12 O'Clock Gang 1.35
8-Val Beats Rosie 3.34
9-Porter Finds Bomb 2.48
10-Steg's Ride Along 2.07
11-Porter Croaks Carter 2.08
12-The Warehouse/Finale 4.57

Musique  composée par:

Chris Boardman

Editeur:

Official composer promo

Musique produite par:
Chris Boardman
Orchestrations:
Chris Boardman, William Ross
Direction de la musique pour
Icon Productions:
David Culiner
Music clearances:
Arlene Fishbach
Monteur superviseur musique:
Jim Harrison, Michael T. Ryan
Monteur score additionnel:
Jeanette Surga
Assistant producteur musique:
Brian Mann
Mixage score:
Frank Wolf

(c) 1999 Icon Distribution, Inc./Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
PAYBACK
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Chris Boardman
« Payback » est l’adaptation cinématographique du roman « The Hunter » écrit par le romancier new-yorkais Donald E. Westlake (aka Richard Stark) publié en 1962 et déjà adapté une fois au cinéma avec le film de John Boorman « Point Blank » (1967) mettant en scène Lee Marvin. Pour cette nouvelle version signée Brian Helgeland (scénariste bien connu qui a travaillé avec Clint Eastwood, Paul Greengrass, Richard Donner ou Tony Scott) et sorti au cinéma en 1998, c’est au tour de Mel Gibson de reprendre le rôle tenu précédemment par Lee Marvin. L’acteur australien interprète ici Porter, un petit gangster sûr de lui et fier de travailler à son propre compte. Blessé au début du film, Porter s’est fait dérobé le butin de son précédent cambriolage – un hold-up contre la mafia chinoise - par son ancien partenaire Val Resnick (Gregg Henry), soit près de 70.000 dollars. Bien décidé à récupérer son argent et à venger son honneur, Porter se met à la recherche de Resnick et de son ancienne compagne, Lynn (Deborah Unger), devenue toxicomane accroc à l’héroïne et qui a elle aussi trahi Porter. A la suite du vol de l’argent, Val a rejoint l’Organisation, un regroupement de puissants mafieux qui contrôlent une partie de Chicago. Alors que tous sont persuadés que Porter est mort, ce dernier refait surface cinq moins plus tard pour réclamer son dû et se venger de tous ceux qui ont voulu sa mort et l’ont trahi. Avec l’aide d’une call-girl nommée Rosie (Maria Bello) qui travaille pour l’Organisation, Porter passe un deal avec Arthur Stegman (David Paymer), les dirigeants de l’Organisation, les triades chinoises et les policiers corrompus Hicks (Bill Duke) et Leary (Jack Conley) pour atteindre Resnick, affronter l’Organisation et récupérer ses 70.000 dollars par tous les moyens.

Vendu comme un polar musclé sur fond de règlements de compte, de flingues et de punch line bien incisives, « Payback » aborde le thème de la vengeance sous un angle fun et violent idéal pour Mel Gibson. Seulement voilà, le film va être entièrement remanié et remonté à la demande du studio Warner, qui ne verra pas d’un très bon oeil l’approche sombre voulue à l’origine par Brian Helgeland. Ainsi, le cinéaste se verra contraint de tourner de nouvelles scènes, d’ajouter un nouveau méchant (Kris Kristofferson) et de nouvelles scènes pour un film jugé trop court à l’origine (la version cinéma ne fait pourtant que 97 minutes), sans oublier une fin différente entièrement remaniée à la demande de la production. Mécontent de voir son montage lui échapper ainsi, Brian Helgeland finira par claquer la porte – on dit par ailleurs que Mel Gibson ne l’aurait pas beaucoup soutenu – avant de se voir remplacer par John Myrhe qui tournera les scènes restantes coécrites par Terry Hayes, arrivé en renfort pour finir le film. Le résultat, plutôt bancal au départ, tient à peu près la route même si l’on regrette les quelques bonnes idées du montage initial d’Helgeland, que l’on peut découvrir aujourd’hui en DVD et en Blu-Ray sur l’édition spéciale du film. Au final, « Payback » s’avère être un polar âpre et brutal, véritable film noir qui se déroule dans l’univers des gangsters et des anti-héros (Mel Gibson est le caïd « bad ass » typique dans ce film !) avec des influences évidentes de Walter Hill ou Sam Peckinpah et une bonne dose de fusillades, règlements de compte et violence sèche.

Le compositeur Chris Boardman (à ne pas confondre avec le célèbre cycliste anglais !) est surtout connu comme orchestrateur très prisé à Hollywood, ayant travaillé avec des compositeurs tels que Michael Kamen, James Newton Howard, Alan Silvestri, Bruce Broughton, etc. Chris Boardman a aussi composé quelques musiques de film, signant les scores de plusieurs téléfilms dans les années 90 et des films tels que « Bordello of Blood » (1996), « The Dress Code » (2000) ou « My Mom’s New Boyfriend » (2008). « Payback » est de loin le score le plus connu et le plus apprécié de Boardman, qui s’essaie sur le film de Brian Helgeland à une musique de polar/film noir à l’ancienne, renouant avec le style funky/jazzy de David Shire ou Michael Small pour les thrillers conspirationnistes/urbains des années 70. Dans le film, le score s’impose par son énergie et son rythme entraînant, avec une certaine férocité orchestrale durant les passages d’action reflétant la violence ‘bad ass’ du film. Hélas, l’album publié par Varèse Sarabande n’inclut qu’une très courte sélection du score de Chris Boardman, qui reste néanmoins très représentative du travail du compositeur sur « Payback ». Heureusement, le compositeur a publié un promo regroupant une bonne partie de son score peu de temps après la sortie du film. Très inspiré du style du « Taking of Pelham 1-2-3 » de David Shire (1974), avec lequel le film d’Helgeland a été en grande partie temp-tracké, le score de « Payback » débute sous les meilleures auspices avec l’excellent « Main Title », qui nous introduit au personnage de Mel Gibson déhanbulant dans les rues au son d’un thème essentiellement dominé par un ensemble instrumental incluant orchestre à cordes, section de cuivres (avec un ensemble de saxophones), batterie, percussions métalliques diverses, guitare électrique, guitare basse, piano, clavier rhodes, orgue hammond, etc. Toutes les sonorités instrumentales habituelles des musiques urbaines des années 70 sont ici reprises par Boardman, qui introduit un thème ‘bad guy’ funky/groovy pour Porter, dominé par un motif caractéristique de 5 notes de saxophones jazzy, un superbe « Main Title » de plus de 5 minutes assez mémorable, bien que résolument calqué sur David Shire.

Le reste du score prend son envol en s’orientant vers un style plus personnel. Dans « Porter Gets Information », on retrouve une brève allusion au motif de 5 notes de Porter aux flûtes alto sur fond de cordes, clavier rhodes et batterie jazz. Chris Boardman confère ici aussi cette allure de bad guy charmeur à Mel Gibson, tout en renouant avec l’esthétique polar 70’s indispensable pour les amateurs du genre. Dans « Chao Heist », la scène du hold-up vers le début du film met en avant des guitares funky avec pédale, sans oublier l’indispensable orgue hammond, le tout baignant dans un style groovy rappelant le score rock/jazz/trip hop de David Holmes pour « Out of Sight » (1998). Posée librement sur les images, la musique de Chris Boardman ne s’attache pas à suivre les scènes seconde par seconde mais crée davantage une ambiance et une atmosphère immersive, largement dominé par le jeu des solistes ou les rythmes funky 70’s de l’ensemble du score. Dans « Lynn’s Habit », Porter retrouve son ex-compagne Lynn au son de cordes plus sombres et torturées évoquant la trahison de Lynn. « Pearle’s Entrance » renoue quand à lui avec un style jazzy plus rétro façon Henri Mancini, caractéristique dans le jeu des cuivres en sourdine avec la walking bass, le saxophone, le clavier Rhodes ou l’orgue hammond. Le bad guy campé par Gregg Henry est illustré quand à lui dans « Val Meets Carter », morceau plus sombre évoquant la puissance de l’Organisation dans le film. A noter ici l’emploi de cordes sombres et menaçantes et de quelques dissonances accentuées par le registre grave du piano, des allusions lentes et contrastées au motif de 5 notes de Porter aux flûtes alto, et quelques riffs de guitare basse. « 12 O’Clock Gang » reprend quand à lui le style funky/jazzy du reste du score dans la lignée de ce que fait parfois Christopher Young sur certaines comédies dramatiques de l’époque.

Dans « Val Beats Rosie », le compositeur développe à nouveau les sonorités menaçantes de Val Resnick reprises de « Val Meets Carter ». Ici, Boardman suggère la violence du gangster lorsque ce dernier passe à tabac la call-girl Rosie, et ce avant de se faire tuer par un Porter assoiffé de vengeance. On retrouve ici le jeu étrange de la guitare basse avec un bref passage d’action déchaîné et agressif montrant le savoir-faire évident de Chris Boardman dans le domaine des musiques d’action orchestrales. La musique devient plus sombre dans « Porter Finds Bomb » où l’on retrouve le motif de Porter et les rythmes funky/bad ass du « Main Title » suggérant la quête de vengeance de Mel Gibson – on notera ici l’emploi très rock de la guitare électrique au sein de l’orchestre, dans un style qui rappelle clairement les « Lethal Weapon » de Michael Kamen, sur lesquels Boardman a été orchestrateur – La tension monte avec les reprises répétitives aux flûtes du motif de Porter dans « Steg’s Ride Along », aboutissant au règlement de compte musclé de « Porter Croaks Carter » alors que Porter élimine le chef de l’Organisation, débouchant finalement sur la fusillade finale dans l’entrepôt avec « The Warehouse/Finale », 5 minutes d’action pure et dure où Boardman favorise davantage l’orchestre dans un style action/thriller qui rappelle James Newton Howard, le film se concluant sur le retour du thème funky version « Main Title » dans un tempo effréné et nerveux.

Chris Boardman signe donc un score de polar urbain 70’s assez détonnant et intense pour « Payback ». Le compositeur utilise ici son expérience en tant qu’orchestrateur pour arriver à ses fins, mélangeant les influences évidentes (David Shire, James Newton Howard, Henri Mancini, Michael Kamen) pour un résultat musical assez entraînant et énergique, mais qui manque cruellement de personnalité, d’originalité. Piochant des éléments à droite à gauche, Boardman réalise un véritable patchwork musical finalement très cohérent sur « Payback », apportant une ambiance à la fois décontractée et tendue au film de Brian Helgeland, où la vengeance et les règlements de compte n’ont jamais été aussi savoureux. L’album promo publié par le compositeur en 1999 réunit les meilleurs moments de la partition de « Payback », à découvrir pour ceux qui s’intéresseraient aux musiques de polar des seventies, à mi-chemin entre David Shire, Jerry Fielding ou Don Ellis pour le mélange de jazz, funk, rock et orchestrations conventionnelles plus sombres. Sans être d’une grande originalité particulière, le score de « Payback » reste donc une sympathique surprise de la part d’un compositeur qui fait rarement parler de lui en dehors de ses travaux d’orchestrateur !




---Quentin Billard