1-Beaver's World (Opening) 4.32
2-The Gift of All Gifts 2.54
3-Mayfield Mighty Miles 0.44
4-Family Therapy 2.38
5-Teen Love 2.54
6-The Great Computer Caper 2.59
7-The Neighborhood Sleeps (Finale) 2.05
8-Expresso Rescue 1.18
9-Stolen Vehicle 2.19
10-Pigskin Shuffle 1.27
11-Up To No Good 0.58
12-Father and Son 2.18
13-Wally's Lament 2.06
14-Theodore's Victory Run 4.17

Musique  composée par:

Randy Edelman

Editeur:

Varèse Sarabande VSD-5838

Producteur exécutif:
Robert Townson
Musique produite par:
Randy Edelman
Producteur associé:
Elton Farokh Ahi
Montage musique:
David Bondelevitch, Max Bowers
Préparation musique:
Julian Bratolyubov
Orchestrations:
Ralph Ferraro
Direction musicale:
Harry Garfield

Artwork and pictures (c) 1997 Universal Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
LEAVE IT TO BEAVER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Edelman
« Leave It To Beaver » (Petit Poucet l’Espiègle) est l’adaptation ciné d’une série TV éponyme réalisée par Joe Connelly et Bob Mosher, diffusée à la télévision américaine entre 1957 et 1963. La série racontait les péripéties d’un enfant turbulent né dans une famille américaine de classe moyenne, qui multipliait les bêtises et les farces et se faisait régulièrement réprimander par ses géniteurs. Le succès de la série fut tel qu’après son arrêt en 1963 le show connut une seconde vie tout au long de ses rediffusions dans les années 70, avant de renaître sous la forme d’une deuxième version TV intitulée « Still the Beaver » (1983) et d’une troisième série, « The New Leave It to Beaver », diffusée entre 1985 et 1989. Le cinéma s’empara alors du succès de la série et c’est le réalisateur Andy Cardiff qui proposa sa propre version sortie en salles en 1997, signant son premier long-métrage pour le cinéma. On y retrouve l’histoire de Theodore ‘Beaver’ Cleaver (Cameron Finley), un petit garçon espiègle de 10 ans qui rêve d’avoir un beau vélo pour son anniversaire. Mais son ami Eddie Haskell (Adam Zolotin) lui explique que son père Ward (Christopher McDonald) ne le lui offrira qu’à la condition qu’il parte s’inscrire dans l’équipe de football locale, selon la volonté de son père. Beaver accepte mais il est la risée de l’équipe à cause de sa petite taille et de son manque de compétence. Il obtient finalement son vélo pour son anniversaire mais se le fait voler peu de temps après. Lui et son frère Wally (Erik von Detten) décident de ne pas en parler à leurs parents. C’est le début des ennuis pour Beaver qui va accumuler les bévues, provoquer la colère de ses parents face à son irresponsabilité et sa négligence des choses et entraîner son frère Wally dans les problèmes en tout genre.

« Leave it to Beaver » reprend l’esprit de la série TV d’origine et permet au jeune acteur Cameron Finley de reprendre le rôle-titre dans une nouvelle aventure où les gags et les situations rocambolesques se multiplient à grande vitesse. Le film d’Andy Cadiff a la bonne idée d’explorer le monde des enfants et des jeunes adolescents en abordant leur point de vue sur la vie de famille, les amis et les amours naissants. Beaver reste fidèle au personnage de la série télévisée : un jeune marmot turbulent et négligent à la langue bien pendue et aux répliques fort perspicaces, qui rêve d’un beau vélo pour son anniversaire mais trouve quand même le moyen de se le faire voler quelques heures après et d’attirer des ennuis à son grand frère Wally, qui rêve de séduire Karen (Erika Christensen, dans son tout premier rôle pour le cinéma, tout juste âgée de 15 ans). Si le casting est plutôt bien trouvé et les interprètes tout à fait convaincants – le petit Cameron Finley campe un Beaver très réussi et amusant – on regrettera la réalisation totalement passe-partout d’Andy Cadiff, qui signe un spectacle familial sympathique mais sans grande conviction, tout juste bon à divertir un jeune public en particulier grâce à quelques gags récurrents qui prêtent à sourire (le vendeur de tartes) et un message ordinaire sur l’importance de la famille et les relations parents/enfants.

« Leave it to Beaver » était un film parfait pour Randy Edelman, compositeur plus que jamais associé aux musiques de comédie dans les années 90, déjà auteur de partitions du même genre telles que « Twins » (1988), « Kindergarten Cop » (1990), « My Cousin Vinny » (1992), « Beethoven » (1992), « The Distinguished Gentleman » (1992), « Beethoven’s 2nd » (1993), « Greedy » (1994), « Angels in the Outfield » (1994), « The Big Green » (1995), « Down Periscope » (1996) ou « Gone Fishin » (1997). Pour « Leave it to Beaver », on retrouve le style orchestral/synthé habituel de Randy Edelman, typique du son qu’il a établit depuis la fin des années 80 et tout au long des années 90, un son aujourd’hui très daté mais indissociable de l’univers musical du compositeur. Visiblement inspiré par son sujet, Edelman signe une partition survitaminée et colorée pour « Leave it to Beaver » où le compositeur mélange comme il le fait toujours ses parties orchestrales avec quelques éléments électroniques kitsch, et notamment ses traditionnels claviers cristallins qu’il utilise à tout va depuis « Kindergarten Cop » ou « Beethoven ». Le film débute avec « Beaver’s World (Opening) » au son d’une clarinette soliste sur fond d’harmonies nostalgiques et élégantes de cordes, avant de céder la place au thème principal à 0:24 introduit par un coup de cymbale fort peu subtil (typique d’Edelman !). Le Main Theme est introduit ici en grande pompe avec les cordes et les vents, associé à la famille Cleaver, tandis qu’un second thème de bois, plus léger, sautillant et espiègle, apparaît dès 0:50, associé au petit Beaver dans le film. Ce thème bondissant et sautillant n’est pas sans rappeler certains motifs de « Beethoven », avec une utilisation similaire des samples et des percussions synthétiques, et des orchestrations privilégiant les cordes, les cuivres et les bois.

Il règne dans cette ouverture une insouciance et une bonne humeur typique des musiques de comédie de Randy Edelman, le morceau étant malheureusement quelque peu gâché par cette utilisation toujours très moyenne des synthés cheap inutiles et des coups de cymbale qui paraissent peu appropriées dans le contexte. Néanmoins, en un peu plus de 4 minutes, Randy Edelman parvient à évoquer l’univers de l’enfance et de l’insouciance avec ses rythmes bondissants, son motif de bois espiègle et cette générosité mélodique si chère au compositeur, en variant les styles à profusion : on découvre ainsi un sympathique passage de clavier, batterie, basse, cordes et orgue jazzy à 3:23, typique là aussi des musiques pop/jazz d’Edelman pour certaines musiques de comédie. Dès lors, le compositeur s’évertue à développer ses différents thèmes tout au long du film, mettant l’accent sur le motif sautillant de Beaver repris dans « The Gift of All Gifts » où la musique cède la place à un style mickey-mousing et quelques ponctuations percussives/instrumentales amusantes dans le film comme sur l’album. La musique sait aussi se faire plus intime et touchante lorsque le film lui en donne l’occasion, Edelman se montrant comme souvent très tendre dans ces moments plus doux et nostalgique. A 1:33, le compositeur accompagne la scène où Beaver reçoit son vélo en cadeau avec quelques rythmes de batterie pop typiques d’Edelman (on pense ici à certains passages de « Kindergarten Cop »). On découvre ici un troisième thème développé tout au long de « The Gift of All Gifts » et associé au vélo du jeune garçon.

Le compositeur s’amuse à varier les styles, faisant un clin d’œil à sa musique épique pour « Gettysburg » (1993) dans « Mayfield Mighty Mites » pour une scène de football vers le début du film, tandis que « Family Therapy » développe l’aspect comédie plus léger et amusant du score. Fidèle à sa réputation de spécialiste des Love Theme, Edelman nous offre son inévitable thème romantique dans « Teen Love », pour la romance entre Wally et la jolie Karen, qu’il rêve de séduire. Introduit par une guitare synthétique cheap, le thème est ensuite repris par une flûte, puis un piano et une clarinette, avec une douceur là aussi typique des Love Theme habituels de Randy Edelman, dans la continuité du magnifique thème romantique de « While You Were Sleeping » ou de « Kindergarten Cop ». Le thème du vélo est ensuite repris avec sa batterie pop sympathique à 2:18 pour un autre passage énergique et vitaminé fort appréciable et optimiste. Dans « The Great Computer Caper », la scène de la dispute entre Beaver et Wally et l’incident de l’ordinateur qui passe par la fenêtre permet à Edelman de glisser quelques touches jazzy amusantes et d’évoquer son style action plus typique de ses musiques chez Rob Cohen. On appréciera aussi la douceur du thème familial repris à la clarinette et aux cordes dans « The Neighborhood Sleeps (Finale) » et à la flûte dans « Father and Son » (scène où Beaver et son père se réconcilient à la fin du film), ou les rythmes martiaux héroïques amusants de « Expresso Rescue », sans oublier d’autres passages fort sympathiques comme « Stolen Vehicle », les ponctuations mickey-mousing de « Up to No Good » ou les rythmes pop de « Pigskin Shuffle » avec son orgue électrique jazzy (l’utilisation du sax synthétique étant fort douteux !), sans oublier la jolie reprise du Love Theme au piano solo dans « Wally’s Lament », ou le final triomphant de Beaver dans « Theodore’s Victory Run » durant sa victoire lors du match de football à la fin du film, probablement l’un des meilleurs morceaux du score de « Leave it to Beaver ».

Randy Edelman reste donc fidèle à lui-même dans « Leave it to Beaver » et ne prend aucun risque particulier pour le film d’Andy Cadiff, signant un score de comédie survolté et survitaminé, multipliant les idées amusantes et les trouvailles musicales avec un vrai plaisir d’écoute et une inventivité constante. Le problème, c’est que le score semble avoir été taillé dans la parfaite continuité de « Beethoven », « Kindergarten Cop » ou « My Cousin Vinny », n’apportant rien de nouveau au genre, Edelman se contentant de recycler ses formules musicales et sonores déjà toutes faites, et dont il use et abuse depuis la fin des années 80 sans varier d’un iota d’un score à un autre. Avec le recul des années, on se rend compte qu’il est toujours un peu compliqué de juger des musiques de Randy Edelman, dont le style, déjà daté à l’époque, semble résister difficilement au temps, mais conserve malgré tout un charme nostalgique et une fraîcheur typique d’une époque déjà lointaine.

Ecrite dans ce style mélodique ultra coloré et insouciant qui fit la gloire de Randy Edelman dans la musique de film des années 90, la partition de « Leave it to Beaver » témoigne du talent du compositeur pour les musiques amusantes, distrayantes et toujours appréciables autant sur les images que sur l’album, qui s’écoute avec un plaisir constant, notamment grâce à une jolie variété d’idées et quelques bons thèmes bien trouvés. En ce sens, « Leave it to Beaver » est peut être l’une des partitions comédie qui se rapproche le plus de l’excellent « Kindergarten Cop », score incontournable de Randy Edelman et véritable référence du genre. En tout cas, s’il reste aujourd’hui des fans d’Edelman, il ne fait nul doute qu’ils écouteront avec un plaisir nostalgique non dissimulé cette jolie partition bondissante et amusante pour « Leave it to Beaver », très réussie dans le film et indéniablement accrocheuse à défaut d’être particulièrement originale !



---Quentin Billard