1-Think Different 2.50
2-Hey Woz/Dawn of Computers 2.36
3-First Deal 1.15
4-We Got A Shop/
In The Garage 1.47
5-More Inventory 1.05
6-Cold Calls 2.13
7-Jobs Fires His Girlfriend/
Computer Fair 3.06
8-Going Public 2.38
9-Steve's The Problem/
Letter From Lisa 4.30
10-Simpler Interface/
For Everyman 1.42
11-Recruiting Team Macintosh 2.58
12-Jobs Gets John Sculley 1.04
13-1984 Commercial 2.03
14-The Board Acts/Steve Makes Calls 3.24
15-Golden Parachute 2.50
16-Worst Mistake I Ever Made 4.28
17-Father and Son 2.01
18-Seven Years Later/
Steve Jobs The Gardner 2.17
19-Jobs Returns/Tours Apple 2.46*
20-Why Do You Stay? 2.04
21-Resignations 1.33
22-Steve's Theme : Main Title 3.26

*Ecrit par John Debney
et Josh Debney.

Musique  composée par:

John Debney

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1271

Score produit par:
John Debney, Joshua Michael Stern
Album produit par:
MV Gerhard, Matt Verboys
Coordination score:
Lola Debney
Services production score:
Stephanie Pereida, Jennifer Mersola
Ingénieur son score:
Shawn Murphy
Assistant ingénieur son:
Noah Snyder
Monteur musique:
Jeff Carson, Liquid Music
Assistant technique
Debney Productions:
Jaime Hartwick
Production musicale:
Angel Song, Inc
Orchestrations:
Michael Watts
Producteurs exécutifs soundtrack:
Mason Cooper, Mark Hulme,
John Harrison, Matt Whiteley

Artwork and pictures (c) 2013 The Jobs Films, LLC. All rights reserved.

Note: ***
JOBS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Debney
« Jobs » est un énième biopic hollywoodien abordant cette fois la vie et l’œuvre de Steve Jobs, le célèbre patron de la firme informatique Apple, souvent considéré comme l’un des plus grands visionnaires et inventeur américain du XXe siècle. Réalisé par Joshua Michael Stern (auteur de « Neverwas » et « Swing Vote »), « Jobs » offre un rôle en or à Ashton Kutcher, qui s’empare de ce personnage mythique avec une force et un charisme ahurissant, bien que l’on ait reproché au film – pourtant fort bien documenté - ses nombreuses invraisemblances. Le film débute durant la jeunesse de Jobs en 1974, lorsqu’il était étudiant au Reed College, et se déroule jusqu’à sa présentation officielle de l’iPod en 2001. Alors qu’il n’est encore qu’un petit étudiant sans le sou, Steve Jobs se lie d’amitié avec Daniel Kottke (Lukas Haas), avec qui il va voyager en Inde et multiplier les expériences avec le LSD. Deux ans plus tard, Jobs revient à Los Altos en Californie et retrouve ses parents adoptifs Paul (John Getz) et Clara (Lesley Ann Warren). Il travaille pendant un temps pour la firme Atari et se lie d’amitié avec Steve Wozniak (Josh Gad), après l’avoir vu mettre au point un ordinateur personnel, le Apple I. Ensemble, ils montent l’entreprise Apple Computer dans le garage des parents adoptifs de Jobs. Et de fil en aiguille, après avoir recruté du personnel pour travailler sur leur projet d’ordinateur personnel, Jobs et Wozniak mettent au point le Apple II et réussissent à attirer l’attention de l’homme d’affaire Mike Markkula (Dermot Mulroney), qui rejoint finalement l’entreprise. Le succès du lancement du Apple II en 1977 permet à la société de Jobs et Wozniak de gravir des échelons et de passer à l’étape supérieure. C’est aussi le moment où Jobs, obsédé par sa passion et ses projets, s’éloigne de plus en plus de ses amis et sa compagne Chrisann Brennan (Ahna O’Reilly), qui lui annonce qu’elle est enceinte. Refusant de reconnaître l’enfant – Lisa – Jobs engage ensuite John Sculley (Matthew Modine), qui devient le nouveau directeur de la compagnie. Mais face à un comportement de plus en plus difficile et incompréhensible, Jobs se retrouve écarté de son propre projet et licencié par le conseil d’administration d’Apple en 1985. Le film suit ensuite le reste de sa vie après 1996 et son retour tardif chez Apple, alors que la société est désormais au bord de la faillite.

Sans jamais verser dans la glorification ou le mélodrame, « Jobs » est une peinture relativement juste de l’un des plus grands visionnaires et entrepreneur de son temps. Si la réalisation passe-partout de Joshua Michael Stern peine à convaincre au premier abord, on se laisse très vite prendre au jeu grâce à un casting impeccable regroupant quelques têtes connues (Ashton Kutcher, Josh Gad, Lukas Haas, Dermot Mulroney, Matthew Modine, J.K. Simmons, Kevin Dunn, etc.), sur un scénario astucieux qui mélange la petite et la grande histoire, « Jobs » ayant la bonne idée de reléguer la vie sentimentale et privée de Steve Jobs au second plan. Le film parvient ainsi à être particulièrement émouvant, abordant non seulement le thème du génie mais aussi celui de l’autisme révélé de Steve Jobs (atteint du syndrome d’Asperger, doublé d’une dyslexie), dont la personnalité complexe et difficile en faisait l’un des patrons les plus durs de sa génération, connu pour ses fréquentes sautes d’humeur et son incapacité (ou manque de volonté) à contrôler ses émotions. Le film revient sur les épisodes essentiels du plus grand génie que l’industrie de l’informatique ait jamais connu : la création et l’expansion d’Apple, le lancement du Macintosh, l’entreprise NeXT et bien sûr, le lancement de l’iPod en 2001, qui allait révolutionner à tout jamais l’industrie de la téléphonie mobile (le film n’aborde pas certains aspects, notamment la création du studio de cinéma d’animation Pixar). Hélas, malgré tous ses bons points, « Jobs » n’a pas réussi à trouver son public et le film a été un solide échec au box-office U.S. à sa sortie en 2013, les critiques ayant reproché la faiblesse de la réalisation et du scénario, reconnaissant malgré tout l’excellente interprétation d’Ashton Kutcher et du reste du casting en général. A noter qu’un second film racontant la vie de Steve Jobs est prévu d’ici fin 2015, réalisé par Danny Boyle avec Michael Fassbender dans le rôle-clé.

La partition orchestrale de John Debney peine à se faire remarquer à la première écoute, en raison d’une abondance de chansons utilisées afin de retranscrire les différentes époques de la vie de Jobs aux Etats-Unis (des années 70 jusqu’au début des années 2000). Pourtant, le score de Debney est très présent tout au long du film, apportant une émotion et un ressenti indispensable à ce biopic humain et touchant, avec, un premier constat : des influences musicales évidentes tout au long du score, et notamment celle d’Hans Zimmer et de son récent « Rush », qui semble avoir servi de temp-track au film de Joshua Michael Stern. Contrairement aux attentes, Debney évite l’usage d’électronique trop ‘cliché’ vis-à-vis du sujet et opte davantage pour une approche orchestrale plus humaine et émotionnelle, ce qu’il dévoile avec le superbe « Steve’s Theme : Main Title », thème principal du score plutôt solennel et majestueux, évoquant par son aspect noble et triomphant le génie de Steve Jobs et de ses créations. Confié aux cordes avec cuivres, vents et harpe, le thème, introduit par un violoncelle, apporte cette dimension de noblesse et de respect au score dans un style classique qui rappelle parfois James Horner (« Apollo 13 ») ou Marc Shaiman (« The American President »). Cette noblesse est au coeur même de la partition, John Debney rappelant dans une note de l’album qu’il souhaitait avant tout évoquer les différentes facettes de l’homme et ses goûts musicaux multiples, mais qu’il voulait surtout évoquer la noblesse de l’homme, prêt à tout pour accomplir ses rêves de visionnaire. Le film débute avec le superbe « Think Different », avec son rythme de batterie pop énergique sur fond de guitares rythmiques acoustiques et de cordes majestueuses avec piano et quelques éléments électroniques. Cette introduction, qui rappelle le « Rush » d’Hans Zimmer, apporte cette effervescence nécessaire au film, suggérant le génie visionnaire en marche, en pleine ascension, prêt à révolutionner nos existences à tout jamais.

Dès « Hey Woz/Dawn of Computers », Debney illustre le quotidien des jeunes Jobs et Wozniak à l’aide d’un rythme de batterie pop/rock, de guitares acoustiques et de cordes énergiques illustrant la créativité du tandem des deux jeunes informaticiens au tout début de leurs carrières. Pareil pour les premiers contrats (« First Deal ») où Debney lorgne vers le style minimaliste de Thomas Newman à l’aide d’un mélange de guitares, basse, cordes avec marimba et piano. Dès lors, le compositeur développe plus particulièrement cet aspect pop/rock minimaliste en jouant sur la section rythmique (basse, guitares, batterie) et les différents solistes pour arriver à ses fins (« We Got A Shop/In The Garage »). Une pièce comme « More Inventory » semble surgir tout droit d’un score de Thomas Newman, avec son mélange de marimba, piano et violoncelle qui coïncidence parfaitement à l’ambiance du premier acte du film. On retrouve le superbe thème énergique introductif de « Think Different » dans « Cold Calls », alors que Jobs essuie de nombreux refus au téléphonique à la recherche de partenaires financiers. Les choses semblent changer avec « Jobs Fires His Girlfriend/Computer Fair », alors que l’on découvre la facette plus sombre et torturée du génie visionnaire, lorsque ce dernier refuse de reconnaître sa fille et se sépare de sa compagne. John Debney met alors l’accent sur des cordes plus sombres et des nappes synthétiques plus inquiétantes pour accentuer le caractère difficile et torturé de l’homme dans sa vie privée.

« Going Public » se veut beaucoup plus spectaculaire dans son utilisation d’arpèges ascendants/descendants rapides et grandioses au piano sur fond de voix de soprano opératique et de cordes, dans un style plus classique évoquant aussi bien Mozart (que Steve Jobs adorait) que certaines musiques de spot publicitaire pour l’iPhone que l’on entend régulièrement de nos jours dans les médias. A noter l’utilisation d’éléments synthétiques rythmiques dans « Recruiting Team Macintosh » qui suggère ici aussi cette effervescence et cette idée de noblesse et d’ascension, la partie électronique restant secondaire, Debney privilégiant l’orchestre et les solistes pour un rendu plus émotionnel dans le film, avec le retour du thème introductif. Le thème est repris dans « 1984 Commercial » pour une scène où Jobs et son équipe dévoile un spot publicitaire pour le nouveau Macintosh de 1984. On retrouve ici aussi cette idée de noblesse pleine d’espoir et de détermination, notamment à travers le jeu solennel des cordes. La musique devient ensuite plus sombre dès « The Board Acts/Steve Makes Calls » et « Worst Mistake I Ever Made », reflétant les tourments de Jobs et son éviction de la société Apple vers le milieu du film. Le thème de Jobs réapparaît dans « Golden Parachute » et « Father and Son », avec son mélange de cordes, bois, piano et cuivres qui rappelle là aussi James Horner.

Le dernier acte du film est introduit avec les rythmes énergiques et nerveux de « Seven Years Later/Steve Jobs the Gardener », alors que Jobs est recontacté sept ans plus tard par les nouveaux dirigeants d’Apple pour tenter de sauver la situation économique complexe de la société. On appréciera par la même occasion le morceau rock/pop de « Jobs Returns/Tours Apple » et son emploi des guitares électriques plus modernes (le morceau a été écrit par Josh Debney, le fils de 21 ans de John Debney). Au final, le score de « Jobs » s’avère être très réussi sans être d’une folle originalité dans son genre. Peu mémorable à la première écoute, le score s’apprécie pour ses deux thèmes réussis et l’émotion que la musique dégage lors des scènes cruciales du film. Dommage que, comme toujours avec John Debney, les influences soient un peu trop présentes (James Horner, Hans Zimmer, etc.), bien que le résultat soit à la hauteur du travail de Joshua Michael Stern, et ce même si « Jobs » reste un score mineur dans la filmo de Debney, à réserver surtout à ceux qui ne peuvent se passer du compositeur américain, toujours aussi actif après plus de 25 ans passées à écrire de la musique de film à Hollywood !




---Quentin Billard