1-Then He Kissed Me 2.37*
2-Halloween 4.53**
3-Road Trip 2.33**
4-Tire Blow Out 7.48
5-Runaway Truck 2.35
6-Joe Gipp (Chris Loses It) 1.11
7-Chop Shop 6.21
8-Chase to Albert's 3.27
9-"Babysitting Blues" 4.00***
10-Brenda and the Rat 3.09
11-The Rumble 4.44+
12-Dead Car 2.05**
13-Escape From Mr. Big 2.39
14-You're Weird 1.00**
15-Was He Cool? 5.58
16-Where's Sara? 2.31
17-Rescue Sara 7.56
18-Grand Finale 1.33**
19-"Twenty Five Miles" 3.19++
20-"Just Can't Stop" 4.10+++

Additional Cues by Michael Kamen

21-Piano Party Source 2.37
22-Restaurant Source 1.41

*Interprété par The Crystals
Ecrit par Phil Spector, Jeff Barry
et Ellie Greenwich
**Non utilisé dans le film
***Produit par Robert Kraft
Interprété par Albert Collins
Ecrit par Robert Kraft
et Mark Mueller
+Inclus musique non utilisée dans le film
++Interprété par Edwin Starr
Paroles et musique de
Johnny Bristol, Harvey Fuqua
et Edwin Starr
+++Interprété par Percy Sledge
Ecrit par Jay Gruska,
Barry Goldberg.

Musique  composée par:

Michael Kamen

Editeur:

Intrada Special Collection vol. ISC 320

Orchestrations:
Michael Kamen
Orchestrations additionnelles:
Bruce Babcock
Supervision musique:
Mike Gormley, Seth Kaplan
CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Direction musique pour
Disney Music Group Soundtracks:
Desiree Craig-Ramos
Consultant projet:
Randy Thornton

Artwork and pictures (c) 1987/2015 Disney Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
ADVENTURES IN BABYSITTING
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Kamen
Scénariste au début des années 80 sur des productions Spielberg telles que « Gremlins », « The Goonies » ou « Young Sherlock Holmes », Chris Colombus décida enfin de passer à la réalisation en 1987 avec son premier long-métrage pour le cinéma, « Adventures in Babysitting » (Nuit de folie). Le film de Columbus raconte l’histoire de Chris Parker (Elisabeth Shue, dans un de ses tous premiers rôles au cinéma), une jeune fille qui décide de faire du baby-sitting pour la petite Sara Anderson (Maia Brewton), jeune fille de 8 ans passionnée du héros Thor des comics Marvel. Apprenant que Chris vient à la maison pour la soirée, le grand frère de Sara, Brad (Keith Coogan), âgé de 15 ans, décide alors de passer la soirée avec sa petite soeur et la jolie baby-sitter qui, bien qu’un peu plus âgée que lui, ne le laisse guère indifférent. Chris reçoit alors un coup de fil de son amie Brenda (Penelope Ann Miller), qui se retrouve coincée sans le sou dans une gare de l’autre côté de Chicago, et vient alors réclamer de l’aide à son amie Chris. Cette dernière décide alors d’aller la chercher, accompagnée des enfants, Sara, Brad et son ami Daryl (Anthony Rapp). Hélas, la petite virée en ville va très vite tourner au vinaigre, alors que le véhicule de Chris se retrouve immobilisé suite à une crevaison, obligeant les quatre individus à faire appel à un garagiste, John Pruitt « Handsome » (John Ford Noonan). Dès lors, c’est le début d’une longue série de péripéties nocturnes dans les rues de Chicago : après que le véhicule de Chris (emprunté à sa mère) est endommagé suite à un tir accidentel de revolver, les quatre héros fuient à bord d’une Cadillac en train d’être volée par Joe Gipp (Calvin Levels). Arrivés dans le repaire du bandit, Chris et les enfants découvrent un trafic de voitures et tombent nez à nez avec le gangster Graydon (Ron Canada) qui travaille pour le sinistre Bleak (John Davis Chandler). Après avoir réussi à s’échapper de leurs bureaux, Chris et les enfants se retrouvent poursuivis par les gangsters, alors que Daryl a dérobé un magasine Playboy recelant des informations ultra confidentielles et compromettantes sur l’organisation des bandits.

« Adventures in Babysitting » s’apparente ainsi à une production Disney plutôt bien troussée et divertissante. Elisabeth Shue mène la danse avec brio pour l’un de ses premiers grands rôles au cinéma après « The Karate Kid » (1984) et « Link » (1986), entourée de jeunes acteurs et de quelques bons seconds rôles (on reconnaît notamment Bradley Whitford, Penelope Ann Miller et Vincent D’Onofrio, que les spectateurs ont pu découvrir quelques mois avant dans le film choc de Kubrick, « Full Metal Jacket », avec plusieurs kilos en plus). Le film est aussi connu pour être la première production Disney a avoir écopé d’un PG-13 à sa sortie en salles en raison d’un langage parfois grossier et de quelques références sexuelles, même si le film reste très grand public et accessible à tous (ce qui n’a pas empêché les distributeurs et le studio de couper certaines scènes pour une version plus « familiale »). Avec un budget modeste de 7 millions de dollars, Chris Colombus décrocha la timbale avec ce film qui connu un grand succès au box-office U.S. de 1987 et permis à son auteur d’accéder à des projets plus ambitieux par la suite. Le succès du film doit autant à sa bande-son branchée 80’s qu’à l’énergie de ses interprètes ou ses quelques scènes mémorables (l’évasion sur les toits, la poursuite finale sur le bord de l’immeuble, la scène où Chris et les enfants improvisent une chanson blues sur scène avec le chanteur et guitariste Albert Collins dans son propre rôle, etc.), des ingrédients qui rappellent le charme indéniable des comédies d’aventure typiques des années 80. Le film donnera par la suite naissance à un pilote d’une série TV avortée en 1989 et d’un remake télévisé produit par Disney Channel et diffusé sur le petit écran en 2016.

Le choix de Michael Kamen comme compositeur de la musique de « Adventures in Babysitting » n’était guère étonnant. Kamen était particulièrement prolifique vers la fin des années 80, enchaînant les projets majeurs à une certaine vitesse (« Highlander », « Lethal Weapon », « Die Hard »). Les producteurs appréciaient surtout Kamen pour son expérience passée auprès de grands artistes de variété américaine, et son talent pour écrire de grandes partitions symphoniques modernes, deux éléments qui ont probablement incité Chris Colombus et Disney à choisir le compositeur sur « Adventures in Babysitting ». Le score de Michael Kamen, que l’on peut enfin redécouvrir dans son intégralité grâce à l’album publié par Intrada en 2015, est absolument typique de son auteur. On y retrouve cette patte orchestrale si reconnaissable, et cette alternance entre orchestrations élaborées, écriture de type mickey-mousing et passages pop/jazz/rock typiques de son auteur. A noter qu’une partie du score n’a pas été retenu dans le film au profit de chansons pop très présentes à l’écran, l’album d’Intrada nous permettant enfin d’apprécier la partition de Kamen dans son intégralité. Ecrite pour une vaste section orchestrale enregistrée à New York et à Los Angeles, la musique de « Adventures in Babysitting » se structure autour de deux thèmes distincts, un motif court de 4 notes pour Chris reconnaissable dès 0:19 dans « Road Trip » au saxophone jazzy, une tierce majeure ascendante qui descend tout de suite sur une note un octave plus bas suivi d’une seconde majeure, cette dernière note étant parfois répétée suivant les différentes situations du film.

On trouve aussi un thème de cuivres ascendant héroïques pour évoquer la passion de la petite Sara pour Thor (au début de « Tire Blow Out » ou à 1:29 dans « Was He Cool ? »), et un motif de 2 notes menaçantes des trombones pour Bleak, Graydon et leurs sbires (dans « Chop Shop » à 1:27, dans « The Rumble » à 4:04, 4:13 et 4:21, dans « Was He Cool ? » à 2:30, 2:37 ou dans « Where’s Sara ? » à 0 :23, où le motif des bad guys est très présent dans son intégralité). A noter que ce motif fait clairement référence au tout début du « Finlandia » de Sibelius, oeuvre classique célèbre que Kamen exploitera davantage dans « Die Hard 2 » (1990). Un motif plus mystérieux de notes descendantes aux cordes est dévoilé dès 0:25 dans « Tire Blow Out », intervenant dans les moments plus dramatiques du film (le motif rappelle vaguement le thème de « Lethal Weapon »). Un motif de 5 notes plus énergique est dévoilé aussi dans « Tire Blow Out » à 1:22 au piccolo/violons, plus facile à reconnaître, et largement développé dans « Rescue Sara », associé dans le film à la jeune fille de 8 ans (on le trouve dans ce morceau vers 5:10 par exemple). Enfin, une autre idée thématique intéressante est la berceuse des enfants entendue à la boîte à musique à 0:05 dans « Where’s Sara ? », développé durant la poursuite finale sur le bord de l’immeuble (« Rescue Sara ») ou dans « Grand Finale » à 0:16, 0:43 dans une version plus rapide et énergique à l’orchestre. Mais comme souvent chez Kamen, les motifs restent assez discrets bien que très présents à l’écran, et il y a fort à parier que les thèmes passeront inaperçus lors d’une première vision du film ou d’une première écoute de l’album. Fidèle à son habitude de citer de façon humoristique des mélodies classiques ou populaires célèbres, Kamen glisse une vague allusion à la « Lettre à Elise » de Beethoven et à la berceuse anglaise « Sing a Song of Sixpence » dans son score (une référence amusante à la baby-sitter).

Le score se distingue surtout par son écriture mickey-mousing très morcelée et particulière, typique des scores d’action/aventures de Michael Kamen dans les années 80/90. Les orchestrations, colorées et très élaborées, privilégient chaque pupitre de l’orchestre avec une fluidité ahurissante (à noter l’utilisation du saxophone pour Chris), le problème étant que l’écriture reste ici très systématique et sans surprise : on enchaîne les mesures de notes ponctuelles entrecoupées de silences fréquents, un vrai déluge de mickey-mousing qui oscille entre humour, action et moments de suspense dans le film. C’est ainsi que « Adventures in Babysitting » accompagne brillamment les péripéties drôles et tendues de Chris et les enfants dans le film, entre humour et action façon « Die Hard » ou « Lethal Weapon », le thème de Chris étant omniprésent d’un morceau à un autre (les auditeurs les plus attentifs pourront s’amuser à le retrouver dans pratiquement chaque morceau du score à travers de multiples variantes). Dans le film, on remarque assez peu le score en raison de la présence accrue des chansons, mais la BO de Kamen remplit parfaitement son rôle en soulignant l’action, le suspense et l’humour sur un ton aventureux (comme dans le climax de « Rescue Sara »), amusant et sérieux à la fois.

Quelques bonnes surprises à noter comme l’emploi de rythmes synthé/pop dans « Road Trip », vers la fin de « Brenda and the Rat » ou au début de « You’re Weird » qui permettent de contrebalancer l’écriture symphonique assez systématique et fonctionnelle de Kamen. Le résultat, plutôt intéressant, risque tout de même de déplaire aux auditeurs allergiques aux musiques d’aventure mickey-mousing années 80 que le compositeur maîtrise parfaitement, mais qui a bien du mal à sortir des schémas musicaux préconçus de « Lethal Weapon », tandis que certains passages annoncent clairement ce que fera le compositeur un an plus tard sur « Die Hard » (1988). Les fans de Michael Kamen apprécieront donc cette partition peu connue du compositeur, à redécouvrir sur l’excellent album d’Intrada, un score d’aventure/action/comédie à l’esthétique mickey-mousing assez fonctionnelle, mais qui révèle une thématique très intéressante et un sens de l’écriture orchestrale typique de son auteur.



---Quentin Billard