1-I Curse You With Life 8.12
2-Three Is Trouble 3.23
3-Judgement 3.13
4-Well Hello, Witch Hunter 4.24
5-Lights Out 1.07
6-The Witch Queen 4.07
7-I Must Remember 3.32
8-Good Hunting 6.37
9-Remember Your Death 4.47
10-This Isn't Real 3.51
11-I Am Reborn 4.20
12-You Have To Fight 3.02
13-By Iron and Fire 11.27
14-At Your Service 3.12

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Milan Records 36749

Directeur de la musique:
Carter Armstrong
Design ambient music:
Jon Aschalew
Orchestrateur:
Jeremy Borum
Programmation synthé:
Clay Duncan, Klayton
Préparation musique:
Emily Rice, Tina Tamura,
Thanh Tran

Coordinateur score:
Ryan Svendsen
Monteur musique superviseur:
Ryan Rubin
Monteur musique:
Maarten Hofmeijer
Musique additionnelle:
Gary Dworetsky

Artwork and pictures (c) 2015 Summit Entertainment. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE LAST WITCH HUNTER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
« The Last Witch Hunter », sorti en 2015, est une grosse production U.S. qui tente de surfer sur la vague de la ‘dark fantasy’ remise au goût du jour par la série TV « Game of Thrones ». Ce n’est d’ailleurs certainement pas un hasard si l’une des actrices de la série, Rose Leslie, se retrouve au casting du long-métrage de Breck Eisner (« Sahara »). Le film met en scène Vin Diesel dans le rôle de Kaulder, un chasseur de sorcières qui traque au moyen-âge la reine sorcière (Julie Engelbrecht), responsable de la peste noire qui s’est abattue sur une bonne partie du monde et a tué la famille de Kaulder. Avant de mourir, la reine sorcière lance une malédiction sur Kaulder, condamné à vivre éternellement. 800 ans plus tard, le chasseur de sorcières est membre de la confrérie de la hache et de la croix, une organisation de prêtres guerriers qui luttent depuis des siècles pour maintenir une paix fragile entre les humains et les sorcières dans le monde. Tout bascule le jour où Dolan 36e (Michael Caine), principal mentor et protecteur de Kaulder, meurt suite à une attaque d’un redoutable sorcier, Belial (Olafur Darri Olafsson). En réalité, Dolan 36e n’est pas vraiment mort mais son corps est soumis à une puissante magie noire qui ne pourra qu’être détruite si le sorcier responsable de cet acte est tué. Le guerrier immortel doit reprendre les armes et s’enfonce alors dans les rues de New York aux côtés de Dolan 37e (Elijah Wood), prêt à tout pour stopper Belial et empêcher qu’une nouvelle guerre éclate dans le monde. Kaulder sera aussi accompagné dans sa quête par Chloé (Rose Leslie), une jeune sorcière perce-rêve (qui a le pouvoir de lire et de rentrer dans l’esprit des gens) que le guerrier éternel a sauvé d’une attaque dans son bar.

« The Last Witch Hunter » contient ainsi tous les ingrédients d’un film d’action/dark fantasy classique, avec son lot de sorcières maléfiques, de magie noire, de scènes d’action guerrières et d’effets spéciaux modernes. Vin Diesel tente de s’échapper un temps de la franchise des « Fast & Furious » pour revenir à un registre plus fantastique, dans la lignée des « Riddick » ou « Babylon A.D. ». Le résultat fonctionne plutôt bien à l’écran, même si le film n’a rien de vraiment passionnant et s’avère curieusement assez mou et peu généreux en terme de scènes d’action/fantasy. Quand à Vin Diesel, il semble petit à petit vouloir sortir du registre habituel des gros durs dans lequel on l’enferme trop souvent en campant des héros plus fragiles et tourmentés, le problème étant que le film de Breck Eisner tombe un peu trop souvent dans la demi-mesure : l’univers du film reste sombre et moderne, avec quelques effets spéciaux horrifiques assumés mais sans jamais en faire de trop, idem pour le scénario qui raconte cette histoire de confrérie de prêtres guerriers qui luttent pour maintenir la paix entre les humains et les sorcières, un univers qui n’est pas sans rappeler le récent « Priest » mais qui déçoit ici par son manque d’originalité ou de surprise. « The Last Witch Hunter » tente d’exploiter l’ambiance fantastique et fantasy d’un « Game of Thrones » sans jamais vraiment y arriver, avec un casting correct mais une réalisation passe-partout assez paresseuse, une sorte de « Hensel & Gretel » tiède et un peu plus grand public. Les résultats mitigés du film au box-office 2015 semblent par ailleurs annihiler tout espoir d’une future franchise.

Steve Jablonsky signe le score de « The Last Witch Hunter », lui permettant ainsi de revenir dans un registre fantastique/fantasy proche de ce qu’il avait fait en 2007 sur le film sud-coréen « D-War ». Sans surprise, le score de Jablonsky est un mélange prévisible d’orchestre et de synthétiseurs atmosphériques, l’accent étant mis sur le sound design pour évoquer l’univers fantastique et sombre du film, le tout soutenu par deux thèmes principaux. Ces éléments sont dévoilés progressivement durant les 8 minutes intenses de « I Curse You With Life », pour le prologue du film : on y aperçoit Kaulder et ses amis pénétrer dans le repère de la reine sorcière, affronter ses créatures et défaire la reine, tandis que Kaulder reçoit la malédiction de la vie éternelle par la maléfique sorcière. Le thème principal, mélodie ascendante de cuivres, est dévoilé à 0:49 puis 1:09 sur un ostinato rythmique guerrier qui rappelle vaguement le « Dracula » de Wojciech Kilar. Le deuxième thème majeur est celui de la reine sorcière et de ses partisans démoniaques. Le thème maléfique est entendu brièvement aux cordes graves à 2:53, puis repris à 4:29 aux violoncelles/contrebasses et de manière similaire à 5:32, puis dans son intégralité à 7:12 - à noter que le thème maléfique rappelle curieusement le thème de Jerry Goldsmith pour « The Omen », les premières notes de la mélodie étant particulièrement similaires – le problème venant aussi du fait que le thème principal, associé à Kaulder et à l’idée de la guerre contre les sorcières, rappelle aussi d’autres mélodies, tandis que la reprise héroïque et complète du Main Theme dans « At Your Service » n’est pas sans rappeler le thème de Ramin Djawadi pour « Clash of the Titans ». On notera par la suite un troisième thème plus discret, introduit dans « I Must Remember » à la harpe et au piano dès 0:09 (une série de 4 notes fragiles et douces), thème mélancolique et intime évoquant les souvenirs de Kaulder et de sa famille disparue.

Les deux thèmes principaux sont ainsi très présents dans le film et largement développés tout au long du score, les morceaux étant par ailleurs suffisamment longs pour permettre à Jablonsky de multiplier les développements en profondeur sur la longueur. Les rythmes s’emballent alors, tout comme les dissonances agressives et horrifiques dans « I Curse You With Life », alors que Kaulder et ses guerriers rentrent dans la tanière de la reine et ressentent alors ses pouvoirs maléfiques. Jablonsky en profite ici pour s’orienter vers un style atonal/dissonant chaotique plus proche de ses musiques horrifiques façon « A Nightmare on Elm Street », « The Amityville Horror » ou « The Texas Chainsaw Massacre ». Aucune surprise particulière ici, Jablonsky mélange du sound design traditionnel avec les techniques avant-gardistes orchestrales habituelles (clusters stridents de cordes, glissandi, nuages sonores, etc.) pour ponctuer les moments plus effrayants du film, tandis que le compositeur déchaîne les cordes, les cuivres belliqueux et les percussions guerrières pour les premiers affrontements contre les sorcières, premier morceau d’action massif du score se concluant sur une grande reprise du thème maléfique de la reine. Comme souvent avec Jablonsky, on déplore des orchestrations assez pauvres, délaissant les bois, grands absents du score, au profit du trio habituel cordes/cuivres/percussions. Dans « Three Is Trouble », on devine quelques moments plus intimes et mélancoliques avec un piano fragile à 2:24 qui reprend une partie des notes du thème de Kaulder de façon plus calme et posée. Jablonsky met ici l’accent sur le travail des cordes et des loops électro habituels dans un style plus atmosphérique, alors que les percussions – les taiko drums habituels façon « Transformers » - restent présents pour suggérer la menace constante des sorcières et la quête guerrière de Kaulder.

La tension monte d’un cran dans « Well Hello, Witch Hunter », pour une nouvelle confrontation avec Belial et ses sbires. On retrouve ici le mélange de cordes, cuivres et percussions qui imposent l’ambiance belliqueuse voulue, avec quelques dissonances et un nouveau morceau d’action musclé et sombre. D’une façon générale, le score a bien du mal à surprendre par la suite, tant le compositeur reste trop souvent dans les schémas musicaux prévisibles qu’il a dévoilé dès « I Curse You With Life ». Les confrontations se multiplient et les morceaux d’action aussi, avec toujours cette atmosphère sombre, agressive et un brin gothique, ou ces sursauts de dissonances terrifiantes comme dans « Lights Out », l’album faisant par ailleurs la part belle aux déchaînements orchestraux, au profit de passages plus atmosphériques non retenus pour l’album. On appréciera la longue et grande reprise puissante et maléfique du thème de la reine sorcière dans « The Witch Queen », lorsque Kaulder, Chloe et ses amis comprennent que la reine est de retour et que les sorcières cherchent à la faire revenir dans notre monde pour que ses pouvoirs s’abattent sur la terre. Comme souvent avec Jablonsky, on déplore des orchestrations assez pauvres, délaissant les bois, grands absents du score, au profit du trio habituel cordes/cuivres/percussions. Dans « I Must Remember », Kaulder tente de se souvenir de ce qu’il a oublié pour accomplir sa quête. La musique se veut ici plus intimiste avec un mélange de harpe, piano et cordes douces aux harmonies plus optimistes, ponctuée de variations mélancoliques et calmes autour du thème principal.

Dans « Good Hunting », la musique devient plus nerveuse et aussi plus dramatique, avec le retour des déchaînements orchestraux belliqueux. Le thème de la reine revient ensuite dans « I Am Reborn » tandis que « You Have To Fight » nous prépare au combat final à l’aide de cordes dramatiques et de percussions accompagnant le thème principal de Kaulder, repris ici de manière plus épique et déterminée. Enfin, la bataille finale (les 11 minutes très longues de « By Iron and Fire ») permet la confrontation entre les deux thèmes du score et une jolie reprise du thème mélancolique de 4 notes aux cordes à 10:20, le tout baignant dans une ambiance apocalyptique/épique qui sied parfaitement à la bataille finale du film (à noter l’emploi réussi de ces arpèges de synthés aigus dès 6:26). Le thème principal est repris une dernière fois de façon héroïque et épique à la trompette dans le superbe « At Your Service », avec un style qui rappelle le score de Jablonsky pour « Your Highness ». Aucune surprise particulière donc, Steve Jablonsky va là où on l’attend dans « The Last Witch Hunter », apportant action, suspense et envolées guerrières épiques pour le film de Breck Eisner. Malgré de nombreuses longueurs et un côté répétitif assez lassant, le score de « The Last Witch Hunter » marque un point grâce à ses thèmes réussis et ses morceaux d’action orchestraux de bonne facture, le souci étant que l’on a l’impression d’avoir déjà entendu tout cela maintes fois auparavant. Au niveau du film, le cahier des charges est rempli, mais il y a fort à parier que ce score séduira avant tout les inconditionnels de Steve Jablonsky et des musiques d’action de chez Remote Control, bien que le score soit ici un brin plus orchestral que d’habitude.



---Quentin Billard