1-Survive 1.30
2-Escape 2.14
3-Immortan's Citadel 8.41
4-Blood Bag 2.30
5-Spikey Cars 3.11
6-Storm Is Coming 5.36
7-We Are Not Things 1.37
8-Water 3.15
9-The Rig 4.13
10-Brothers In Arms 4.22
11-The Bog 6.58
12-Redemption 1.45
13-Many Mothers 5.15
14-Claw Trucks 5.31
15-Chapter Doof 7.04
16-My Name is Max 4.43
17-Let Them Up 2.36

Musique  composée par:

Junkie XL

Editeur:

WaterTower Music WTM39642

Musique additionnelle de:
Christian Vorländer
Programamtion musique additionnelle:
Stephen Perone
Orchestrations:
Emad Borjian
Services orchestre:
Jessica Wells
Score wrangler:
Bob Badami aka Bobo
Montage additionnel:
Ryan Rubin, Alex Gibson
Enregistrement percussions:
Tom Holkenborg aka Junkie XL
Score mixé et produit par:
Junkie XL
Junkie XL managé par:
Michiel Groeneveld
Album produit par:
Junkie XL
Producteur exécutif album:
George Miller
Direction de la musique pour
Warner Bros. Pictures:
Darren Higman
Direction de la musique
pour WaterTower Music:
Jason Linn
Music business affairs:
Lisa Margolis

Artwork and pictures (c) 2015 Warner Bros. Entertainment Inc/Warner Bros. Feature Productions Pty Limited. All rights reserved.

Note: ****
MAD MAX FURY ROAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Junkie XL
« Mad Max Fury Road », c’est un peu l’Arlésienne à Hollywood : cela faisait des années qu’on en entendait parler, mais le projet était maintes fois repoussé ou annulé en fonction des événements. Très vite après « Mad Max 3 » en 1985, George Miller envisagea de donner une suite à sa célèbre trilogie mais le financement fut complexe en raison de l’échec de certains de ses films dans les années 90 - « Lorenzo’s Oil », sorti en 1992, a rencontré un succès critique mais pas commercial. Idem pour « Babe : Pig in the City » qui échoue au box-office U.S. en 1998 malgré le statut de film culte qu’il obtint par la suite - Il faudra finalement attendre les années 2000 et le succès colossal de « Happy Feet » en 2006 pour que Miller s’intéresse à nouveau à son quatrième « Mad Max », car après l’échec de « Happy Feet 2 » en 2011, qui convainc bien moins le public et oblige le studio de Miller, Dr. D Studios, a déposer le bilan la même année, le cinéaste australien devait reprendre les choses en main et concrétiser enfin son projet d’un quatrième « Mad Max » : le tournage débute finalement en 2012 en Namibie, et sera marqué par de nombreux incidents et péripéties diverses qui obligeront Miller à sortir le film quelques années plus tard, en mai 2015. Le film se déroule à nouveau dans l’univers post-apocalyptique des précédents opus : Max Rockatansky (Tom Hardy), ancien flic de la route, erre seul dans un désert aride au volant de son bolide, une Ford Falcon XB 351. Le monde a été dévasté par un holocauste nucléaire, et les clans de cannibales, de gangs de motards et de communautés sectaires diverses se livrent une guerre sans merci dans le désert pour le contrôle de l’essence et de l’eau. Le clan le plus puissant est sous le commandement d’Immortan Joe (Hugh Keays-Byrne), ancien militaire devenu le tyran de cette grande communauté qui vit reclus dans une gigantesque citadelle au milieu du désert. Max est capturé par les War Boys, l’armée de Joe, et désigné comme donneur de sang universel. Emprisonné, Max sert alors de poche de sang vivante pour un jeune War Boy malade nommé Nux (Nicholas Hoult). Pendant ce temps, Imperator Furiosa (Charlize Theron), l’une des principales lieutenants de Joe, est chargée d’emmener un grand camion-citerne blindé dans le désert pour y récupérer de l’essence. En réalité, Furiosa vient de trahir Joe en emmenant avec elle cinq épouses du tyran, cinq jeunes femmes esclaves sexuelles utilisées comme pondeuse. Enragé, Joe lance alors son armée à la poursuite du camion-blindé de Furiosa. Nux s’engage alors dans la poursuite avec Max ligoté au capot de son véhicule et relié à lui par une perfusion intraveineuse.

Il aura donc fallut attendre plus de 30 ans pour que « Mad Max Fury Road » voit enfin le jour. Le résultat, tout simplement prodigieux, est à la hauteur de l’attente. Le film de George Miller ressuscite une vieille franchise populaire et controversée au cinéma et bat tous les records : complexe, virtuose, sophistiqué, incroyablement moderne, violent, imaginatif et visuellement stupéfiant, « Fury Road » est le film de tous les superlatifs. A 70 ans, Miller rappelle qu’il en a toujours sous le pied et qu’il reste un cinéaste passionnant et engagé, avec un vrai univers personnel, qu’il ne doit qu’à lui-même (on se souvient que le premier « Mad Max », sorti en 1979, lança la mode tenace des films de science-fiction post-apocalyptiques fauchés des années 80). Hélas, le film sera cette fois-ci sans Mel Gibson, Tom Hardy succédant à l’acteur dans le rôle culte de « Mad » Max Rockatansky, ancien flic désabusé et solitaire emmené malgré lui dans des aventures violentes à bord de véhicules déchaînés, de batailles sans merci entre clans, punks et motards au beau milieu d’un monde désertique ravagé par la guerre nucléaire. Tourné avec un budget conséquent de 150 millions de dollars, le film sort en 2015 et fait presque l’unanimité auprès des critiques et du public – chose plutôt rare pour un blockbuster de ce genre – Le film totalise 378 millions de dollars de recette, devient selon IMDB le 178e meilleur film de tous les temps et reçoit 6 Oscars lors de la 88e cérémonie des Oscars en février 2016. « Mad Max Fury Road » se paie même le luxe d’être l’un des meilleurs films de l’année 2015, sans aucun doute le meilleur épisode de la franchise et aussi un chef-d’oeuvre de folie visuelle et d’imagination cinématographique : on retrouve l’univers décédant et déshumanisé des précédents films, avec une vraie réflexion sur la mise en scène de l’espace, des personnages et des situations les plus dingues.

Dès le début du film, on a l’impression d’assister à un spectacle hallucinant qui nous échappe complètement : très vite, Miller bouleverse tous les codes du genre : le héros, particulièrement malmené, est vaincu dès le début du film et réduit à une simple poche de sang humaine, l’une des bras-droit du grand méchant devient la véritable héroïne du film – méconnaissable avec son maquillage dégoulinant de cambouis sur le front, Charlize Theron vole la vedette à tout le monde dans le film – et l’histoire appuie les ravages de l’individualisme et de la quête absolu du pouvoir, quitte à verser dans la satire politique grinçante qui fait mal, avec, par la même occasion, un regard contemporain et très féministe sur le monde : ce sont les femmes qui semblent vouloir prendre le pouvoir dans ce monde post-apocalyptique, cherchant par la même occasion à prendre leur revanche sur les hommes qui cherchent à les dominer, rôle qu’incarne le terrifiant et brutal tyran Immortan Joe. Et lorsque Imperator Furiosa décide de dévier de sa trajectoire à bord du camion-citerne blindé pour trahir Joe et s’enfuir avec ses esclaves sexuels, c’est pour mieux adresser un message d’émancipation clair et limpide aux hommes. Mais il serait absurde de ne voir en « Fury Road » qu’une banale satire politique, car il y a bien plus que cela dans ce film : George Miller réussit l’exploit rarissime de signer l’un des meilleurs blockbusters de la décennie, avec un vrai humour noir parfaitement assumé, un trip brutal et halluciné extrêmement moderne (la caméra semble passer partout, même dans les endroits les plus improbables), des courses poursuites totalement enragées, des batailles d’une brutalité ahurissante, bref, un vrai road movie à l’ancienne servi par la technologie de 2015, enchaînant les séquences d’anthologie à vitesse grand V (la traque de Max qui tente de s’enfuir de la citadelle au début du film, la poursuite dans la tempête, la longue bataille finale d’une rare brutalité, etc.).

Il y a un vrai regard d’auteur sur le film, dans un univers post-apocalyptique décadent et enragé qui revisite le mythe et se paie même le luxe de contenir de vrais moments d’émotion, avec beaucoup de muscles, certes, mais aussi un peu de cérébral, pour un résultat hors norme, qui explose complètement tout ce qu’a pu faire Hollywood au cours de ces 20 voire 30 dernières années, une sorte de pied de nez ravageur aux films de super-héros et autres « Marvelleries » des années 2000. Car il y a de tout pour tout le monde dans ce film : est-ce un film politique ? Un film d’action ? Un western ? Un délire mystique ? Un film fantastique ? Un film de science-fiction ? Un drame ? « Mad Max Fury Road », c’est un peu tout cela à la fois, mais surtout un vrai délire pyrotechnique outrancier qui atteint des sommets inégalés, un film sombre et violent porté par une rage incessante, et ce dès les premières minutes du film (on ressent la folie dès que les War Boys poursuivent Max dans les grottes de la citadelle). Rarement aura-t-on vu un blockbuster sortir à ce point des sentiers battus, porté par un univers visuel moderne et extraordinairement personnel, avec de vraies trouvailles de mise en scène délirantes qui virent parfois au ‘freak show’ pur (le nain dans la balance, le joueur de guitare électrique-lance flamme à l’arrière du véhicule géant, Max relié au conducteur du véhicule par des perfusions intraveineuses, etc.), et peu importe si le scénario s’avère rachitique – pas plus que dans les anciens opus, de toute façon, la saga « Mad Max » n’a jamais brillé de par ses qualités scénaristiques profondes – le fond comme la forme s’avèrent suffisamment extraordinaire pour faire de « Mad Max Fury Road » l’un des meilleurs films de la décennie, un vrai coup de maître récompensé par 6 Oscars en 2016 et un énorme coup de pied dans la fourmilière hollywoodienne, en passe de devenir un vrai film culte, rien que cela !

Prévue un temps pour John Powell, puis Marco Beltrami, la musique de « Mad Max Fury Road » sera finalement confié à Tom Holkenborg en 2013, plus connu sous le nom de Junkie XL. George Miller aurait été ainsi particulièrement impressionné par son travail sur « 300 : Rise of an Empire », ceci expliquant le choix inhabituel de ce compositeur sur ce quatrième épisode de la franchise. Etant donné la longue gestation du film, Junkie XL a eu l’occasion rarissime d’arriver très tôt sur le film et d’expérimenter diverses idées musicales pour les besoins du film, tandis que son inspiration se situa à mi-chemin entre Bernard Herrmann (comme le fit Brian May sur les deux premiers « Mad Max ») et l’opéra-rock moderne, à grand renfort de guitare électrique saturée et de rythmes enragés. Enregistré aux studios Trackdown à Sydney, la musique de « Fury Road » fut en grande partie interprétée par Junkie XL lui-même (percussions, batterie, guitares, basse, synthétiseurs), en dehors de la formation orchestrale incluant les pupitres de cordes, de cuivres et de percussions. Pour les besoins de la partition, le guitariste Nick Zinner a aussi loué ses services au compositeur, Zinner étant plus connu en tant que guitariste et claviériste du groupe de rock indé Yeah Yeah Yeahs fondé à New York en 2000. A noter que dans le film, certaines musiques additionnelles proviennent d’œuvres préexistantes, incluant 2 pièces de la compositrice grecque Eleni Karaindrou (« Elegy for Rosa » et « Refugee’s Theme Symphonic Variation N°1 ») et le Dies Irae du Requiem de Verdi. Pour renforcer l’univers post-apocalyptique enragé du film, Junkie XL utilise un sound design élaboré et des sonorités chaotiques et percussives pour parvenir à ses fins.

C’est ce que l’on devine d’emblée dès l’ouverture du film dans « Survive », avec ses accents agressifs de contrebasses qui introduisent le motif de la survie associé à Max dans le film, ses tenues dissonantes de violons et son sound design obscur, ouvrant la voie à l’expérimentation sonore. Dans « Escape », la sauvagerie du film est largement véhiculé par des sonorités industrielles anarchiques et expérimentales qui évoquent la rage et la folie, avec son lot de basse synthétique et de percussions diverses. Mieux encore, « Escape » accompagne la tentative d’évasion de Max au début du film avec l’apparition d’un premier motif majeur du score, un motif de cordes en notes rapides et descendantes très présent tout au long du film, notamment lors des scènes de bataille. Ce motif d’action est introduit clairement à 1:26, avec des cordes dont le son est traité ensuite par ordinateur pour les rendre plus étranges, plus distantes (à noter que le morceau se termine avec les accents de cordes agressifs et martelés du motif de la survie de Max). Junkie XL travaille ici le son sous toute ses formes, plus proche du registre de l’électro expérimentale, affirmant par la même occasion l’incroyable modernité du film de George Miller. Dans les 8 minutes intenses de « Immortan’s Citadel », on découvre le second thème du score, un motif sombre en notes graves ascendantes pour le tyran Immortan Joe, dès 0:58 aux contrebasses et qui ne cesse ensuite de grandir à travers un crescendo puissant, et qui rappelle le style de certains motifs de « 300 : Rise of an Empire », surtout lorsque des choeurs samplés mystérieux et inquiétants s’ajoutent brièvement vers 1:20. Junkie XL parvient facilement à capter la puissance tyrannique et la folie d’Immortan Joe à travers ce motif lugubre et maléfique, tandis que « Immortan’s Citadel » évolue rapidement vers une première envolée orchestrale tragique et élégiaque qui débute à 2:56 jusqu’à 3:43, l’un des premiers moments forts de la partition de « Mad Max Fury Road ». Ce passage, qui dévoile déjà des éléments avec choeurs épiques dramatiques, sont en fait associés au thème de Furiosa, qui deviendra très présent par la suite. L’envolée dramatique de « Immortan’s Citadel » accompagne dans le film le moment où Immortan ouvre les vannes et libère l’eau sur sa communauté.

« Blood Bag » accompagne le début de la poursuite avec les War Boys d’Immortan, le véhicule de Nux et le camion-citerne blindé de Furiosa. Ici, Junkie XL met l’accent sur les percussions et les traditionnels taiko drums japonais pour parvenir à ses fins, incluant des allusions au motif de 4 notes ascendantes maléfiques d’Immortan Joe. A la deuxième minute, le rythme s’emballe furieusement avec l’ajout de guitares électriques rock/trash incroyablement efficaces. La poursuite s’intensifie dans « Spikey Cars » avec l’arrivée des Buzzards et leurs véhicules aux roues pointues et acérées. C’est l’occasion pour le compositeur de nous offrir une nouvelle déferlante de percussions avec le retour du motif d’action aux notes de cordes staccatos descendantes (aisément reconnaissable dès 0:43) et le motif d’Immortan Joe (dès 1:14), et une succession de percussions guerrières, belliqueuses et répétitives héritées du score de « 300 : Rise of an Empire ». Le problème de ces premiers morceaux d’action, c’est que l’on a l’impression que Junkie XL répète sans arrêt la même formule percussive/sound design ad lib sans jamais proposer quoique ce soit de plus, se contenant de renforcer l’action et la fureur des combats avec un barrage de percussions sans autre alternative musicale. C’est d’autant plus dommage que le score va pourtant heureusement décoller vers le milieu du film et se diriger vers quelque chose de bien plus passionnant. « Storm is Coming » (scène de l’entrée dans la tempête) est ainsi représentatif de cette esthétique sonore bourrine et brutale, qui sied au film mais montre aussi les limites du style massif souvent décrié de Junkie XL. Le score décolle enfin dès 3:39 avec l’envolée incroyablement prenante du thème dramatique et puissant de Furiosa aux cuivres, aux cordes et aux choeurs, premier grand moment magistral de « Mad Max Fury Road », pour lequel Junkie XL se paie le luxe de revenir à l’époque des grands anthems grandioses de Media Ventures dans les années 90.

Dès lors, Junkie XL apporte une toute autre tournure à sa partition et se dirige de manière inattendue vers l’émotion avec notamment les cordes élégiaques, classiques et poignantes de « We Are Not Things » qui prennent le contre-pied total de tout ce qui a été entendu auparavant. Très vite, l’action reprend rapidement le dessus avec les percussions métalliques enragées de « Water », puis le retour du motif de la survie de Max aux contrebasses dans « The Rig » (à 0:33), et surtout « Brothers In Arms », sans aucun doute l’un des meilleurs morceaux de toute la partition de « Mad Max Fury Road ». Le morceau accompagne la scène où Max et Furiosa affrontent le gang de motards et préparent des explosifs pour empêcher les troupes d’Immortan Joe de les poursuivre. Le morceau, structuré autour d’une base rythmique très rock/guitare électrique/synthé, développe par la suite une ambiance héroïque très prenante avec une montée d’accords émouvants et plein d’espoir sur fond de cordes staccatos, autre grand moment de la partition de « Fury Road » dans le film, qui devrait satisfaire même les plus récalcitrants. La fin de « Brothers In Arms » évoque clairement l’entraide entre Max et Furiosa et apporte un sentiment puissant d’espoir salutaire au film, d’une puissance évocatrice incroyable sur les images. Le thème de Furiosa revient logiquement dans « The Chase », apportant à son tour cet éclairage dramatique et émotionnel aux images de Miller, le thème étant par ailleurs très inspiré d’Hans Zimmer. « Redemption » ramène l’émotion sur le devant de la scène avec un morceau plus classique dans l’écriture, à l’aide d’un violoncelle mélancolique et d’une poignée de cordes élégiaques et poignantes accompagnées d’un bref passage de basson soliste, évoquant la quête de rédemption de Furiosa.

Dans « Many Mothers », Junkie XL continue sur sa lancée avec un autre passage plus classique de cordes dramatiques et élégiaques, marquant le retour du thème de Furiosa sous un angle plus intimiste et émouvant, lorsque cette dernière retrouve son ancien clan et découvre une terre dévastée et ses proches disparus pour la plupart. Le compositeur parvient ici à suggérer habilement la souffrance et les tourments de Furiosa, lorsque cette dernière s’agenouille dans le sable du désert et hurle de toutes ses forces : à noter ici l’emploi d’un violoncelle déchirant et torturé du plus bel effet. L’action reprend le dessus pour le dernier acte du film introduit par l’intense « Claw Trucks », suivi de « Chapter Doof » pour la confrontation finale où s’affrontent le motif d’action, le thème d’Immortan Joe et celui de Furiosa, l’un des derniers grands morceaux de bravoure de la partition de « Mad Max Fury Road ». Le morceau alterne entre les percussions action, la guitare électrique trash, les moments dramatiques toujours très prenants et les envolées thématiques mémorables, notamment pour le final poignant reprenant le puissant thème de Furiosa dans toute sa splendeur, alors que Nux se sacrifie pour permettre à Furiosa, Max et les autres de s’échapper. Les choses s’apaisent enfin avec « My Name is Max », reprenant l’adagio tragique des cordes de « Many Mothers », tandis que « Let Them Up » laisse éclater un grand final grandiose et plein d’espoir, qui ferait presque penser à certains hymnes électroniques de Vangelis.

On ressort donc épuisé de l’écoute de la partition de « Mad Max Fury Road » qui nous assène d’une déferlante ahurissante de percussions, de sonorités électroniques et de guitares électriques trash mais recèle en réalité quelques très grands moments d’émotion comme l’extraordinaire « Brothers in Arms », l’épique climax enragé de « Chapter Doof », l’envolée de « Storm is Coming » ou les adagios plus classiques de « Many Mothers », « Redemption » ou « My Name is Max ». Servi par quatre motifs adroitement développés tout au long du film, le score de Junkie XL risque encore une fois de diviser le public béophile, entre les réfractaires au style Remote Control d’Hans Zimmer, ceux qui sont allergiques aux musiques d’action plus modernes de Junkie XL héritées de son « 300 : Rise of an Empire », et ceux qui ne jurent que par ce style de musique hollywoodienne contemporaine que l’on entend régulièrement depuis plusieurs années déjà dans le cinéma américain et les médias qui gravitent autour. Malgré tout, « Mad Max Fury Road » a de quoi satisfaire tout le monde, car, derrière son barrage incessant de percussions, de morceaux synthétiques et de sound design enragé et fastidieux à l’écoute, le score de Junkie XL recèle quelques trésors d’émotion pure, surtout dans la manière dont le compositeur véhicule ces envolées dramatiques puissantes à l’écran comme le rappelle l’anthologique « Brothers in Arms », peut être l’un des meilleurs morceaux produit par Remote Control au cours de ces 10 dernières années. Quoiqu’il en soit, « Mad Max Fury Road » reste l’un des meilleurs scores de Junkie XL à ce jour, un score outrancier, à l’image du film, extrêmement bruyant, bourrin, parfois lassant sur la longueur, mais d’une brutalité et d’une intensité épique quasi constante, en bref, un incontournable de Junkie XL, à coup sûr !



---Quentin Billard