1-Fate and Hope 3.57
2-Better Days 3.05
3-Work Camp 3.37
4-Bus Ride 2.03
5-Sarah & Kyle 4.36
6-Alley Confrontation 2.33
7-Sarah Kick Ass 1.53
8-Cyberdine 3.41
9-Still After Us 2.52
10-Come With Me 3.42
11-John Connor 2.56
12-It's Really Me 2.36
13-Alcove 2.17
14-I Am More 2.40
15-If You Love Me You Die 5.52
16-Judgement Day 2.56
17-Family 3.14
18-Fight 3.01
19-Sacrifice 4.21
20-Guardianship 3.26
21-What If I Can't ? 4.23
22-Terminated 2.00

Musique  composée par:

Lorne Balfe

Editeur:

Skydance Productions LLC

Musique additionnelle:
Dieter Hartmann, Andrew Kawczynski
Producteur exécutif musique:
Hans Zimmer
Monteur musique:
David Metzner
Mixeur musique:
Alan Meyerson
Assistant technique score:
Julian Pastorelli, Hal Rosenfeld,
Steffen Thum

Assistant mix score:
Christian Wenger
Services production musicale:
Steven Kofsky
Coordination production score:
Kelly Johnson
Hybrid Production:
Daniel James
Sampling team:
Taurees Habib

Artwork and pictures (c) 2015 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***
TERMINATOR GENISYS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Lorne Balfe
La franchise « Terminator » n’a guère brillé en qualité au cours de ces dernières années, et ce malgré le statut de film culte des deux premiers épisodes tournés par James Cameron, respectivement en 1984 puis 1991. Lorsque le projet d’un cinquième « Terminator » fut annoncé en 2008, certains se dirent qu’il était temps de raccrocher pour de bon, surtout qu’entre temps, la série TV « Terminator : The Sarah Connor Chronicles » venait d’être diffusée à la télévision américaine et que la boucle semblait bouclée. Mais c’était sans compter sur la détermination des studios à exploiter le filon jusqu’au bout. Entre temps, le projet change de studio et passe finalement entre les mains de la Universal courant 2011, puis par la suite, après que Justin Lin ait été un temps pressenti, c’est l’américain Alan Taylor qui est finalement choisi pour tourner « Terminator Genisys », deux ans après son précédent blockbuster, « Thor : The Dark World » (2013). Le film débute en 2029. John Connor (Jason Clarke), héros de la résistance humaine dans la guerre contre les machines qui ravagent le monde, apprend par le biais d’espions que le programme de défense militaire Skynet (qui détruisit le monde lors d’une attaque nucléaire survenue le 29 août 1997) a envoyé un T-800 dans le passé en 1984 pour éliminer sa mère Sarah Connor (Emilia Clarke) et empêcher ainsi John de naître et de devenir par la suite le leader de la résistance. Comprenant l’urgence de la situation, et boosté par ses récentes victoires contre les machines, Connor décide finalement d’envoyer dans le passé son fidèle lieutenant Kyle Reese (Jai Courtney) en utilisant une machine à voyager dans le temps, dans l’espoir d’empêcher Sarah Connor d’être tuée par le T-800. Mais à son arrivée, rien ne se passe comme prévu : le T-800, qui a retrouvé la trace de Sarah, affronte le mystérieux Gardien (Arnold Schwarzenegger), un autre T-800 reprogrammé par Sarah et envoyé dans le passé pour la protéger depuis qu’un T-1000 l’a rendue orpheline à l’âge de 9 ans. Kyle se retrouve alors attaqué et traqué par un autre T-1000 (Lee Byung-Hun), rapidement éliminé par Sarah et le Gardien. Kyle Reese découvre alors qu’ils ont construit une machine à voyager dans le temps similaire à celle de Skynet, et qu’ils espèrent voyager en 1997 pour empêcher la destruction nucléaire du monde. Mais Kyle, qui commence à voir d’étranges visions de son enfance en 2017, sait que son voyage en 1984 a profondément altéré le déroulement des événements, et il incite alors Sarah et le T-800 à voyager plutôt en 2017, où ils vont découvrir ensemble une terrifiante réalité : Skynet, rebaptisé « Genisys », fait dorénavant partie de la société, et John Connor, qui réussit à les retrouver, se révèle être en réalité un T-3000, après avoir été attaqué par un terminator et transformé à son tour en cyborg.

Avec « Terminator 3 » en 2003 et « Terminator Renaissance » en 2009, la saga a commencé à péricliter en terme de qualité, les fans reprochant fréquemment les incohérences des scénarios, le caractère impersonnel des réalisations passe-partout et une politique plus que douteuse de la part des différents studios qui ont produit ces films, qui semblent miser à chaque fois sur le simple fanbase pour engranger toujours plus de recette sur le dos de la franchise, sans réelle passion pour les films de Cameron ni même de réflexion particulière par rapport au pitch de départ sur le voyage dans le temps et le combat pour le futur. Très attendu par les fans, « Terminator Genisys » permit à Arnold Schwarzenegger, désormais débarrassé de ses obligations politiques, de revenir dans la franchise en campant le rôle qui l’avait rendu célèbre dans les années 80/90. Hélas, c’était sans compter sur la bêtise de scénaristes en panne d’inspiration, qui n’ont rien trouvé de mieux que de rebooter le premier et le deuxième film en y ajoutant une nouvelle intrigue de voyage dans le temps plus alambiquée et quasi incompréhensible. Du coup, le résultat est un joyeux fourre-tout qui reprend les scènes connues du premier et du deuxième film sans réelle cohérence : on mélange le tout, on secoue et on espère que cela permettra d’étancher la soif du public et des fans de la saga. Manque de bol, « Genisys » n’a pas réussi à trouver son public aux USA (même si au niveau mondial, le film a quand même rapporté près de 440 millions de dollars), notamment en raison de mauvaises critiques, d’une rivalité avec d’autres gros films sortis la même année, ainsi que du statut quasi has-been de Schwarzenegger, qui ne parvient plus à faire de vrais bons films depuis son retour au cinéma, tandis que la saga « Terminator » semble être arrivée à épuisement, incapable d’offrir quoique ce soit de réellement neuf ou d’excitant. Rajoutons à cela une réalisation impersonnelle et passe-partout d’Alan Taylor, une avalanche d’effets spéciaux 3D inutiles et un casting discutable (certains ont considéré que mettre Emilia Clarke dans le rôle culte de Sarah Connor était une vraie erreur de casting !), et on obtient au final un joyeux bordel qui fait n’importe quoi avec la franchise, hormis quelques bonnes idées par-ci par-là (le jeune T-800 de 1984 qui affronte le vieux T-800 grisonnant de Sarah Connor). En bref, la solide déception de « Terminator Genisys » nous fait plus que jamais craindre sur l’avenir d’une franchise qui s’essouffle à chaque épisode, et qui semble ne plus rien avoir à dire depuis belle lurette !

Après deux scores célèbres de Brad Fiedel, une partition de Marco Beltrami et un score de Danny Elfman, c’est au tour de Lorne Balfe de signer la musique de « Terminator Genisys », après le départ du premier compositeur pressenti pour le film, Christophe Beck. Le compositeur écossais est plus connu pour sa collaboration régulière avec Hans Zimmer au studio Remote Control et ses quelques musiques de jeu vidéo (« Call of Duty : Modern Warfare 2 », « Crysis 2 », « Skylanders : Spyro’s Adventure », « Assassin’s Creed : Revelations », etc.). Sa musique pour le cinquième épisode de « Terminator » n’apporte rien de nouveau au genre et s’inscrit dans la continuité de ses précédents travaux aux côtés d’Hans Zimmer : un score d’action orchestrale/électronique moderne, teinté de loops et de rythmes divers sans grande originalité particulière – à noter par ailleurs que Zimmer est crédité sur le film en tant que producteur exécutif de la musique, ce qui veut déjà tout dire – Pourtant, les choses commencent plutôt correctement dans le film avec « Fate and Hope », qui développe le nouveau thème principal du film, un thème empreint d’espoir, de noblesse et d’une puissance, bâtit sur un grand crescendo évoquant l’espoir de la résistance de libérer le monde de l’emprise de Skynet. Un clavier, des nappes synthétiques, des ostinatos de cordes, des percussions ‘action’ habituelles et des cuivres suffisent à asseoir ce sentiment d’espoir à la manière des anthems traditionnels de Remote Control, très largement calqué ici sur le style des « Transformers » de Steve Jablonsky. Si ce nouveau thème, basé sur une cellule ascendante de 3 notes répétées, est plutôt agréable et tient bien la route (même s’il semble avoir été écrit en pilotage automatique, dans le style de Jablonsky), le reste déçoit par son caractère terne et franchement peu inspiré. Dans « Better Days », on reconnaît quelques notes du célèbre thème de Brad Fiedel pour les deux premiers films, repris ici par des cordes synthétiques, baignant dans une ambiance nostalgique et un brin mélancolique. Puis, très vite, l’ambiance devient plus sombre, plus menaçante, avec l’apport de drones, de basses synthétiques et de samples divers et variés.

« Work Camp » reprend les formules habituelles d’ostinatos répétitifs de cordes, de percussions issues des banques de sons habituelles de Remote Control, de rythmes métronomiques simplistes et de cuivres massifs, sans aucune originalité particulière. Le thème est repris à 2:13 de manière plus percutante et dynamique, avec quelques accords majestueux, mais rien de follement passionnant là aussi dans le film. La poursuite dans le bus en 2017 (« Bus Ride ») permet à Balfe de nous offrir une musique d’action plus électro, dans laquelle les parties orchestrales, rachitiques, se limitent au traditionnel mélange cordes/cuivres, certaines parties instrumentales étant d’ailleurs clairement samplées, probablement dans le but de revenir au style synthétique des premiers travaux de Brad Fiedel sur les films de James Cameron. Le problème, c’est que rien ne semble avoir été fait ici pour hisser la musique à un niveau qualitatif décent. Lorne Balfe semble peu inspiré par le film qu’il met en musique, et cette paresse transparaît dans de nombreuses mesures de la partition, notamment lorsque le compositeur aligne les ostinatos paresseux de cordes à n’en plus finir et les rythmes à 4 temps métronomiques, mécaniques et ultra simplistes. Il y a pourtant de bons éléments, comme l’emploi du violon électrique au début de « Sarah & Kyle » qui marque le rapprochement dans le film des deux individus principaux de l’histoire, sur fond d’ostinato électrique entêtant, probablement l’un des plus beaux passages du score, une sorte de thème intimiste pour Sarah et Kyle, notamment avec l’emploi de pads synthétiques doux à partir de 2:19. Le thème de Sarah et Kyle est ensuite repris de façon poignante à 3:14 avec ces étranges sons métalliques et un sound design électro qui rappelle les années 90. Hélas, ce sont curieusement les morceaux d’action qui déçoivent ici, avec notamment la poursuite dans les rues entre Kyle et le T-1000 dans « Alley Confrontation » et ses percussions métalliques sur fond d’ostinatos de cordes agitées. Le travail de l’électronique devient plus pertinent dans « Sarah Kicks Ass » où l’on sent clairement la volonté de Lorne Balfe de revenir à l’esthétique musicale synthétique des années 80/90.

L’action s’intensifie dans le nerveux « Still After Us » et ses basses synthétiques entêtantes. A noter à 2:27 que Balfe développe clairement le son trash et menaçant des terminators. Dans « John Connor », le compositeur introduit un troisième thème, un thème héroïque et guerrier pour John Connor, symbolisant l’espoir et la force des résistants, même si le personnage passe cette fois-ci dans le clan ennemi pour ce cinquième opus. Le thème est introduit ici par une trompette sur fond d’ostinato mélodique répétitif, mais Balfe a tout de même le culot de singer le style mélodique d’un thème en particulier dans « Transformers », qui débute avec 4 notes assez similaires ! Il n’en demeure pas moins que « John Connor » est à coup sûr l’un des meilleurs morceaux du score de « Terminator Genisys », même si là aussi, niveau inspiration, le résultat est fort discutable. On appréciera la reprise poignante du thème de Brad Fiedel aux cordes dans « It’s Really Me », reprise délicate sur fond d’ostinatos entêtant des synthés, la partie centrale du score s’attachant à apporter un peu plus d’espoir et d’émotion au score (c’est d’ailleurs probablement la partie la plus réussie de toute la partition !). A ce sujet, on appréciera dans le film le retour du thème intimiste et mélancolique de Sarah et Kyle dans « Alcove » avec son violon électrique reconnaissable, tandis que le thème de John Connor est repris à la trompette dans « I Am More », où l’on devine que quelque chose ne tourne pas rond lorsque le thème cède très vite la place à un nouveau morceau d’action tonitruant, lorsque John révèle ses véritables intentions. Les 5 minutes intenses de « If You Love Me You Die » permettent à la partition de « Genisys » d’atteindre un premier climax émotionnel dramatique assez agréable mais sans grande originalité (pour la scène où Sarah demande à Kyle de ne pas tomber amoureux d’elle, car c’est impossible pour leur avenir), reprenant le thème principal par un violoncelle délicat, poignant et résigné, marquant les sentiments difficiles et torturés entre Sarah et Kyle. D’une façon générale, il s’agit des meilleurs moments du score, bien mis en valeur sur les images, reflétant les émotions des personnages de Jai Courtney et Emilia Clarke dans les meilleures scènes du film, le reste retombant dans un anonymat musical décevant.

La partie finale débute avec « Judgement Day » (où l’on retrouve les sons électroniques des terminators à 2:28), marquée par le retour poignant du thème de John Connor aux cordes dans « Family », et le combat final dans « Fight », l’ultime climax dramatique du film étant atteint dans le poignant « Sacrifice », dernier gros morceau d’action du score traversé de cordes tragiques et puissantes du plus bel effet, lorsque le Gardien se sacrifie pour anéantir John Connor à la fin du film. L’accalmie revient enfin dans les notes apaisantes de piano de « Guardianship », chacun pouvant enfin reprendre son destin en main et penser à l’avenir sans crainte d’un cataclysme mondial, comme le rappelle « What If I Can’t ? » qui reprend une dernière fois le très beau thème principal, juste avant le conclusif « Terminated », qui reprend le thème célèbre de Brad Fiedel dans une version 2015 assez magistrale pour le générique de fin du film, après la dernière phrase de Kyle Reese : « il y a une chose dont on est sûr en tout cas, c’est que le destin n’est pas écrit ». Au final, Lorne Balfe se contente du minimum syndical pour « Terminator Genisys » qui reste un score d’action plat et terne qui réussit enfin à trouver un second souffle dans les moments mélancoliques et dramatiques bien plus intéressants et maîtrisés, là où Balfe semble se planter sur les grandes lignes lorsqu’il recycle du sous « Transformers » pour les passages musclés et explosifs du film. Du coup, le score est complètement inégal et bancal, à l’image du film d’Alan Taylor, et l’on vient même à se demander si Christophe Beck n’aurait pas fait mieux sur le film. Toujours est-il que le score risque de diviser encore une fois les pros et les anti Remote Control, et malgré de bons moments et une utilisation réussie du thème de Brad Fiedel, le score déçoit surtout lorsqu’il donne l’impression d’avoir été écrit en pilotage automatique dans des morceaux d’action complètement interchangeables, fonctionnels et ultra prévisibles, alors que les moments plus lyriques et mélancoliques se distinguent très nettement du reste du score en apportant une vraie émotion aux images, pour un résultat finalement mi-figue mi-raisin et plutôt mitigé.




---Quentin Billard