1-The Agent Program 4.48
2-Car Chat 1.06
3-Katia's Theme 1.20
4-Point Blank 1.56
5-Flashbacks 1.48
6-47 Knocks 2.35
7-Night Swimming 1.05
8-Tube Tumble 4.13
9-The Powers of an Agent 2.03
10-Towel Talk 2.05
11-Sharp Dressed Manhunt 3.04
12-Sensing Father 3.32
13-Same As Me, Only Better 5.33
14-Botanical Gardens 4.26
15-Garage Escape 3.09
16-Sharp Questions 1.24
17-Harpooned 3.45
18-Look Out For The Choppa 3.41
19-Aftermath 3.41
20-Camera Shy 2.13

Musique  composée par:

Marco Beltrami

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1363

Album produit par:
Matt Verboys, MV Gerhard
Musique additionnelle de:
Miles Hankins, Wlad Marhuets,
Brandon Roberts, Ceiri Torjussen,
Marcus Trumpp

Orchestrations:
Mark Graham, Rossano Galante
Design électroacoustique:
Buck Sanders
Orchestre:
Deutsches Filmorchester Babelsberg
Conduit par:
Mark Graham

Artwork and pictures (c) 2015 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: **1/2
HITMAN : AGENT 47
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Marco Beltrami
« Hitman » est à l’origine une série de jeux vidéos d’action/infiltration conçue à l’origine pour PC puis très vite développée sur consoles GameCube, Playstation 2, Xbox, etc. Le jeu a ensuite été adapté une première fois au cinéma en 2007 sous la caméra du français Xavier Gens, film malheureusement massacré et édulcoré au montage, à redécouvrir sur DVD et Blu-Ray dans une version R beaucoup plus brutale et proche du montage d’origine de Gens. Une suite a été très rapidement envisagée, conçue à l’origine pour Paul Walker dans le rôle de l’agent 47. Mais le décès tragique de l’acteur en novembre 2013 obligea le studio à trouver son remplaçant, le rôle échouant finalement au britannique Rupert Friend, connu pour sa participation à des films tels que « Pride and Prejudice », « The Boy in the Striped Pyjamas » ou la série TV « Homeland ». Réalisé par Aleksander Bach, spécialiste des clips vidéo qui signe là son tout premier long-métrage pour le cinéma, « Hitman : Agent 47 » est un reboot du premier film et propose une nouvelle histoire différente dans un tout nouveau contexte. 47 (Rupert Friend) est un agent conçu selon le programme secret du Docteur Petr Litvenko (Ciaran Hinds), un généticien russe qui eut l’idée de concevoir des supers soldats génétiquement modifiés pour remplir de dangereuses missions secrètes pour le compte de l’ICA (International Contracts Agency). 47 est un tueur à gage qui travaille pour cette agence. Sa supérieure hiérarchique, Diana Burnwood (Angelababy), lui demande alors de retrouver Katia van Dees (Hannah Ware), la fille présumée de Litvenko, qui a disparut il y a longtemps. Mais un autre agent nommé John Smith (Zachary Quinto) recherche à son tour Katia et finit par la retrouver à Berlin, où elle recherche désespérément son père depuis plusieurs années elle aussi. John explique à Katia que l’agent 47 la recherche pour l’assassiner et qu’elle doit s’enfuir avec lui si elle espère survivre et retrouver son père. 47 les retrouve, affronte John et récupère alors Katia, laissant Smith sur place, présumé mort. Il dévoile alors à Katia qu’elle est aussi un agent connue sous le nom de 90, et qu’elle possède elle aussi des sens aigus au combat. Poursuivis par les soldats du Syndicat, une autre agence dirigée d’une main de fer par Antoine LeClerq (Thomas Kretschmann), et pour laquelle travaille John Smith (qui a survécu, car son corps a été génétiquement modifié pour repousser les balles), 47 et Katia/90 s’enfuient à nouveau en direction de Singapore, où se cache Litvenko depuis le début.

« Hitman : Agent 47 » reprend dans ses grandes lignes le scénario du premier jeu « Hitman : Codename 47 » (2000) et de ses suites sortis quelques années après, pour nous offrir un script teinté de manipulations, de rebondissements, de fusillades, de bagarres, de courses poursuites et de règlements de compte musclés. Sans surprise, le film reste dans la lignée de son prédécesseur, avec sa dose d’ultra violence façon « John Wick » ou « Dredd » et ces scènes d’action frénétiques et techniquement irréprochables. Rupert Friend campe un agent 47 froid, dur et à la hauteur du personnage précédemment interprété par Timothy Olyphant, avec à ses côtés l’indispensable Zachary Quinto qui campe un tueur manipulateur et impossible à arrêter, et quelques bons seconds rôles reconnaissables (l’allemand Thomas Kretschmann, éternel abonné aux personnages de crapules sans âme, Ciaran Hinds, Hannah Ware, Angelababy ou le vétéran Jürgen Prochnow). Si les quelques rebondissements qui émanent le scénario s’avèrent réussis bien que sans surprise particulière, le film déçoit par sa réalisation terne qui n’arrive pas à la cheville des jeux originaux et tente de lever trop vite le voile sur les mystères des origines de 47, là où les jeux étaient plus subtils dans leur manière d’apporter au fur et à mesure des indices sur la réelle identité de l’agent. Dès lors, comme son prédécesseur, le film échoue dans la catégorie de la série-B d’action hollywoodienne avec un personnage principal à côté de la plaque (dans le jeu, 47 se fait toujours discret pour accomplir ses missions, ici, il tire sur tout ce qui bouge quitte à rameuter toute la population d’un quartier entier !), et ce malgré un rythme sans temps mort et une assez bonne histoire que les critiques ont très souvent rapproché de « Terminator » (le héros tueur qui retrouve la fille et tente de la sauver d’un autre personnage tueur qui cherche à l’exécuter), malgré plusieurs incohérences. Les fans de la saga « Hitman » préféreront sans aucun doute se rabattre sur les jeux d’origine, qu’Hollywood malmène depuis deux films tout à fait dispensables !

La musique de « Hitman : Agent 47 » permet à Marco Beltrami de signer un nouveau score d’action dans la lignée de « The November Man », « xXx 2 » ou « Max Payne ». Sans surprise, le score va directement là où on l’attend, mélange l’orchestre et l’électronique comme on entend régulièrement à Hollywood sur les thrillers et les films d’action modernes, envahis de sonorités à la Hans Zimmer/Remote Control. Le film débute au son du thème principal, motif de 7 notes mystérieux porté par des accords efficaces, dévoilés dans « Point Blank » avec son lot de cuivres, de loops électro/techno modernes et de synthétiseurs. Beltrami travaille particulièrement ici l’électronique, reléguant l’orchestre au second plan, tout comme le premier morceau d’action en ouverture du film, « The Agent Program », constitué d’une déferlante de percussions, de pads de synthé et de cordes survoltées et de cuivres musclés. Pas de surprise particulière, Beltrami fait ce qu’on attend de lui, point à la ligne, mais son professionnalisme se reconnaît à chaque mesure. Le second thème est celui de Katia. Le « Katia’s Theme », plus intime et mélancolique, évoque la quête de la femme pour retrouver son père disparu depuis des années. Le thème est ici confié à un clavier nostalgique sur fond de cordes plus chaleureuses, permettant de contrebalancer l’aspect plus agressif et sombre du reste du score. Le thème principal de l’agent 47 revient dans « The Powers of an Agent » où les loops électro se multiplient de façon expérimentale tandis que la partie orchestrale, limitée aux cordes et aux cuivres, fait monter progressivement la tension. On regrettera simplement l’omniprésence des éléments électroniques qui tendent à envahir la partition, y compris dans des moments où ils ne sont pas forcément nécessaires dans le film (« Flashbacks »).

« Tube Tumble » évoque les exploits musclés et violents de 47 à travers une nouvelle montée de suspense nerveux et une déferlante d’action à l’aide de loops, pads électro et rythmes technoïdes martelés avec l’orchestre allemand du Deutsches Filmorchester Babelsberg. A noter ici quelques très bonnes parties orchestrales reprenant le thème principal de manière plus frénétique et excitante pour une énième scène de combat/fusillade du film. « Sharp Dressed Manhunt » fait monter la sauce avec un énième déchaînement électro-orchestral viril et belliqueux évoquant la violence des combats, mais sans grand éclat particulier - les parties électroniques, trop présentes, écrasent complètement les parties orchestrales, finalement rachitiques dans ces moments là, fait regrettable quand on sait que Beltrami est pourtant capable de faire bien mieux qu’un simple ersatz du son lourdingue des musiques d’action modernes de Remote Control – Heureusement, il y a les moments plus calmes comme le mélancolique « Towel Talk » et son piano électrique solitaire et rêveur, ou le violoncelle plus sensible et lyrique de « Night Swimming » accompagné d’une très belle partie de piano (probablement l’un des plus beaux passages du score). L’action reprend pourtant très vite le dessus avec « Same As Me, Only Better » où Beltrami évoque la traque orchestrée par John Smith, accompagnée de rappels du thème principal, sans oublier « Camera Shy » et ses superbes variations électro autour du thème.

On retrouve des variations réussies du thème de Katia dans « Sharp Questions » ou dans le dramatique « Botanical Gardens » marquant les retrouvailles entre Katia et son père, mais curieusement, ce sont les morceaux d’action qui déçoivent le plus ici, étant donné leur caractère fonctionnel et l’emploi de ce gros son ‘Remote Control’ très à la mode, alors qu’on a déjà connu un Beltrami action plus personnel et plus fougueux. « Garage Escape » propulse à nouveau l’action au devant de la scène pour la poursuite avec les soldats du Syndicat. Idem pour la confrontation finale contre John Smith et le Syndicat dans « Harpooned » (à noter la superbe reprise puissante du thème principal à la fin du morceau) et « Look Out for the Choppa ». Marco Beltrami se contente donc du minimum syndical sur « Hitman : Agent 47 », et bien que le score remplisse parfaitement le cahier des charges dans le film, le résultat, très fonctionnel, est bien en dessous de ce que le compositeur est réellement capable de faire dans le domaine. Restent quelques moments intimes très réussis et un excellent thème principal assez fun et bien développé tout au long du film, une maigre consolation pour ce score d’action ultra conventionnel qu’on risque d’oublier assez rapidement.




---Quentin Billard