1-Bundle of Joy 2.48
2-Team Building 2.18
3-Nomanisone Island/National Movers 4.20
4-Overcoming Sadness 0.51
5-Free Skating 0.59
6-First Day of School 2.02
7-Riled Up 1.02
8-Goofball No Longer 1.11
9-Memory Lanes 1.22
10-The Forgetters 0.50
11-Chasing the Pink Panther 1.55
12-Abstract Thought 1.47
13-Imagination Land 1.25
14-Down in the Dumps 1.47
15-Dream Productions 1.43
16-Dream a Little Nightmare 1.50
17-The Subconscious Basement 2.01
18-Escaping the Subconscious 2.09
19-We Can Still Stop Her 2.54
20-Tears of Joy 2.39
21-Rainbow Flyer 2.58
22-Chasing Down Sadness 1.45
23-Joy Turns to Sadness/
A Growing Personality 7.49
24-The Joy of Credits 8.18**

Bonus Track:

25-Lava 5.46*

*Interprété par Kuana Torres Kahele
et Napua Makua
Ecrit par James Ford Murphy
**Inclus "TripleDent Gum Jingle"
Musique d'Andrea Datzman
Paroles de Pete Docter et
Bob Peterson.

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Walt Disney Records D002064702

Producteur exécutif musique:
Chris Montan
Supervision musique:
Tom MacDougall
Score orchestré et conduit par:
Tim Simonec
Orchestrations additionnelles:
Peter Boyer, Brad Dechter,
Mark Gasbarro, Norman Ludwin,
Cameron Patrick, Marshall Bowen,
Jeffrey Kryka

Montage musique:
Stephen M. Davis
Enregistrement et mixage:
Joel Iwataki
Coordination score:
Andrea Datzman
Production musique et
directeur exécutif:
Andrew Page
Music business affairs:
Scott Holtzman, Don Welty
Manager, production musique:
Ashley Chafin
Assistant exécutif musique:
Jill Heffley
Assistant production musique:
Jimmy Tsai
Préparation musique:
Booker White
Design instrument samplé:
Samuel Estes
Superviseur post production:
Paul Cichocki

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 2015 Disney Enterprises, Inc/Pixar Disney. All rights reserved.

Note: ***1/2
INSIDE OUT
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
Pour son quinzième long-métrage d’animation, Pixar produit et sort en 2015 « Inside Out » (Vice Versa), réalisé par Pete Docter et Ronnie del Carmen. Animé en 3D, « Inside Out » repose entièrement sur un concept assez inédit au cinéma : personnifier les émotions humaines à travers des personnages : la colère, la joie, la tristesse, le dégoût et la peur. L’histoire est vue à travers les yeux de Riley, une jeune fille de 11 ans qui doit quitter sa ville natale du Minnesota pour s’installer avec ses parents à San Francisco, à cause du nouveau travail de son père. Essayant de s’habituer à cette nouvelle, Riley est guidée par ses cinq émotions, présentes chacune dans le Quartier cérébral, le centre de contrôle de l’esprit de la jeune fille, qui la guident et lui donnent des conseils tous les jours de sa vie. Dans l’histoire, les souvenirs de Riley sont représentés par des boules de couleurs différentes en fonction des émotions – le jaune pour la joie, le violet pour la peur, le rouge pour la colère, le vert pour le dégoût et le bleu pour la tristesse - Un jour, Tristesse et Joie se disputent au sujet de l’un de ces souvenirs, et ils se retrouvent alors accidentellement expulsés du Quartier cérébral, laissant Riley seule avec dégoût, colère et peur. Pour rétablir les choses et aider Riley à prendre les bonnes décisions dans sa vie, Tristesse et Joie doivent envisager de collaborer ensemble en parcourant l’immensité de l’esprit de la jeune fille pour rejoindre à nouveau le Quartier cérébral et rétablir la situation livrée au chaos à cause des agissements de colère, peur et dégoût.

« Inside Out » est un film d’animation 3D rafraîchissant, attachant et original. En personnifiant les cinq grandes émotions humaines par différents personnages affublés d’une couleur particulière, Pete Docter et son complice Ronnie del Carmen évoque de manière métaphorique le passage difficile de l’enfance à l’adolescence, avec son lot de doutes, de tourments, et ces premières grandes interrogations sur l’existence et les choix qui forgeront notre personnalité en pleine construction. Le film aborde aussi le thème des souvenirs comment base de notre personnalité, et la manière dont on s’accommode avec eux (ou pas) pour la suite de notre existence, ainsi que la manière dont nos émotions influent sur notre relation aux autres. Tous ces thèmes très sérieux forment la base de la psychologie humaine et offrent un vaste terrain d’idées aux deux réalisateurs de Pixar, qui jouent là dessus pour nous offrir un spectacle coloré, énergique et dynamique, avec ces gags amusants, ces idées visuelles très rafraîchissantes et ces vrais moments d’émotion pure – la scène où Bing Bong, l’ami d’enfance imaginaire de Riley, tombe dans le néant, est incroyablement bouleversante et poignante pour un Pixar – Autre idée de génie : représenter l’esprit de la jeune fille comme une sorte de gigantesque pays contenant différentes régions : la mémoire à long terme, le pays de l’imagination, la production des rêves, etc. Maniant la métaphore comme outil narratif et visuel, « Inside Out » passe du rire aux larmes avec une justesse de ton extraordinaire et une galerie personnages très attachants, un petit chef-d’oeuvre d’animation moderne bien plus ambitieux qu’il n’y paraît, récompensé par l’Oscar du meilleur film d’animation en 2016.

Que serait un film d’animation Pixar sans une splendide partition de Michael Giacchino ? C’est la seconde fois que le compositeur retrouve Pete Docter après l’inoubliable « Up » en 2009, alors que Giacchino débuta sa collaboration avec Pixar en 2004 sur « The Incredibles » de Brad Bird, suivi de « Ratatouille » de Brad Bird et Jan Pinkava en 2007, « Up » en 2009 et « Cars 2 » de John Lasseter et Brad Lewis en 2011. La nouvelle partition de Michael Giacchino pour « Inside Out » est à l’instar du film une petite réussite rafraîchissante et profondément attachante, qui repose elle aussi sur l’idée de la personnification des émotions et des différentes péripéties à l’intérieur de l’esprit de la petite Riley. Le film débute au son du thème principal, jolie mélodie gracieuse et légère de piano, accompagnée de sonorités cristallines évoquant l’esprit de Riley – harpe, synthétiseurs new age – On note d’ailleurs ici l’emploi très réussi de l’électronique qui crée une ambiance particulière et assez surréaliste, tandis que les cordes amènent une certaine tendresse à cette introduction tout en douceur, minimaliste et très épurée. Quand au thème principal, il reste très clairement associé tout au long du film à la petite Riley et à ses émotions. « Team Building » débute ensuite avec un solo de tuba assez amusant, puis très vite, Giacchino évoque le travail mouvementé des cinq émotions dans le Quartier cérébral à l’aide de couleurs instrumentales diverses : guitares, piano, basse électrique, bois, cordes, synthé, batterie, etc. On notera ici aussi le retour des sonorités électroniques cristallines, un choix intéressant qui apporte une véritable signature musicale à la partition de « Inside Out ». Giacchino en profite pour varier les ambiances et les styles, suivant les différentes péripéties du film, avec une fraîcheur et une inspiration constante.

Ainsi, « Nomanisone Island/National Movers » évoque le déménagement de la petite Riley, avec les guitares pop, des cordes plus chaleureuses accompagnées d’un piano qui nous présente ici un autre thème majeur du score, le thème de la famille, poétique, exaltant, nostalgique et de toute beauté, certainement le plus beau thème de toute la partition de « Inside Out ». On notera ici aussi le rôle de l’électronique, discret, mais utilisé adroitement pour apporter une couleur sonore particulière et plus personnelle au score, comme dans la façon dont Giacchino a ajouté adroitement une sorte de réverbération intéressante sur le piano. Giacchino s’amuse, et cela fait véritablement plaisir à entendre. Dans « Overcoming Sadness », le compositeur évoque la tristesse de la petite Riley, qui se sent loin de chez elle dans sa nouvelle maison, mais plutôt que de céder au mélodrame, Giacchino opte ici pour une approche plus énergique et rafraîchissante, sous la forme d’une petite valse à base de pizz, guitare, piano et clarinette sur fond de synthé. Inventif, le compositeur n’hésite donc pas à multiplier les styles et les ambiances pour parvenir à ses fins. Et c’est avec plaisir que l’on retrouve le thème principal de Riley dans « Free Skating », avec toujours ces sonorités électroniques cristallines si reconnaissables. « First Day of School » reprend la même mélodie mais dans un registre plus exubérant, alors que la petite fille entame son premier jour dans sa nouvelle école. Le thème est repris ici dans un arrangement plus énergique et rythmé, rappelant clairement les styles de « Ratatouille » et « Up ». A noter que le thème un brin pataud et nonchalant de la tristesse, associé au tuba dès le début de « Team Building », est repris sous la forme de cette petite valse brève dans « Overcoming Sadness ».

Giacchino joue ici la carte de la fantaisie et de la légèreté avec une rare dextérité, comme le confirme l’amusant « Riled Up », où les émotions s’organisent dans le Quartier cérébral sur fond de rythme militaire parodique. Les choses se corsent avec « Goofball No Longer », lorsque Tristesse et Joie perdent par inadvertance l’une des boules-souvenir de Riley. La musique vire brièvement à l’action avec des cordes plus agitées et rythmées typiques du Giacchino action de « Mission : Impossible 3 » ou « Star Trek ». L’idée des souvenirs est alors évoquée dans « Memory Lanes », avec toujours les mêmes éléments instruments/sonores reconnaissables, et l’emploi ici d’un accordéon (samplé). « The Forgetters » apporte quand à lui un brin d’humour avec un bref passage jazzy rétro dominé par la section rythmique, le vibraphone et les étranges sons cristallins des synthétiseurs. Puis, l’aventure dans les différentes sections de l’esprit de Riley commence pour Tristesse et Joie avec « Chasing the Pink Elephant », où les deux émotions cherchent à rattraper Bing Bong, l’éléphant rose et ami imaginaire de Riley. Giacchino en profite pour dévoiler ici un nouveau thème associé à Bing Bong et aux souvenirs d’enfance de la petite fille. Giacchino nous délivre ici une musique quasi enfantine et amusante dominée par un rythme dansant et des flûtes à bec associées (comme souvent) au souvenir d’enfance de Riley. A l’inverse, « Abstract Thought » se veut plus nuancé pour évoquer l’un des souvenirs abstraits de la petite fille. Giacchino expérimente ici autour de l’orchestre et d’un mélange d’instruments éclectiques (à noter le saxophone soliste totalement déjanté) avec une inventivité constante, un bref morceau d’action exubérant et ultra fantaisiste, calqué sur ce que faisait Danny Elfman chez Tim Burton dans les années 80.

On retrouve avec plaisir le thème enfantin de Bing Bong dans « Imagination Land » où Giacchino se fait à nouveau plaisir, lorsque Tristesse, Joie et l’ami d’enfance de Riley arrivent ensemble au pays de l’imagination. Le morceau développe les idées de « Chasing the Pink Elephant » avec toujours cette même exubérance et cette fantaisie naïve et un peu enfantine, tout à fait rafraîchissante. En revanche, « Down in the Dumps » évoque la gigantesque crevasse où les souvenirs tombent dans le néant, pour l’un des premiers moments d’émotion fort du film : la scène où Joie et Bing Bong tombent dans la décharge des souvenirs. Dans « Dream Productions », on retrouve l’ambiance enjouée et enfantine de « Imagination Land », avec davantage de joie et d’optimisme sur fond de rythmes bondissants et sautillants pour la scène de l’arrivée à l’usine de production des rêves, morceau rétro calqué sur le style de certaines musiques américaines de Broadway des années 30/40 (incluant un orgue hammond parmi les solistes). L’exubérance orchestrale et les accents jazzy de « Dream A Little Nightmare » semblent en dire long sur la suite des événements : ici aussi, Giacchino nous offre un pur délire instrumental et fantaisiste dans les derniers instants de la scène du cauchemar, et si la musique devient un brin plus sombre et dramatique avec « The Subconscious Basement » et « Escaping the Subconscious », « We Can Still Stop Her » développe adroitement un motif d’action introduit ici par un piano, ostinato mélodique aux accents curieusement baroques (on croirait entendre le début d’un thème de Jean-Sébastien Bach), pour un morceau plus nerveux marquant la détermination de Tristesse et Joie à rejoindre le Quartier cérébral par tous les moyens.

Le thème familial revient au piano dans « Tears of Joy », pour l’un des plus beaux morceaux du score de « Inside Out », durant lequel Giacchino reprend la mélodie jouée ici lentement et avec une infime pudeur tout à fait poignante, alors que Riley s’éloigne petit à petit de sa famille à cause de l’absence de Joie et que cette dernière commence à regretter ses compagnons. « Rainbow Flyer » évoque alors l’évasion de Joie et Tristesse, et le grand climax d’émotion du film, la scène – inoubliable - où Bing Bong se sacrifie en se jetant dans le néant pour permettre à Joie et Tristesse de s’échapper. Dès lors, Riley oublie le souvenir de son ami d’enfance, au son de quelques mesures très pudiques et d’une mélancolie très douce et extrêmement poignante dans le film (dès 2:02), l’un des moments fort de « Inside Out ». « Chasing Down Sadness » reprend quand à lui le motif d’action baroque de « We Can Still Stop Her », auquel vient s’ajouter une trompette piccolo qui n’est pas sans rappeler certaines musiques d’Ennio Morricone. Enfin, l’aventure touche à sa fin dans « Joy Turns To Sadness/A Growing Personality », où l’optimisme revient enfin, Tristesse reprenant le dessus avec la console de contrôle des émotions, incitant Riley à revenir chez ses parents, où elle a tenté de s’enfuir en emportant la carte de crédit de sa mère. Les choses rentrent enfin dans l’ordre, ce que Giacchino nous signifie parfaitement ici en évoluant à travers différentes émotions très épurées mais incroyablement justes et touchantes. C’est donc avec plaisir que l’on retrouve le thème principal au piano dès 4:41 et le thème familial dès 5:38, comme au début du film, la boucle étant bouclée, avant le récapitulatif plaisant du générique de fin (« The Joy of Credits »), qui reprend les grandes lignes directrices du score pendant plus de 8 minutes.

Ainsi donc, Michael Giacchino signe une partition riche, vive et colorée pour « Inside Out », un score qui aborde les émotions avec une délicatesse et une inventivité constante. Fourmillant d’idées musicales malicieuses et agréables, le score est une déferlante d’émotions constante, jamais appuyées dans le film mais toujours suggérées avec une incroyable pudeur et une délicatesse typique de Michael Giacchino. A l’instar de la petite Riley, la musique évolue tout au long de son aventure, passant de la joie à la tristesse ou aux moments de doute ou de colère et de crainte. La musique reflète aussi bien les personnages du film que ces différentes émotions que ressent Riley tout au long du récit, et pour Giacchino, c’est l’occasion de varier les styles et les idées sonores/instrumentales, sans oublier l’apport indispensable des mélodies et des thèmes, axes majeurs de la partition de « Inside Out », très présents tout au long du récit. Si la partition de Giacchino n’atteint pas les sommets (inégalés) de « Ratatouille », elle a au moins le mérite de montrer la fraîcheur des idées d’un compositeur pleinement inspiré par son sujet, qui se fait plaisir tout au long du film et nous offre un score de toute beauté, tour à tour émouvant et exaltant. « Inside Out », c’est donc une véritable montagne russe d’émotions, écrit avec délicatesse et intelligence, une vraie réussite à rajouter au palmarès de Michael Giacchino, qui, décidément, confirme avec cette partition qui reste plus que jamais l’un des meilleurs compositeurs hollywoodiens d’aujourd’hui !



---Quentin Billard