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1-The Loft Main Titles 1.55
2-Vincent Sees The Body 1.50 3-Luke Interrogated 1.14 4-Chris & Marty Sees Sarah Dead 2.15 5-Ann Meets Chris 1.44 6-Fatum Nos Lungebit 1.16 7-Filip Gets A Key 1.15 8-Ann Comes On To Chris 1.14 9-Marty Says Too Much 1.03 10-Sarah's Pain 3.57 11-Buzzer! 1.57 12-Filip Raped The Whore 3.26 13-Casino Night Part 1 5.22 14-Casino Night Part 2 1.17 15-The Video 3.25 16-Slash 1.44 17-Vincent Accused 2.09 18-Luke and Sarah 1.48 19-The Confession Part 1 1.27 20-The Confession Part 2 3.26 21-Be A Friend 1.14 22-The Loft End Credits 1.55 Musique composée par: John Frizzell Editeur: Varèse Sarabande 302 067 303 8 Produit par: John Frizzell Producteur exécutif: Robert Townson Orchestrations: Andrew Kinney, Thomas Parisch, Haim Mazar, Larry Rench Score enregistré avec le: Macedonian Radio Symphonic Orchestra Score mixé par: Frederik Wiedmann Orchestre dirigé par: Oleg Kondratenko Score co-produit par: Schuyler Johnson Monteur musique: Brian Richards Supervision musique: Laura Katz Directeur superviseur musique: Andy Ross Producteur exécutif musique: Philip Moross Music business & legal executive: Charles M. Barsamian Services musicaux: Cutting Edge Artwork and pictures (c) 2014 Open Road Films, LLC. All rights reserved. Note: *** |
THE LOFT
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by John Frizzell
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« The Loft » est le remake américain du film éponyme belge d’Erik Van Looy sorti en 2008. Chose assez rare : c’est Van Looy lui-même qui se charge de réaliser l’adaptation hollywoodienne de son propre film, sorti en salles en 2014. Autre élément curieux : il s’agit du deuxième remake de « Loft », puisqu’une version hollandais réalisée par Antoinette Beumer était déjà sortie en salles en 2010. L’histoire de « The Loft » est similaire au film d’origine : on y suit les mésaventures de cinq individus mariés qui décident de tromper leurs femmes dans un loft secret. Vincent (Karl Urban), Luke (Wentworth Miller), Chris (James Marsden), Marty (Eric Stoenstreet) et Filip (Matthias Schoenaerts) sont mariés tous les cinq et décident un jour d’utiliser chacun à leur tour le loft pour y rencontrer leurs maîtresses respectives dans le building construit par Vincent, architecte et concepteur du bâtiment en question. Une seule règle à respecter : chacun doit garder sa propre clé et ne jamais parler du loft à quiconque. Tout bascule le jour où les cinq individus découvrent dans le lit le corps d’une jeune femme nue nommée Sarah Deakins (Isabel Lucas). Vincent, Luke et Marty connaissaient la jeune femme, qui est devenue la maîtresse de Vincent et menaçait de tout raconter à sa femme s’il ne rompait pas définitivement avec elle. Luke persuada finalement Sarah de ne rien dire, mais cette dernière tenta ensuite de se suicider en avalant des comprimés avec du champagne après avoir laissé un mot d’adieu. Luke est le premier à découvrir le cadavre dans le loft – avec une étrange inscription en latin sur le mur, écrit avec du sang - et décide d’alerter rapidement les autres. Paniqués, les cinq individus doivent désormais trouver une solution et se constituer rapidement un alibi pour la police tout en réfléchissant à ce qu’ils vont bien pouvoir faire du corps de Sarah. Luke leur apprend alors qu’il filmait en secret leurs ébats amoureux depuis le début et révèle des enregistrements où l’on peut voir Vincent coucher avec des femmes que les quatre autres individus connaissent (Mimi, la femme de Marty, la jeune soeur de Chris, la soeur de Filip, etc.). Dès lors, Vincent devient la cible à abattre des quatre autres hommes, mais les choses semblent pourtant plus compliquées qu’elles n’y paraissent. Interrogé par la police, Vincent n’arrive pas à prouver son innocence et les autres DVD des quatre individus sont désormais manquants, ainsi que la note du suicide de Sarah. Relâché par la police, Chris apprend par le biais de l’inspecteur Huggins (Kristin Lehman) que Vincent est finalement condamné pour meurtre, mais l’affaire lui semble louche et trop rapidement expédiée, d’autant que certains éléments ne collent pas et semblent indiquer que quelqu’un parmi eux tire les ficelles depuis le début.
« The Loft » est au final un huis-clos haletant au scénario alambiqué parsemé de rebondissements, jouant la carte de la tension psychologique entre manipulation, paranoïa, faux semblants et jeu de dupe, une vraie intrigue hitchcockienne sur fond de meurtre, d’érotisme, d’adultère et de secret. Erik Van Looy tente de refaire une deuxième fois son thriller de 2008 avec un peu plus de moyens et un casting U.S. plutôt intéressant (Karl Urban, Wentworth Miller, James Marsden, Rhona Mitra, Rachael Taylor, etc.), mais l’effet de surprise n’est plus là, et le scénario, à base de flash-backs, reste assez complexe et tortueux mais ne parvient pas pour autant à rehausser le niveau d’un film impersonnel et lisse qui finit par ressembler à un téléfilm. Malgré tout, le suspense est très présent, les rebondissements et les coups de théâtre sont bien amenés et le casting fonctionne plutôt correctement (Matthias Schoenaerts reprend le même rôle que dans le « Loft » de 2008), même si l’ambiance paraît moins glauque et plus terne que celle du film de 2008 – on s’attendait à ce que Van Looy aille plus loin dans l’atmosphère d’adultère et de meurtre, mais au final, cela reste très propre et très hollywoodien d’esprit – Idem pour l’ambiance érotique, pourtant très présente dans le film belge original mais finalement largement édulcorée ici (production U.S. oblige !), ce qui confirme encore une fois qu’Erik Van Looy n’a pas vraiment eu son mot à dire sur ce film de commande, qui tente de surfer sur le succès commercial du métrage original, en vain – « The Loft » se vautrera finalement au box-office 2014, rapportant à peine 10 millions de dollars alors que le film en a coûté 14 – Du coup, on en vient à se demander s’il était bien judicieux de réaliser un remake de ce thriller érotique, car passé le simple constat de l’inévitable redite du postulat d’origine, on comprend surtout que « The Loft » a été conçu à la va-vite, dans un but purement commercial et sans éclat particulier. C’est bien dommage, car avec une intrigue aussi bonne et prenante, il y avait pourtant matière à faire un vrai thriller hitchcockien dans la plus pure tradition du genre. On regretterait presque que le film n’ait pas été confié à des cinéastes plus sulfureux comme Paul Verhoeven ou Brian De Palma ! C’est John Frizzell qui se charge de la musique de « The Loft », le compositeur étant surtout connu pour ses musiques à suspense horrifiques pour « Alien Resurrection », « Ghost Ship », « Thirteen Ghosts » ou « Stay Alive ». Plus récemment, le compositeur s’est surtout illustré sur des thrillers divers tels que « The Lodge » (2009), « Whiteout » (2009), « Shelter » (2010) ou « The Roommate » (2011). Frizzell était donc par conséquent le choix idéal pour faire la musique de « The Loft », après deux scores écrits par le compositeur allemand Wolfram De Marco pour le film de 2008 et le remake de 2010. Enregistrée avec l’orchestre du Macedonian Radio Symphonic Orchestra au studio FAME’s Project basé à Skopje Macédoine, le score de « The Loft » est un mélange traditionnel d’orchestrations conventionnelles et d’ambiances sonores électroniques, qui viennent renforcer la tension et l’atmosphère de huis-clos du film. « The Loft Main Titles » pose le ton avec le thème principal, plus rythmique que réellement mélodique, reconnaissable à ses accords sombres et mystérieux de cordes staccatos sur fond de ponctuations de timbales et de rythmique synthétique entêtante. On y retrouve ici une esthétique sonore proche de ce que Frizzell avait déjà fait sur « Whiteout », avec cette ouverture qui rappellerait presque Bernard Herrmann (dans la manière de faire jouer les cordes). Mais si cette ouverture s’avère plutôt rythmée et énergique, le reste du score s’oriente davantage vers de l’atmosphérique pur avec un mélange de cordes sombres, de sonorités graves et de nappes synthétiques et autres loops divers. C’est notamment le cas dans l’inquiétant « Vincent Sees the Body » où l’on retrouve des cordes nerveuses de l’ouverture, lorsque les cinq individus découvrent le cadavre de Sarah dans le loft. « Luke Interrogated » privilégie à son tour le suspense avec des cordes menaçantes et des nappes sonores lugubres. La musique s’oriente très rapidement vers une atmosphère psychologique tendue dans « Chris & Marty See Sarah Dead », où Frizzell expérimente autour des sons des cordes en alternant entre les sons live et des samples modifiés par traitement audio, notamment dans le jeu des altos et des violoncelles, et toujours ces montées nerveuses des cordes staccatos qui renforcent la tension lors de la découverte du corps de Sarah et les nombreuses questions qui se bousculent dans l’esprit des cinq hommes (que vont-ils faire maintenant ? Qui a tué Sarah ? Pourquoi dans le loft ? Que signifie le message ensanglanté sur le mur ?). La musique devient plus intime dans « Ann Meets Chris » avec l’emploi de clavier et de cordes, avec ici aussi une large place accordée aux effets synthétiques et au traitement audio des sons (à noter par exemple la façon dont Frizzell travaille l’enveloppe et la fréquence des sons, à la manière de certains spécialistes de l’électro comme Cliff Martinez ou Jeff Rona). Néanmoins, force est de constater que les ambiances sonores de la musique de « The Loft » tournent rapidement en rond, comme le confirme « Fatum Nos Lungebit », qui reprend les mêmes samples et idées que « Chris & Marty See Sarah Dead ». Du coup, une sorte routine semble s’installer rapidement ici, à partir de « Filip Gets a Key », où le score se répète dangereusement, de façon assez mécanique, jusqu’au coup de théâtre final. Il y a un semblant d’émotion dans le mélancolique et amer « Ann Comes on to Chris », mais très vite, la routine reprend rapidement le dessus avec « Marty Says Too Much » et son traitement des cordes similaire à tout ce que l’on a entendu depuis le début du film. A noter néanmoins ici quelques montées de tension plus nerveuses qui semblent indiquer que les choses vont se dégrader dans les minutes à venir. Un deuxième thème, constitué d’une mélodie de 6 notes, se met en place dès « Ann Meets Chris », thème mélancolique et solitaire associé à l’énigme du meurtre de Sarah dans le film et aux différents personnages qui gravitent autour d’elle dans l’histoire. Le thème est repris dans « Sarah’s Pain » où l’on retrouve ces cordes aux sonorités modifiées, l’idée du secret, des souffrances enfouies et des faux semblants étant largement véhiculée ici par l’aspect lointain du mixage des sons, un effet sonore intéressant et très largement développé tout au long du film. Le fait que la musique fasse ainsi de perpétuels vas et viens entre les samples distants et les sons des cordes de l’orchestre semble renforcer l’impression des allers-retours du film entre les flash-backs du passé (les soins lointains) et le temps présent (les cordes live), un concept brillamment exploité ici par John Frizzell tout au long du récit. On apprécie la mélancolie torturée et sombre de « Sarah’s Pain », évoquant son amour impossible pour Vincent et son suicide en guise de représailles, une jolie réussite au sein d’un score à suspense somme toute assez banal et fonctionnel. On appréciera aussi le travail autour des cordes samplées dans « Buzzer ! » qui rappellerait presque par moment les « Dark Knight » d’Hans Zimmer dans l’approche sonore plus conceptuelle et expérimentale des samples. « Filip Raped the Whore » renforce l’atmosphère dramatique et morose de la partition avec des harmonies de cordes empreintes d’une certaine tristesse reflétant la tragédie au coeur même de l’histoire de ces cinq individus. Les rythmes reviennent enfin sur le devant de la scène dans « Casino Night » qui reprend le thème principal de l’ouverture dans une variante nerveuse dominée par des cordes staccatos et des timbales, le tout dans une certaine économie de moyens et des orchestrations très « herrmannienes » (très peu de cuivres, peu de percussions et pas de bois). « Slash » semble apporter un premier climax de tension pour l’un des rares passages assez intenses dans le film, tandis que « Luke and Sarah » développe à nouveau des harmonies mélancoliques, dramatiques et torturées associées cette fois-ci aux sentiments tourmentées de Luke pour Sarah, sentiments non réciproques, ce qui va profondément affecter Luke. Les confessions se font alors au son des deux parties intenses de « The Confession », où l’on retrouve ces sonorités torturées et moroses, la tension montant crescendo durant la deuxième partie, plus agressive grâce à ces rythmiques électroniques et ces cordes staccatos aiguisées comme des lames de rasoir, pour la scène où Chris découvre la vérité sur la mort de Sarah. Enfin, « Be A Friend » reprend les harmonies du thème principal dans une variante plus apaisée et mélancolique, où l’on devine malgré tout cette noirceur psychologique, à l’issue du terrible périple des cinq individus à la toute fin du film, dont personne ne ressortira indemne (ou presque). Enfin, « The Loft End Credits » reprend une dernière fois le thème de Sarah dans une version plus apaisée avec des cordes des synthés plus déterminés, une page se tournant après cette aventure sombre et mouvementée. John Frizzell signe donc un score de suspense psychologique assez dense pour « The Loft », sans grande originalité ni parti pris particulier, en dehors du traitement des sons des cordes juxtaposées aux cordes live de l’orchestre macédonien. En alternant ainsi entre l’acoustique et l’artificiel, Frizzell renforce habilement la structure narrative du film (flash-backs et temps présent) et brouille les pistes jusqu’aux confessions finales du meurtrier. Malgré la froideur apparente de la musique et son caractère un peu terne et routinier, on devine une émotion profondément torturée et résignée dans le superbe « Sarah’s Pain », où les douleurs enfouies surgissent de l’obscurité, pour ce qui reste le meilleur morceau du score de « The Loft ». Au final, cette nouvelle partition de John Frizzell risque fort de refroidir les fans des musiques horrifiques habituelles du compositeur, qui joue ici la carte du minimalisme, de l’expérimentation sonore et du suspense psychologique pour parvenir à ses fins, un score thriller plutôt routinier et peu passionnant à la première écoute, mais qui révèle malgré tout des nuances et des détails intéressants dans le film comme sur l’album, détails qui ne se révèleront qu’aux auditeurs les plus attentifs, un vrai travail sur la forme et le fond (notamment au niveau des deux thèmes du score, développés de façon subtile à certains endroits) que l’on aurait pourtant aimé plus prononcé, plus audacieux et avec un peu plus de folie dans le film, « The Loft » restant finalement un score mineur dans la filmographie du compositeur américain. ---Quentin Billard |