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1-The Witching Hour 4.31
2-Opening Credits 2.31 3-Healing/Aldys in Closet 1.24 4-Love Montage 1.52 5-Pursuit 3.34 6-Aldys Follows/Phone Search 2.14 7-Bookstore/Phone Call 3.12 8-Coven Flashback 1.58 9-Preparing To Leave 1.23 10-The Witches Attack 4.02 11-House Search/Fight In House 6.21 12-The Ritual/The Heart 6.50 13-SPELLBINDER End Credit (original) 4.32 14-Club Source 1.20 15-The Ritual (original) 9.53 Musique composée par: Basil Poledouris Editeur: La La Land Records LLLCD 1177 Producteurs exécutifs album pour La La Land Records: MV Gerhard, Matt Verboys Album produit par: Ford A. Thaxton, James Nelson Musique interprétée par: Basil Poledouris Ingénieur: Tim Boyle Supervision musique: Lionel Newman Monteur musique: Tom Villano Artwork and pictures (c) 1988/2011 Metro-Goldwyn-Mayer Studios, Inc. All rights reserved. Note: *** |
SPELLBINDER
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Basil Poledouris
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Obscur thriller fantastique sorti au cinéma en 1988, « Spellbinder » (L’Ensorceleuse) de Janet Greek évoque l’histoire troublante de Jeff Mills (Timothy Daly), un avocat de Los Angeles qui, avec son ami Derek Clayton (Rick Rossovich), sauve un jour la vie de Miranda (Kelly Preston), une belle jeune femme sur le point d’être brutalement agressée dans la rue par un homme mystérieux à l’apparence fort inquiétante. Jeff recueille alors Miranda chez elle et l’héberge un temps, puis très vite, une romance se noue entre les deux individus, qui semblent filer ainsi le parfait amour, et ce même si Jeff ignore encore tout du passé mystérieux de Miranda. Très vite, Jeff découvre alors que la jeune femme possède d’étranges pouvoirs et qu’elle s’avère être une sorcière. Et le jour où il découvre qu’elle fait en réalité partie d’une sombre secte satanique, Jeff va tout mettre en oeuvre pour protéger Miranda de son mystérieux agresseur, Aldys (Anthony Crivello), qui dirige la secte et cherche à mettre la main sur la jeune femme par n’importe quel moyen – elle doit servir de sacrifice humain pour le rituel prévu durant le solstice d’hiver - usant d’intimidation et de menace pour faire pression sur Jeff et l’inciter à lui livrer Miranda. Produit par la MGM, le scénario du film – connu au départ sous le titre « The Witching Hour » - est avant tout l’oeuvre de Tracy Tormé, plus connu en tant que scénariste sur la série TV culte « Sliders » (1995 – 2000), « Star Trek : the Next Generation », « Odyssey 5 » et sur le film d’extra-terrestre « Fire in the Sky » (1993). Le film ne s’est guère fait sans heurt, car le script original de Tormé, jugé dur au départ, a été constamment remanié par la réalisatrice avant d’obtenir le feu vert du studio. Hélas, le film a été remanié et remonté entièrement au dernier moment par le studio peu de temps avant sa sortie en salle, avec un nouveau titre, « Spellbinder », et ce au grand dam de la réalisatrice, qui a alors vu son projet lui échapper des mains.
Le résultat reste malgré tout assez convaincant. Le film s’impose par son atmosphère lugubre et oppressante, presque minimaliste, et son coup de théâtre final extrêmement sombre et terrifiant, tout en s’articulant autour de la personnalité trouble de la belle sorcière Miranda, superbement campée par l’envoûtante et sensuelle Kelly Preston, tandis que toute l’intrigue tourne autour de son mystérieux passé : est-elle un ange ou un démon ? « Spellbinder » aborde aussi le thème des sectes sataniques en montrant ici une communauté secrète qui semble posséder beaucoup de pouvoirs et d’influences, n’hésitant pas à menacer directement Jeff en toute impunité sans jamais s’attirer le moindre ennui judiciaire. Janet Greek parvient ainsi à insuffler une ambiance angoissante et psychologique assez intense et qui va crescendo, jusqu’aux scènes plus fantastiques et surréalistes où les adorateurs de la secte s’en prennent à Jeff et Miranda et multiplient les apparitions cauchemardesques et brutales. Niveau casting, on retrouve quelques têtes bien connues comme M.C. Gainey, Audra Lindley (qui campe une Mrs. White assez terrifiante) ou l’américano-japonais-russe Cary-Hiroyuki Tagawa, un habitué des seconds rôles dans les films américains de la fin des années 80 et des années 90/2000 (on l’a vu entre autre dans « Rising Sun », « Mortal Kombat » ou « Elektra »). Peu connu dans la filmographie de Basil Poledouris, « Spellbinder » est l’unique incursion du compositeur dans le genre du thriller fantastique. C’est aussi l’une des rares fois où le compositeur a eu l’occasion d’expérimenter pleinement autour des synthétiseurs, lui qui a toujours été fasciné par les recherches sonores dans le domaine de l’électronique. Curieusement, c’est la première et unique fois dans la carrière de Poledouris qu’on lui propose un film d’épouvante/fantastique et releva le challenge en créant une musique rythmique et électronique résolument expérimentale. Pour des raisons budgétaires, Poledouris ne put avoir un orchestre live sur « Spellbinder » et décida alors d’avoir recours aux synthétiseurs avec quelques percussionnistes pour parvenir à ses fins, le tout enregistré chez lui à Encino en Californie, dans son studio « Blowtorch Flats ». Dans une note du livret de l’album publié par La La Land, la réalisatrice Janet Greek explique qu’elle travailla activement avec Basil Poledouris pour établir l’ambiance musicale si particulière du film, et que le compositeur finit par proposer des idées allant bien au-delà de ce que la réalisatrice avait en tête au départ, surprise par l’enthousiasme et le talent de Poledouris dans la compréhension des émotions et de la dramaturgie du film. Essentiellement composée sur un Korg M1 et un Roland 550, avec quelques claviers supplémentaires incluant des Moogs et des Kurzweils, la partition de « Spellbinder » (qui fut en partie composée la nuit aux dires de Tim Boyle, collaborateur de Poledouris sur ce film !) s’avère être résolument atmosphérique et organique, basée sur une longue succession de rythmes et de plages sonores étranges et obscures. Dès « The Witching Hour », le ton est donné avec ces rythmes et ces percussions entêtantes, et ces notes étranges de synthétiseur qui rappellent clairement les musiques synthétiques 80’s des films de John Carpenter. A cause du remontage du film, une partie du score de Poledouris a été perdu – bien que conservé sur les masters originaux du score – c’est pourquoi l’album nous permet d’entendre des passages complètement inédits et non retenus pour le film comme le générique de début initial (coupé pour la version cinéma), « Opening Credits ». L’ambiance initiale était plutôt mystérieuse, avec ce thème mélancolique et étrange et ces choeurs synthétiques, le thème anticipant ici sur le Love Theme que l’on découvrira plus loin. Le « Love Theme » développe ainsi la mélodie romantique pour Jeff et Miranda, thème mélancolique de toute beauté malheureusement non utilisé dans le film (hormis un court segment de 18 secondes), dans lequel on retrouve ces fameux choeurs synthétiques si reconnaissables. L’ambiance devient plus oppressante dans « Aldys in Closet », plus horrifique et dissonante. L’approche sonore voulue par Poledouris sur un morceau comme « Pursuit » est évidemment assez datée et typique des années 80, mais l’ambiance fonctionne parfaitement à l’écran, avec ces rythmes insistants alors que Jeff et Miranda comprennent qu’ils sont suivis dans la rue. A noter l’utilisation étrange et lugubre de voix samplées à 3:00 pour évoquer la scène où Aldys tente d’intimider Jeff en expliquant qu’il est impossible pour Miranda de quitter la secte. La tension devient alors plus palpable dans l’oppressant « Aldys Follows/Phone Search » et ses nappes sonores stridentes et macabres, typiques des musiques de film d’horreur des années 80. A noter que « Phone Search » s’articule autour de la mélodie du Love Theme de Jeff et Miranda et propose une atmosphère plus glauque et torturée pour parvenir à ses fins. « The Witches Attack » fait monter brillamment la tension alors que Jeff cache Miranda chez lui et s’enferme avec elle pour la protéger des attaques extérieures des adorateurs de la secte satanique. C’est l’occasion pour Poledouris de développer ici ces sonorités percussives avec des nappes synthétiques dissonantes et étranges, mélangeant les sonorités pour parvenir à ses fins, mais ce sans jamais virer à la cacophonie. « House Search/Fight in House » est la continuité logique de « The Witches Attack », avec le retour de la batterie des premiers morceaux et des sonorités électroniques aiguës du début. La tension devient ici plus palpable, avec un sentiment d’urgence et de danger, avant de se conclure de manière agressive dans un véritable nuage de sonorités dissonantes. Le motif de la secte, déjà introduit dans « Coven Flashback » (reconnaissable à son alternance répétitive de 2 notes), revient alors dans « The Ritual/The Heart », pour la longue séquence finale de rituel satanique de sacrifice humain. Poledouris expérimente ici autour des sonorités graves alors que l’ambiance devient résolument étrange et cauchemardesque, presque claustrophobique (en particulier dans le mixage très particulier de la musique, qui joue beaucoup sur la décentralisation des sons dans la stéréo). Le motif répétitif de la secte triomphe alors pour le terrifiant final du film, tandis que l’on découvre ensuite le générique de fin dans « Spellbinder End Credit (Original) », qui récapitule le thème introductif de « The Witching Hour » (le morceau est un peu moins long dans le film). Ainsi donc, c’est un score assez atypique et très particulier que nous offre Basil Poledouris sur « Spellbinder », un score entièrement électronique et plutôt déroutant, très différent de ce qu’il faisait habituellement au cinéma, et aussi plus expérimental. Hélas, le caractère extrêmement daté des synthétiseurs et l’esthétique globale de la partition risquent fort d’en rebuter plus d’un, à commencer par les inconditionnels du compositeur, qui retrouveront ici son style électronique proche de « No Man’s Land » (1987) et « Split Decisions » (1988) mais sans l’attrait habituel des musiques de Poledouris. Plus fonctionnel et extrêmement répétitif, le score de « Spellbinder » apporte néanmoins une atmosphère très particulière et incroyablement intense aux images du film de Janet Greek, mais relève du challenge pur et dur en écoute isolée, d’autant que la qualité de l’enregistrement proposé sur l’album de La La Land laisse clairement à désirer - le mix est très daté, bourré de souffle et l’abondance de sons très excentrés gênent la bonne tenue de l’écoute sur CD – Abordant le registre du fantastique et de l’épouvante avec une vraie envie d’expérimenter, Basil Poledouris crée donc un univers musical troublant et envoûtant pour « Spellbinder », même si l’on regrette que le compositeur ne soit pas allé plus loin dans l’expérimentation – on reste très souvent dans des boucles et des nappes sonores répétitives peu inspirées – Peu connue dans sa filmographie, la partition de « Spellbinder » constitue donc une curiosité dans ce score à part dans la carrière du compositeur, un projet différent des autres films de Poledouris que l’on peut enfin redécouvrir grâce à l’intégrale publiée par La La Land, uniquement destinée aux amateurs de musiques horrifiques cheap des années 80. ---Quentin Billard |