1-Mars 2.25
2-Emergency Launch 3.10
3-Making Water 2.38
4-Spotting Movement 1.50
5-Science The S*** Out Of This 2.17
6-Messages From Hermes 3.31
7-Sprouting Potatoes 1.39
8-Watney's Alive! 2.46
9-Pathfinder 2.33
10-Hexadecimals 2.34
11-Crossing Mars 3.37
12-Reap & Sow 2.21
13-Crops Are Dead 3.26
14-Work The Problem 1.58
15-See You In A Few 5.12
16-Build A Bomb 5.06
17-Fly Like Iron Man 4.46

Musique  composée par:

Harry Gregson-Williams

Editeur:

Columbia 88875167102

Monteurs musique:
Richard Whitfield, Tony Lewis
Enregistrement musique et mixage:
Peter Cobbin
Abbey Road Studios, Londres
Enregistrement score:
Paul Thomason, Stephanie Economou
Wavecrest Studios, LA
Piano et programmation synthé:
Harry Gregson-Williams
Programmation additionnelle synthé:
Andy Page
Monteur musique:
Cecile Tournesac
Album compilé par:
Stephanie Economou
Mastering album:
Gavin Lurssen
Lurssen Mastering
Texte choeur arrangé par:
Chris Katinas
Coordinateur production score:
Monica Zierhut
Orchestre dirigé par:
Perry Montague Mason
Violoncelle solo:
Caroline Dale
Choeur:
The Bach Choir
Soprano solo:
Dominic Lynch
Score conduit par:
Harry Gregson-Williams
Orchestrations:
Harry Gregson-Williams, Alastair King
Orchestrations additionnelles:
David Butterworth
Direction musicale pour la
20th Century Fox:
Danielle Diego
Musique supervisée pour la
20th Century Fox:
Patrick Houlihan
Production musicale supervisée pour
la 20th Century Fox:
Rebecca Morellato
Business affairs
20th Century Fox:
Tom Cavanaugh
Music clearance 20th Century Fox:
Ellen Ginsburg
Jack-Of-Trades:
Glen Brunman
A&R Coordination:
Meaghan Lyons
Business affairs:
Andrew Ross, Eric Taylor
Manager de produit:
Leslie Cooper

Artwork and pictures (c) 2015 Twentieth Century Fox Film Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE MARTIAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Gregson-Williams
Après un « Exodus » plutôt mitigé et controversé, Ridley Scott s’attaque désormais à l’adaptation sur grand écran du roman « The Martian » (Seul sur Mars) d’Andy Weir, oeuvre d’hard science-fiction classique publiée en version numérique dès 2011, puis en livre en 2014. Le film, sorti en salles en 2015, raconte l’histoire de la mission NASA Ares III sur le sol de Mars qui vire à la catastrophe lorsqu’une gigantesque tempête balaie une partie du sol martien, ce qui oblige l’équipage à quitter rapidement la planète à bord de leur fusée avant qu’il ne soit trop tard. Mais l’un des membres de l’équipage, Mark Watney (Matt Damon), est frappé par une antenne et se retrouve happé par le vent avant de disparaître, obligeant ses collègues à décoller sans lui. Laissé pour mort, Mark se réveille en réalité le lendemain sur Mars, où il a survécu mais se retrouve tout seul au beau milieu de la planète, avec seulement quelques ressources de nourriture limitées, qui ne suffiront pas jusqu’à la prochaine mission. Parce que ses moyens de communication avec la NASA ont été détruits durant la tempête, Mark est obligé de survivre par ses propres moyens sur la planète rouge. Il fait alors appel à ses connaissances de botaniste et ses talents de bricolage pour confectionner un plant de pomme de terre à l’intérieur du dôme conçu pour assurer la survie de six astronautes pendant une trentaine de jours. Ayant besoin d’eau et d’humus, Mark récupère l’eau à partir du carburant restant dans l’étage de l’atterrisseur d’Ares III qu’il transforme ensuite lors d’une manipulation chimique très risquée, puis il fertilise le sol martien à l’aide des excréments de l’équipage, et occupe ses journées en tenant un journal de bord filmé. Hélas pour lui, il sait que la mission Ares IV ne sera pas là avant quatre ans, et ne peut donc compter que sur lui-même.

Pendant ce temps, les ingénieurs de la NASA Vincent Kapoor (Chiwetel Ejiofor) et Mindy Park (Mackenzie Davis) découvrent que Mark est toujours en vie sur Mars grâce à des photos satellites. Le directeur de la NASA Teddy Sanders (Jeff Daniels) décide alors de ne rien dire aux membres d’Ares III qui entament leur voyage de retour vers la Terre à bord du vaisseau spatial Hermes, et ce afin de garder leur moral intact pendant toute la durée de la mission. Peu de temps après, Mark organise une longue expédition à bord d’un rover pressurisé vers le site de la sonde spatiale américaine Mars Pathfinder qui est tombée en panne depuis 1997, afin de rétablir les communications avec la Terre, ce qu’il réussit alors à faire. Mais Mark n’est pas tiré d’affaire pour autant, car les essais pour envoyer du ravitaillement vers Mars échouent, et l’habitat dans lequel l’astronaute cultivait ses pommes de terre est subitement déchiré, provoquant la destruction définitivement de ses cultures. La NASA ne peut plus compter désormais que sur l’aide de l’agence spatiale chinoise CNSA, et du plan insensé d’un spécialiste de l’astrodynamique, Rich Purnell (Donald Glover), qui a l’idée de demander à l’équipe d’Hermes de charger des vivres durant son trajet vers la Terre puis de revenir ensuite vers Mars grâce à l’assistance gravitationnelle de la Terre.

Assez fidèle au livre d’Andy Weir, « The Martian » offre l’occasion à Ridley Scott de renouer avec son genre de prédilection, la science-fiction, en abordant cette fois-ci le registre du hard sci-fi, qui propose une description plus réaliste et plausible des technologies et des théories scientifiques, où l’on recherche un postulat crédible par rapport aux connaissances scientifiques au moment où l’histoire est écrite. Le genre du hard sci-fi, plutôt nouveau au cinéma américain, est en plein essor depuis quelques années grâce au succès du « Gravity » d’Alfonso Cuaron en 2013 ou du « Interstellar » de Christopher Nolan en 2014, bien que pour ce dernier on soit davantage dans de la science-fiction pure, qui s’éloigne un peu plus de la réalité scientifique connue (bien que tout ne soit pas surréaliste pour autant). Matt Damon retrouve d’ailleurs dans « The Martian » un rôle d’astronaute assez similaire à celui de « Interstellar », sauf que cette fois-ci, il est le personnage principal de l’intrigue – curieusement, on retrouve aussi au casting Jessica Chastain, qui jouait elle aussi dans « Interstellar » - Grâce à des décors fabuleux, fourmillant de détails et d’un réalisme à couper le souffle, Ridley Scott parvient à reproduire à la perfection Mars à partir de plans tournés principalement dans les déserts du Wadi Rum en Jordanie. Pour le reste, on est frappé par l’exactitude des théories scientifiques décrites dans le film, même si le mérite en revient davantage au livre d’Andy Weir qu’au script de Drew Goddard, qui n’apporte rien de nouveau à l’intrigue initiale (hormis quelques légères différences avec le roman). Et si vous doutez de ce que l’on vous raconte dans le film, faite un jour le test de regarder le film avec un ingénieur de l’aérospatiale, vous comprendrez mieux ! Pour le reste, on retrouve à la conception toute l’équipe habituelle de Ridley Scott : Pietro Scalia au montage, Dariusz Wolski à la photographie, Arthur Max aux décors, Janty Yates aux costumes, etc. Malgré sa longueur (141 minutes), « The Martian » s’apprécie avant tout comme une immersion intense et réaliste dans une lutte acharnée pour la survie sur une autre planète, sans artifice hollywoodien, mais avec un souci du détail et de l’exactitude scientifique qui laisse pantois, le genre de film que l’on voit rarement à Hollywood – « The Martian » a d’ailleurs reçu 2 Golden Globes en 2016 et 7 nominations aux Oscars 2016 – C’est en tout cas un film dramatique incroyablement intense et impressionnant, qui parvient à captiver notre attention d’un bout à l’autre du film grâce à un scénario intelligent, une réalisation impeccable et un très bon casting, l’idéal pour patienter avant le très attendu « Alien Covenant » de Ridley Scott, prévu d’ici 2017 !

« The Martian » marque les retrouvailles entre le réalisateur britannique et Harry Gregson-Williams, avec lequel il avait précédemment collaboré sur « Kingdom of Heaven » en 2005 (le compositeur avait aussi écrit de la musique additionnelle sur « Prometheus » et « Exodus »). Dans une interview récente accordée peu de temps après la sortie du film, Harry Gregson-Williams expliquait que Ridley Scott lui présenta l’histoire de « The Martian » sous un angle différent : pas question ici d’évoquer le désespoir ou la noirceur, il fallait avant tout que la musique fasse ressentir l’optimisme de Mark Watney, son amour de la science, sa volonté de triompher des épreuves qui l’attendent sur Mars et de résoudre les problèmes les uns après les autres de manière pragmatique. Prenant le sujet sous cet angle, HGW compose alors une partition mélodique, basée sur les recherches sonores, les ambiances et les rythmes tout en évoquant à la fois le paysage si particulier de Mars. C’est pourquoi le score débute avec « Mars » qui pose d’emblée cette idée de travail du son à l’aide de nappes synthétiques mystérieuses et planantes, qui semblent surgir d’un autre monde. Très vite, le thème principal associé au personnage de Matt Damon se met en place à l’aide d’une guitare électrique et de cordes planantes, thème qui évoque l’idée de l’espoir et de la survie, baignant ici dans un sound design intéressant évoquant l’aspect technologique du film et l’environnement hostile de Mars, suggérant aussi bien la beauté mystérieuse de la planète rouge et le danger qu’elle représente pour l’astronaute isolé – on reconnaît facilement la mélodie principale à l’aide ses groupes de 2 notes séparées d’une pause, idéale pour évoquer la solitude de Mark sur Mars - « Emergency Launch » évoque les dégâts provoqués par la tempête et le départ prématuré des astronautes, obligés d’abandonner Mark sur la planète. Une pulsation électronique et des cordes tendues suffisent ici à créer la tension avec ces cuivres rampants et inquiétants. A 1:55, un magnifique passage tragique et déchirant se met en place avec des violoncelles élégiaques et des cors plaintifs, lorsque Mark a son accident et disparaît dans la tempête, un des premiers grands moments d’émotion du score de « The Martian ».

« Making Water » nous ramène quand à lui dans le quotidien de Mark sur Mars, pour la scène où il fabrique de l’eau en manipulant chimiquement le carburant récupéré dans l’atterrisseur d’Ares III. Le thème principal associé à l’astronaute est repris ici dans une variante plus optimiste, avec des rythmes électroniques déterminés évoquant clairement l’idée de s’en sortir et de vaincre les épreuves difficiles qui l’attendent, mais sans aucune forme de triomphalisme. La musique d’HGW trouve le ton juste à l’écran grâce à une utilisation adroite des instruments mélangés aux synthétiseurs et aux boucles sonores, un moment assez inspirant qui rappelle encore une fois le talent de Ridley Scott pour inspirer ses compositeurs sur ses films. Très présent tout au long du film, le thème de Mark traverse les scènes à travers différentes variantes qui évoluent en fonction des situations décrites dans le film. Dans « Spotting Movement », on devine les premières notes de sa mélodie (reconnaissable notamment à sa cellule initiale d’une quinte ascendante) sous une forme plus sombre et mystérieuse, tout comme dans « Science The S*** Out of This » où on retrouve la mélodie aux violoncelles, entourée cette fois de percussions métalliques et de loops électro discrets. La seconde partie développe alors le thème à travers les notes réverbérées d’un clavier plus optimiste, rappelant clairement le style électro-orchestral habituel d’Harry Gregson-Williams, plus proche ici de ses travaux chez Tony Scott. L’ambiance devient un brin plus éthérée et planante dans « Messages from Hermes » avec les notes planantes du violoncelle de Caroline Dale accompagnant un cor soliste et des cordes émouvantes. Ici aussi, l’idée de l’espoir et de la survie semble à l’ordre du jour, avec une utilisation très juste des solistes et des sonorités électroniques.

« Sprouting Potatoes » est un brin plus particulier dans son ambiance résolument optimiste et déterminée lorsque Mark prépare ses plants de pommes de terre dans le dôme, avec ses cordes lumineuses et son violoncelle nostalgique accompagné de quelques notes de guitare et de sonorités new age des synthétiseurs, un très beau morceau qui apporte une certaine luminosité à un score finalement assez mélancolique et mystérieux. Puis, lorsque la NASA découvre que Mark est toujours en vie, la musique devient soudainement plus sérieuse, plus tendue dans « Watney’s Alive ! », où l’électronique reste très présent mais de manière plus fonctionnelle, malgré quelques rythmes plus nerveux et plus présents sur la fin du morceau. On appréciera les recherches sonores électroniques d’Harry Gregson-Williams dans « Pathfinder », où le thème principal reste très présent, mais sans originalité particulière – on aurait aimé que le compositeur aille plus loin dans ses recherches sonores qui restent finalement très convenues et déjà entendues mille fois auparavant – De la même façon, « Hexadecimals » développe l’électronique avec des samples électro-techno curieusement plus datés, plus proches des années 90, pour la scène où Mark communique avec la NASA en utilisant un code ASCII. Dans « Crossing Mars », on retrouve l’émotion rêveuse du début avec le retour du thème principal sous un angle plus intime et mélancolique, mais c’est la façon dont le thème évolue vers un espoir plus solennel qui nous frappe ici, notamment à travers un arrangement orchestral grandiose pour cors, cordes et choeur assez saisissant, sans aucun doute l’un des grands moments de la partition de « The Martian » et une solide envolée thématique qui va en satisfaire plus d’un ! On pourra aussi apprécier l’apport du violoncelle dans le fonctionnel « Reap & Sow », ou la mélancolie résignée et minimaliste de « Crops Are Dead » avec son solo de basson d’une grande fragilité et les vocalises du jeune Dominic Lynch, tandis que chacun tente de se retrousser les manches dans « Work The Problem », alors que les ingénieurs de la NASA réfléchissent à une solution pour ramener Mark sur Terre.

« See You In A Few » développe le thème de manière dramatique à l’aide du clavier, de l’orchestre et de la chorale du Bach Choir apportant là aussi un éclairage humain et émotionnel à la dernière partie du film alors qu’Hermes tente une mission de la dernière chance pour aller sauver Mark sur Mars. « Build A Bomb » confirme cette tension dramatique qui représente l’ultime espoir de survie pour Mark, qui est à cours d’option depuis la destruction de ses cultures de pommes de terre. A noter ici la manière dont Harry Gregson-Williams fait judicieusement monter la tension, de manière certes fonctionnelle, mais assez intense à l’écran, durant la scène où Hermes provoque une explosion pour freiner la course du vaisseau afin d’intercepter Mark dans la fusée d’Ares IV. « Fly Like Iron Man » conclut l’aventure avec une ultime montée de tension qui renforce le suspense au cours du sauvetage final de Mark. On appréciera ici la manière dont la tension laisse progressivement la place à des sonorités plus dramatiques, et un final plus élégiaque et majestueux où les nappes sonores new age (façon Vangelis) suggèrent une reprise solennelle et poignante du thème principal dans toute sa splendeur, avec un sentiment de libération. La coda de « Fly Like Iron Man » s’avère être plus triomphante, marquée par une dernière envolée orchestrale/chorale inspirée.

On ressort donc plutôt satisfait de l’écoute de « The Martian », sur l’album comme dans le film, la musique se révélant assez généreuse dans sa manière de suggérer les émotions, sans jamais en faire des tonnes pour autant. Harry Gregson-Williams mélange les couches sonores électroniques et marie les sonorités pour parvenir à ses fins, utilisant aussi bien les solistes (violoncelle, voix de garçon soprano, basson, piano, etc.) que l’orchestre, les choeurs ou les synthétiseurs pour parvenir à ses fins. Peu originale en soi, la musique de « The Martian » s’impose surtout par ses montées d’espoir vibrantes, son utilisation adroite de l’électronique et son thème principal très inspirant, omniprésent d’un bout à l’autre du film et développé à loisir sous toutes ses formes. Sans être le chef-d’oeuvre de la collaboration entre Ridley Scott et Harry Gregson-Williams (on attend surtout beaucoup de son travail sur « Alien Covenant » !), « The Martian » s’avère être malgré tout une jolie réussite qui confirme la bonne qualité des musiques des films de Ridley Scott, qui n’a pas son pareil pour inspirer les musiciens qui travaillent sur ses films !




---Quentin Billard