1-Siberian Overture 2.56
2-Lagos 2.10
3-Consequences 2.22
4-Ancestral Call 2.37
5-Zemo 3.09
6-The Tunnel 3.51
7-Celestial Bodies 1.44
8-Boot Up 5.16
9-New Recruit 1.47
10-Empowered 1.59
11-Standoff 4.01
12-Civil War 4.26
13-Larger Than Life 3.40
14-Catastrophe 2.36
15-Revealed 5.38
16-Making Amends 1.34
17-Fracture 4.00
18-Clash 3.54
19-Closure 5.32
20-Cap's Promise 3.46
21-Adagio (Bonus Track) 2.18

Musique  composée par:

Henry Jackman

Editeur:

Hollywood Records HR002227702

Score produit par:
Henry Jackman
Supervision musique:
Dave Jordan
Musique additionnelle:
Halli Cauthery, Alex Belcher
Superviseur score:
Steve Durkee
Monteurs musique:
Jack Dolman, Daniel Pinder,
Nashia Wachsman

Assistant montage:
Catherine Wilson
Ingénieur score:
Nick Wollage
Mixage score:
Alan Meyerson
Score conduit par:
Gavin Greenaway
Productions services musicaux:
Matthew K. Justmann
Producteur soundtrack:
Henry Jackman
Producteurs exécutifs album:
Anthony & Joe Russo,
Kevin Feige, Nate Moore,
Dave Jordan

Direction musicale pour
Walt Disney Studios
Motion Pictures Group & Disney
Music Group:
Mitchell Leib

Artwork and pictures (c) 2016 Marvel Studios. All rights reserved.

Note: ***1/2
CAPTAIN AMERICA :
CIVIL WAR
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Henry Jackman
Premier film de la phase 3 de l’univers cinématographique Marvel et troisième épisode de la saga « Captain America », « Civil War » permet aux réalisateurs Anthony et Joe Russo de rempiler après « The Winter Soldier » (2014) dans cette suite qui semble annoncer une troisième phase Marvel beaucoup plus sombre et ambitieuse. L’histoire de « Civil War » se déroule peu de temps après les événements dramatiques en Sokovie décrits dans « Avengers : Age of Ultron ». Steve Rogers alias Captain America (Chris Evans) a fondé une toute nouvelle équipe de super-héros, mais un incident qui a lieu au cours d’une de leurs missions entache gravement leur réputation auprès des médias et du public, incitant l’ONU à adopter les Accords de Sokovie avec la collaboration de Tony Stark alias Iron Man (Robert Downey Jr) et du secrétaire d’état américain Thaddeus Ross (William Hurt). Suite aux accords, l’équipe des Avengers est désormais confiée à l’ONU, les super-héros ne pouvant plus diriger de mission sans l’accord de l’organisation des nations unies. Mais ce traité controversé divise fortement les Avengers, à commencer par Captain America et Sam Wilson alias le Faucon (Anthony Mackie), qui voient d’un très mauvais oeil l’ingérence de l’ONU dans leurs affaires et considèrent ces Accords comme une basse manoeuvre politique visant à contrôler leur groupe pour servir leurs propres intérêts. A contrario, Tony Stark pense que ces accords sont nécessaires afin d’éviter les dérives de ces super-héros aux pouvoirs surpuissants qui finissent par mettre gravement en danger la vie des civils et des populations du monde entier. Et comme si cela ne suffisait pas, Bucky Barnes alias le Soldat de l’Hiver (Sebastian Stan), l’ami de Steve Rogers, est de retour et se retrouve mêlé à une sombre histoire de crimes et de terrorisme. Considéré comme le principal instigateur d’un attentat survenu à Vienne ayant entraîné la mort du roi T’Chaka (John Kani) du Wakanda lors de la ratification des Accords entre les Nations Unies, Buck est désormais recherché activement par les polices internationales, tandis que le prince T’Challa (Chadwick Boseman), qui jure de tout faire pour retrouver le soldat de l’hiver et venger la mort de son père, en endossant le costume de la Panthère noire. Par amitié pour Bucky, Steve Rogers retrouve son ami et l’aide à échapper aux forces de l’ordre, mais ses actions provoquent des dissensions au sein du groupe des Avengers, où les super-héros, autrefois alliés, vont s’affronter tandis que la tension montera d’un cran avec la découverte du mystérieux Helmut Zemo (Daniel Brühl) qui tire les ficelles depuis le début et attise le feu du conflit entre les deux équipes d’Avengers pour d’obscures raisons.

« Captain America Civil War » est une solide entrée en la matière pour cette troisième phase Marvel au cinéma. Plus mature, plus adulte et surtout plus profonde, la franchise semble avoir franchi un cap avec ce troisième épisode qui mélange suspense, action et intrigue politique de manière plus inattendue, même si les bases étaient déjà posées dans « The Winter Soldier ». Anthony et Joe Russo reprennent tous les codes de la saga et semblent prolonger le travail de Joss Whedon sur « Avengers : Age of Ultron » avec ce troisième « Captain America » qui ressemble davantage à un nouvel « Avengers » qu’à une énième aventure du Capitaine. En reprenant l’intrigue de la série de comics « Civil War » publiée par Marvel entre 2006 et 2007, les frères Russo nous proposent une formidable lutte de pouvoir ahurissante entre les Avengers qui n’arrivent plus à s’entendre sur la manière de gérer leurs affaires, désormais confiées à l’ONU. Le plus du film, c’est d’admettre enfin que tout pouvoir, aussi puissant soit-il, entraîne forcément de lourdes responsabilités et d’inévitables dommages collatéraux, et c’est cet aspect relativement peu développé jusqu’à présent dans la saga qu’explore « Captain America : Civil War ». Après la destruction de New York et de la Sokovie au cours de batailles titanesques, le monde déplore les innombrables pertes humaines et rejettent la faute sur les Vengeurs. Autrefois héros défenseurs du monde, les Avengers sont aujourd’hui traînés dans la boue et réduit à de simples fonctionnaires obligés d’obéir de manière arbitraire aux Nations Unies, ce qui provoque un schisme radical entre l’équipe de Steve Rogers et celle de Tony Stark. Le film aborde bien évidemment les questions de moralité derrière les actes héroïques et guerriers des Vengeurs, avec, cerise sur le gâteau, une longue bataille dans un aéroport entre les super-héros, incluant l’arrivée de Spider-Man (une tentative simpliste de lancer une nouvelle franchise considérablement « rajeunie » de l’homme araignée – eh oui, encore une !) sous les traits d’un ado immature de 15 ans qui ne maîtrise pas encore ses pouvoirs, et quelques nouveaux dont l’irrésistible et loufoque Ant-Man et sa capacité à changer de taille constamment, ou la Panthère Noire et son insatiable appétit de vengeance, prêt à tout pour éliminer Bucky Barnes et venger la mort de son père.

Le film s’avère plutôt long (2h30) mais très réussi, car il parvient à trouver un juste équilibre entre l’humour, l’action (à l’inverse des « Avengers », les scènes de bataille sont moins présentes et plus équilibrées), la trame politique et une ambiance plus sombre et dramatique, tournant autour du thème de la vengeance, des manipulations, de la moralité et de la culpabilité. En résulte un film plus sombre, plus « adulte » aussi, même si l’arrivée de Spider-Man semble faire tâche au sein d’un tableau bien ordonné. Contrairement à la plupart des films de super-héros modernes, les principaux protagonistes du récit ont tous une part d’ombre et un rôle ambigu, même Steve Rogers – pourtant censé être le héros du film – n’hésite pas à devenir hors la loi durant l’histoire et va même venir en aide à un terroriste recherché par les Nations Unies ! C’est l’occasion pour les frères Russo de développer davantage certains personnages apparus dans les films précédents, tout en introduisant un mystérieux nouveau bad guy, Helmut Zemo, brillamment incarné par l’acteur allemand Daniel Brühl, convaincant dans le rôle de cet homme rongé par une haine farouche envers les Avengers, et dont les motivations sont finalement très compréhensibles – ce qui fait de Zemo l’un des méchants les plus ambigus et les plus tragiques de toute la franchise – C’est ainsi qu’on en arrive au redoutable twist final assez bouleversant, sans aucun doute l’un des moments les plus dramatiques de toute la saga des Captain America/Avengers, débouchant sur une très violente confrontation entre Rogers et Stark. Ainsi donc, « Captain America Civil War » marque un point et introduit la phase 3 de Marvel avec une certaine ingéniosité, une redoutable guerre civile qui devrait s’intensifier dans les prochains films de la saga et notamment dans les nouveaux « Avengers » intitulés « Infinity War part 1 et 2 », qui seront à nouveau confiés à Anthony et Joe Russo, et que l’on attend de pied ferme !

Henry Jackman est de nouveau de la partie après avoir signé la musique de « Captain America : The Winter Soldier » en 2014, très critiquée pour son aspect électronique moderne/sound design qui en avait rebuté plus d’un. A la première écoute, Jackman semble corriger le tir avec « Civil War » qui s’avère beaucoup plus orchestral et un peu moins axé sur les parties électroniques. C’est en tout cas l’impression que donne « Siberian Overture », qui introduit un premier motif majeur du score à 0:04 aux bois, un motif mystérieux de 7 notes associé dans le film à Zemo et sa conspiration, bien qu’on pourrait aussi le rattacher dans le film à Hydra – à noter que Zemo est aussi souvent accompagné d’un cymbalum en trémolos pour évoquer ses origines slaves - Le dit thème évoque la menace du bad guy et l’idée d’une conspiration dans l’ombre destinée à détruire les Avengers de l’intérieur. Ce motif sera d’ailleurs très présent tout au long du score comme une sorte de leitmotiv inquiétant bien qu’assez impersonnel (c’est le genre de thème passe-partout qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu ailleurs !). Niveau thématique, les rappels aux anciens thèmes musicaux de la franchise sont plutôt flous voire quasiment absents, Jackman privilégiant davantage les nouveaux motifs. Il faut dire que l’abondance de personnages (17 super héros en tout dans ce film !) rendait la tâche quasi impossible pour le compositeur, sans compter la venue de nouveaux protagonistes comme un jeune Spiderman ado ou Black Panther. A ce sujet, ce dernier voit son nouveau motif introduit dans « Ancestral Call » dès 1:01, mélodie de 4 notes jouée par une flûte ethnique sur fond de trémolos de guitare, associé à l’idée de vengeance du jeune T’Chaka. Pour évoquer l’affrontement entre les deux clans d’Avengers, Jackman décide de minimiser les thèmes et de simplifier l’approche : exit les thèmes des Avengers de Silvestri ou ceux de Brian Tyler, ici, le compositeur choisit plutôt un nouveau motif de 3 notes héroïques et ascendantes pour Captain America et ceux qui l’accompagnent (dans « Lagos » aux cuivres à 1:26), tandis qu’un motif de 4 notes descendantes évoque la guerre civile entre les deux clans d’Avengers. Le motif de la guerre est introduit par des cordes tragiques et dramatiques dans « The Tunnel » à 3:10 et sera très présent durant la dernière partie du film. Enfin, on découvre un nouveau motif pour Spiderman dans « A New Recruit » dès 1:31, motif plutôt quelconque reconnaissable à ses cordes rythmiques qui rappelle subtilement Danny Elfman.

Jackman réintègre dans sa partition son motif électronique et chaotique du Soldat de l’Hiver repris du précédent score de « Captain America : The Winter Soldier », et largement présent dans la dernière partie de « Siberian Overture », pour le personnage de Becky. Niveau esthétique, le score oscille à nouveau entre orchestre et synthétiseur, Jackman accentuant davantage les parties symphoniques comme dans « Siberian Overture » (avec des orchestrations boisées assez classiques et rafraîchissantes pour une production Remote Control !). Hélas, « Lagos » reprend le style action électro-orchestral qu’on a entendu des milliers de fois auparavant, indissociable des productions du studio d’Hans Zimmer, avec son flot incessant de percussions et de rythmiques synthétiques modernes. On appréciera néanmoins le sombre « Consequences » qui reprend le thème de 3 notes des héros de manière élégiaque et dramatique, alors que le secrétaire d’état informe les Avengers des dégâts qu’ils ont occasionnés envers les civils au cours de leur dernière bataille. Dans « The Tunnel », Jackman évoque la poursuite entre Captain America, Black Panther et Becky dans les tunnels à l’aide d’un orchestre déchaîné et de rythmes modernes passe-partout. Ici aussi, les fans de Remote Control apprécieront de retrouver toutes les sonorités si familières dans ce type de film, mais hélas trop faciles et terriblement lassantes. Le score devient plus sombre dans « Boot Up » avec les rappels au thème de Zemo/Hydra et au Soldat de l’Hiver, tandis que « A New Recruit » apporte davantage de lumière et d’espoir lorsque Tony Stark recrute le jeune Peter Parker alias Spiderman (à noter ici l’apport du piano au milieu des cordes et des vents). La bataille entre les Avengers débute dans « Standoff » avec un premier rappel en fanfare du thème de 3 notes des héros, lors de la confrontation épique à l’aéroport. Jackman fait des efforts pour intégrer les différents thèmes et travaille davantage les orchestrations, avec une série de rebondissements rythmiques intéressants et de cuivres musclés. On notera la façon dont les différentes variations thématiques semblent ici s’opposer et se succéder tout au long du morceau.

La confrontation s’intensifie dans « Civil War » où Jackman introduit des choeurs lors de l’arrivée de Vision qui s’oppose à Captain America. La mêlée entre les héros ennemis s’accompagne ici d’une puissante et dramatique reprise du thème de 4 notes de la guerre aux cuivres dès 0:57, un passage très réussi dans la partition d’Henry Jackman, accompagné de choeurs épiques utilisés de manière plus sporadique. Le thème des héros explose lors d’une superbe fanfare héroïque au début de « Larger Than Life » pour la scène où Ant-Man se transforme en géant pour affronter ses adversaires, le morceau restant l’un des passages assez incontournables du score en raison de ses formules rythmiques excitantes et du jeu assez frénétique de l’orchestre, sans oublier les rappels au thème héroïque et au thème de la guerre civile. Les thèmes de Zemo/Hydra et du Soldat de l’Hiver prennent une tournure plus dramatique dans « Revealed », suivi d’envolées réussies du thème héroïque dans « Making Amends » débouchant sur le sombre et tragique « Fracture », alors que Tony Stark observe l’enregistrement vidéo de Zemo et découvre la vérité sur la mort de ses parents. « Clash » accentue la violence de l’affrontement entre Tony, Captain et Becky vers la fin du film à grand renfort du thème de la guerre civile, atteignant ici son apogée à travers des cuivres dramatiques et presque solennels - à noter ici l’apport des bois dans les orchestrations, étonnamment classiques pour une production Remote Control – d’une façon générale, « Clash » surprend par la manière dont Jackman parvient à développer subtilement le thème de 4 notes de la guerre en imitation entre les différents pupitres, quasiment à la manière d’un canon, une approche somme toute très classique et rafraîchissante de la part du compositeur. « Closure » conclut l’affrontement en alternant le motif de Zemo et celui de la guerre civile – A noter la reprise poignante et funèbre du dit thème aux cordes à 3:56 lorsque Tony Stark est vaincu, autre grand moment de la partition de « Civil War » ! –

Enfin, le thème héroïque du Captain America et des héros reprend le dessus pour le générique de fin du film dans « Cap’s Promise », accompagné de rappels au thème de la guerre, un excellent morceau qui devrait satisfaire les fans des musiques de Marvel ! En guise de bonus, Henry Jackman nous offre même le superbe « Adagio », pièce pour cordes et cuivres extrêmement sombre, tragique et torturée, un choix curieux pour conclure l’album de « Captain America : Civil War ». Le bilan final reste donc plutôt positif pour ce troisième opus musical de la saga du Capitaine Amérique : plus symphonique que « The Winter Soldier », cette guerre civile des super héros prend une tournure satisfaisante même si l’on regrette l’usage de formules rythmiques soûlantes héritées des productions Hans Zimmer, qui semblent bien mal cohabiter ici avec les parties orchestrales plus classiques de Jackman. Malgré des défauts évidents, le score se rattrape grâce à une poignée de nouveaux thèmes réussis, en particulier ceux pour les super héros et la guerre civile, incitant le compositeur à multiplier les variations thématiques les plus adroites qu’il nous ait donné d’entendre depuis bien longtemps. On regrette néanmoins l’absence des anciens thèmes de la franchise, à commencer par le thème de Captain America d’Alan Silvestri, ou celui des Avengers du même compositeur. Visiblement, les rappels aux anciens thèmes de la saga semblent varier d’un film à un autre, un choix artistique curieux et inexplicable de la part du studio (à ce sujet, « Age of Ultron » était bien plus satisfaisant et cohérent dans son approche thématique !). Toujours est il que le résultat s’impose de lui-même : Henry Jackman signe une partition plutôt réussie pour « Civil War », certes un peu inégale mais plutôt bien emballée et bien plus travaillée que pour le décevant « The Winter Soldier » ! On attend maintenant avec impatience le retour d’Alan Silvestri sur les prochains épisodes des « Avengers » !



---Quentin Billard