1-Rock Water Wind 7.06
2-Funny Farm 1.47
3-Stream Dream 0.56
4-Red Snow 4.23
5-Wrong 1.00
6-Still In The Hills 1.07
7-Marked 2.58
8-Barely 2.43
9-Beasts 2.02
10-Rain 1.32
11-Hanging 3.28
12-Shadow Dance 2.59
13-The Truth? 7.56

Musique  composée par:

Carter Burwell

Editeur:

Milan Records
74321 80372-2

Album produit par:
Carter Burwell
Producteurs exécutifs:
Daniel Myrick, Eduardo Sanchez
Montage de la musique:
Todd Kasow
Directeur en charge de la musique
pour Flash Records/Artisan:
Gwen Bethel Riley
Coordinateur:
Sarah Hernholm
Producteurs exécutifs pour Milan:
Emmanuel Chamboredon,
Russell Ziecker

Artwork and pictures © 2000 Artisan Music Inc./Artisan Pictures, Inc./Milan Entertainement Inc. All rights reserved.

Note: **
BLAIR WITCH 2: BOOK OF SHADOWS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Carter Burwell
Après le succès colossal de « The Blair Witch Project » en 1999, il fut très rapidement envisagé de tourner une suite au film d’Eduardo Sanchez et Daniel Myrick, qui décidèrent finalement de confier la réalisation de ce second opus au réalisateur Joe Berlinger, remarqué par les deux producteurs pour son documentaire choc « Paradise Lost ». Abandonnant cette fois-ci son côté documentaire amateur réalisé au caméscope, ce « Blair Witch 2 » s’apparente plus à un film d’horreur hollywoodien conventionnel et résolument moderne, dans lequel la folie reste le sujet principal du film : la malédiction de la mystérieuse sorcière du bois de Burkistville s'abat à nouveau sur un groupe de jeunes touristes revenant sur les lieux de l’affaire « Blair Witch » pour y suivre les traces des trois jeunes cinéastes disparus dans le premier épisode (Heather, Josh et Mike). Le montage aiguisé au couteau et l'atmosphère globale du film tendent à rendre le film plus choquant voire dérangeant que réellement effrayant, même si l’on appréciera ici quelques moments plus terrifiants. Le problème, c’est qu’il est quasiment impossible de ne pas comparer cette suite au premier opus, que tout semble opposer : ici, on ne parle plus de l’angoisse psychologique et de la terreur suggestive hyper réaliste du premier épisode. Avec « Blair Witch 2 », il serait plutôt question de violence psychologique à travers un flashback rapide qui suggère une terrible scène de massacre et qui se glisse toutes les cinq minutes dans le film. Le spectateur est d’abord effrayé puis commence à se questionner, intrigué, sur la nature réelle et les origines cette scène. D'une façon générale, « Blair Witch 2 » est une solide déception, un film casse-gueule et bâclé qui ne pouvait de toute évidence pas fonctionner en soi, puisque le premier « Blair Witch » n'avait nullement besoin d'une suite et reposait sur un concept trop original pour pouvoir être adapté dans un second opus. Les producteurs le savaient et c’est pourquoi ils décidèrent d’orienter « Blair Witch 2 » vers une approche plus conventionnelle et hollywoodienne, avec des moyens plus conséquents, croyant renouveler l’exploit financier du premier opus. Mais c’était prendre un peu trop vite les spectateurs pour des crétins, car cette suite purement commerciale et bâclée a finalement échoué au box-office, annihilant ainsi tout espoir de tourner le fameux « prequel » qu’Eduardo Sanchez et Daniel Myrick avaient initialement prévu pour 2002 ! Hélas, tout aussi malsain et dérangeant qu’il soit, ce second opus n’apporte rien de particulier au genre et trahit même la vision unique des deux réalisateurs de « The Blair Witch Project » : argent, quand tu nous tiens !

Engagé par la direction du film, le compositeur Carter Burwell a eu l'occasion de s'attaquer sur « Blair Witch 2 » à un genre qu'il n'avait pas trop abordé jusqu'à présent : le thriller horrifique. Cependant, le mot d’ordre sur cette musique était formel : pas de clichés musicaux de musique de film d'horreur ! Carter Burwell devait donc composer une musique véritablement originale, dont le propos fut cependant quelque peu nuancé par la production qui décida de rajouter quelques éléments un peu plus conventionnels pour l’aspect plus commercial du film. La majeure partie de la musique de « Blair Witch 2 » tient plus véritablement du « sound design » que de la musique à proprement parler. L'objectif de Carter Burwell était donc de créer une ambiance sonore s'apparentant à la forêt de Blair Witch, sa musique suggérant l’idée que les personnages sont pris au piège de la malédiction de la sorcière, et par conséquent, de son lieu d'habitation (du moins, en apparence), la forêt de Burkistville, théâtre de meurtres inhumains depuis des siècles. Carter Burwell évoque donc l’univers sonore de la forêt apparentée à un gigantesque piège labyrinthique dans lequel nos héros n’en ressortiront pas indemne !

Entièrement synthétique, le score de « Blair Witch 2 », épaulé par les interprètes trash "Gman" et "SPLaTTeRCeLL" (des pseudos très étranges !) s'articule autour d'un travail de sonorités synthétiques dont certains samples ont été crées à partir d’enregistrements de sons naturels, et plus particulièrement les sons de gouttes d'eau ou des bruits de frottements de pierres, des bruitages pouvant donc ainsi s'apparenter aux sons de la forêt. L'idée aurait pu s’avérer réellement intéressante si elle avait été mieux explorée tout au long de la musique. Pourtant, malgré toutes ces bonnes idées, le score de Carter Burwell perd toujours en qualité, constamment noyé dans le film par les chansons ultra commerciales inutiles, gueulardes et envahissantes, et qui tendent à rendre le score complètement futile ou difficilement identifiable dans le film. Carter Burwell cherche à brouiller les pistes et à fondre sa musique dans les bruitages du film - la frontière entre musique et bruit devenant ici très floue - afin de mieux retranscrire le cauchemar que vivent dans le film les jeunes touristes en manque de sensation forte. Dès le début du film, le compositeur développe une ambiance résolument sombre, synthétique et froide, fait d’échantillons sonores de gouttes d'eau qui s'empilent progressivement les unes sur les autres alors que le prologue raconte les circonstances du début de cette terrible histoire.

Carter Burwell a utilisé une guitare pour une scène où le groupe s’installe en forêt, un choix imposé par la production qui souhaitait donner une couleur "branchée", jeune et « in » aux protagonistes principaux du film : voilà encore un choix tout à fait contestable et frileux, qui nuit quelque peu à la qualité de cette musique reposant à l’origine sur un concept intéressant, mais qui se plante en chemin, faute d'une composition bâclée et d’un concept qui semble malheureusement avoir été avorté en chemin. Où sont les sons de gouttes d'eau, de pierre et de vent dans le film ? Carter Burwell affirme lui-même que le mixage de la musique dans le film est lourdingue et que le contenu de l’album est largement supérieur à la musique entendue dans le film. Comme le dit le compositeur lui-même, il y a beaucoup trop de musique dans le film, un autre choix imposé par la production qui voulait rendre le film encore plus dérangeant par le biais d'un appui excessif de cette musique et de toutes les chansons trash/metal extrêmement bruyantes. Pari tenu, en tout cas, la musique tend à rendre le film de Joe Berlinger véritablement plus dérangeant. Mais qu'en est-il de la qualité intrinsèque de la musique ? Suffit-il de faire le plus de bruit possible pour susciter l’effroi à l’écran ? Sûrement pas ! Quand à cette utilisation navrante de la guitare (sèche ou parfois électrique, mixée discrètement en arrière plan), on regrettera le fait qu’elle ait été incluse dans le film pour de bien mauvaises raisons - la peur de ne pas livrer une bande son suffisamment commerciale et accessible ! Cependant, l'ensemble du score de « Blair Witch 2 » reste quand même très original et très différent des gros scores orchestraux que l’on entend habituellement pour ce type de film. Carter Burwell nous offre aussi un travail très intéressant autour des percussions, qui représentent le caractère nerveux et la folie qui s’empare progressivement des personnages, et plus particulièrement dans la pièce « Beasts ». Les deux dernières pièces de l'album restent quand à elles réellement perturbantes. Le compositeur souligne la folie des personnages à la suite de leur terrible expérience. C'est ce que l'on ressent à la fin du film lorsque les personnages visionnent à nouveau leur K7 vidéo avec les policiers et qu'ils s'aperçoivent que les images filmées ne correspondent pas à ce qu'ils ont vécus - ou qu'ils pensent avoir vécu !

Le score de « Blair Witch 2 » repart donc du concept établi par Antonio Cora dans « The Cellar » pour le premier opus, morceau qui avait été écrit spécifiquement pour le générique de fin du film, constitué d’un ensemble de sons glauques et froids retravaillés sur ordinateur, et qui s’apparentaient à une succession de bruits souterrains et de vent filtré dans le grave. Il n’y a bien évidemment aucune cohérence particulière dans le score de Carter Burwell, la folie restant omniprésente tout au long du film, la musique illustrant ainsi la descente aux enfers des jeunes touristes qui ne ressortiront pas indemne de leur expérience dans la forêt de Blair Witch. Pas de thème ici, la musique demeure purement atmosphérique et fonctionnelle à l’écran. Les échantillons sonores de la nature ne sont pas assez mis en avant et passent carrément inaperçu à la première écoute de la musique dans le film. Carter Burwell a eu une bonne idée mais n'a pu su l'explorer correctement et la mettre en place dans le film. Evidemment, l'originalité de ce score est importante car il devient de plus en plus rare de nos jours d’écrire une musique réellement innovante. Mais pour « Blair Witch 2 », il semblerait bien que l'originalité l'ait emporté sur la qualité. Un score dérangeant, bruyant, original mais malheureusement bâclé par un mixage redondant et une qualité de composition douteuse. Dommage !



----Quentin Billard