1-Apocalypse 3.43
2-The Transference 3.50
3-Pyramid Collapse/Main Titles 2.25
4-Eric's New Life 1.27
5-Just a Dream 1.16
6-Moira's Discovery/
Apocalypse Awakens 4.35
7-Shattered Life 2.54
8-Going Grey/Who the F Are You? 1.49
9-Eric's Rebirth 2.48
10-Contacting Eric/The Answer! 5.01
11-Beethoven Havok 2.53
12-You Can See 1.31
13-New Pyramid 2.13
14-Recruiting Psylocke 2.04
15-Split Them Up! 4.15
16-A Piece Of His Past 1.42
17-The Magneto Effect 4.26
18-Jet Memories 1.46
19-The Message/
Some Kind of Weapon 4.01
20-Great Hero/You Betray Me 5.13
21-Like a Fire 4.24
22-What Beach? 1.51
23-Rebuilding/Cuffed/
Goodbye Old Friend 3.35
24-You're X-Men/End Titles 4.09
25-Rest Young Child (vocal version) 2.18*

*With Jasper Randall.

Musique  composée par:

John Ottman

Editeur:

Sony Classical 532120

Album produit par:
John Ottman
Orchestrations:
Pete Anthony, Andrew Kinney,
Jon Kull, Jason Livesay,
Nolan Livesay, John Ashton Thomas

Montage musique:
Amanda Goodpaster, Joseph Bonn
Orchestrateur superviseur:
Rick Giovinazzo
Mixage score:
Casey Stone
Musique additionnelle:
Roger Suen, Nolan Livesay,
Jason Livesay

Arrangements additionnels:
Edwin Wendler

Artwork and pictures (c) 2016 Twentieth Century Fox Film Corporation/Marvel Entertainment. All rights reserved.

Note: ****
X-MEN APOCALYPSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Ottman
Bryan Singer retrouve avec « Apocalypse » la chronologie normale de la saga « X-Men » deux ans après « Days of Future Past » qui reste un épisode à part dans la saga. Dans ce nouvel épisode sorti au cinéma en 2016, on découvre l’histoire d’En Sabah Nur alias Apocalypse (Oscar Isaacs), le premier de tous les mutants et détenteur de pouvoirs colossaux, vénéré comme un dieu depuis l’Egypte antique. 3500 ans auparavant, En Sabah Nur et ses Quatre Cavaliers participent à un rituel dans une grande pyramide, au cours duquel Apocalypse cherche à transférer son esprit dans le corps d’un autre mutant immortel et plus jeune. Mais des gardes s’insurgent contre lui et tentent d’assassiner le mutant. Au cours de la mutinerie, la Cavalière de la mort sauve son maître en l’enfermant de justesse dans une barrière de protection télékinétique, qui le protègera pendant des millénaires. Des siècles plus tard, en 1983, l’agent de la CIA Moira MacTaggert (Rose Byrne) assiste secrètement à une étrange cérémonie ésotérique en Egypte, où un groupe d’hommes convoquent Apocalypse et cherchent à le faire revenir dans notre monde. Le réveil d’Apocalypse déclenche une gigantesque vague sismique partout sur Terre, ce que ressent alors la jeune Jean Grey (Sophie Turner), étudiante à l’école pour jeunes surdoués du professeur Charles Xavier (James McAvoy). Pendant ce temps, en Pologne, Erik Lenhsherr alias Magnéto (Michael Fassbender) a refait sa vie sous le nom d’Henrik Gurzsky après avoir tenté de détruire le monde il y a 10 ans. Il vit aujourd’hui avec sa femme Magda et leur fille Nina, et travaille comme ouvrier dans une fonderie polonaise. Mais un accident survient un jour dans l’usine, obligeant Erik a utiliser ses pouvoirs pour sauver l’un des ouvriers. Ses collègues comprennent alors qu’il n’est pas celui qu’il prétend être et se rendent alors chez lui avec des gendarmes, réalisant qu’il n’est autre que Magnéto. Pour protéger sa famille, Erik décide de se rendre mais sa fille Nina déchaîne alors ses pouvoirs sur les animaux, et l’un des gendarmes décoche accidentellement une flèche en plein coeur de sa femme et de sa fille, tuées sur le coup. Bouleversé et choqué, Erik, accablé par la fatalité de son destin qui semble à nouveau le rattraper, déchaîne ses pouvoirs et tue tous les gendarmes avant de s’enfuir. Dès lors, la nouvelle du retour de Magnéto fait le tour du monde, alors qu’il reste l’ennemi numéro un recherché partout sur Terre. Apocalypse décide quand à lui de réunir ses nouveaux Cavaliers et recrute Psylocke (Olivia Munn), Tornade (Alexandra Shipp) et Archangel (Ben Hardy), mais il lui manque un quatrième cavalier, et non des moindres : Magnéto. Exploitant sa souffrance et sa colère, Apocalypse va inciter Magnéto à rejoindre son camp, afin de détruire ensemble la Terre et rebâtir le monde tel qu’il le concevait lorsqu’il était vénéré il y a des millénaires. Pour contrer la menace qui touche le monde entier, le professeur Xavier, allié avec Mystique (Jennifer Lawrence), réunit ses jeunes mutants autour de Fauve (Nicholas Hoult), Vif-Argent (Evan Peters), Diablo (Kodi Smit-McPhee), Jean Grey et Cyclope (Tye Sheridan), obligé de contrer à la fois la menace du colonel William Stryker (Josh Helman) qui a enlevé plusieurs de ses étudiants pour mener ses expériences militaires sur eux, et la terreur destructrice d’Apocalypse, qui commence à déchaîner ses pouvoirs sur le monde.

Bryan Singer livre avec « X-Men Apocalypse » un nouvel épisode particulièrement puissant, sombre et dramatique, dans la continuité de « X-Men First Class » sorti en 2011. Ce sixième volet de l’infatigable saga de Marvel s’inspire à nouveau des comic books d’origine pour prolonger l’univers du reboot de « First Class », dans lequel on découvre (ou redécouvre) un casting sensiblement rajeuni, avec tous les personnages bien connus 30 ans avant les « X-Men » du début des années 2000. Le film marque aussi l’une des premières rencontres entre les X-Men et Wolverine (Hugh Jackman), qui a droit à une brève apparition d’une dizaine de minutes cette fois-ci, après avoir été largement présent dans les anciens épisodes et autres spin-offs en tout genre. Après les années 60 dans « First Class », Bryan Singer nous plonge cette fois-ci dans les années 80 et évoque l’évolution des différents personnages de la saga – on découvre par exemple les origines de Jean Grey alias « Phénix », ou comment Charles Xavier est devenu chauve suite aux terrifiants agissements d’Apocalypse – Mais le film doit beaucoup au charisme incroyable d’Oscar Isaacs, qui campe un Apocalypse terrifiant et surpuissant, que rien ni personne ne semble pouvoir arrêter, et dont les pouvoirs paraissent infinis (pouvoirs qu’il a acquis durant des millénaires, faisant de lui le mutant le plus puissant au monde). A ses côtés, Michael Fassbender confirme encore une fois son excellence dans le rôle de Magnéto, probablement le personnage le plus passionnant et le plus touchant de toute la saga, une sortie de héros/anti-héros blessé et torturé qui hésite constamment entre le bien et le mal, et qui voit à nouveau sa haine contre l’espèce humaine l’envahir alors qu’il a tenté de suivre les conseils de son ami Xavier et de commencer une nouvelle vie parmi les hommes. Singer en profite par ailleurs pour nous offrir une séquence mémorable et d’une grande noirceur à Auschwitz, scène cruelle – assez osée pour une production Marvel – durant laquelle Apocalypse tente de déchaîner la colère et la haine de Magnéto en l’amenant revisiter le camp de concentration nazi où sont morts ses parents durant son enfance. Le scénario reprend à nouveau le concept de la lutte entre le bien et le mal en apportant des nuances intéressantes (certains personnages auront des doutes et changeront de camp), comme c’est le cas par exemple pour Mystique, qui, après avoir été la principale antagoniste des précédents films, se retrouve ici alliée à Xavier et ses jeunes mutants. Techniquement, le film est très impressionnant, avec une avalanche d’effets spéciaux 3D de très haut niveau, des seconds rôles solides et un scénario convaincant, avec un soupçon de violence et une noirceur héritée de « First Class » et surtout « Days of Future Past ». Décidément, après trois premiers épisodes de qualité inégale, force est de constater que la franchise semble gagner davantage en maturité depuis « First Class », s’orientant vers un univers passionnant d’une grande richesse et des thèmes plus adultes.

Bryan Singer retrouve son fidèle complice John Ottman sur « X-Men : Apocalypse » pour lequel il signe à nouveau la musique et le montage du film deux ans après « Days of Future Past ». Premier point majeur à noter : autant « Days of Future Past » pouvait sembler quelconque et bâclé au niveau musical, autant ce « Apocalypse » semble à des années lumières de la déception de l’épisode précédent, John Ottman semblant habité ici d’une inspiration évidente, signant là l’un de ses plus grands scores pour un film de Bryan Singer, probablement sa meilleure musique à ce jour pour la franchise « X-Men ». Le score débute sous les meilleures auspices avec « Apocalypse » lors de la cérémonie égyptienne au début du film. Tous les moyens sont mis ici en valeur : orchestre énorme, choeurs épiques, percussions, éléments électroniques discrets, et bien évidemment présentation du nouveau thème associé à Apocalypse, mélodie de 5 notes menaçante et puissante, évoquant les pouvoirs monumentaux d’Apocalypse dans le film et son côté conquérant. La cérémonie égyptienne se prolonge dans « The Transference » avec une excellente écriture pour choeurs masculins en latin (auxquels répondent les cordes de l’orchestre) et une série de variations autour du thème d’Apocalypse. On nage clairement ici en pleine atmosphère gothique, et malgré la présence d’éléments électroniques discrets, l’ensemble nous renvoie aux grandes heures d’un Jerry Goldsmith façon « The Omen » ou d’un Christopher Young en mode « Bless the Child » ! On appréciera ici l’approche opératique voulue par Ottman, les choeurs semblant raconter l’histoire qui se déroule à l’écran, alors que le cérémonial égyptien prend vie sous nos yeux – on n’avait encore jamais entendu une ouverture musicale aussi saisissante dans la saga « X-Men » ! – Le prologue se termine dans « Pyramid Collapse/Main Titles » avec un premier morceau d’action énorme débouchant sur le générique de début et sa traditionnelle fanfare héroïque pour les X-Men, provenant du thème de « X2 : X-Men United » d’Ottman (et qui rappelle toujours autant le thème de « LifeForce » d’Henry Mancini !).

Dans « Eric’s New Life », Ottman calme tout de suite le jeu en introduisant la nouvelle thématique pour Erik alias Magneto, lorsque ce dernier essaie de démarrer une nouvelle vie avec sa femme et sa fille en Pologne sous l’identité d’un modeste ouvrier d’usine. Par la suite, et alors qu’Erik redevient à nouveau Magneto, Ottman attribue au personnage un thème peu reconnaissable à la première écoute, un motif de notes descendantes introduit discrètement dans « Eric’s New Life », développé de façon tragique et poignante dans l’adagio plaintif de « Shattered Life » (scène où Erik pleure la mort de sa femme et sa fille, puis venge leur mort), introduit de manière plus rythmique et agressive dans « The Magneto Effect » aux cordes (vers 2:43), et repris finalement de manière poignante à la fin de « Goodbye Old Friend ». Dommage cependant que le thème soit complètement insignifiant et manque cruellement de personnalité, un comble pour un personnage aussi profond et fort que Magneto (Henry Jackman avait écrit un thème bien plus réussi pour lui dans « X-Men First Class » !). Jean Grey a droit quand à elle à un nouveau thème, reconnaissable à ses quatre premières notes entendues dans « Just A Dream » au piano dès 0:38, thème dont le début semble curieusement calqué sur le célèbre « Ecstasy of Gold » d’Ennio Morricone. Dans « Contacting Eric/The Answer », Ottman reprend le thème de Charles Xavier issu du score de « Days of Future Past », thème intitulé « Hope (Xavier’s Theme) » dans le film précédent. Mais c’est surtout la mélodie d’Apocalypse qui va dominer une bonne partie du score de John Ottman. Développé et varié à toutes les sauces, le thème se voit régulièrement accompagné de sonorités religieuses et mystiques évoquant l’aspect divin d’Apocalypse – qui se compare au Dieu de l’Ancien Testament dans le film – d’où la présence de l’orgue et des choeurs dans les scènes avec le puissant mutant invincible. C’est le cas dans « Apocalypse Awakes » lorsqu’Apocalypse s’éveille au XXe siècle après des siècles de sommeil.

« Eric’s Rebirth » nous permet d’assister au réveil des pouvoirs de Magneto, aidé par Apocalypse qui l’incite à laisser exploser sa colère lors de la scène à Auschwitz. Ottman accentue ici la dimension dramatique de la séquence et les tourments d’Erik à l’aide de cordes funèbres, d’allusions menaçantes à Apocalypse et d’un crescendo orchestral saisissant et surpuissant alors qu’Erik/Magneto détruit le camp tout en entier en libérant ses pouvoirs. Moment-clé du score à ne pas rater : « Beethoven Havok », où Ottman reprend le célèbre Adagietto de la Septième Symphonie de Beethoven, déjà présent dans « X2 : X-Men United » et réutilisé ici comme une sorte de trait d’union évident entre les deux films. La dimension épique du score devient ici plus présente, notamment dans le rôle des choeurs gigantesques, des cuivres et des percussions. Malgré quelques allusions aux autres thèmes, y compris une brève reprise fugace du thème des X-Men au début de « New Pyramid », c’est bien la thématique d’Apocalypse qui s’impose ici. L’action prend le dessus dans le frénétique « Split Them Up ! », dans lequel Ottman dévoile une écriture orchestrale plus complexe et massive à l’écran, intensifiant chaque scène de combat avec une férocité et une puissance constante – faisant passer ses deux précédents scores pour de sympathiques amuse-gueules ! – On notera la très belle reprise du thème de Jean Grey au violoncelle soliste dans « A Piece of his Past » qui permet de tempérer l’agressivité épique du score, avant de repartir derechef dans les assauts symphoniques/choraux monumentaux du dernier acte du film avec « The Magneto Effect », « Jet Memories », « The Message/Some Kind of Weapon » et le dramatique « Great Hero/You Betray Me », grand climax du film lors de l’affrontement final avec Apocalypse et ses mutants. « Like A Fire » conclut la bataille sur une dernière envolée dramatique et une superbe reprise orchestrale et majestueuse du thème de Jean Grey pour la fin du combat, probablement l’un des moments forts du score avec l’introduction égyptienne colossale.

John Ottman met donc les bouchées doubles avec « X-Men Apocalypse » et signe l’une de ses partitions les plus monumentales et les plus épiques pour un film de Bryan Singer, une sorte de compagnon d’aventure de « Jack the Giant Slayer ». Très impressionnante dans le film, la musique prend une tournure encore plus épique et démesurée en écoute isolée, révélant chaque détail d’orchestration, de couleurs sonores ou d’expérimentation (Ottman n’hésite pas à verser ponctuellement dans l’atonalité et les dissonances lors des scènes de batailles). On y retrouve les défauts habituels du compositeur – autodidacte de formation, rappelons-le – à savoir des enchaînements harmoniques souvent hasardeux, probablement hérités de son manque de base technique dans l’écriture musicale, mais force est de constater que le compositeur ne cesse de s’améliorer au fil des années, sa musique devenant plus maîtrisée, plus complexe et plus mature. Après « Superman Returns », « Astroboy » et surtout « Jack the Giant Slayer », Ottman continue de nous prouver qu’il est un grand compositeur à part entière qui ne cesse de progresser dans son écriture et son approche musicale au cinéma. Véritable clé de voûte de la collaboration Ottman/Singer, « X-Men Apocalypse » met la barre très haut alors qu’on pensait que le compositeur ne pourrait jamais faire mieux que le colossal « Jack the Giant Slayer ». Mais c’était bien mal le connaître, et si le score s’avère un brin répétitif et indigeste en écoute isolée, la musique prend une tournure phénoménale sur les images, même si le score contient ses hauts et ses bas (le thème de Magneto manque de personnalité, celui de Jean Grey rappelle trop Morricone, celui de Xavier est trop discret pour être remarqué !). Avec ses choeurs épiques destructeurs et ses sonorités religieuses saisissantes, ce « X-Men Apocalypse » permet à John Ottman de se faire pardonner après le tiédasse « Days of Future Past » et nous donne envie d’en entendre plus, beaucoup plus !



---Quentin Billard