1-Logo and Prosper 1.47
2-Thank Your Lucky Star Date 2.15
3-Night on the Yorktown 5.36
4-The Dance of the Nebula 2.22
5-A Swarm Reception 2.30
6-Hitting on the Saucer a Little Hard 6.10
7-Jaylah Damage 2.50
8-In Artifacts As In Life 1.51
9-Franklin, My Dear 2.50
10-A Lesson in Vulcan Mineralogy 5.17
11-MotorCycles Of Relief 3.17
12-Mocking Jaylah 3.26
13-Crash Decisions 3.16
14-Krall-y Krall-y Oxen Free 4.23
15-Shutdown Happens 4.35
16-Cater-Krall in Zero G 2.17
17-Par-tay For the Course 2.46
18-Star Trek Main Theme 3.45*

*Contient "Theme from Star Trek"
TV Series
Ecrit par Alexander Courage,
Gene Rodenberry.

Musique  composée par:

Michael Giacchino

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 397 8

Album produit par:
Michael Giacchino
Producteur exécutif album:
J.J. Abrams
Direction de la musique
pour Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Direction musicale pour
Varèse Sarabande:
Robert Townson
Coordinateur album soundtrack:
Jason Richmond
Monteur musique:
Stephen M. Davis
Assistants monteurs:
Warren Brown, Eric Wegener
Musique orchestrée et conduite par:
Tim Simonec
Orchestre:
The Hollywood Studio Symphony
Orchestrations additionnelles:
Jeff Kryka
Préparation musique:
Booker White
Ingénieur ProTools:
Vincent Cirilli
Live to Picture Consultant:
Mae Crosby
Assistant de Mr. Giacchino:
David Coker

Artwork and pictures (c) 2016 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ****
STAR TREK BEYOND
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Michael Giacchino
Nouvel épisode de la franchise « Star Trek » remise au goût du jour avec le premier reboot de J.J. Abrams en 2009, suivi de « Into Darkness » en 2013, « Star Trek Beyond » sort en 2016 et se voit cette fois-ci confié à Justin Lin, plus connu pour sa participation aux films de la saga « Fast & Furious ». La sortie du film coïncide pile avec les 50 ans de la saga « Star Trek » (qui débuta effectivement en 1966 à la télévision) et est aussi dédié à la mémoire de Leonard Nimoy (décédé en 2015) et Anton Yelchin, l’interprète de Chekov malheureusement décédé en juin 2016. Véritable hommage voulu à la saga toute entière, « Star Trek Beyond » reprend le thème de l’exploration spatiale et de la découverte de nouvelles civilisations, deux thèmes chers à la série originelle telle qu’elle fut conçut à l’époque par Gene Roddenberry. Niveau scénario en revanche, pas de prise de risque majeur, le film, un cran en dessous des deux précédents, reprend la trame habituelle du méchant qui a un compte à régler avec la fédération Starfleet (même intrigue que dans « Into Darkness » !). L’histoire débute lorsque le capitaine Kirk (Chris Pine) échoue dans une tentative de conclure un traité de paix entre deux peuples ennemis sur une planète lointaine. A son retour à bord de l’USS Enterprise, Kirk s’interroge sur son rôle de capitaine et sa place dans Starfleet, d’autant que son périple spatial dure déjà depuis près de 3 ans. De son côté, Spock (Zachary Quinto), qui vient d’apprendre la mort de son père, décide de rompre avec Uhura (Zoe Saldana) et envisage de quitter Starfleet pour de bon. Après un repos bien mérité à la station spatiale Yorktown, Kirk fait la connaissance de la mystérieuse Kalara (Lydia Wilson), qui affirme qu’elle a du laisser derrière elle son équipage sur une planète inhospitalière. Elle réclame ainsi l’aide de Kirk pour secourir son équipage coincé sur la planète Altamid qui appartient à une nébuleuse encore inexplorée à ce jour. Kirk accepte finalement la mission et arrive sur Altamid, où l’équipage de l’USS Enterprise est immédiatement attaquée par le maléfique Krall (Idris Elba), qui recherche une mystérieuse relique nommée Abronath, et que Kirk détient depuis l’échec de sa précédente mission diplomatique. Kirk ordonne alors que l’équipage abandonne le vaisseau, qui s’échoue sur la planète, alors qu’une partie des survivants du crash sont emmenés par Krall. Kalara se révèle alors être une traîtresse travaillant pour le compte de Krall, et qui convoite à son tour le précieux Abronath. Pendant ce temps, Scott (Simon Pegg) est secouru par Jaylah (Sofia Boutella), une rescapée du camp de Krall qui cherche un moyen de fuir la planète et s’allie à Kirk et ses amis pour combattre le tyran. Ce dernier compte ainsi utiliser l’Abronath pour réactiver une précieuse et très ancienne arme biologique capable de détruire toute forme de vie sur une planète entière. Sa cible : la station spatiale de Yorktown !

Malgré l’énorme succès du film au box-office 2016 (avec un budget de 185 millions de dollars, le film en a rapporté près de 338 !), « Star Trek Beyond » s’avère être un brin plus décevant que les deux films précédents. On peut remarquer pour commencer que la réalisation s’avère bien moins accrocheuse que celle de J.J. Abrams sur les deux opus précédents. Justin Lin est un énième faiseur formaté par l’industrie hollywoodienne qui n’apporte rien de nouveau à ce troisième film et tente de recoller les bouts comme il le peut. Mais tout ce qui faisait le charme rafraîchissant des deux opus précédents semble avoir disparu ici : faut-il voir dans la scène où Kirk et Spock souhaitent raccrocher une sorte de message sous-jacent sur l’essoufflement d’une saga cinématographique qui n’a presque plus grand chose à dire après 50 ans d’existence ? Et pourtant, tous les thèmes chers à la franchise sont bel et bien là, et l’on nous offre une pléiade de scènes de bataille spatiales, d’exploration de planètes inconnues et de découverte de nouvelles cultures et de nouvelles espèces comme on est en droit d’attendre de la part d’un « Star Trek », avec toujours ce message humaniste et poétique sur l’exploration de l’espace et d’autres mondes. A ce sujet, le film de Justin Lin marque un point, notamment grâce au monologue introductif et conclusif de Kirk. En revanche, le scénario est une vraie déception : Krall est un ersatz de John Harrison de « Star Trek Into Darkness », ses motivations sont similaires et les situations vues maintes et maintes fois. L’histoire même de l’équipage de l’Enterprise qui se retrouve piégé sur une planète lointaine en voulant sauver un autre équipage semble sortir tout droit d’un épisode d’une série TV kitsch, d’autant que les rebondissements sont prévisibles et le twist final pas franchement à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre d’un film « Star Trek » ! Et que dire de ces idées totalement saugrenues, comme le coup de la chanson des Beastie Boys qui permet de détruire l’intégralité de la flotte ennemie en plein combat ? Malgré un scénario pauvre et des dialogues ratés, le film s’avère toujours aussi beau visuellement, avec des effets spéciaux dantesques et un look qui plaira autant aux trekkies de la première génération qu’aux plus jeunes et aux néophytes. D’ailleurs, le film semble vouloir manger à tous les râteliers en essayant de séduire tout le monde, ce qui explique l’univers balisé et ultra conventionnel de ce space-opéra humaniste qui perd de sa substance philosophique au profit d’un déluge d’effets spéciaux convaincant, mais avec un scénario plutôt indigent.

Michael Giacchino est à nouveau de la partie en signant sa troisième partition musicale pour la saga « Star Trek » après deux opus très réussis en 2009 puis 2013. A la première écoute, pas de surprise particulière, Giacchino fait ce qu’il sait faire de mieux, une grande partition symphonique éminemment classique, toujours basée sur son thème principal issu des deux précédents films, introduit par un cor soliste dès l’ouverture (« Logo and Prosper »), et repris par un piano intime et mélancolique dans « Thank Your Lucky Star Date ». C’est l’occasion pour Giacchino de développer son thème de manière plus minimaliste et introspective pour la scène du début où Kirk s’interroge sur sa place à Starfleet et songe à l’avenir de sa mission spatiale. Alors que le thème est maintenant bien connu du public, Giacchino s’amuse à le déconstruire phrase par phrase pour s’orienter vers des variantes mélodiques plus étoffées. Mais le score atteint déjà un premier sommet avec le superbe « Night on the Yorktown » qui devrait séduire tous les fans du compositeur, visiblement très inspiré par la séquence où l’Enterprise arrive à la station de Yorktown pour un repos bien mérité. Giacchino illustre cette séquence à l’aide d’un orchestre majestueux et de choeurs grandioses absolument fabuleux, un premier moment fort de la partition de « Star Trek Beyond ». A noter que le thème de Yorktown est déjà introduit aux cordes à la fin de « Thank Your Lucky Star Date » et apporte un souffle quasi magique et féerique à cette première séquence majeure du film. Au niveau thématique, outre la fanfare de l’Enterprise (avec sa phrase B rythmique reprise du premier score de 2009) et le thème de la station Yorktown, on trouve aussi un motif pour Jaylah et un thème menaçant pour Krall. Son motif menaçant de 5 notes apparaît pour la première fois dans « Hitting the Saucer a Little Hard », brièvement aux cuivres vers 0:41, puis à 3:13, durant l’attaque de l’Enterprise, morceau d’action intense et très réussi, qui se conclut par une coda tragique absolument époustouflante, l’une des plus belles reprises à ce jour du nouveau thème principal de « Star Trek » pour choeurs et orchestre à la manière d’un requiem déchirant, alors que le vaisseau s’écrase sur la planète.

Avec « Hitting the Saucer a Little Hard », « A Swarm Reception » fait partie des premiers morceaux d’action majeurs du score, premiers déchaînements orchestraux absolument saisissants, dans la continuité des deux précédents opus. On retrouve ici la complexité rythmique habituelle du compositeur avec ses orchestrations denses et son écriture sophistiquée et classique – on reste très proche des styles de « Jupiter Ascending » ou « John Carter », voire même de « Mission Impossible Ghost Protocol » - Dans « Jaylah Damage », Giacchino dévoile le motif de Jaylah avec son lot de percussions tribales évoquant la guerrière campée par une Sofia Boutella méconnaissable dans le film. Cependant, l’identité sonore de Jaylah manque cruellement de personnalité et passera complètement inaperçue lors d’une première écoute. Quand à celle pour Krall, on regrette là aussi le caractère passe-partout et quelconque du thème du méchant, à des années lumières du thème d’Harrison pour « Star Trek Into Darkness » - c’est un comble, surtout lorsqu’on sait à quel point les méchants ont toujours occupé une place de choix dans la franchise des « Star Trek » et des musiques – A noter l’utilisation d’une voix féminine soliste mystérieuse dans « In Artifacts as in Life » évoquant la puissante relique que convoite Krall pour mettre au point son arme dévastatrice et attaquer Yorktown. Concernant le thème principal, Giacchino le développe astucieusement durant l’attaque de l’Enterprise dans « Hitting the Saucer a Little Hard », juxtaposant parfois des rappels à la mélodie principale et au motif rythmique B. Dans « Franklin, My Dear », le thème est à nouveau repris mais de manière plus sereine. « A Lesson in Vulcan Mineralogy », Giacchino introduit un nouveau thème pour Spock, un choix regrettable puisqu’il oblige le compositeur à abandonner son thème pour Spock et les vulcains issu des deux précédents scores (et qui était largement dominé par les solos d’erhu). On reconnaît la nouvelle mélodie de Spock à 3:47 aux bois évoquant ici l’héroïsme du vulcain.

Le thème de Spock est repris ensuite dans le massif « Crash Decisions », autre morceau d’action clé du score. On appréciera la variation héroïque et action du thème durant la poursuite avec le vaisseau de Krall dans Yorktown vers la fin du film (très reconnaissable aux cors dès 0:45), permettant ainsi à Giacchino de faire s’opposer le motif ‘action’ de Spock, celui du motif rythmique B de l’Enterprise et celui plus martial de Krall. Ce dernier se voit attribué une envolée particulièrement belliqueuse et très réussie de son thème dans le redoutable « Mocking Jaylah » à 1:04, qui permet même à Giacchino d’utiliser brièvement une guitare électrique vers le milieu du morceau. Comme toujours, Giacchino sait développer les thèmes et amplifier ses idées musicales de manière intense et dramatique, notamment par le biais d’une écriture orchestrale très riche et soutenue, plutôt complexe et spectaculaire comme il se doit. Les amateurs d’action en auront ici pour leur argent, car si l’album publié par Varèse Sarabande omet une partie de la musique comme d’habitude (on attendra la future édition Deluxe complète, comme pour les deux opus précédents !), force est de constater que l’accent est largement mis ici sur l’accent et les assauts orchestraux belliqueux et titanesques. L’attaque du camp de Krall avec la moto de Kirk (« MotorCycles of Relief ») permet au compositeur de nous offrir un énième déchaînement symphonique et totalement survolté, aussi intense à l’écran que sur l’album ! Et si le suspense semble de mise dans le sombre et dissonant « Krall-y Krall-y Oxen Free », c’est pour mieux nous préparer à l’affrontement final entre Kirk et Krall dans Yorktown, suivi des violents « Shutdown Happens » et « Cater-Krall in Zero G », morceau d’action dramatique et brutal pour la fin de l’affrontement entre les deux ennemis. On reste ébahit ici par la violence et la férocité du jeu de l’orchestre et des choeurs, Giacchino n’hésitant pas à verser dans la dissonance pure pour renforcer la tension du combat final (à noter la toute dernière reprise du thème de Krall à la trompette à 2:04).

« Par-tay for the Course » conclut l’aventure en reprenant le magnifique thème de Yorktown dans une très belle version pour piano et cordes, alors que la paix est enfin retrouvée et que le calme règne à nouveau dans le film et sur la musique. Le thème principal revient alors dans une dernière coda triomphante et grandiose pour choeur et orchestre, tandis que le film se conclut sur la célèbre fanfare d’Alexander Courage (brièvement citée à la fin de « Star Trek Main Theme »), morceau curieusement absent de l’album. Et c’est ainsi que se referme l’écoute d’un score d’une puissance redoutable, certes moins impressionnant que celui de « Into Darkness », mais à coup sûr une nouvelle grande réussite de la part d’un compositeur toujours autant inspiré par l’univers de « Star Trek », même si sa musique pour « Beyond » semble ici moins inspirée, moins surprenante dans ses idées musicales, et peut être moins radicale dans le traitement de l’orchestre. En revanche, en plus de ses nouveaux thèmes plutôt réussis, le score de Michael Giacchino est un véritable tour de montagne russe, une succession de morceaux d’action assez monumentaux, où l’orchestre semble s’en donner à coeur joie à travers une multitude de cuivres beuglants, de percussions enragées et de choeurs démesurés. Bien évidemment, le compositeur joue la carte de l’épique et de la grandiloquence pour arriver à ses fins, et cela fonctionne parfaitement ici, si bien que l’on ressort totalement conquis par l’écoute d’une partition d’une robustesse ahurissante et d’une puissance redoutable - sans parler du thème magnifique et poignant pour Yorktown, ou lors du crash de l’Enterprise, deux moments forts à ne pas rater dans le film et dans la musique ! – Paradoxalement, le compositeur se montre tout aussi généreux dans les moments plus calmes où il reprend son thème principal dans des variantes minimalistes d’une grande douceur. Ainsi donc, la musique s’avère tout autant réussie à l’écran que sur l’album, et constitue le principal point fort du film de Justin Lin, sans aucun doute la musique de blockbuster la plus convaincante et la plus solide de l’été 2016 !




---Quentin Billard