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1-Main Title/The Setup 2.51
2-The Grab 4.17 3-Robin 1.00 4-Slow Car Chase 3.20 5-The Truck Stop 2.54 6-"Rub'em Out" 1.43 7-Family Ties 3.13 8-Enter Bagman 2.06 9-Family Plots 3.58 10-Hearts 3.45 11-"Until That Day, Then..." 2.34 12-Stair Talk 1.59 13-Showdown at the Nacio Madre 3.28 14-Karma and Justice 2.35 15-Car Talk 1.37 16-The Brothel 3.51 17-"Some Men Here To See You" 1.14 18-Question Mark and the Bagmen 5.07 19-The Way of the Gun 1.43 20-Family 2.11 21-End Titles 4.24 22-How To Make a Margarita 2.44* *Ecrit et interprété par Joe Kraemer Musique composée par: Joe Kraemer Editeur: Milan Records 35915 Produit par: Joe Kraemer Orchestrateur: Steven Ariscot Spécialiste musique latine: Guillermo Hernandez Préparation musique: Robert Puff Monteuse musique: Lise Richardson (c) 2000 Artisan Entertainment/Aqaba Productions. All rights reserved. Note: ***1/2 |
THE WAY OF THE GUN
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ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
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Music composed by Joe Kraemer
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« The Way of the Gun » est le premier long-métrage de Christopher McQuarrie, que l’on connaît plutôt comme scénariste pour Bryan Singer, puisqu’il a signé les scripts de « Public Access », « Usual Suspects » ou « Valkyrie ». Récemment, McQuarrie s’est surtout fait connaître au cinéma en réalisant deux gros films de Tom Cruise : « Jack Reacher » (2012) et « Mission : Impossible Rogue Nation » (2015). Pour son premier film en tant que réalisateur, McQuarrie décide de tourner un film d’action/thriller empruntant autant aux films de gangster à la Tarantino qu’aux westerns spaghetti italiens. On y suit l’histoire de Parker (Ryan Phillippe) et Longbaugh (Benicio del Toro), deux truands minables qui projettent de kidnapper Robin (Juliette Lewis), une jeune mère porteuse pour un homme d’affaires nommé Hale Chidduck (Scott Wilson), en lien avec la mafia italo-américaine. Ce dernier a engagé un porte-valise nommé Joe Sarno (James Caan), chargé de négocier avec les ravisseurs et de tenter de récupérer Robin et son futur enfant sans avoir à payer la rançon de 15 millions de dollars qu’exigent les deux truands. Et comme si cela ne suffisait pas, Jeffers (Taye Diggs) et Obecks (Nick Katt), les deux garde du corps de Robin, vont monter un plan visant à récupérer l’enfant et l’argent par la même occasion. De son côté, Sarno tente de raisonner Longbaugh en lui proposant un million de dollars s’ils rendent Robin et s’en vont comme si rien ne s’était passé, mais le truand refuse et retourne dans sa chambre d’hôtel près de la frontière mexicaine. Les choses se compliquent lorsque Robin parvient à s’échapper, et que la police mexicaine arrive pour tenter d’éliminer les deux truands. « The Way of the Gun » est donc un premier coup d’essai audacieux de la part de Christopher McQuarrie, qui, las de sa carrière de scénariste à la fin des années 90, voulait aussi prouver qu’il était capable de passer derrière la caméra, à condition qu’il trouve un bon script et un bon casting.
Sur le papier, le film s’annonçait comme un polar conventionnel, avec son lot de gangsters, de fusillades et de kidnapping, sauf que le génie de McQuarrie est d'avoir su détourner tous les codes du genre pour nous amener vers quelque chose de plus personnel, de plus inattendu, voire de carrément subversif. Ainsi donc, le réalisateur/scénariste s’amuse à prendre le contre-pied quasi systématique de toutes les situations, tout en jouant sur les conventions de ce type de cinéma magnifié dans les années 80/90 par Scorsese ou Tarantino. Pire encore, l’histoire repose sur une galerie de personnages principaux pourris et déshumanisés qu’on adore détester, mais pour lesquels il devient forcément difficile de ressentir la moindre apathie. Surfant ainsi sur la vague des anti-héros, « Way of the Gun » semble partir dans tous les sens et surprend par sa liberté de ton apparente et son envie de bousculer les conventions. Parmi les scènes mémorables du film, on se souvient notamment d’une introduction atypique et cocasse, peut être l’exposition la plus cash de l’histoire du cinéma (en gros les deux truands provoquent gratuitement une bagarre à l’entrée d’un bar et se font insulter par une jeune femme vulgaire qui humilie au passage son copain, avant que la dite donzelle se prenne un coup de poing par l’un des deux truands qui finissent roués de coups au sol !), une scène farfelue à l’humour corrosif reposant entièrement sur les répliques impertinentes, alors que Parker et Longbaugh cherchent à gagner de l’argent en donnant leur sperme dans une clinique – l’interrogatoire qui s’en suit avec le médecin est un grand moment de n’importe quoi ! – sans oublier la fameuse poursuite en voiture vers le début de l’histoire, probablement la poursuite la plus lente du monde, où les héros ouvrent la portière et posent carrément le pied sur le sol pour faire avancer la voiture très doucement dans une ruelle – idem pour leurs poursuivants qui se trouvent pourtant à seulement quelques mètres derrière eux ! – Enfin, le film se termine avec une gigantesque fusillade générale sanglante dans une hacienda mexicaine, où McQuarrie rend clairement hommage aux codes du western spaghetti italien façon Sergio Leone – d’ailleurs, les noms de Parker et Longbaugh font référence aux vrais noms des célèbres gangsters américains Butch Cassidy et Sundance Kid – Niveau casting, le réalisateur se paie le luxe réunir quelques stars du petit et grand écran, à commencer par le vétéran et génial James Caan, dans un rôle d’homme de main très nuancé à la figure paternelle évidente, face à un Ryan Phillippe à contre-emploi qui souhaitait casser son image de beau gosse en campant un rôle de pourri, aux côtés de Benicio del Toro, dans un rôle qui rappelle celui qu’il campait dans le « Usual Suspects » de Singer en 1996. On y retrouve aussi Juliette Lewis (avec son père Geoffrey Lewis), Scott Wilson (qui joue Hershel dans la série TV « The Walking Dead »), Taye Diggs, Nick Katt et Dylan Kussman (qui jouera aussi dans le film suivant de McQuarrie, « Jack Reacher »). Ainsi donc, « The Way of the Gun » s’avère être un polar atypique qui joue sur les codes du genre et les détourne systématiquement, dans un univers violent hanté par des personnages pourris et un script suffisamment malin pour nous maintenir en haleine, et ce malgré une réalisation parfois inégale. Le film, sorti en salles en 2000, ne réussira malheureusement pas à trouver son public, les critiques reprochant la vacuité du scénario et les références peu maîtrisées à Sam Peckinpah – néanmoins, tout le monde s’accorde sur le fait que l’indispensable James Caan vole la vedette à tout le monde dans le film – Le film a coûté 21 millions de dollars et n’en rapportera qu’à peine 13 millions, une solide déception pour le réalisateur, même si le film est devenu culte par la suite. « The Way of the Gun » marque les débuts de la collaboration entre Christopher McQuarrie et le compositeur américain Joe Kraemer, alors inconnu du grand public à cette époque. Pour son premier long-métrage, Kraemer signe une partition d’action/suspense plutôt sombre et dense, ponctué de quelques vagues touches latino. Le film s’ouvre avec « Main Title/The Setup » au son d’accords de guitare et de timbales agressives, une introduction plutôt originale et répétitive pour un polar de ce genre. Puis, très vite, les cordes de l’orchestre viennent s’ajouter sur un ostinato mélodique de harpe et l’utilisation intéressante d’un harmonica et de castagnettes, renforçant les quelques touches latino/western du score – tout comme la guitare – A noter ici la mise en place d’une première idée thématique importante, un ostinato rythmique sur une série de notes répétées de cordes, qui servira de base au morceau suivant. Dans « The Grab », Kraemer développe un thème dramatique de cordes à travers un crescendo prenant emprunt d’une certaine fatalité, à l’image du destin de Parker et Longbaugh dans le film. Dans « Robin », on retrouve l’ostinato principal joué par la guitare et le piano de manière entêtante, renforçant la tension avec le retour des cordes et des timbales plus agressives. Les orchestrations sont ici très soignées, Kraemer privilégiant aussi bien l’orchestre que les différents solistes pour parvenir à ses fins, incluant quelques éléments électroniques plus discrets. Dans « Slow Car Chase », le compositeur se paie le luxe de nous offrir un premier morceau d’action tonitruant pour la scène de la poursuite en voiture extrêmement lente. A cette lenteur atypique, Kraemer répond paradoxalement par des martèlements de timbales et de piano assez impressionnants, avec des ponctuations agressives de cuivres et le retour des castagnettes, « Slow Car Chase » étant le premier morceau d’action majeur du score de « The Way of the Gun ». A noter l’utilisation des clarinettes dans « The Truck Stop » avec son thème mélodique faussement ironique, rythmé par le tambourin. Il y a dans la musique de Joe Kraemer un certain humour noir très particulier à l’écran, témoignant du savoir-faire évident d’un jeune compositeur qui semble pourtant ici très à l’aise dans le film. « Rub ‘em Out » fait monter la tension en rappelant l’ambiance thriller du film avec un bref rappel au thème principal de 4 notes des deux truands (aux cuivres vers 1:17). L’ostinato revient ensuite dans « Family Ties », Kraemer construisant réellement sa partition autour de cette signature musicale récurrente dont le caractère répétitif et martelé renforce clairement l’ambiance sombre et presque fataliste de la musique du film de McQuarrie. A noter ici l’emploi particulier des bois – et notamment du basson – pour colorer la musique de manière plus intéressante, tandis que les cloches et le piano appuient cette idée de fatalité voire de désespoir, nous amenant vers l’issue évidemment violente du film. A 2:06, le thème familial est dévoilé au piano, évoquant le lien entre Robin et Joe dans le film. Dans « Enter Bagman », on découvre le personnage de Joe Sarno marqué par le retour du thème familial mélancolique de clarinette, cordes et piano, avec une ambiance plus minimaliste proche de Thomas Newman. A noter que Sarno est évoqué par un motif de 6 notes rapides de piano, entendu dans « Enter Bagman » à 0:51 et évoquant sa détermination à retrouver Robin et à mettre fin au kidnapping. C’est ainsi qu’on découvre la facette plus émotionnelle de la partition avec les accords mélancoliques de piano dans « Family Plots », alors que les gardes du corps de Robin complotent pour récupérer leur part du butin, tandis que le motif de Joe est de nouveau présent au piano (à 2:38). Même chose pour « Hearts » qui développe une ambiance mélancolique, minimaliste et toute en retenue avec le retour du thème familial au piano à 1:47. Le thème principal revient dans sa version intégrale de 4 notes sur fond d’ostinato dans « Until That Day, Then… » avec le motif de piano de Sarno, évoquant à nouveau le kidnapping de Robin et la rencontre entre Joe et Longbaugh. Le même thème revient ensuite de manière plus dramatique dans « Stair Talk » au cours d’un crescendo orchestral particulièrement intense, puis le motif de Joe est entendu à la harpe dès le début de « Showdown at the Nacio Madre » pour la fusillade à l’hôtel près de la frontière mexicaine. La musique devient ici plus mélancolique et tragique, avant d’enchaîner sur un passage plus sombre et dramatique évoquant la violence de la fusillade. Idem pour « Karma and Justice » où le thème principal de 4 notes et le motif de Sarno restent très présents. La musique devient même extrêmement sombre dans « The Brothel » pour la fusillade finale dans la hacienda mexicaine. La tension monte d’un cran tout au long de la scène grâce au jeu des contrebasses, aux violons en harmonique et au retour des timbales brutales du début. La dernière partie du morceau bascule même dans l’horrifique avec des effets aléatoires dissonants de pizzicati et des glissandi stridents des cordes, accentuant la violence des combats et le suspense. L’ambiance thriller est largement entretenue dans « Question Mark and the Bagmen » et « Some Men Are Here To See You », tandis que le thème principal dramatique revient dans « The Way of the Gun » avant de céder la place au thème familial de Joe dans « Family », joué ici par un piano délicat et une clarinette de manière très poignante, alors que le « End Titles » se propose reprendre les principales idées thématiques du score résumées durant plus de 4 minutes. Joe Kraemer signe donc un premier score de qualité pour « The Way of the Gun », une partition pas follement originale en soi mais qui a le mérite de nous proposer quelques thèmes mémorables et une atmosphère de suspense et d’action particulièrement sèche et brutale, le tout ponctué de quelques bonnes idées (les castagnettes, la guitare). Dans une note du livret de l’album, Kraemer explique que lui et McQuarrie souhaitaient rendre hommage dans la musique aux styles des polars 70’s de Jerry Goldsmith, David Shire, John Williams ou Lalo Schifrin. Le résultat s’avère finalement beaucoup plus classique et conventionnel, avec une approche orchestrale très soutenue parsemée de bonnes idées et d’orchestrations très détaillées. Le score apporte une noirceur évidente aux images mais n’oublie pas l’aspect plus émotionnel à travers la sous-intrigue familiale et l’idée de la paternité, thèmes abordés avec délicatesse par Kraemer dans sa musique. « The Way of the Gun » constitue ainsi une très bonne surprise pour un premier essai dans le domaine de la musique de film. Joe Kraemer confirme qu’il a suffisamment de talent et d’inspiration pour se voir confier des films plus importants, et on espère que la suite de sa carrière ira dans le même sens (récemment, Kraemer s’est fait beaucoup remarquer avec ses partitions de qualité pour « Jack Reacher » et « Mission Impossible : Rogue Nation »). Recommandé, donc ! ---Quentin Billard |