1-The Aldridge Mansion 2.57
2-The Garrett Attack 1.29
3-Never Invited 1.23
4-Distinct Human Form 2.26
5-The Universe Shall Bend 2.22
6-Subway Ghost Attack 3.21
7-Ghost Girl 0.59
8-Mannequins 2.12
9-Ghost in a Box 0.50
10-Dr. Heiss 3.21
11-Ley Lines 3.47
12-Pester the Living 2.48
13-I Will Lead Them All 2.16
14-The Power of Patty Compels You 2.16
15-The Fourth Cataclysm 3.32
16-Balloon Parade 1.58
17-Battle of Times Square 3.20
18-Entering the Mercado 2.31
19-Behemoth 3.43
20-Into the Portal 3.07
21-NY Heart GB 0.49

Musique  composée par:

Theodore Shapiro

Editeur:

Sony Classical 88985329852

Album produit par:
Theodore Shapiro
Enregistrement et mixage:
Chris Fogel
Orchestre conduit par:
Mark Graham
Orchestrations:
Pete Anthony, John Ashton Thomas,
Rick Giovinazzo, Randy Kerber

"Ghostbusters" Theme de:
Ray Parker Jr
Monteur musique:
Erica Weis
Coordination musique:
Oren Yaacoby
Montage score:
David Channing

Artwork and pictures (c) 2016 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
GHOSTBUSTERS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Theodore Shapiro
Annoncé depuis plusieurs années, le reboot de « Ghostbusters » (S.O.S. Fantômes), grand classique du cinéma d’aventures/science-fiction des années 80, était vraiment attendu au tournant. Alors qu’on s’attendait à ce qu’il rempile, le réalisateur des deux premiers films, Ivan Reitman, abandonne finalement le projet vers 2010. Suite au décès d’Harold Ramis en 2014, les choses semblent se compliquer pour ce troisième épisode tant attendu. C’est finalement Paul Feig qui réalise le film, avec un premier choix plutôt étonnant : un casting entièrement féminin, en remplacement de l’ancienne équipe des S.O.S. Fantômes, qui doivent se contenter de quelques caméos surprises dans le film – Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson – Concernant le scénario, c’est un décalque du premier film sorti en 1984 : deux amies de longue date, Erin Gilbert et Abby Yates ont travaillé durant leur scolarité sur des théories au sujet du paranormal et des fantômes qui peuvent se manifester dans notre monde. Quelques années plus tard, Erin (Kristen Wiig) s’apprête à devenir enseignante en physique quantique à l’université de Columbia lorsqu’elle reçoit la visite du conservateur du musée du Manoir Aldridge (Ed Mulgrave Jr) qui a besoin de ses services et de ses connaissances en paranormal. Elle décide alors de rendre visite à Abby (Melissa McCarthy) qui travaille au laboratoire de l’institut Kenneth P. Higgins, avec sa collaboratrice Jillian Holtzmann (Kate McKinnon). Ensemble, elles se rendent au manoir Aldridge avec un détecteur d’activité paranormale sur lequel les deux femmes ont travaillé pendant plusieurs années. C’est alors que la vérité éclate : le spectre de Gertrude Aldridge se manifeste devant elles, et malgré le fait que l’événement a été filmé, les trois femmes sont désavouées et perdent leur emploi. Erin, Jillian et Abby décident alors de monter leur propre société en installant leurs nouveaux locaux au premier étage d’un restaurant chinois à Manhattan. Kevin Beckman (Chris Hemsworth), jeune homme extravagant et tête en l’air, devient alors le nouveau réceptionniste de leur agence. Ensemble, les trois femmes mettent au point de nouveaux appareils capables de chasser et de capturer les fantômes en tout genre. Une nouvelle occasion se présente alors : Patty Tolan (Leslie Jones), employée au guichet du métro de la station Seward Street, est témoin d’un événement surnaturel : un spectre électrocuté semble hanter les rames du métro. Elle fait alors appel à l’agence des chasseuses de fantômes qui doivent relever le défi à bras-le-corps. Mais les quatre femmes ignorent encore qu’elles sont à l’aube d’une grande attaque spectrale qui pourrait menacer l’humanité toute entière. Alors que Patty devient officiellement membre des « SOS Fantômes », Rowan North (Neil Casey), employé d’hôtel excentrique, se met en tête d’ouvrir un portail dimensionnel libérant des hordes entières de fantômes maléfiques pour détruire notre monde.

Au final, « Ghostbusters » version 2016 est une sacrée déconvenue pour tous les fans de la franchise et les nostalgiques des SOS Fantômes. La réalisation de Paul Feig peine à retrouver le brio d’Ivan Reitman, qu’il se contente bien souvent de singer, hormis quelques nouvelles idées qui ne parviennent pas à rehausser le niveau. Visuellement, le film est dans la veine des blockbusters des années 2000 : scénario maigrichon, avalanche d’effets numériques et de 3D inutile, etc. Le long-métrage dispense un humour bas de plafond qui peine à faire réellement sourire, et ce malgré une accumulation de gags plus ou moins drôles et d’un groupe d’actrices qui semblent s’être bien amusés sur ce film. Les jeunes femmes arrivent à prendre le relais de l’ancienne équipe – on déplore les critiques sexistes et misogynes qui se sont multipliés à la sortie du film – même si l’on aurait quand même aimé retrouver les anciens pour de vrais rôles plus consistants, hormis de simples caméos (outre Aykroyd, Hudson et Murray, Sigourney Weaver et Annie Potts ont droit elles aussi à une apparition surprise). Malgré quelques scènes spectaculaires incluant un affrontement contre un spectre lors d’un concert de heavy-metal assez farfelu, et une bataille finale assez monumentale et plutôt fun, ce « Ghostbusters » 2016 a bien du mal à convaincre pleinement, car à trop vouloir jouer la carte habituelle du fan service, le film de Paul Feig n’a rien de bien neuf à offrir et se contente trop souvent de singer le film de 1984, en moins bien, et ce malgré un humour omniprésent et quelques bons effets spéciaux. Les actrices du film – pour la plupart issues du mythique Saturday Night Live, à l’instar de leurs homologues masculins de 1984 – font ce qu’elles peuvent, mais rien n’y fait, la magie n’opère plus, et le public finit par se lasser de cette avalanche de blockbusters décérébrés qu’on nous balance chaque année à Hollywood et tous ces remakes/reboots des années 80/90 qui n’en finissent plus !

La musique de « Ghostbusters » reste à coup sûr l’un des éléments les plus célèbres du film de 1984. Outre la partition orchestrale d’Elmer Bernstein, assez typique du compositeur, le grand public a surtout retenu la très populaire chanson-clé de Ray Parker Jr, indissociable du film d’Ivan Reitman. Pour cette version 2016, c’est Theodore Shapiro qui a été choisi pour écrire la musique de ce nouvel épisode de SOS Fantômes. Shapiro est plus connu pour ses travaux sur des comédies telles que « Tropic Thunder », « Dodgeball », « Blades of Glory », « Fun with Dick and Jane », « The Devil Wears Prada », « The Secret Life of Walter Mitty », « Dinner for Schmucks », sans oublier sa musique pour la comédie d’espionnage « Spy » (2015), précédent film de Paul Feig, ceci expliquant certainement la présence de Shapiro sur « Ghostbusters ». A la première écoute, on est frappe d’emblée par l’ampleur de la partition de Theodore Shapiro et des moyens mis en oeuvre : grand orchestre du Hollywood Studio Symphony, chorale de 40 chanteurs, bols tibétains traditionnels, parties synthétiques et même un grand orgue enregistré à la prestigieuse First Congregational Church de Los Angeles, brillamment interprété par Christoph Bull. Peu habitué au musique de blockbuster, Shapiro était jusqu’ici essentiellement connu pour ses musiques de comédie bondissantes et fun, mais « Ghostbusters » lui permet de relever le challenge et de mettre les bouchées doubles, et ce dès le début du film. « The Aldridge Mansion » aborde la première scène du manoir Aldridge avec un premier thème mystérieux de 4 notes de bois et de cordes, souvent accompagné d’arpèges répétées de quatre notes descendantes de cordes, reconnaissables dans la plupart des morceaux évoquant les attaques de fantômes : on retrouve des allusions à ce motif dans « Subway Ghost Attack », « The Universe Shall Bend » ou au tout début de « The Aldridge Mansion ». On notera aussi l’emploi des bols tibétains qui apportent une couleur étrange à la musique – sonorité associée dans le film au maléfique Rowan North et ses plans diaboliques de destruction du monde - Shapiro n’hésite pas non plus à faire quelques clins d’oeil à Elmer Bernstein avec l’emploi ponctuel de synthétiseurs imitant vaguement les Ondes Martenots du score de 1984. « The Garrett Attack » nous sort l’artillerie lourde pour la première attaque de fantôme au début du film : percussions tonitruantes, cuivres guerriers, cordes agitées et choeurs colossaux aux paroles latines viennent enfoncer le clou du spectaculaire et de l’aventure épique ! Comme souvent dans ce genre de film, Shapiro oublie l’aspect comédie et illustre le film avec beaucoup de sérieux, la partie chorale – élément clé du score – lorgnant davantage ici vers « Lord of the Rings » pour son ampleur et sa puissance sonore redoutable à l’écran comme sur l’album !

Dans « Never Invited », Shapiro dévoile brièvement le second thème du score, un motif de 5 notes associé aux quatre chasseuses de SOS Fantômes. Le thème est intégralement dévoilé dans « Distinct Human Form » dès 2:01, sous la forme d’une fanfare héroïque cuivrée accompagnée de l’orgue. A noter que le compositeur propose aussi quelques allusions mélodiques à la célèbre chanson de Ray Parker Jr, subtilement arrangée pour l’orchestre, comme c’est le cas dans « Distinct Human Form » vers 1:48, ce qui permet là aussi de faire le lien avec les anciens films des années 80. Ainsi donc, la musique de « Ghostbusters » prend la route de l’aventure et de l’action épique avec le plus grand sérieux du monde, le tout servi par des orchestrations solides révélant le talent habituel de Theodore Shapiro. « The Universe Shall Bend » développe les sonorités menaçantes de Rowan North, tandis que « Subway Ghost Attack » accompagne la scène de l’attaque du fantôme dans le métro avec le retour des choeurs épiques et des arpèges de cordes associées aux spectres, sans oublier le retour des bols tibétains de Rowan et du thème des SOS Fantômes. Un nouveau thème est dévoilé dans « Ghost Girl », au piano sur fond de cordes et de nappe synthétique discrète, à la manière de Thomas Newman, thème évoquant l’amitié entre Erin et Abby et leur passion commune pour le paranormal, qui remonte à leur enfance.

Si vous aimez l’action et les assauts orchestraux démesurés, « Mannequins » est fait pour vous ! On se rapproche davantage ici du style de Christopher Young avec une série de cuivres dissonants et de cordes stridentes sur fond de percussions agressives pour une nouvelle attaque spectrale colossale dans le film. L’action s’intensifie avec « Ghost in a Box » où l’orchestre et l’orgue apportent une dimension gothique et ténébreuse impressionnante au score et au film – sans oublier des allusions aux arpèges de 4 notes des fantômes et au motif héroïque principal – A noter que la musique de Ray Parker Jr. fait un retour triomphant à 3:01 dans « Ley Lines », version instrumentale et un brin modernisée de la partie centrale de la chanson « Ghostbusters » de 1984. On notera par ailleurs ici l’emploi d’un ensemble pop/rock qui dynamise la musique à l’écran et contrebalance quelque peu l’aspect très symphonique du score de Theodore Shapiro. Les amateurs de suspense dissonant apprécieront à coup sûr « Pester the Living » qui semble lui aussi sortir tout droit d’un score de Christopher Young avec son lot de cordes menaçantes et de voix mystérieuses. Dans « I Will Lead Them All », après une intro évoquant le thème de piano pour l’amitié entre Erin et Abby, la musique développe très rapidement les sonorités de Rowan et les motifs des fantômes pour un nouvel assaut choral gothique du plus bel effet ! « The Power of Patty Compels You » pastiche quand à lui Krzysztof Penderecki dans une ambiance très sombre et agressive avec des choeurs démesurés apocalyptiques (on croirait parfois entendre le style du « Requiem Polonais » de Penderecki). Dès « The Fourth Cataclysm », on entre dans le dernier acte du film pour 20 minutes d’action non-stop lors de la longue bataille finale dans les rues de la ville.

Impossible ici de passer à côté de l’écriture extrêmement soutenu des choeurs apocalyptiques/gothiques de « The Fourth Cataclysm », qui apportent une dimension quasi opératique à la scène où le portail dimensionnel s’ouvre et libère des hordes entières de fantômes sur New York. Le thème héroïque des chasseurs de fantômes est repris ici en grande pompe, avec de vagues allusions à la chanson de Ray Parker Jr. Ce sont d’ailleurs les quelques envolées héroïques savoureuses du thème des SOS Fantômes qui apportent un vrai plus à cette dernière partie, incluant même une allusion amusante aux Ondes Martenots façon Elmer Bernstein à 2:12. Cette ambiance se prolonge durant l’attaque des fantômes ballons de « Balloon Parade », incluant une superbe reprise triomphante du thème héroïque à 0:45, brève mais très prenante. La bataille se poursuit dans l’énorme « Battle of Times Square » qui débute sur une gigantesque reprise du thème des fantômes juxtaposé à une série de variantes autour du thème héroïque, pour ce qui reste l’un des meilleurs morceaux d’action du score, un pur tour de force orchestral – là aussi, ne ratez pas l’envolée triomphante du thème à 1:45 qui défonce tout sur son passage ! – incluant une nouvelle allusion à Ray Parker Jr. On notera l’emploi des choeurs aux sonorités maléfiques dans « Behemoth » pour une apparition du démon vers la fin du film. Ici aussi, on pense à l’écriture chorale de Penderecki ou au « The Omen » de Jerry Goldsmith, pour un autre tour de force orchestral/choral épique et démesuré, l’aventure touchant à sa fin dans « Into the Portal » et sa coda purement triomphante.

Hormis quelques vagues clins d’oeil à Elmer Bernstein, le score de « Ghostbusters » 2016 est un véritable rouleau compresseur musical assez dantesque où la subtilité semble avoir été rangée au placard. Exit ici les motifs bondissants et ironiques façon Bernstein, place aux choeurs gothiques et aux assauts orchestraux endiablés à mi-chemin entre Christopher Young ou Marco Beltrami ! A ce jour, le score de « Ghostbusters » est l’une des partitions les plus colossales et les plus épiques que Theodore Shapiro ait pu écrire pour un film hollywoodien, très éloigné de ses musiques de comédie plus minimalistes et fonctionnelles. On reprochera néanmoins le côté souvent répétitif d’un score épique malheureusement un peu indigeste sur la longueur, les morceaux d’action s’accumulant de manière non-stop lors des 20 dernières minutes du film à une vitesse ahurissante, mais avec peu de pause ou de respiration réelle. Il manque au score de Shapiro une certaine nuance, un manque de relief qui plombe cruellement l’écoute sur la longueur, même si les bonnes idées sont bien présentes. L’emploi de l’orgue est très réussi, tout comme celui des choeurs, assez monumental, tandis que les parties symphoniques apportent la touche 80/90’s à un score orchestral assez énorme, parfaitement posé sur les images et évoquant l’idée d’une lutte épique contre des superpuissances surnaturelles.

Shapiro signe donc pour « Ghostbusters » l’un de ses scores les plus ambitieux même si la partie comédie semble bizarrement absente de sa musique. On regrette le côté un peu quelconque des thèmes secondaires, mais les envolées triomphantes et guerrières du thème principal et les allusions à Ray Parker Jr. feront à coup sûr le bonheur des auditeurs et des fans de la franchise, pour ce qui reste un score d’action/aventure plutôt plaisant et divertissant, pas exceptionnel mais à recommander chaleureusement à tous les fans du compositeur et de la série des « Ghostbusters », car étant donné la piètre qualité du film de Paul Feig, l’impressionnante musique de Theodore Shapiro reste à n’en point douter le meilleur élément du film, cela va sans dire !




---Quentin Billard