1-Main Title 1.32
2-"Me" 2.18*
3-Women On The Verge 1.30
4-Lisle 1.05
5-A Touch of Magic 2.32
6-Now, A Warning 0.52
7-Sempre Viva 1.49
8-Another Drunk Driver 1.47
9-Hurry Up, You Wimp 1.57
10-It's Alive 3.00
11-Helen Spies 2.00
12-Another Miracle 2.31
13-I'll Be Upstairs 0.38
14-Loving You 2.30
15-I'd Rather Die 3.00
16-End Credits 5.45

*Interprété par Meryl Streep
Musique de Geoffray Aymar
Paroles de Martin Donovan
et David Koepp.

Musique  composée par:

Alan Silvestri

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5375

Album produit par:
Alan Silvestri
Producteur exécutif:
Robert Townson
Directeur en charge de la musique pour Universal Pictures:
Burt Berman
Montage de la musique:
Kenneth Karman
Assistant exécutif du CD:
Tom Null

Artwork and pictures (c) 1992 Universal Studios, Inc. All rights reserved.

Note: ***
DEATH BECOMES HER
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alan Silvestri
Robert Zemeckis surprend toujours par la diversité des thèmes qu'il aborde dans ses films. Dans 'Death Becomes Her' (La Mort vous va si bien), il a choisit cette fois-ci de se faire un trip 'comédie-macabre' à l'humour noir implacable. Le duo formé par Goldie Hawn et Meryl Streep reste indiscutablement l'atout majeur du film, encadrant un Bruce Willis inattendu dans le rôle du docteur Ernest Menville tiraillé entre ces deux folles. 'Death Becomes Her', c'est l'histoire d'une potion magique qui offre la jeunesse éternelle, Madeline Asthon (Meryl Streep) et Helen Sharp (Goldie Hawn) ayant prise toute les deux cette mystérieuse potion pour tenter de retrouver leur physique de jeune fille. Le problème pour eux, étant devenue immortelle et insensible à la douleur physique, c'est que leur corps doit être sans cesse maintenu en bon état, et sans l'aide du chirurgien esthétique qu'interprète Bruce Willis dans le film, elles ne peuvent pas y arriver. Ce dernier est bien décidé à les quitter définitivement et à abandonner cet enfer dans lequel il se retrouve piégé malgré lui. Grotesque et décalé, le film de Robert Zemeckis joue à fond sur les gags invraisemblables (scène du cadavre de Meryl Streep qui se relève avec la tête retournée sur elle même ou bien encore Goldie Hawn qui marche avec un énorme trou dans le ventre) et si vous avez la chance d'en rire, ce ne sera que pour deux raisons: soit parce que vous trouvez cela parfaitement pitoyable et navrant, soit parce que vous avez un humour vraiment bizarre, un peu comme le réalisateur!

Après 'Romancing The Stone' (1984), 'Back To The Future' (1985), 'Who Framed Roger Rabbit?' (1988), 'Back To The Future Part II' (1989) et 'Back To The Future Part III' (1990), Robert Zemeckis retrouve à nouveau son complice de toujours, Alan Silvestri qui a écrit pour 'Death Becomes Her' une partition sombre, dissonante et mordante, à la fois agressive et pleine d'humour noir, à l'image du film. Le problème est peut être que la musique est un brin trop sérieuse par rapport au film, Silvestri ayant opté pour une approche style thriller macabre, délaissant l'aspect comédie noire. Peu importe, le fond y est quand même: la musique de 'Death Becomes Her' est la représentation musicale parfaite de l'histoire folle filmée par Zemeckis. Développant deux thèmes très contrastés, le score de 'Death Becomes Her' reste typique du compositeur de 'Back To The Future': orchestre avec cordes mises en avant (comme Silvestri le fera plus tard dans 'What Lies Beneath') incluant la présence d'un violon soliste et des orchestrations typiques du compositeur. Le premier thème introduit dans le 'Main Title' est directement lié à l'humour noir du film. Grinçant et dissonant, avec son rythme martelé par des cordes à la Bernard Herrmann et ses notes piquées-staccatos, le thème évoque l'aspect macabre et ironique du film. On peut affirmer sans trop se tromper que l'on n'aurait pas pu trouver mieux pour évoquer à travers un thème l'idée du film diabolique de Zemeckis (notons l'utilisation de trompettes en sourdine qui donnent un air plus "mordant" au thème).

Le deuxième thème, une phrase mélodique plus chantante, conserve un côté toujours aussi sombre. Il représente quand à lui la potion et son aspect magique et fantastique. Un autre motif toujours confié à des cordes fait aussi quelque fois son apparition pour évoquer les deux femmes et leurs méfaits diaboliques. Le 'Main Title' introduit donc le premier thème avant de partir en jazz retro des années 60 pour la scène de la chorégraphie du cabaret au début du film. Mais dès 'Woman On The Verge', Alan Silvestri nous plonge dans cette ambiance ironico-macabre. Un bel exemple reste l'excellent 'Hurry Up You Wimp' et 'It's Alive' pour la scène où le docteur Menville tue Madeline en la balançant dans les escaliers, avant de s'apercevoir qu'elle s'est transformée en véritable morte-vivante. Si l'effet spécial est assez réussi (la tête retournée de Meryl Streep, quel délire!) quoiqu'un peu daté, la scène fait beaucoup plus rire qu'autre chose tant la situation est d'un grotesque infini. Mais Silvestri a visiblement prit cela très au sérieux et ses montées de cordes dissonantes et stridentes au début de 'Hurry up you Wimp' font penser à ce que fait habituellement le compositeur dans ses musiques d'action/thriller, le reste étant tout aussi sombre et dissonant. En clair, on a à faire ici à une vraie musique de thriller!

Mais alors que le corps "ré-animé" de Madeline s'approche de Menville, ce dernier sursautant de peur en assistant à un spectacle aussi macabre (voir Bruce Willis crier comme une petite fille achève de faire basculer le film dans le ridicule absolu!), Silvestri nous refait entendre le thème principal confié cette fois-ci au violon soliste de Stuart Canin qui joue très staccato avec son archet, et, bien évidemment, la terreur du début laisse place à l'humour noir de ce passage. Les cordes sont l'élément de l'orchestration qui prédomine ici, même si le reste de l'orchestre conserve une énergie considérable. Alan Silvestri joue bien ici sur les différents registres des cordes. Tour à tour mystérieuse, diabolique, parfois agrémenté d'un soliste, ou bien alors tendues et raides comme des arcs, elles sont l'élément clé qui unifie la partition bien au-delà des trois thèmes principaux. Le reste de la partition est du même acabit, Silvestri naviguant dans le film entre terreur et humour noir, le compositeur ayant apparemment pris le sujet plus au sérieux que le réalisateur. Notons que certains passages agités rappellent parfois le style des parties action de 'Who Framed Roger Rabbit', surtout en ce qui concerne les orchestrations.

'Lisle' évoque avec le thème mystérieux de la potion et un violoncelle soliste l'étrange magie et le mystère qui se dégage du personnage qu'interprète Isabella Rossellini ainsi que de sa potion magique rosâtre aux pouvoirs surnaturels, comme dans 'A Touch of Magic'. Notons aussi l'excellent 'I'd Rather Die' illustrant le dilemme final de Melville: choisir la mort ou la vie éternelle, suspendu par ses bretelles au dessus du vide. Après un début agité où Melville est poursuivi par deux chiens et tente de s'échapper du repère de Lisle, il se retrouve dans une situation particulièrement dangereuse. Ce morceau est typique du style action/thriller de Silvestri et il nous le prouve grandement dans ce final rondement mené. Et comme la tradition "Silvestrienne" l'exige, l'album se conclut sur le medley du 'End Credits' reprenant les trois principaux thèmes du score pour une belle conclusion ironique de l'album.

Parfois tendue, parfois agitée, la partition diabolique de 'Death Becomes Her' est une oeuvre intéressante de la part du compositeur fétiche de Robert Zemeckis, Alan Silvestri nous livrant une fois encore une vision juste et parfaite pour le film de son complice de toujours, et même si 'Death Becomes Her' est loin d'être la partition-clé de la collaboration Silvestri/Zemeckis, elle n'en reste pas moins un travail de bonne facture, preuve que le compositeur sait toujours trouver l'inspiration auprès de son fidèle complice, pour peu que son film ait un petit quelque chose qui vaille la peine d'être exploré, ce qui est toujours plus ou moins le cas chez Robert Zemeckis. Du bon travail en somme!


---Quentin Billard