1-Task Force X 4.53
2-Arkham Asylum 3.23
3-I'm Going to Figure This Out 1.41
4-You Make My Teeth Hurt 2.30
5-I Want to Assemble
A Task Force 2.52
6-Brother, Our Time Has Come 4.43
7-A Serial Killer Who
Takes Credit Cards 2.09
8-A Killer App 2.53
9-That's How I Cut and Run 3.09
10-We Got A Job To Do 1.41
11-You Die We Die 4.01
12-Harley and Joker 2.49
13-This Bird Is Baked 4.42
14-Hey Craziness 4.01
15-You Need A Miracle 2.36
16-Diablo's Story 1.42
17-The Squad 3.58
18-Are We Friends Of
Are We Foes? 4.16
19-She's Behind You 3.02
20-One Bullet Is All I Need 3.32
21-I Thought I'd Killed You 3.49
22-The Worst of the Worst 4.11

Musique  composée par:

Steven Price

Editeur:

Sony Classical 88985362632

Score produit par:
Steven Price
Orchestrations:
David Butterworth,
Jennifer Hammond

Montage musique:
David Channing, Sam Zeines
Supervision montage:
Bryan Lawson
Mixage score:
Gareth Cousins
Supervision musique:
Gabe Hilfer
Préparation musique:
Aaron Meyer
Consultant musique:
Scottpatrick J. Sellitto

Artwork and pictures (c) 2016 Warner Bros. Entertainment Inc. All rights reserved.

Note: **1/2
SUICIDE SQUAD
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steven Price
« Suicide Squad » est l’adaptation cinématographique d’une série de comic books de DC Comics mettant en scène un groupe de super-vilains recrutés pour combattre un mal absolu. La Warner et DC Comics ont eut l’idée de faire un film autour de « Suicide Squad » après avoir introduit les personnages dans la série TV « Arrow » durant les saisons 2 et 3. L’histoire du film se déroule par ailleurs peu de temps après les événements du précédent film de Zack Snyder : après la mort de Superman, Amanda Waller (Viola Davis) s’inquiète de l’arrivée des prochains méta-humains sur Terre et décide de faire adopter le projet Task Force X, qui consiste à réunir un groupe de criminels dotés de grandes capacités pour pouvoir répondre à la menace en cas d’attaque, et ce de manière non officielle. Parmi sa liste de super-vilains se trouve Deadshot alias Floyd Lawton (Will Smith), la psychopathe Harley Quinn (Margot Robbie), petite amie névrosée du Joker (Jared Leto), le tueur monstre Killer Croc alias Waylon Jones (Adewale Akinnuoye-Agbaje), Captain Boomerang alias Digger Harkness (Jai Courtney), Slipknot alias Christopher Weiss (Adam Beach) et le pyromane mexicain El Diablo alias Chato Santana (Jay Hernandez). L’équipe est réunie et dirigée par le colonel Rick Flag (Joel Kinnaman), brillant officier de l’armée américaine, dont la petite amie, l’Enchanteresse alias le Dr. June Moone (Cara Delevingne), menace désormais le monde depuis qu’une sorcière a pénétré le corps de l’archéologue June Moone et projette de détruire l’humanité pour reprendre le contrôle de la Terre comme à son époque, où elle régnait en maîtresse absolue. Amanda Waller contrôle la sorcière en détenant son coeur et s’est arrangée pour que Flag et Moone deviennent amants afin de garder le contrôle sur le colonel et son équipe. Mais l’Enchanteresse finit par récupérer son coeur et libère son frère prisonnier d’un vase à qui elle offre de grands pouvoirs. Ensemble, ils conçoivent une armée de zombies en plein coeur de la garde de Midway City et tentent de reprendre le contrôle du monde. Amanda Waller déploie alors l’équipe de la Task Force X, en prenant soin d’injecter à chaque membre de la Suicide Squad une puce explosive miniature pour s’assurer qu’aucun d’entre eux ne désobéira aux ordres donnés. Désormais, les super-vilains, épaulés par Katana (Karen Fukuhara), spécialiste du sabre japonais, n’ont qu’un seul objectif : mener à bien leur mission s’ils espèrent survivre tous ensemble. Mais alors qu’ils commencent à découvrir le véritable but de leur mission, les membres de la Suicide Squad doivent aussi faire face au Joker, qui rechercher Harley Quinn et comptent bien tout faire pour récupérer sa promise.

Réalisé et écrit par David Ayer, « Suicide Squad » déboule sur les écrans en 2016 et a bien du mal à convaincre réellement le public : trop édulcoré, trop charcuté au montage, le film est un échec retentissant, et malgré son très gros succès financier – et cette stupide manie de ressortir tout de suite après le film en version longue, avec 13 minutes supplémentaires coupées lors du montage cinéma – « Suicide Squad » divise fortement l’opinion, surtout après les critiques adressées à « Man of Steel » et « Batman V. Superman ». Si la plupart des personnages de super-vilains sont assez conformes aux comic-books d’origine – hormis peut être Harley Quinn, qui s’avère ici ultra sexualisée et nettement plus aguicheuse que son look habituel d’arlequin – on reste coi devant l’imbécillité d’un scénario linéaire et sans surprise où les situations évoluent de façon routinière, sans les nuances et la complexité qui faisaient le charme de « Batman V Superman » (dans sa version longue uniquement !). David Ayer a voulu faire de son film un pur divertissement qui se veut cool et branché, à grand renfort de tubes et de chansons pop/rock du hit parade, mais les choix regrettables effectués au montage et la frilosité effarante des producteurs ont joués contre le film, qui s’avère surtout destiné à un grand public et trahit l’ambition de base de faire un film de super-vilains bad ass et violents comme on était en droit d’attendre de la part de « Suicide Squad ».

Au final, ces grands méchants s’avèrent être des gentils au grand coeur, qui n’hésitent pas à s’émouvoir du tracas de leurs semblables – cf. cette scène ridicule de pathos total où El Diablo confesse son passé devant une Harley Quinn au bord des larmes ! – ce qui est quand même un comble quand on sait comment le film a été vendu. Mais la plus grosse déception reste à n’en point douter le personnage très attendu du Joker, brillamment interprété par Jared Leto, mais amputé d’une bonne partie de ses scènes dans le montage cinéma, alors que la version longue se contente de ne restaurer qu’une infime partie des séquences initialement prévues avec le personnage. Malgré des ajouts intéressants, la version longue de « Suicide Squad » ne parvient même pas à sauver le film de la noyade, sans oublier un combat final apocalyptique raté et un scénario très décevant. Seule la sexy Margot Robbie parvient malgré tout à tirer son épingle du jeu avec le personnage le plus intéressant de « Suicide Squad » – le film a d’ailleurs été largement vendu grâce au personnage d’Harley Quinn – et malgré un bon casting et quelques caméos (Batman et Flash y font des apparitions furtives), le résultat est extrêmement décevant pour une production DC Comics. Espérons que les producteurs sauront prendre les bons choix et rectifier le tir pour le « Justice League » qui devrait débouler sur nos écrans courant 2017, suivi de « The Batman » de Ben Affleck en 2019.

Le choix du compositeur Steven Price sur « Suicide Squad » s’avérait logique quand on sait que le compositeur anglais, oscarisé pour son travail sur « Gravity » en 2013, avait déjà travaillé sur un ancien film de David Ayer, « Fury », en 2014. A la première écoute, la partition de « Suicide Squad » n’offre aucune surprise particulière : on y retrouve le même mélange d’orchestre et de rythmes électroniques/rock modernes que l’on entend à longueur de journée dans les films d’action hollywoodiens contemporains. L’objectif de Price semblait donc être d’émuler le style d’Hans Zimmer et Junkie XL que l’on pouvait entendre sur les films précédents, avec une partie orchestrale limitée au traditionnel duo cordes/cuivres, accompagné d’une palette de loops électro, samples et rythmes rock en tout genre. Le thème principal est dévoilé dès « Task Force X », évoquant la détermination des super-vilains à vaincre le péril incarné par l’Enchanteresse et ses sbires maléfiques dans le film. Puis, très vite, les premiers rythmes électro/pop modernes font leur apparition, avec le lot habituel de sound design, de voix féminines et de notes vaporeuses de claviers, sans originalité particulière. L’approche cool et fun de « Task Force X » apporte un côté divertissant au film, notamment dans la seconde moitié du morceau, plus héroïque et clairement bad ass, à l’image de ce que le film de David Ayer aurait du être. Le thème principal de « Suicide Squad » est entendu ici à 3:00 aux cuivres sur fond de rythme rock, dans un style ‘anthemic’ qui rappelle clairement les musiques de Media Ventures des années 90 (avec un côté Trevor Rabin/Mark Mancina plutôt fun). « Arkham Asylum » accompagne le début du film dans l’asile d’Arkham à la découverte d’Harley Quinn, un morceau sombre et tendu dominé par le sound design et l’utilisation très clichée du duduk arménien en plus des voix féminines et du clavier. Steven Price introduit ici un motif secondaire évoquant la romance torturée entre Harley et le Joker (dès 1:16 aux cordes), motif largement plus développé dans « Harley and Joker » avec son violoncelle élégiaque et ses cordes dramatiques et pesantes sur fond de choeurs grandioses. Dommage cependant que ce motif manque cruellement de personnalité et risque fort de passer totalement inaperçu à la première écoute.

Un autre Love Theme pour piano et cordes apparaît dans « I’m Going to Figure This Out », évoquant la relation entre Rick Flag et June Moone dans le film, reconnaissable à ses notes mélancoliques et fragiles. Avec « You Make My Teeth Hurt », on entre dans la partie action du score avec un premier déchaînement orchestral accompagné d’une batterie rock fun et d’un soupçon de sound design électronique qui a tendance à envahir une partie du score de manière systématique et fort peu plaisante. Ici aussi, on devine des accents dramatiques qui renforcent la tension du film et la sensation que les personnages ne sont pas au contrôle de leur destinée et subissent leur aventure. Dans « I Want to Assemble a Task Force », Amanda Waller manifeste son souhait de réunir les membres de la Task Force X, offrant l’occasion à Steven Price de développer certains motifs incluant une allusion au motif de Flag et Moone. « Brother, Our Time Has Come » évoque quand à lui l’Enchanteresse et son frère dans une atmosphère sonore plus menaçante à l’aide de violoncelles mystérieux, de cordes sombres, de voix féminines et de sound design obscur. Ici aussi, c’est la partie électronique atmosphérique qui domine, même si l’orchestre est souvent noyé dans la masse sonore d’un sound design lourdingue et omniprésent. L’Enchanteresse n’a pas de motif à proprement parler, un fait regrettable qui reflète l’absence d’ambition thématique du score, en dehors du motif principal et de quelques thèmes secondaires pas indispensables. Ainsi donc, les membres de la Suicide Squad n’ont aucun motif qui leur est propre en dehors du thème principal, un fait regrettable lorsqu’on sait qu’il y avait pourtant matière à concevoir des choses mémorables pour ces différents personnages. Au lieu de cela, il faut se contenter d’un alignement de rythmes rock/électro, de parties orchestrales monotones et d’allusions au thème principal dans « A Serial Killer Who Takes Credit Cards » ou « A Killer App », dans lequel Price applique toutes les recettes du genre sans originalité particulière.

« That’s How I Cut and Run » développe de nouveaux rythmes action empruntés clairement à Hans Zimmer et Remote Control : on retrouve clairement ici les rythmiques et les sons de « Man of Steel » ou « Batman V. Superman », notamment dans l’emploi de mesures à 7 temps caractéristiques à la manière du thème de Zimmer écrit pour Wonder Woman dans le précédent film. L’écriture souvent pataude des parties orchestrales trahissent un manque flagrant de subtilité de la part de Steven Price, non pas que la musique soit particulièrement mal écrite, mais surtout parce que les morceaux ne parviennent jamais à respirer complètement et manquent de nuance, avec cette manie lassante d’inonder l’orchestre de sound design agaçant. A l’écran, des morceaux comme « That’s How I Cut and Run » illustrent parfaitement les scènes de bataille et les confrontations musclées entre les forces du bien et du mal, mais sur l’album, c’est une autre paire de manche ! « You Die, We Die » fait quand à lui brièvement allusion au thème principal avec un ton plus dramatique lorsque les membres de la Suicide Squad décident de travailler main dans la main pour sortir ensemble de cette galère aux côtés de Rick Flag. La musique s’avère malheureusement fort répétitive et plutôt indigeste sur l’album, avec une succession de morceaux d’action déchaînés et bruyants comme le dramatique « This Bird is Baked » pour la scène où l’hélicoptère du Joker est abattu, incluant quelques moments tragiques avec choeurs et orchestre plutôt réussis, ou des passages plus mélancoliques dans « Hey Craziness », où l’on retrouve le thème de piano de Flag et Moone, tout comme « Diablo’s Story », lorsque El Diablo raconte son histoire tragique à ses camarades. Price met ici l’accent sur le jeu des cordes, des nappes sonores et des voix pour accentuer le drame lié au passé du gangster mexicain pyromane, idée reflétée dans « The Squad » où le thème principal est repris de manière plus déterminée, avec l’utilisation des voix féminines, du piano et du duduk. On retrouve ici le style plus dramatique et élégiaque de « Gravity » assez caractéristique de Steven Price, même si encore une fois, on regrettera l’omniprésence d’un sound design envahisseur et franchement inintéressant. A noter ici la superbe reprise musclée et héroïque du thème de la Suicide Squad à 2:54, l’un des rares bons moments du score !

« Are We Friends or Are We Foes ? » et « She’s Behind You » illustrent la bataille finale contre les forces de l’Enchanteresse, alternant entre le matériau menaçant de la puissante sorcière maléfique et les parties rock plus héroïques de la Suicide Squad à grand renfort de choeurs épiques. C’est l’occasion pour Steven Price de développer pleinement ici son thème principal de manière guerrière et triomphante, avec quelques envolées très 90’s fort plaisantes et très réussies, dans le film comme sur l’album. A ce sujet, ne ratez pas l’excellente reprise du thème à 3:15 dans « Are We Friends or Are We Foes ? », alors que l’Enchanteresse et son frère sont sur le point d’être vaincus grâce à l’union des super-vilains. La bataille finale se conclut avec le climax dramatique de « One Bullet is All I Need » suivi de « I Thought I’d Killed You » qui semble plus apaisé, sans oublier la reprise du thème principal dans « The Worst of the Worst ». « Suicide Squad » s’avère donc être un score d’action bruyant et moderne sans originalité particulière, servi par un thème principal héroïque plutôt attrayant – bien qu’il rappelle vaguement le thème d’action de « Rambo : First Blood Part II » de Jerry Goldsmith – et quelques rythmes rock/électro plus funs, mais rien qui vaille vraiment la peine de s’en relever la nuit ! La musique remplit parfaitement le cahier des charges à l’écran, apportant la tension, l’action et l’émotion aux moments adéquats sans renouveler vraiment le genre ni proposer quoique ce soit de vraiment personnel. Steven Price fait ce qu’il sait faire le mieux, à savoir concocter un mélange hybride d’orchestre, de choeur et d’électronique en imitant le style bien à la mode d’Hans Zimmer et de ses collègues, comme le font un nombre invraisemblable de compositeurs aujourd’hui à Hollywood. Ce genre de musique finit par lasser les auditeurs qui veulent plus que jamais passer à autre chose, « Suicide Squad » étant malheureusement symptomatique d’un manque cruel de créativité et d’audace à Hollywood, avec ce genre de musique d’action moderne écrite au kilomètre mais sans aucune passion particulière, sans aucun parti pris outre celui de faire la musique la plus fonctionnelle qui soit à l’écran. Prétendre que « Suicide Squad » est une déception totale de A à Z relèverait donc du doux euphémisme : force est de reconnaître que les musiques des studios Marvel s’avèrent pour le moment bien plus convaincantes que celles pour les productions DC Comics !



---Quentin Billard