1-Meet the Pets 2.37
2-Katie's Leaving 0.55
3-Meet Duke 3.36
4-Fetch Me A Stick 3.09
5-Telenovela Squirrels 1.24
6-Hijack! 2.00
7-Gidget Meets Tiberius 4.56
8-Initiation Time 1.01
9-Rooftop Route 1.27
10-The Viper 1.49
11-You Have An Owner? 3.04
12-Good Morning Max 1.29
13-Sewer Chase 1.09
14-Who's With Me? 1.21
15-Me Like What Me See 0.54
16-Traveling Bossa 1.56
17-Flushed Out to Brooklyn 2.47
18-Sausages! 1.13
19-Duke's Old House/Captured 3.03
20-Brooklyn Bridge Showdown 2.34
21-Rescuing Duke 2.46
22-Wet But Handsome/Blue Taxi 1.24
23-Max and Gidget 1.36
24-Welcome Home 1.57
25-We Go Together 1.24*

*Interprété par The
Sausage Factory Singers
Ecrit par Warren Casey, Jim Jacobs
Produit par Alana Da Fonseca
of The Boom Clack.

Musique  composée par:

Alexandre Desplat

Editeur:

Back Lot Music BLM646

Score produit par:
Alexandre Desplat
Orchestrations:
Jean-Pascal Beintus, Chad Cannon,
Mark Graham, Conrad Pope,
Clifford J. Tasner

Préparation musique:
Michael Bahnmiller, Daniel A. Brown,
Jina B. Choi, Luke Flynn,
Riley Hughes, Gregory Jamrok,
Annie Rosevear

Monteur musique:
Kenneth Karman
Assistant montage:
Nevin Seus
Programmation score:
Jongnic Bontemps
Choeur dirigé par:
Jasper Randall

Artwork and pictures (c) 2016 Universal Pictures/Illumination Entertainment. All rights reserved.

Note: ****
THE SECRET LIFE OF PETS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Alexandre Desplat
« The Secret Life of Pets » (Comme des bêtes) est le nouveau film d’animation de Chris Renaud et Yarrow Cheney, sorti en salles en 2016. Renaud est connu pour avoir co-réalisé la saga des Minions (« Despicable Me ») et de l’amusant « The Lorax » (2012) pour le compte du studio Illumination Entertainment, lié à la Universal. Dans « The Secret Life of Pets », Renaud et Cheney s’intéressent à la vie de nos animaux de compagnie une fois qu’on a le dos tourné ou que l’on quitte notre habitation. L’histoire se déroule dans un grand immeuble résidentiel en plein coeur de Manhattan à New York. Max, un Jack Russell Terrier, passe ses journées avec sa maîtresse Katie. Lorsque cette dernier s’en va pour partir travailler dans la journée, Max retrouve tous ses amis habituels qui vivent dans l’immeuble : la chatte boulimique Chloé, le carlin Mel, le teckel Buddy et la perruche ondulée Sweetpea. Un jour, Katie décide d’adopter un autre chien, Duke, un bâtard à poil long qui devient particulièrement envahissant et provoque la jalousie de Max, qui refuse de partager Katie avec un autre animal. Gêné par le comportement de Max envers lui, Duke décide un jour de l’abandonner dans une allée, où ils se font malheureusement attaquer par un gang de chats dirigés par Ozone, un sphynx mâle particulièrement agressif. Durant l’attaque, Max et Duke perdent alors leurs colliers et se font attraper par des employés de la fourrière animale. Au cours de leur périple, les deux chiens sont sauvés par Snowball, un petit lapin blanc qui dirige en réalité les animaux libérés, un groupe d’anciens animaux domestiques qui ont été abandonnés et qui se sont rassemblés dans les égouts de la ville pour former une armée et se venger de tous les animaux de compagnie heureux et de leurs propriétaires. Alors que Max et Duke doivent affronter une vipère géante en guise d’allégeance à leur cause, les deux chiens réussissent à s’enfuir in extremis en embarquant à bord d’un ferry près de Brooklyn, tuant accidentellement la vipère. Snowball, enragé, jure de tout faire pour retrouver les deux chiens et se venger de la mort de leur amie vipère. Lui et son armée d’animaux se lancent alors à la poursuite de Max et Duke, qui cherchent à retrouver le chemin de leur appartement de Manhattan, perdus dans les rues de Brooklyn.

« The Secret Life of Pets » s’avère être un film d’animation fort sympathique qui doit autant à la qualité de son animation qu’à sa galerie de personnages attachants et à un comique de situation toujours très agréable et divertissant. Tourné en 3D, le film est une plongée amusante dans les rues new-yorkaises à travers l’histoire d’une troupe d’animaux déjantés qui vont s’affronter à grand coup de gags, de péripéties rocambolesques et de clins d’oeil cinématographiques. A ce sujet, le film de Chris Renaud et Yarrow Cheney est un peu l’équivalent du « Toy Story » de Pixar, sauf qu’ici, les jouets sont remplacés par des animaux de compagnie, qui, une fois que leurs propriétaires ont le dos tournés, décident de mener leur propre vie et de vivre une série d’aventures palpitantes. Au niveau des références cinématographiques, on trouve un peu de tout : le chauffeur de taxi qui écoute la chanson « Happy » de Pharrell Williams (allusion à « Moi, moche et méchant 2 »), le propriétaire d’oiseaux qui possède une affiche du film « The Birds » d’Hitchcock (1963), Max et Buddy qui percutent des animaux durant leur fuite dans les égouts, avec un son similaire à celui que fait Mario lorsqu’il heurte les koopas dans « Super Mario Bros », la scène hilarante de la fabrique de saucisses qui parodie une séquence musicale de « Grease » avec John Travolta et Olivia Newton-John, sans oublier cette scène avec Max qui tombe sur la vitre brisée du camion suspendu vers la fin du film, séquence empruntée à « The Lost World » de Spielberg, etc. Et comme dans le récent « Zootopia » de Disney, « The Secret Life of Pets » évoque un message optimiste et social sur fond de buddy movie des années 80, un message de paix et d’entente entre les différentes races animales, qui décident ici de s’entraider pour vivre ensemble une grande aventure pleine de rebondissements et de dangers en tout genre. Le film ne manque pas non plus d’humour, avec quelques scènes rocambolesques comme le moment où le chien d’aristocrate attend que son propriétaire claque la porte pour mettre une musique heavy-metal/trash bourrine sur sa sono, les séquences hilarantes avec le petit lapin Snowball, méchant improbable du film, la scène où Max et Duke se gavent de saucisses dans l’usine de saucisses, la poursuite dans la camionnette de la fourrière ou les scènes dans les égouts, autant de bons moments magnifiés par un montage vif et rapide où les péripéties s’enchaînent à grande vitesse et sans temps mort, faisant du film un bon divertissement où on ne décroche pas un seul instant.

Alexandre Desplat se voit confier la musique de « The Secret Life of Pets » et saisit l’occasion de renouer avec le genre de l’animation qu’il avait déjà abordé en 2009 avec « Fantastic Mr. Fox ». Comme une bonne partie de l’histoire se déroule à New-York, Desplat a eu l’idée de rendre hommage à l’un de ses styles musicaux fétiches, le jazz, en signant une partition à mi-chemin entre le jazz et le swing traditionnel des années 30/40. Le compositeur français réunit ainsi un jazz band traditionnel incluant section rythmique – batterie, basse, piano – section de cuivres (trompettes, trombones, tuba), guitares, basse, saxophone, clarinette, vibraphone, percussions latinos et l’orchestre symphonique habituel accompagné d’une chorale de 23 chanteurs. On y retrouve le style coloré et classique habituel du compositeur dans les parties orchestrales, avec une prédominance de la section jazz qui apporte une vraie personnalité à la musique du film. L’histoire débute par ailleurs sur le superbe thème jazzy/swing des animaux de compagnie, « Meet the Pets », dominé par son jeu caractéristique et rapide de la batterie (jeu typiquement swing sur les toms) avec une clarinette, une flûte et des cuivres bondissants. « Meet the Pets » apporte une vitalité rafraîchissante, en plus du jeu de l’orchestre, brassant les influences diverses – Desplat dit s’être autant inspiré de Duke Ellington ou Miles Davis que des musiciens de jazz comme Stan Getz ou Carlinhos Brown et Rey Lima pour les influences sud-américaines, sans oublier ses influences plus classiques comme Debussy, Ravel ou John Williams pour le cinéma. Mélangeant ces différentes influences avec brio, Desplat nous offre ici une musique dynamique qui respire l’entrain, la joie de vivre et apporte une couleur éclatante aux images du film de Renaud et Cheney tout en rendant hommage à la culture musicale new-yorkaise (et notamment le jazz) telle qu’on peut la découvrir dans les films de Woody Allen.

Après une ouverture dévoilant le joyeux thème de Max et des animaux que n’aurait pas renié Henry Mancini, on découvre les passages plus légers à la limite du mickey-mousing dans « Katie’s Leaving » et « Meet Duke » avec ses instruments solistes introduisant le thème de Max dès les premières secondes à la clarinette. Le thème de Max sera très présent tout au long du film, varié et développé à travers une multitude de variantes instrumentales assez éclectiques suivant les différentes situations de l’histoire. « Fetch Me a Stick » est le premier morceau d’action, un morceau vif, énergique et bondissant dominé par l’enthousiasme impressionnant de l’orchestre et la richesse ahurissante des orchestrations, sans oublier des variations autour du thème de Max et un jeu intéressant autour des différents solistes avec quelques touches mickey-mousing. Le compositeur se fait plaisir et va même jusqu’à varier les styles en pastichant dans « Telenovela Squirrels » les musiques de mariachi mexicaines avec la trompette caractéristique, suivi d’une sympathique reprise du thème de Max à la flûte à bec à 0:39. Dans « Hijack ! », Desplat pastiche cette fois le style de Nelson Riddle, Lalo Schifrin, Henry Mancini et Neal Hefti dans un mélange de jazz et de rythmes funky très années 60/70 pour un autre morceau d’action détonnant aux rythmiques rétro savoureuses – on croirait entendre ici une parodie du « Batman the Movie » de Nelson Riddle ! – « Gidget Meets Tiberius » reprend le thème principal de Max dans un arrangement jazzy très réussi, suivi d’une partie plus sombre évoquant le gang des animaux de Snowball. La musique devient ici plus sombre, plus inquiétante, bien que Desplat évite de se prendre trop au sérieux. On notera l’emploi des choeurs masculins sur la fin du morceau, apportant une touche épique et dramatique appréciable au score.

De la même façon, « Initiation Time » évoque le rituel d’initiation avec la vipère que doivent subir Max et Duke dans le Q.G. de Snowball et des animaux libérés, ambiance qui se prolonge dans le sombre « The Viper » toujours dominé par le travail des choeurs et d’orchestrations plus sombres et menaçantes. On notera ici la virtuosité et la complexité du jeu de l’orchestre qui s’en donne à coeur joie dans l’un des rares passages entièrement symphoniques du score, parsemé de traits ultra rapides des bois (piccolos et flûtes hyper-actives !) lorsque les deux chiens s’échappent après avoir défait la vipère. Le thème revient à la clarinette sur fond de pizz sautillants dans « You Have an Owner ! » où Desplat emprunte le style habituel des musiques de cartoon à la Carl Stalling, le morceau évolue très rapidement vers un style plus lounge/jazzy rétro façon sixties avec l’emploi d’un trombone et des flûtes à bec, un passage magnifique et très élégant suivi de quelques mesures poignantes de piano romantiques du plus bel effet. Alexandre Desplat se fait plaisir à l’écran et cela s’entend, partageant avec nous un plaisir évident et une passion qui ressort à chaque mesure de sa partition, le compositeur se montrant visiblement très inspiré ici par son sujet ! Les passages d’action jazzy comme la poursuite dans les égouts de « Sewer Chase » offrent l’opportunité à Desplat de nous offrir un nouveau morceau de jazz trépidant à la Nelson Riddle aussi appréciable sur les images qu’en écoute isolée. Le compositeur va même jusqu’à pastiche les musiques martiales hollywoodiennes dans l’héroïque « Who’s With Me ! » tandis que « Me Like What Me See » et « Traveling Bossa » sont des hommages flagrants aux bossa nova brésiliennes comme pouvaient en écrire Burt Bacharach ou Les Baxter dans les années 60 au cinéma. La reprise du thème en bossa dans « Traveling Bossa » - un des meilleurs morceaux du score - fait d’ailleurs particulièrement plaisir à entendre, avec son esthétique sixties rétro comme aime souvent le faire Michael Giacchino dans ses musiques de film animé chez Pixar/Disney !

La scène où Max et Duke sont pris dans les eaux des égouts (« Flushed Out to Brooklyn ») permet à Desplat de nous offrir un nouveau morceau d’action orchestral assez trépidant et survitaminé, dans lequel le compositeur manie l’écriture de l’orchestre avec un classicisme digne des films d’aventure des années 80/90, façon John Williams ou Alan Silvestri. On appréciera aussi l’énergie débordante de « Sausages ! » alors que les deux héros arrivent dans l’usine de fabrication des saucisses, avec un nouveau passage jazzy dansant et ultra exubérant comme pourrait le faire Danny Elfman chez Tim Burton ou John Debney dans certaines de ses musiques de comédie. « Brooklyn Bridge Showdown » nous offre un autre passage d’action pour la poursuite en camion sur le pont de Brooklyn, avec une utilisation inattendue et réussie de rythmiques électroniques modernes, débouchant sur le sauvetage de Duke dans « Rescuing Duke », où Desplat nous rappelle son talent pour les grandes musiques d’action massives et épiques. L’histoire touche à sa fin avec « Wet But Handsome/Blue Taxi », qui se conclut par un passage blues/rock malheureusement très court mais ultra savoureux, sans oublier le sympathique « Max and Gidget » et le retour au calme dans l’inévitable happy-end de « Welcome Home » qui reprend le thème principal en guise de conclusion. Vous l’aurez donc compris, « The Secret Life of Pets » est un pur ravissement musical de tous les instants. Très inspiré par son sujet, Alexandre Desplat semble s’amuser comme un petit fou à chaque instant sur ce film, variant les styles et les approches musicales avec un talent rare, aussi à l’aise dans les passages jazzy que dans les moments sombres, les morceaux d’action trépidants ou les passages de mickey-mousing habituels. Vive, énergique, généreuse et ultra colorée, « The Secret Life of Pets » pourrait bien être l’un des meilleurs travaux d’Alexandre Desplat pour le cinéma d’animation, une partition riche et extrêmement sympathique qui montre une facette moins connue du compositeur et nous inciterait même à vouloir en entendre davantage : ne ratez pas cette superbe partition, vous risqueriez de passer à côté d’un petit bijou musical du compositeur français !




---Quentin Billard