1-The Dragon Song 2.29*
2-Something Wild 3.44**
3-Nobody Knows 3.10***
4-Something on Your Mind 3.00+
5-So Long, Marianne 5.39++
6-Gina Anne 2.42+++
7-An Adventure 3.05
8-Are You Gonna Eat Me? 2.32
9-Brown Bunny 1.01
10-Reverie 2.53
11-Tree Fort 1.04
12-North Star 1.26
13-Bedtime Compass 2.17
14-Timber 1.20
15-Breathe 2.29
16-Gavin Knows What He's Doing 3.44
17-You Are Not Alone 2.00
18-Elliott Gets Lost 4.27
19-Takedown 1.45
20-It'll Be Just Like It Used to Be 2.05
21-Follow That Dragon 3.02
22-Elliott at the Bridge 2.20
23-Abyss 1.36
24-Go North 1.45
25-Saying Goodbye 5.04
26-The Bravest Boy I've Ever Met 2.47
27-The Dragon Song Revisited 2.37
28-Candle on the Water 4.01

*Interprété par Will Oldham
aka Bonnie 'Prince' Billy
Ecrit par David Lowery
et Toby Halbrooks
Musique traditionnelle arrangée
par Will Oldham et Toby Halbrooks
**Interprété par Lindsey Stirling
feat. Andrew McMahon In the Wilderness
Ecrit par Lindsey Stirling,
Andrew McMahon, Peter Hanna,
Taylor Bird
Produit par Rumors
Co-produit par Josh Abraham
et Nico Stadi
***Interprété par The Lumineers
Ecrit par Toby Halbrooks
et Andrew Tinker
Produit par Wesley Schultz
et Jeremiah Fraites
+Interprété par St. Vincent
Ecrit par Dino Valenti
++Ecrit et interprété par
Leonard Cohen
+++Interprété par Bosque Brown
Ecrit par Mara Lee Miller.

Musique  composée par:

Daniel Hart

Editeur:

Walt Disney Records D002227402

Score produit par:
Jake Jackson, Daniel Hart
Producteur exécutif:
David Lowery
Orchestrations:
Stephen Coleman, Kevin Kaska
Assistant orchestration:
Sandra Schnieders
Choeur:
London Voices
Préparation musique:
Booker White
Monteur musique:
Mark Jan Wlodarkiewicz
Direction de la musique:
Mitchell Leib
Coordination musique:
Lyndsie Chlowitz
Music business affairs:
Donna Cole-Brulé, Scott Holtzman

Artwork and pictures (c) 2016 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
PETE'S DRAGON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Daniel Hart
« Pete’s Dragon » (Peter et Elliott le Dragon) est le remake d’un film d’animation de Disney réalisé par Don Chaffey et sorti en 1977. Le film mélangeait alors prises de vue réelles et scènes animées à la manière de « Mary Poppins » (1964) ou « Bedknobs and Broomsticks » (1971). Malgré le succès mitigé du film à l’époque, l’histoire servira de base pour le nouveau long-métrage (live) produit par Disney et sorti en 2016. Le film est réalisé par David Lowery, réalisateur qui s’est fait connaître dans le cinéma indépendant en tournant « St. Nick » en 2009, où il était question de deux enfants qui quittent leur maison et s’enfuient dans les bois. Son second film, « Ain’t Theme Bodies Saints » (Les Amants du Texas), sorti en 2013, fut très remarqué par la critique et au festival du film de Sundance. David Lowery était donc un choix plutôt atypique pour la réalisation de « Pete’s Dragon », mais c’est un choix que le studio Disney semble avoir complètement assumé, cherchant un cinéaste capable d’offrir un regard neuf à cette histoire d’amitié, d’amour et de tolérance sur fond d’intrigue fantastique. Etant donné le bon score du film à sa sortie en salles en 2016, il semblerait que Disney ait vu juste, même si le résultat n’a franchement rien de bien exceptionnel. Agrémenté d’une 3D pas franchement indispensable, le film raconte l’histoire de Peter, un petit garçon qui vit dans les bois depuis que ses parents se sont tués dans un accident de voiture en 1977. Depuis ce jour-là, l’enfant a été recueilli et a grandi auprès d’un grand dragon vert qu’il baptise Elliott, en référence au chien héros de son livre de conte fétiche. Elliott devient une sorte de figure paternelle pour le petit enfant qui grandit avec lui pendant plusieurs années. Six ans plus tard, le jeune orphelin (Oakes Fegley) est maintenant âgé de 11 ans et croise la route de Grace Meacham (Bryce Dallas Howard), une garde forestière qui vit avec son compagnon Jack (Wes Bentley) et leur petite fille Natalie (Oona Laurence). Le petit garçon affirme alors qu’il vit depuis des années dans les bois avec un dragon géant nommé Elliott, mais personne ne le croit, Grace étant persuadé qu’il s’est inventé un ami imaginaire pour tromper sa solitude et survivre de lui-même. Mais la jeune femme comprend que la description qu’il en fait correspond en fait à celle que son père (Robert Redford) lui racontait quand elle était plus petite. Bien décidée à découvrir le secret de Peter et ses origines, Grace retourne dans la forêt avec l’aide de sa fille Natalie, tandis que Peter, recueilli dans sa famille, commence à regretter son ami Elliott. Mais au même moment, Gavin (Karl Urban), le frère de Jack, se met en tête de trouver la créature et de la chasser.

« Pete’s Dragon » s’avère être un divertissement sympathique et sans prétention qui évoque l’amitié improbable entre un petit garçon et un dragon mystérieux qui deviendra son meilleur ami et l’élèvera pendant des années comme un vrai père. A l’instar de son précédent film « St. Nick », David Lowery évoque ici l’errance de l’enfance, la complexité de l’éducation et des liens familiaux à travers plusieurs figures paternelles fortes : celle d’Elliott pour le petit Peter, mais aussi celle du patriarche incarné par Robert Redford dans le film, et aussi Jack avec sa petite fille Natalie. Tourné à la manière d’un conte de fée traditionnel, « Pete’s Dragon » est une sorte de retour aux sources pour Disney, plus naïf, plus insouciant et surtout beaucoup plus simple que certains de leurs films récents. A l’instar du « BFG » de Spielberg sorti au même moment au cinéma, « Pete’s Dragon » évoque un univers féerique et magique où l’amitié et les liens familiaux sont plus forts que tout, des thèmes traditionnels dans le cinéma de Walt Disney, condensés ici dans un film mélangeant scènes live et effets numériques 3D, avec un dragon magnifiquement animé par les génies néo-zélandais de Weta Digital, le tout filmé en caméras Panavision Panaflex, pour un rendu plus réaliste et immersif. Le film de David Lowery joue donc sur les émotions d’une manière que l’on n’avait presque plus revu chez Disney depuis des années, sans aucun second degré, sans aucune forme de cynisme, mais avec une vraie volonté de toucher un large public et d’émouvoir à travers cette belle histoire d’amitié, de courage et de tolérance.

Exit ici les éléments du film de 1977 : plus de chanson et une histoire entièrement remaniée, avec un rythme plus soutenu et un message écologique évident. D’un côté, on assiste à l’incroyable amitié du petit garçon et de son dragon, de l’autre on assiste à la bêtise humaine qui ne cherche pas à comprendre et se contente de détruire la nature. Quand au jeune Oakes Fegley, interprète du petit Peter, il est une sorte d’ersatz de Mowgli perdu dans les bois, et dont le retour dans la civilisation humaine ne se fera guère sans heurt, jusqu’à ce qu’il accepte le plus difficile : qu’il est grand temps pour lui de grandir auprès d’une vraie famille et de redonner la liberté à son dragon. Evidemment, on n’échappe pas au discours moralisateur sur la nature et sur quelques scènes larmoyantes où tout le monde se prend dans les bras l’un de l’autre, mais qu’importe, il est bon de retrouver un Disney plus traditionnel que l’on connaît bien et avec lequel on a grandi au fil des années, celui des aventures magiques, de l’émerveillement et de l’émotion, là où tout semble permis, peu importe si le tout semble invraisemblable et très cliché : c’est l’occasion rêvée pour les enfants d’aujourd’hui de redécouvrir tout ce qui fit le charme des anciennes productions Disney de leurs parents et des générations passées !

Le compositeur américain Daniel Hart retrouve David Lowery après avoir écrit la musique de son court-métrage « Pioneer » en 2011, et son film « Ain’t Them Bodies Saints » en 2013. Encore peu connu du grand public, Hart a surtout oeuvré jusqu’à présent dans le domaine du cinéma indépendant, travaillant depuis 2009 avec des réalisateurs tels que Seam Mewshaw, Sam Esmail, sans oublier sa participation à la série TV « The Exorcist » diffusé en 2016. Pour sa troisième participation à un film de David Lowery, Daniel Hart signe pour « Pete’s Dragon » une partition féerique où règne l’aventure, l’émerveillement et le danger, à l’instar du film. Enregistrée avec un grand orchestre de 94 musiciens, une grande chorale et quelques instruments solistes dont une mandoline et un banjo, le tout servi par les orchestrations de Kevin Kaska, la partition de « Pete’s Dragon » est un hymne poignant à l’aventure et à l’émotion. Le film commence de manière sombre et mélancolique dans l’intime « An Adventure », tandis que « Are You Gonna Eat Me ? » évoque la rencontre entre Peter Elliott au début du film, scène magnifiée par l’apport de choeurs féeriques et de cordes tendres, tandis que le thème principal est ici évoqué par la mandoline et les bois, repris ensuite à travers un magnifique crescendo orchestral grandiose et majestueux, évoquant une aventure pleine de rêve et d’espoir. Le thème sera très présent tout au long du film, largement développé et varié selon les différentes situations de l’histoire, apportant d’emblée cette émotion si représentative du travail d’Hart sur « Pete’s Dragon ». « Brown Bunny » introduit quand à lui les sonorités americana/country du score à l’aide des guitares et du traditionnel violon fiddle, évoquant le monde de la forêt avec une touche celtique appréciable.

Le second thème du score, un thème d’aventure enjoué, est introduit par le violon dès 0:46 dans « Brown Bunny ». Le thème d’aventure est repris ensuite dans « Reverie », accompagné ici de claquements de main aux sonorités celtiques plus prononcées avec l’apport des guitares et du violon pour évoquer la grande forêt dans laquelle vit Elliott. « Reverie » se termine par ailleurs sur une superbe envolée orchestrale/chorale grandiose du thème de Peter et Elliott, l’un des moments forts de la partition où la musique décolle véritablement, au moment même où Elliott s’envole dans les airs en déployant ses grandes ailes majestueuses – on retrouve clairement ici une émotion magique que l’on n’avait plus ressenti depuis les travaux de Bruce Broughton, Alan Menken ou Joel McNeely chez Disney dans les années 90 ! – Daniel Hart développe ensuite plus subtilement ses thèmes dans « North Star » avec des orchestrations très colorées incluant harpe, bois, cuivres, cordes, célesta, tout comme il le fait dans « Bedtime Compass », qui évoque les regrets de Peter, qui se souvient d’Elliott lorsqu’il est recueilli par Grace et sa famille. Les auditeurs les plus attentifs pourront s’amuser à suivre ici les allusions discrètes aux deux mélodies principales dans « Bedtime Compass », avec le jeu lyrique, poétique et chaleureux des différents instruments de l’orchestre. Dans « Timber », la musique change de cap et évoque les ouvriers et les bûcherons de Gavin avec le retour des sonorités americana/country des guitares et du violon, tandis que le score devient plus sombre dans « Breathe ». « Gavin Knows What He’s Doing » est l’un des premiers morceaux d’action du score, pour la première scène où Gavin croise la route d’Elliott. Le score devient ici plus sombre et agressif avec son flot de percussions nerveuses, de cordes agitées, de cuivres massifs et de choeurs menaçants, avec les sonorités celtiques des guitares.

Daniel Hart réussit à alterner judicieusement entre plusieurs ambiances et émotions tout au long du film pour parvenir à ses fins. Ainsi donc, après l’action, on respire dans « You Are Not Alone » qui illustre de manière plus chaleureuse et touchante l’idée que Peter a aujourd’hui une nouvelle famille auprès de lui et qu’il n’est plus tout seul. Quand à « Elliott Gets Lost », il évoque l’isolement et la solitude du dragon, qui recherche alors désespérément le petit Peter. A noter ici une reprise hésitante des premières notes du thème de l’amitié, comme si son aventure avec Peter n’était déjà plus qu’un lointain souvenir. On appréciera ici le lyrisme du jeu des cordes – notamment dans le pupitre des violoncelles et des violons – qui apportent une dimension émotionnelle touchante au score, sans jamais en faire de trop pour cette scène. Un troisième thème est par ailleurs introduit dans « Elliott Gets Lost » à 3:31 aux cordes, associé au dragon dans le film. L’action revient ensuite dans l’agité « Takedown », alors qu’Elliott se fait capturer par Gavin et ses hommes – à noter ici une puissante reprise du thème dramatique d’Elliott aux cuivres à 1:15 - Daniel Hart nous montre ici un talent évident dans le domaine de l’action avec un déchaînement orchestral axé autour des premières notes du thème de Peter/Elliott, transformé ici en motif d’action plus nerveux, tout en restant placé sous le signe de l’aventure. La musique devient ensuite plus dramatique dans « It’ll Be Just Like It Used to Be », avec une brève allusion touchante au thème de l’amitié à la flûte vers 1:45. « Follow That Dragon » nous introduit quand à lui au dernier acte du film avec la capture du dragon et le sauvetage d’Elliott. L’aventure résonne ici dans toute sa splendeur avec un morceau d’action énergique aux envolées symphoniques à mi-chemin entre Broughton, McNeely et Debney. La musique décolle ici à travers quelques moments héroïques assez savoureux et typiques des grandes musiques orchestrales d’aventure comme on pouvait les entendre auparavant dans les années 80/90, le tout servi par des orchestrations solides et riches.

La scène où Elliott se libère et brûle une partie du pont (« Elliott at the Bridge ») est l’un des climax dramatiques du film, avec ses cuivres imposants et ses cordes agitées massives. Daniel Hart accentue ici le moment où le dragon crache un long jet de flamme à travers de grands accords cuivrés grandioses au cours d’un crescendo intense et saisissant. Si « Abyss » semble résonner de manière tragique, c’est pour mieux laisser la place à une superbe envolée triomphante du thème de Peter et Elliott lorsque ce dernier s’envole dans les airs après avoir sauvé Grace et Jack. Le thème d’aventure revient dans « Go North » et débouche sur le poignant « Saying Goodbye », lorsque Peter fait ses adieux à Elliott à la fin du film, 5 minutes d’émotion pures assez poignantes, reprenant à plusieurs reprises le thème dramatique d’Elliott (et notamment à 2:28). « The Bravest Boy I’ve Ever Met » reprend quand à lui le thème de Peter et Elliott pour une conclusion poignante et grandiose de toute beauté. Vous l’aurez donc compris, la partition de « Pete’s Dragon » est un ravissement pour tous ceux qui désespéraient de ne plus réentendre une nouvelle partition d’aventure magique, féerique et émouvante pour une production Disney. Nouveau venu dans le cinéma américain, Daniel Hart frappe fort avec « Pete’s Dragon », et même si l’ensemble n’a rien de follement original et rappelle ces grandes musiques d’aventure des années 80/90, force est de constater que le jeune compositeur a un certain talent qui ne demande qu’à éclore. Son travail sur « Pete’s Dragon » est impeccable à l’écran, apportant une émotion indispensable aux images du film de David Lowery. Il nous donne même envie d’en découvrir davantage, en espérant une longue et fructueuse collaboration avec le réalisateur, que Daniel Hart devrait retrouver sur ses prochains projets attendus : « A Ghost Story » et une nouvelle version de « Peter Pan » prévue pour 2018 !




---Quentin Billard