1-The Great Beyond 3.13*
2-Darren, The Dark Lord 0.55
3-Chosen 1.50
4-I'd Do Anything for Love
(But I Won't Do That) 5.14**
5-The Crash 2.34
6-Douche Loses It 2.16
7-Wake Me Up Before
You Go-Go 3.50***
8-Our Heroes 2.31
9-He's Coming 1.47
10-Food Massacre 3.15
11-Hungry Eyes 3.47#
12-True 5.31##
13-The Spooge 3.46
14-Magical Sausage 1.40
15-Gone 3.46###
16-We're Home 3.29
17-The Cookbook 1.26
18-I Have Proof 3.06
19-Big Speech 3.04
20-The Big Fight 2.37
21-Final Battle 4.04
22-It's Your Thing 2.47°
23-Finale 2.24
24-Joy to the World 3.14°°
25-The Great Beyond
Around the World 2.44°°°

*Interprété par
Sausage Party Cast
Ecrit par Alan Menken et Glenn Slater
avec Seth Rogen, Evan Goldberg,
Kyle Hunter, Ariel Shaffir
**Interprété par Meat Loaf
Ecrit par Jim Steinman
***Interprété par Wham!
Ecrit par George Michael
#Interprété par Eric Carmen
Ecrit par John DeNicola
et Franke Previte
##Interprété par Spandau Ballet
Ecrit par Gary Kemp
###Interprété par JR JR
Ecrit par Joshua Epstein,
Mike Higgins, Dan Nigro,
Daniel Zott
°Interprété par The Isley Brothers
Ecrit par O'Kelly Isley,
Ronald Isley, Rudolph Isley
°°Interprété par Three Dog Night
Ecrit par Hoyt Axton
°°°Interprété par
Sausage Party Cast
Ecrit par Alan Menken et Glenn Slater
avec Seth Rogen, Evan Goldberg,
Kyle Hunter, Ariel Shaffir.

Musique  composée par:

Christopher Lennertz/Alan Menken

Editeur:

Sony Classical 5063097

Album produit par:
Christopher Lennertz, Alan Menken,
Seth Rogen, Evan Goldberg

Orchestrations:
Andrew Kinney, Kevin Kliesch,
Michael J. Lloyd, Patrick Russ,
Marcus Sjowall, Gernot Wolfgang

Enregistrement et mixage:
Frank Wolf
Monteur musique:
Chris Brooks, Daryl B. Kell
Conduit par:
Christopher Lennertz

(c) 2016 Annapurna Pictures/Columbia Pictures/Point Grey Pictures/Sony Pictures Animation. All rights reserved.

Note: ***1/2
SAUSAGE PARTY
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Christopher Lennertz/Alan Menken
A l’origine de « Sausage Party », véritable OVNI dans le cinéma d’animation américain actuel, il y a la volonté de l’acteur Seth Rogen de réaliser un film animé qui aille bien au-delà de tout ce que l’on voit à longueur de temps dans le cinéma hollywoodien habituel, à savoir briser les tabous, aborder tous les sujets sensibles et, sans aucun doute, mettre les pieds dans le plat sans aucune retenue ! « Et si notre nourriture avait une vie et ressentait des choses ? », tel est le concept de départ du film de Conrad Vernon et Greg Tiernan, concept imaginé par Rogen à la fin des années 2000 mais qui mettra beaucoup de temps à se concrétiser devant la réticence de la plupart des studios à produire un film d’animation uniquement destiné aux adultes. « Sausage Party » raconte l’histoire de Franck, une saucisse qui vit près de Brenda, un pain à hot-dog qui espèrent se faire acheter par les humains qu’ils considèrent comme des dieux, espérant aller ainsi vers « Le Grand Au-Delà », à la veille du 4 juillet. Franck et Brenda sont finalement achetés par la même cliente, mais au cours de leur séjour dans le caddie, Franck se dispute avec Douche, une poire à lavement vaginal à l’attitude irascible. Mais lorsqu’un client ramène un pot de moutarde au magasin, le doute s’empare des aliments : le pot de moutarde affirme à qui veut l’entendre qu’il a découvert la vérité sur les dieux : le « Grand Au-Delà » n’existe pas ! Voyant que personne ne veut le croire, le pot de moutarde décide de se suicider en se jetant tout en bas plutôt que de retourner là d’où il vient. Dans sa chute, il entraîne avec lui Franck, Brenda et plusieurs autres objets, y compris Douche. Enragé, ce dernier accuse Franck et Brenda de la responsabilité du désastre et cherche à les tuer par tous les moyens possibles. Désormais, la saucisse et le pain à hot-dog tentent de regagner leurs rayons dans le magasin. Ils seront accompagnés au cours de leur périple par Lavash, une crêpe musulmane, et Sammy, un bagel juif, qui se disputent sans arrêt malgré le fait qu’ils admettent avoir des points communs. Quand aux amis de Franck, le couperet tombe finalement une fois qu’ils arrivent dans la cuisine de la cliente : les aliments sont découpés, écrasés, épluchés et brûlés vifs dans une casserole ! Seul Barry, une saucisse difforme, parvient à échapper au carnage en se jetant par la fenêtre. Désormais, il va tout faire pour tenter de revenir au magasin et alerter Franck et Brenda avant qu’il ne soit trop tard.

Sorti finalement en salles en 2016, « Sausage Party » a crée une véritable onde de choc parmi les critiques et le public : le film reçoit un classement R à sa sortie (l’équivalent d’une interdiction aux moins de 17 ans chez nous) et suscite même une vive polémique en France, où « Sausage Party » est généralement considéré comme un film d’animation pornographique – des associations catholiques françaises iront même jusqu’à réclamer un classement X auprès du CNC et de la ministre de la culture pour son exploitation en salles – mais le film n’écopera finalement que d’une interdiction aux moins de 12 ans très vivement contestée, notamment par la polémique orchestrée par la Manif pour Tous en France, où le film sera accusé de tous les noms par certains mouvements catholiques et conservateurs : « vulgaire, violent, pornographique, sioniste », etc. Au-delà de toute la polémique, que doit-t-on réellement retenir de ce film ? « Sausage Party » est avant tout une critique virulente de la société de consommation racontée à travers le point de vue de nos aliments et des objets de consommation. Le magasin devient une sorte de purgatoire où l’on manipule les masses par d’obscures croyances, le film étant aussi un pamphlet violent contre les extrémismes religieux. Ainsi, les dieux sont assimilés aux humains selon le point de vue des aliments, et la sortie du magasin devient l’équivalent d’un hypothétique paradis, un au-delà idéal où l’on atteindrait l’accomplissement total. Et lorsque les héros découvrent la triste vérité – ils sont voués à finir dans l’assiette des humains ! – c’est la désillusion la plus totale et tous les repères sont chamboulés. On pourrait reprocher au film son discours nihiliste, s’il n’était pas aussi pertinent dans son discours sur les dérives des religions, sujet plus que jamais d’actualité à l’heure actuelle. A ce sujet, « Sausage Party » va même jusqu’à évoquer l’amitié entre un aliment musulman et juif, tordant le coup à quelques idées reçues sur le conflit israélo-palestinien (et pour renforcer la provocation, Lavash est homosexuel !).

On en arrive aussi au deuxième thème du film : la sexualité et ses différentes pratiques. Loin de vouloir faire une simple apologie du sexe, « Sausage Party » - rien que le titre en dit déjà long, y compris avec l’affiche du film, où la métaphore phallique est plus qu’évidente ! – assimile les pratiques sexuelles à un énième rituel de consommation. Le sexe devient ici un pur objet de consommation, au même titre que les objets achetés par les humains dans le magasin, une critique évidente de certains comportements propres à nos sociétés modernes – d’ailleurs, tout y passe : le musulman homosexuel, la taco mexicaine lesbienne, les pratiques bisexuelles, le sadomasochisme, la masturbation en groupe, etc. A ce titre, les scènes pornographiques décrites dans le film – et plus particulièrement lors de la très controversée séquence d’orgie finale – rappellent le point de départ du film : les aliments, comme les humains, ne sont là que pour consommer, rien de plus, rien de moins. Ajoutons à cela la dimension nietzschéenne de la bataille finale dans le magasin (la mort des dieux), et on obtient un film totalement barré mais finalement très pertinent dans la portée de ses messages, avec un humour noir ravageur incroyablement subversif qui franchit toutes les frontières du bon goût pour mieux asséner (lourdement) son propos. Car oui, « Sausage Party » est très lourd, notamment dans ses dialogues incessamment vulgaires, où l’on ne compte plus les « fuck », les « shit » et autres joyeusetés du langage urbain moderne. Si certains ont fait très vite un parallèle évident avec le « South Park » de Trey Parker et Matt Stone, autre exemple de film d’animation trash très osé pour l’époque, « Sausage Party » va quand même plus loin dans ses thèmes et s’avère être bien plus lourdingue et indigeste dans son envie perpétuelle de choquer et de provoquer les bien-pensants. Il faut dire que les polémiques liées à la sortie du film n’ont guère arrangées les choses : on se souvient notamment que certains membres de l’équipe du film ont critiqué le comportement du réalisateur Greg Tiernan sur le tournage du film, qui aurait incité une partie des animateurs à travailler de force en multipliant les menaces de mort !

Les détracteurs du film en ont même profité pour faire ressurgir sur le net des photos prises par Seth Rogen lui-même pour son livre « Seth », dans lequel l’acteur est filmé dans différentes positions sexuelles explicites. Encore une fois, au-delà de toutes les polémiques imaginables, « Sausage Party » semble avoir touché son but : provoquer, faire réagir, bousculer l’ordre établi – un peu comme le font les héros dans l’histoire ! - C’est aussi l'un des buts du cinéma, et le message est d’autant plus fort lorsqu’il prend l’apparence d’un film d'animation aux visuels gentillets, qui cache en fait des thèmes bien plus profonds qu’ils n’y paraissent, avec une vision très dérangeante de notre monde moderne, sans oublier un second degré permanent et une satire évidente de la société de consommation au 21e siècle. Néanmoins, de bonnes intentions ne suffisent pas forcément à faire un bon film, et « Sausage Party » s’avère être très indigeste et très brouillon dans le traitement scénaristique de ses idées : trop de thèmes abordés, trop de vulgarité, trop de violence (les scènes gores où les aliments sont massacrés en cuisine), on a parfois l’impression d’assister à un film réalisé par des adolescents rebelles qui veulent s’amuser entre eux en multipliant les blagues trash sur la drogue ou le sexe, et les vannes dignes de collégiens en classe de quatrième ! « South Park » semblait tellement plus juste et carré dans ses propos que la comparaison ne semble même pas s’imposer. Techniquement parlant, le film est plutôt bon, l’animation est impeccable et le scénario parodie clairement les films de Pixar et de Disney (et notamment « Toy Story ») tout en faisant quelques clins d’oeil cinématographiques (dont une allusion à « Terminator 2 »). Quand à l’idée que les concepteurs véhiculent régulièrement au sujet de « Sausage Party », à savoir qu’il s’agit du premier film d’animation américaine à recevoir une interdiction aux moins de 17 ans, c’est évidemment complètement faux : ils oublient simplement que Ralph Bakshi est passé par là avec son « Fritz the Cat » classé X en 1972 !

La partition symphonique de Christopher Lennertz est l’un des atouts majeurs du film de Conrad Vernon et Greg Tiernan. Rappelons que le compositeur est un spécialiste des musiques de comédie, puisqu’il a déjà signé entre autre les scores de « Alvin and the Chipmunks », « Meet the Spartans », « Disaster Movie », « Marmaduke », « Cats & Dogs 2 », « Vampire Suck », « Horrible Bosses » ou « The Wedding Ringer ». Plus étonnant, Alan Menken contribue au score de « Sausage Party » en signant une chanson originale pour le film, « The Great Beyond », chanté par les aliments au début du film, le compositeur auto-parodiant très clairement ici son travail sur les anciens films Disney. La chanson évoque le numéro musical que les aliments chantent tous les matins dès l’ouverture du magasin pour espérer être choisi par les dieux pour aller vers le Grand Au-Delà, à grand renfort d’orchestrations et de choeurs grandiloquents. Le score de Christopher Lennertz débute avec « Darren, The Dark Lord » lors de l’arrivée de Darren, le propriétaire du magasin, au début du film. Le compositeur suggère clairement ici l’arrivée de Darren de manière maléfique avec des cuivres belliqueux et des rythmes martiaux parodiant clairement les « Star Wars » de John Williams. « Chosen » évoque la joie des aliments d’avoir été choisis par les « dieux », à grand renfort de cuivres triomphants et de chœurs grandioses. On appréciera ici la robustesse des orchestrations, très riches et colorées, typiques du compositeur. Lennertz développe par ailleurs le thème d’Alan Menken, qu’il cite au piano et aux cordes dès 0:44 dans une très bel arrangement orchestral. Les choses se gâtent dans « The Crash », pour la scène où les aliments tombent du caddie. Lennertz illustre clairement ici la catastrophe à l’aide de cuivres massifs et d’un premier morceau d’action ponctué d’envolées héroïques savoureuses et épiques. Visiblement, le compositeur se fait plaisir et profite de l’outrance absolue du film pour nous offrir une grande musique symphonique qui rappelle les scores d’aventures des films hollywoodiens des années 80/90, avec un classicisme d’écriture hollywoodien évident. Le morceau d’action final qui conclut « The Crash » rappelle ainsi John Debney ou même Alan Silvestri, avec ses rythmes martiaux martelés.

« The Douche Loses It » apporte un second degré évident aux images, alors que Douche se retrouve abîmé après sa chute. A noter ici l’emploi d’un violoncelle mélancolique et élégiaque qui dévoile le thème associé à Douche, et qui ne va pas sans rappeler le thème de « Schindler’s List » de John Williams. Les choeurs sont aussi présents pour accentuer la dimension dramatique du récit, avant de céder de nouveau le pas à une nouvelle envolée orchestrale martiale qui rappelle le « Cutthroat Island » de John Debney, notamment dans l’écriture des cuivres et des percussions. « Our Heroes » renforce les touches d’humour du film avec une série de pastiches musicales amusantes : touches asiatiques, musiques orientales – incluant duduk et oud – et même pastiche des musiques mexicaines à grand renfort de trompettes et de guitare pour l’arrivée de Teresa Taco dans « He’s Coming », alors que Franck et Brenda sont sauvés de justesse par l’intervention de Taco. L’arrivée de Douche dans le saloon mexicain est clairement illustré ici avec les touches mexicaines – le final de « He’s Coming » ne va pas sans rappeler le « Quick & The Dead » d’Alan Silvestri – Plus impressionnant, « Food Massacre » évoque la scène violente du massacre des aliments dans la cuisine. Le morceau, qui débute sur une série de rythmes bondissants mickey-mousing – typique du style comédie habituel de Christopher Lennertz – se transforme soudainement en assaut orchestral brutal et décomplexé dans lequel Lennertz pastiche cette fois-ci les musiques de Jerry Goldsmith pour « The Omen » : choeurs maléfiques en latin, percussions brutales, cuivres massifs, tout est mis en oeuvre pour nous plonger ici dans une ambiance horrifique accentuée par les voix démoniaques, un exercice de style très réussi de la part de Lennertz qui semble maîtriser totalement ses références et ses nombreux clins d’oeil musicaux – « Food Massacre » étant à coup sûr l’un des morceaux les plus impressionnants de la partition de « Sausage Party » - Pour information, les paroles latines des choeurs sont les suivantes : « calidus canis, miserai infernum, holus frux, fluvius sanguis, caedis cibus, obitus panis, ignis aeternum », les connaisseurs du latin apprécieront le détournement satirique des paroles habituelles du Requiem !

Les sonorités latinos de Teresa Taco reviennent dans « The Spooge » avant de céder la place au thème maléfique de Douche, qui devient ici plus belliqueux, plus martial et guerrier, avec ses cuivres massifs à la Williams, pour un nouveau morceau d’action spectaculaire et impressionnant, entrecoupé d’un bref passage aux consonances sud-américaines à la guitare. Le score lève le pied avec « Magical Sausage », qui reprend le thème de Menken dans un arrangement délicat pour cordes, vents et piano, apportant un semblant d’émotion aux images. Puis, très vite, on repart dans l’action et l’aventure avec des orchestrations toujours riches et soutenues – à noter l’amusante version minorisée du thème de « The Great Beyond » aux trombones à 1:13 – Le thème est aussi repris aux bois dans « We’re Home », qui tente de calmer le ton avec un passage plus poétique et optimiste suivi d’une grande envolée orchestrale triomphante qui rappelle les musiques d’aventure de Robert Folk dans les années 90. L’action reprend le dessus dans l’enragé « The Cookbook », nouveau déchaînement symphonique brutal et dissonant assez impressionnant, alors que Franck tombe sur le livre de cuisine et découvre la sombre vérité au sujet du « grand au-delà ». « I Have Proof » reprend la guitare latino de Teresa Taco, ainsi que le thème belliqueux de Douche dévoilé par des cuivres martiaux et agressifs. Dans « Big Speech », Franck et ses amis tentent de convaincre tous les autres aliments de se révolter et de se soulever contre les humains, qui n’ont rien de dieux, persuadés qu’ensemble, ils peuvent conquérir leur liberté. Lennertz reprend ici le thème d’Alan Menken de manière solennelle et triomphante – incluant un bref passage sifflé amusant – à grand renfort de rythmes martiaux et de cuivres épiques. « Big Speech » nous permet ainsi de rentrer dans le dernier acte du film.

La seconde partie de « Big Speech » cède la place à un nouveau déchaînement orchestral épique où l’on pourra même entendre un bref passage de cornemuse rappelant James Horner, et une série de rythmes martiaux des percussions qui accompagnent le début de la bataille finale du film de manière excitante et frénétique. Christopher Lennertz maintient la tension ici avec une écriture très riche et classique, incluant une série de variantes guerrières autour du thème principal de « The Great Beyond ». La bataille s’intensifie ensuite dans le superbe « The Big Fight », autre morceau d’action incontournable du score de « Sausage Party » où les cuivres s’en donnent à coeur joie, épaulés cette fois-ci par une chorale grandiose et épique, et quelques superbes envolées triomphantes qui rappellent là aussi le « Cutthroat Island » de John Debney ou le « Independence Day » de David Arnold, bien que l’on pense clairement aussi à Basil Poledouris. Petite surprise à 2:05, où l’on découvre brièvement une musique jazzy/swing à la Henry Mancini suivi d’un nouveau passage latino, alors que les aliments s’unissent pour vaincre Douche et les humains – cf. le final très rock’n roll ! – Le combat final se termine au bout des 4 minutes assez ahurissantes de « Final Battle », qui débute sur une reprise menaçante du thème de Douche. « Final Battle » est clairement le grand tour de force orchestral de la partition, dans lequel Lennertz multiplie les références musicales et se fait plaisir, comme lorsqu’il cite le « Magnificent Seven » d’Elmer Bernstein à 1:17. Le thème de Douche est ici omniprésent, juxtaposé fréquemment à des variantes mélodiques autour du thème de « The Great Beyond ». Lennertz accompagne le rythme ultra frénétique de cette bataille finale avec une puissance orchestrale/chorale redoutable et quelques clins d’oeil musicaux évidents : ne ratez pas non plus le final triomphant très réussi de « Final Battle » pour la défaite finale de Douche dans le film.

L’aventure se termine dans « Finale » qui pastiche l’épilogue de David Arnold pour « Stargate », le final de « Sausage Party » étant par ailleurs une parodie (totalement absurde) de cette scène, alors que les aliments comprennent qu’ils sont des personnages animés et font partie d’un film interprété par des acteurs de cinéma. Christopher Lennertz se fait donc plaisir sur « Sausage Party » et concocte une grande partition symphonique et épique ultra référentielle, profitant de l’humour totalement débridé et déjanté du film pour multiplier les clins d’œil musicaux avec une certaine liberté de ton évidente. On pourra toujours reprocher au compositeur l’emploi d’un style très hollywoodien et assez conventionnel pour un film aussi déjanté et outrancier, mais le résultat reste très appréciable à l’écran comme sur l’album, où l’on peut estimer à sa juste valeur le travail du compositeur, qui rend ici un hommage évident aux grandes musiques d’aventure des films des années 80/90, citant John Williams, Jerry Goldsmith, Alan Silvestri, Basil Poledouris, David Arnold, Elmer Bernstein ou John Debney. Dommage que l’ensemble reste figé dans un simple statut d’exercice de style propre et académique, là où on se serait attendu à davantage de prises de risque de la part du compositeur, très à l’aise dans le pastiche mais qui a bien du mal à asseoir une véritable personnalité musicale sur ce film. Toujours est-il que le résultat est très convaincant et très agréable, et devrait séduire les fans de Christopher Lennertz (et d’Alan Menken), qui signe là une partition symphonique assez impressionnante, à défaut d’être vraiment exceptionnelle ou même très originale !




---Quentin Billard