1-Alice 6.35
2-Saving the Ship 3.40
3-Watching Time 5.10
4-Looking Glass 3.30
5-To The Rescue 0.56
6-Hatter House 3.47
7-The Red Queen 0.29
8-The Chronosphere 4.15
9-Warning Hightopps 2.23
10-Tea Time Forever 1.45
11-Oceans of Time 1.15
12-Hat Heartbreak 2.27
13-Asylum Escape 4.06
14-Hatter's Deathbed 3.22
15-Finding the Family 2.04
16-Time Is Up 4.24
17-World's End 1.50
18-Truth 4.09
19-Goodbye Alice 2.13
20-Kingsleigh & Kingsleigh 1.13
21-Seconds Song 0.11
22-Friends United 0.06
23-Time's Castle 1.49
24-The Seconds 0.50
25-Clock Shop 1.55
26-They're Alive 2.28
27-Story of Time 3.03
28-Just Like Fire 3.35*

*Interprété par Pink
Ecrit par Pink, Max Martin,
Shellback et Oscar Holter
Produit par Max Martin,
Shellback et Oscar Holter
Mixé par Serban Ghenea

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Walt Disney Records D002227102

Score produit par:
Danny Elfman
Monteur musique:
Bill Abbott, Lisa Jaime,
Kirsty Whalley

Orchestrations:
Steve Bartek, Edgardo Simone,
David Slonaker

Arrangements additionnels et
orchestration:
Peter Bateman
Préparation score & MIDI:
Steve Bauman, Jared Forman
Coordinateur studio musique:
Lyndsie Chlowitz
Direction musique:
Kaylin Frank
Direction exécutive de la musique:
Mitchell Leib
Musique additionnelle de:
TJ Lindgren
Coordination score:
Melisa McGregor
Assistante monteur musique:
Denise Okimoto
Music business affairs:
Don Welty

Artwork and pictures (c) 2016 Walt Disney Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
ALICE THROUGH
THE LOOKING GLASS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
Après « Alice in Wonderland » de Tim Burton sorti en 2010, le réalisateur anglais James Bobin (« Muppets Most Wanted ») nous propose une seconde incursion modernisée dans l’univers du célèbre roman de Lewis Caroll publié en 1872, « Alice Through the Looking Glass » (Alice de l’autre côté du miroir), le roman étant lui-même la suite du premier livre initialement publié en 1865. Toujours co-produit par Disney et Tim Burton, ce second épisode se déroule quelques années après l’histoire du premier film. Alice Kinglseigh (Mia Wasikowska) parcourt les océans du globe à bord du navire Wonder, dont elle est devenue le capitaine, navire ayant appartenu autrefois à son père Lord Kinglseigh, qui s’est éteint il y a quelques années. Après avoir parcouru la Chine, Alice revient chez elle à Londres en 1875 et découvre que son ancien fiancé, Hamish Ascot (Leo Bill), convoite l’entreprise de son père et espère qu’Alice lui revendra le navire de son père en échange des biens familiaux. Révoltée par la situation, Alice part et reçoit alors la visite de son ami le papillon bleu Absolem (Alan Rickman), qui disparaît mystérieusement à travers un miroir du manoir familial. Alice décide alors de traverser à son tour le miroir et atterrit à nouveau à Wonderland, où elle retrouve tous ses amis : Mirana la Reine Blanche (Anne Hathaway), les jumeaux Tweedledee et Tweedledum (Matt Lucas), le Chat de Cheshire (Stephen Fry), Nivens McTwisp le lapin blanc (Michael Sheen), Bayard le St Hubert (Timothy Spall) et Thackery Earwicket le lièvre de Mars (Paul Whitehouse). Mirana informe alors Alice que son ami Tarrant Haut-De-Forme, le Chapelier Fou (Johnny Depp), ne va pas bien et que sa santé se dégrade de jour en jour, depuis qu’il a appris que ses parents ont disparu suite à l’attaque du Jabberwocky. Alice décide alors de rendre visite à son ami et essaie de l’aider, mais en vain. Tarrant est mourant et Alice désespère de ne rien pouvoir faire pour le sauver, jusqu’au jour où elle découvre le moyen de remonter le temps pour sauver la famille de Tarrant dans le passé. Elle se met alors en quête de la précieuse Chronosphère, objet puissant détenu par le Temps (Sacha Baron Cohen), une sorte de semi-dieu omnipotent gardien du temps de l’humanité toute entière. Malgré les avertissements du Temps sur le fait que l’on ne puisse pas changer le passé, Alice décide de voler la Chronosphère et de revenir plusieurs années en arrière. Mais la jeune femme atterrit accidentellement à l’époque du couronnement d’Iracebeth la Reine Rouge (Helena Bonham Carter). Le jour où le jeune Chapelier Fou se moque d’Iracebeth parce que sa couronne ne rentre pas sur sa tête trop grosse, tout bascule pour la Reine Rouge, qui devient comme enragée et provoque le désarroi de son père, qui la juge irresponsable et décide au final de confier le titre de Reine à sa plus jeune fille, Mirana. C’est ainsi qu’Alice découvre qu’un simple mensonge de Mirana a provoqué la fureur d’Iracebeth et nourrit par la suite sa haine du monde entier, jusqu’à l’attaque du Jabberwocky qui tua la famille du Chapelier Fou. Mais pendant qu’Alice tente de rétablir l’ordre des choses, le Temps se met en tête de retourner à son tour dans le passé pour empêcher Alice de commettre davantage de dégâts et de déstabiliser l’équilibre fragile du Temps.

« Alice Through the Looking Glass » s’avère être une suite plutôt extravagante et colorée, dans la directe lignée du premier film de Tim Burton. James Bobin tente de suivre les pas du réalisateur de « Batman » en insufflant à son métrage une dimension poétique, onirique et mystérieuse au moins égale à celle du premier film. Le problème, c’est surtout l’univers imaginaire et délirant de cette histoire rocambolesque, qui, comme pour le premier opus, oblige la production à multiplier les effets numériques et les plans en 3D assez assommants. Véritable déluge visuel propice à l’imagination et à la rêverie, le film de James Bobin s’avère assez indigeste pour les yeux. Fort heureusement, le scénario, plutôt malin, rattrape le tout grâce à une histoire de voyage dans le temps qui pose une réflexion judicieuse sur l’existence et le rapport des hommes au temps. Reposant sur la célèbre maxime de Lamartine « ô temps, suspends ton vol ! », l’histoire de ce « Alice » numéro 2 évoque la disparition de la famille du Chapelier Fou qui agonise dans le présent, tandis que son amie Alice va tout mettre en oeuvre pour sauver ses proches dans le passé. Mais le vrai personnage majeur de cette seconde mouture, c’est bien évidemment le Temps, brillamment incarné par le célèbre comédien et humoriste très controversé Sacha Baron Cohen, la vraie bonne idée du film, qui apporte une élégance complexe et une certaine épaisseur à son personnage inquiétant et ambigu, personnification du Temps pour les êtres humains. Hormis quelques séquences très belles et épiques, le film a bien du mal à retrouver le souffle onirique du premier épisode de Tim Burton. L’ensemble reste au final très lisse, très conventionnel, essentiellement destiné à un jeune public (le film est bien moins sombre que le premier opus !), et même si l’on retrouve avec plaisir les acteurs du premier film, la sauce a bien du mal à prendre dans cette production Disney finalement très sage et assez convenue.

Danny Elfman retourne lui aussi dans le monde du Pays des Merveilles pour une seconde partition orchestrale particulièrement riche, épique et colorée, dans la directe lignée de son travail sur « Alice in Wonderland ». Le score de « Alice Through the Looking Glass » est essentiellement un bis repetita du travail d’Elfman sur le premier film. C’est pourquoi on débute avec une reprise du fameux « Alice’s Theme », avec son choeur magique devenu un classique de la musique de film, proposé ici dans un tout nouvel arrangement très proche de celui du premier film. Dans le film, on débute en réalité sur « Saving the Ship » pour la séquence introductive du navire d’Alice qui réchappe aux pirates ennemis sur des mers agitées. Elfman nous plonge d’emblée ici dans une atmosphère épique à l’aide d’orchestrations riches et démesurées, à grand renfort de choeurs gothiques, de cuivres massifs et de cordes bouillonnantes. Le souffle de l’aventure est largement porté ici par la richesse exubérante des orchestrations et la puissance sonore de « Saving the Ship », dans la continuité des travaux habituels du compositeur pour Tim Burton, avec un soupçon d’héroïsme qui rappellerait presque le « Cutthroat Island » de John Debney. A noter ici une série de variantes triomphantes autour du thème d’Alice qui se transforme en motif d’aventure pur et dur. Dans « Watching Time », Danny Elfman introduit l’un des nouveaux thèmes du score, un motif mystérieux et amusant pour le Temps, ironiquement incarné dans le film par Sacha Baron Cohen. On retrouve ici le Elfman de la fantaisie et de l’exubérance à l’aide d’orchestrations plus inventives, comme ces étranges glissandi introductifs de cordes, ces col legno évoquant les sons d’une pendule, du temps qui passe inlassablement, et ces voix envoûtantes et mystérieuses typiques de l’auteur. Le thème du Temps s’apparente ici à une mélodie plus ironique et sournoise, interprétée par une clarinette basse et un basson à 2:19, mélodie inspirée de Sergueï Prokofiev selon les dires mêmes du compositeur. A noter que le motif de cordes étranges entendu au tout début de « Watching Time » est en réalité la mélodie mystérieuse et féline du Chat du Cheshire que l’on entendait dans le premier score, et qu’Elfman reprend occasionnellement ici dans ce second opus (à 0:13 dans « To The Rescue »).

Parmi les thèmes repris du premier film, on retrouve aussi le thème de l’enfance d’Alice, mélodique plus majestueuse entendue brièvement dans « Alice » entre 2:56 et 3:34, et qui semble plus développée dans la musique de ce second opus. Un autre thème associé à Alice dans le premier est entendu dans la suite de « Alice » à 4:08, il s’agit du « Proposal Theme », qui illustrait dans le premier film le besoin de liberté d’Alice lorsque cette dernière refusait de se marier. Ce thème plus émouvant reviendra lors de deux climax émotionnels d’une grande beauté dans le film, dans « Goodbye Alice » et « World’s End ». Le thème de l’enfance revient au début de « Looking Glass », porté par un violoncelle et des cordes douces et élégantes, accompagné ici d’allusion au thème principal, avec son lot de harpe, de bois, de vibraphone et de voix féminines – à noter l’emploi d’un orgue très gothique pour la scène où Alice traverse le miroir – Dans « Hatter House », Elfman reprend un autre thème du premier film, le thème associé à son ami Tarrant Haut-De-Forme. La mélodie, déjà introduite dans la partie chorale de « Alice », se reconnaît à ces phrases déclamées rapidement par les chanteurs et chanteuses du choeur (entre 1:42 et 1:55) qui faisait déjà partie intégrante du thème d’Alice dans le rôle d’une partie B – conçue exprès pour évoquer l’amitié entre l’héroïne et le chapelier fou – Dans « Hatter House », il y a des allusions plus fragmentées à ce thème qui devient ici un brin plus présent mais aussi plus sombre et dramatique, évoquant l’agonie de Tarant Haut-De-Forme hanté par la disparition tragique de ses parents. Dans « The Red Queen », Elfman évoque Iracebeth la Reine Rouge à l’aide de sonorités plus sombres et menaçantes, sans mélodie particulière. La thématique du Temps est reprise ensuite dans « The Chronosphere », constamment juxtaposée aux nombreuses allusions du thème d’Alice, lorsque cette dernière s’empare de la Chronosphère pour voyager dans le temps et sauver la famille du chapelier fou – à noter ici le retour du thème amusant du Temps au basson vers 0:34 – Le thème du Temps revient ensuite dans « Tea Time Forever » à 0:56, entrecoupé de très brèves allusions au motif du Chat du Cheshire, lorsque le Temps s’invite à la pause thé organisée par les amis d’Alice du Pays Imaginaire.

On est soufflé ici par le ton aventureux et épique du score, largement plus prononcé que dans « Alice in Wonderland ». C’est le cas dans le grandiose « Oceans of Time » avec ses harmonies majestueuses typiques du compositeur et ses grands crescendos puissants pour la scène où Alice voyage sur les océans du temps à l’aide de la Chronosphère. Ces passages d’aventure/action grandioses sont très souvent contrebalancés par des moments plus légers et colorés comme « Hat Heartbreak » qui débute au son de traditionnels mickey-mousing, parsemé de brèves allusions au thème de Tarant Haut-De-Forme, que l’on retrouve aussi dans le poignant et mélancolique « Hatter’s Deathbed », dans « Finding the Family » et dans à 1:24 à la flûte dans « Truth ». A noter par ailleurs qu’Elfman reprend souvent les premières notes de la mélodie avant de dévier rapidement vers d’autres phrases mélodiques, développant chaque apparition du thème du chapelier fou qui semble se métamorphoser à chaque apparition dans le film, à l’instar du personnage de Johnny Depp. Dans « Asylum Escape », Alice s’échappe de l’asile à grand renfort de reprises cuivrées et agitées de sa mélodie, transformé ici en thème d’aventure épique comme dans « Saving the Ship », « Asylum Escape » étant l’un des meilleurs passages d’action du score de « Alice Through the Looking Glass ». « Time Is Up » développe quand à lui le thème de l’enfance et le thème principal d’Alice pour un nouveau déchaînement orchestral/choral saisissant et dramatique, avant l’envolée majestueuse de « World’s End », qui reprend le « Proposal’s Theme » à 0:39 dans une superbe envolée orchestrale particulièrement prenante, thème aussi repris par un piccolo gracieux et touchant au début de « Goodbye Alice ». « Time’s Castle » développe quand à lui la thématique du Temps, dans une ambiance plutôt sombre – à noter l’emploi des trombones dans le grave et des cordes agitées – le thème étant surtout repris par une clarinette et un basson dans le sautillant « The Seconds ». Enfin, « They’re Alive » reprend des allusions ponctuelles au thème du chapelier fou, tandis qu’Elfman nous propose un solide récapitulatif de ses thèmes dans « Story of Time ».

On ressort donc assez comblé par l’écoute de « Alice Through the Looking Glass », bien que le score n’ait rien de particulièrement original ou d’extrêmement audacieux. Danny Elfman se contente bien souvent de reprendre ici les thèmes du premier score qu’il développe plus intensément, incluant une nouvelle thématique à la Prokofiev pour le personnage symbolique du Temps. La musique apporte néanmoins un souffle épique au film de James Bobin avec une impression constante d’aventure, de magie et aussi de drame, avec quelques moments plus sombres et mélancoliques, notamment la scène de l’agonie de Tarant Haut-De-Forme. Cette seconde partition de Danny Elfman vaut surtout pour ses excellentes reprises du superbe thème d’Alice devenu un grand classique du genre, le compositeur maîtrisant sa mélodie de bout en bout au point de la remodeler sans cesse pour l’adapter à chaque péripétie et situation du film. Comme toujours, les orchestrations sont extrêmement riches et généreuses, conçues avec une certaine inventivité qui rappelle l’exubérance des scores d’Elfman pour les films de Tim Burton des années 90, bien que l’on aurait parfois aimé entendre le compositeur se lâcher davantage et être plus radical dans son approche musicale. L’ensemble reste au final assez sage et plutôt convenu, le problème venant surtout du fait que le nouveau thème, celui du Temps, n’a rien d’extraordinaire et fait plutôt pâle figure comparé aux anciens thèmes de « Alice in Wonderland ». Qu’à cela ne tienne, Danny Elfman saisit l’opportunité de revenir dans le Pays Imaginaire et nous offre une nouvelle partition épique, riche et colorée qui, à défaut d’apporter quoique ce soit de nouveau, comblera à coup sûr les fans du compositeur et de ses partitions féeriques, épiques et fantaisistes !



---Quentin Billard