1-Goosebumps 2.11
2-Ferris Wheel 4.44
3-To The Rescue 1.16
4-Camcorder 1.37
5-Ice Rink 4.01
6-Capture 1.11
7-Slappy 1.48
8-Confession 2.05
9-Slappy's Revenge 1.43
10-Bus Escape 1.54
11-Lawn Gnomes 2.52
12-Ghost Hannah 0.54
13-Mantis Chase 2.18
14-Hannah's Back 2.54
15-They're Here 2.29
16-Farewell 5.28
17-Credit 2.14

Bonus Tracks

18-Something's Wrong 0.55
19-Champ 1.18
20-Break In 1.31
21-The Books 4.24
22-Instagram 1.48
23-Floating Poodle 1.09
24-Werewolf 3.16
25-Lovestruck 1.00
26-Panic 2.42
27-On The Run 0.58
28-Fun House 3.32
29-The Twist 0.25

Musique  composée par:

Danny Elfman

Editeur:

Sony Classical 88875132202

Score produit par:
Danny Elfman
Orchestrateur superviseur:
Steve Bartek
Orchestrations:
Steve Bartek, Edgardo Simone,
Dave Slonaker, Ed Trybek,
Peter Bateman, Marc Mann,
Tim Rodier

Orchestre conduit par:
Pete Anthony
Musique additionnelle:
Chris Bacon, TJ Lindgren,
Paul Mounsey

Supervision MIDI et préparation:
Marc Mann
Programmation:
Peter Bateman
Assistant préparation MIDI:
Steve Bauman
Enregistrement et mixage:
Dennis Sands
Préparation musique:
Rob Skinnell, Ron Vermillion,
Tim Rodier

Monteurs musique:
Bill Abbott
Assistante montage:
Denise Okimoto
Coordination production score:
Melisa McGregor
Assistante de Mr Elfman:
Melissa Karaban
Direction musicale pour
Sony Pictures:
Lia Vollack
Sony Classical Licensing:
Mark Cavell
Sony Classical
Product Development:
Klara Korylowska

Artwork and pictures (c) 2015 CTMG. All rights reserved.

Note: ***1/2
GOOSEBUMPS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Danny Elfman
A l’origine, « Goosebumps » (Chair de Poule) est une série de livres d’épouvante pour enfants conçus par R.L. Stine entre 1992 et 1997, et qui sont devenus des classiques de la littérature jeunesse. Le succès fut tel que le cinéma décida très vite de se réapproprier le filon avec une série TV canadienne produite et diffusée entre 1995 et 1998. Il y eut aussi une série de jeux vidéos lancés dans les années 90, sans oublier un projet d’adaptation au cinéma qui naquit à la fin des années 90 sous l’impulsion de Tim Burton, puis traîna quelques années au fond d’un tiroir avant de se concrétiser enfin dès 2008 lorsque la Columbia Pictures racheta les droits des livres. Le film sort finalement au cinéma en 2014, réalisé par Rob Letterman, plus connu pour ses films d’animation (« Shark Tale », « Monsters vs. Aliens »), avec Jack Black dans le rôle de R.L. Stine, qui devient ici le héros du film. On y suit les aventures de Zach Cooper (Dylan Minnette), un jeune garçon qui vient tout juste de s’installer avec sa mère Gale (Amy Ryan) dans leur nouvelle maison située dans la petite ville de Madison dans l’état du Delaware. A son arrivée, Zach fait la connaissance de la jolie Hannah (Odeya Rush), la fille de son voisin M. Shivers (Jack Black), qui s’avère être très antipathique et interdit à sa fille tout contact avec Zach ou l’extérieur. Un soir, le jeune homme entend des cris provenant de la maison des Shivers. Inquiet pour Hannah, Zach décide de pénétrer dans la maison de son voisin avec la complicité de son nouvel ami Champ (Ryan Lee), qu’il vient de rencontrer au lycée. Ils découvrent alors une grande bibliothèque contenant plusieurs livres de la série « Chair de Poule », qui sont solidement scellés. Mais Zach ouvre par mégarde l’un des livres, « L’abominable homme des neiges de Pasadena », et laisse s’échapper la créature du roman qui s’enfuit dans les rues de la ville. Hannah, Zach et Champ décident de poursuivre le monstre et réussissent à l’arrêter à temps grâce à l’arrivée de M. Shivers, qui renvoie la créature dans son livre. Les deux garçons comprennent alors que M. Shivers n’est autre que R.L. Stine, l’écrivain célèbre auteur des livres de « Chair de Poule ». Stine revient ensuite chez lui et découvre qu’un autre livre a été ouvert pendant que la créature était en train de s’échapper. C’est ainsi que le pantin maléfique Slappy s’échappe à son tour d’un autre ouvrage et libère toute une série de monstres en tout genre qui sèment le chaos dans toute la ville. Désormais, Zach, Champ, Hannah et Stine sont les seuls remparts contre la folie des créatures prêtes à tout dévaster sur leur passage.

« Goosebumps » s’avère donc être un divertissement familial plutôt sympathique et énergique reposant essentiellement sur des effets spéciaux 3D impressionnants malgré un budget moyen pour une production de cette envergure (environ 58 millions de dollars). Le film s’inspire de l’esprit des livres de R.L. Stine qui servent ici de prétexte à une histoire de monstres déchaînés qui sèment la pagaille dans une petite ville américaine. Le scénario rappelle par ailleurs les classiques des monster movies des années 80 comme « Gremlins » ou « Critters », à ceci près que les créatures aperçues dans « Goosebumps » ne feront jamais couler le sang – production familiale oblige – Tourné à la manière d’une comédie d’épouvante, le film de Rob Letterman s’avère au final très inoffensif, avec son bestiaire assumé, plus drôle que réellement effrayant. On y retrouve tous les monstres célèbres de la collection des « Chair de Poule » : l’abominable homme des neiges, le loup-garou, les nains de jardin maléfiques, le méchant pantin Slappy, la mante religieuse géante, les goules du cimetière, le blob, etc. Mais ce qui partait d’un concept de base fort intéressant – les créatures imaginées par R.L Stine dans ses livres qui prennent vie dans la réalité – se transforme très vite en une énième production familiale banale et sans grande originalité. Malgré quelques bonnes idées et quelques gags bien trouvés, « Goosebumps » s’avère être un croisement peu inspiré entre « Gremlins » et « Scooby-Doo », prenant les traits d’un teen-movie sympa sans plus porté par l’énergie et la fougue de ses jeunes interprètes – la jolie Odeya Rush, Dylan Minnette – et l’extravagance habituelle de Jack Black, qui retrouve ici le réalisateur quatre ans après le très dispensable « Gulliver’s Travels » (2010). Si l’on apprécie les quelques scènes d’action loufoques et les effets spéciaux 3D plutôt réussis, on ne pourra pas en dire autant du scénario de « Goosebumps » qui s’avère assez terne et décevant, profitant surtout du succès de la série des livres de R.L. Stine pour attirer le chaland : aucun approfondissement de l’univers des livres, aucun mystère, aucune forme de suspense, tout est sacrifié ici au profit de l’action, de l’humour et d’une love story pour ado entre Zach et la jolie Hannah – à noter un twist assez inattendu vers le milieu du film –

C’est sans surprise que l’on retrouve Danny Elfman sur « Goosebumps », l’ambiance fantastique et loufoque du film de Rob Letterman correspondant parfaitement à l’univers musical habituel du compositeur. Une première écoute de la musique dans le film nous permet très vite de cerner l’approche musicale d’Elfman : le score de « Goosebumps » est un véritable retour aux sources pour le compositeur, qui renoue ici avec son style gothique/fantaisiste qui rappelle ses travaux pour Tim Burton (on pense notamment à « Sleepy Hollow » ou « Dark Shadows ») ou certains films des années 90, et notamment « Darkman » et « Nightbreed ». Dès les premières minutes, Elfman nous offre une musique symphonique bondissante et colorée, brillamment interprétée par un orchestre et une chorale de taille moyenne. Le score repose avant tout sur un thème principal qui sera omniprésent tout au long du film, évoquant l’univers des monstres et des livres de Chair de Poule. Ce thème de 5 notes est introduit dans « Goosebumps » et sera particulièrement reconnaissable tout au long du film à force d’être constamment répété d’une scène à une autre. Niveau orchestration, on notera ici l’emploi caractéristique du xylophone, des cuivres, des bois graves (clarinette basse, basson, etc.), du célesta et d’un theremin, dont la sonorité électronique aiguë caractéristique rappelle clairement les musiques de film de science-fiction des années 40/50. A noter que la dernière partie de « Goosebumps » fait penser à une musique de cirque et rappellerait presque le travail d’Elfman sur « Pee Wee’s Big Adventure » et « Big Top Pee Wee », avec un soupçon de « Beetlejuice » pour le côté excentrique et fantaisiste des orchestrations. Dans « Ferris Wheel », Elfman introduit le second thème du score, associé dans le film à Zach Cooper au piano, avec des cordes et des bois plus légers et enjoués. Le thème apporte ici un ton plus chaleureux et familial au score, évoquant l’amitié entre Zach, Champ et Hannah. A noter l’emploi habituel du choeur qui apporte la touche fantaisiste indissociable des scores d’aventure de Danny Elfman.

Les choses se corsent enfin dans « To The Rescue », alors que Zach entend Hannah crier un soir et se rue chez elle pour lui venir en aide. Elfman nous offre ici un bref premier morceau d’action assez agressif et agité, avec des cordes sombres, des cuivres massifs et des percussions plus marquées. Le thème de Zach est ensuite repris par un piano délicat dans le joli « Camcorder » suivi du ténébreux « Ice Rink », autre morceau d’action particulièrement survitaminé et puissant. Le thème principal revient ici avec l’appui des choeurs gothiques façon « Sleepy Hollow ». On le retrouve ensuite dans le sombre « Capture », autre déchaînement orchestral/choral particulièrement saisissant, où Zach et ses amis tentent de capturer l’un des monstres échappé d’un livre de R.L. Stine. « Slappy » introduit quand à lui quelques éléments de mickey-mousing typique de ce type de production familiale, Elfman maintenant malgré tout le ton sombre et agité de sa musique, prête à exploser à n’importe quel moment pour rappeler la menace constante des créatures qui se sont échappées. Les moments intimistes et lyriques comme « Confession » permettent d’apporter un doux relief à la partition, mais ce sont surtout des passages comme le brutal « Slappy’s Revenge » qui dominent ici, avec le personnage de Slappy, le pantin maléfique, qui va diriger les monstres sur la ville et semer le chaos partout où il va passer. Le thème de 5 notes est largement développé ici, associé autant au pantin qu’à ses acolytes imaginaires. L’emploi du xylophone et du theremin (façon « Mars Attacks ! ») apportent ici la touche de fantaisie typique de la partition de « Goosebumps », pour un autre morceau d’action déchaîné. Etonnamment, Elfman parvient toujours à alterner entre ces rouleaux compresseurs musicaux et des moments plus légers et touchants, comme le début de « Bus Escape », d’une certaine beauté, qui cède très vite la place à un nouveau déchaînement totalement débridé, évoquant la destruction et le chaos orchestré par les monstres.

La scène de l’attaque des lutins (« Lawn Gnomes ») permet à Elfman d’évoquer les petites créatures avec ironie et dérision, notamment dans l’emploi de bois bondissants avec le xylophone et les petites percussions, qui viennent contrebalancer la masse orchestrale agressive. Dans « Ghost Hannah », on retrouve le thème de Zach qui prend ici la forme d’un Love Theme pour Zach et Hannah, à l’aide d’un piano plus délicat, d’un violoncelle et d’une flûte baignant dans une ambiance quasi féerique, lorsque Zach découvre la vérité sur l’identité d’Hannah. Le thème est aussi repris dans le très beau « Hannah’s Back », entendu en réalité à la fin du film alors que Zach et Hannah sont à nouveau réunis au lycée. L’attaque de la mante religieuse géante ( « Mantis Chase ») est un autre exemple de déchaînement orchestral complexe et totalement maîtrisé, largement valorisé ici par l’emploi ahurissant de cuivres virtuoses et de percussions tonitruantes. Le reste du score s’avère être du même acabit : entre les cuivres rageurs de « They’re Here » et ses choeurs ténébreux, la férocité ahurissante de « Werewolf » (qui, ironiquement, rappelle le score de « The Wolfman »), le final dramatique de « Farewell », les touches de mickey-mousing bondissant de « Champ », les allusions à Bernard Herrmann dans « Break In » ou la reprise énergique du thème principal dans « Credits », le score de « Goosebumps » a largement de quoi satisfaire les fans de Danny Elfman. La musique apporte cette touche gothique et ténébreuse au film sans jamais tomber dans la cacophonique ou la violence pure : le score parvient à conserver un ton aventureux et familial avec de nombreuses déclinaisons du thème intimiste de Zach et Hannah, tandis que le thème principal de « Goosebumps » s’avère être plus ironique et sournois que réellement méchant. On retrouve donc ici l’exubérance baroque habituelle d’Elfman, qui ne prend aucun risque particulier et livre une composition orchestrale solide et accrocheuse pour le film de Rob Letterman, à défaut de proposer quoique ce soit de réellement nouveau dans le genre !



---Quentin Billard