1-Primordial Planet 3.03
2-Grover's Bend 1.48
3-Charlie Thinkin' 1.57
4-Quigley Killed 1.32
5-Brad in the Attic 1.02
6-Nana's House 0.55
7-Critters At Burger Plant 0.55
8-Easter Morning 0.54
9-Bunny Attack 0.59
10-Spaceship Landing 2.00
11-Critter Convention 2.09
12-Transform To Playmate 2.10
13-Nana's Critters 1.05
14-It's Me, Brad 2.48
15-Critter At Gazette 1.04
16-Transform To Nerd 1.13
17-Rectory 1.42
18-Cheesehead Gets It 1.14
19-Ug Loses It 2.26
20-Setting The Trap 2.06
21-Night 3.45
22-Victory Romance 0.40
23-Critters Roll 2.59
24-Grover's Bend Farewell 3.23
25-Finale 2.13

Musique  composée par:

Nicholas Pike

Editeur:

Intrada MAF 7045D

Produit par:
Nicholas Pike
Producteur exécutif:
Douglass Fake
Orchestrations:
Nicholas Pike
Enregistrement et mixage:
Michael Jay

Artwork and pictures (c) 1988/1993 New Line Cinema Corporation. All rights reserved.

Note: ***1/2
CRITTERS 2 :
THE MAIN COURSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Nicholas Pike
Après le succès surprise du « Critters » de Stephen Herek en 1986, le studio New Line Cinema décida de produire une suite confiée au jeune réalisateur Mick Garris, qui se fera connaître par la suite dans le registre des films d’épouvante et du cinéma fantastique incluant le téléfilm « Psycho IV : The Beginning » (1990), « Sleepwalkers » (1992), « The Stand » (1994) ou « The Shining » (1997). L’histoire se situe deux ans après les événements dramatiques du premier film. Le jeune Brad Brown (Scott Grimes) revient dans la ville de Grover’s Bend après le massacre commis par les Critters, pour y passer les vacances de Pâques auprès de ses proches et rendre visite à sa grand-mère. Très vite, la nouvelle de l’arrivée de Brad à Grover’s Bend fait le tour de la ville. Au même moment, le vaisseau des chasseurs de prime extra-terrestres vus dans le premier film est de retour sur Terre afin de pourchasser les derniers Critters qui vivent encore sur la planète. Un jour, les œufs des créatures sont confondus avec des œufs de Pâques, et très vite, les monstres poilus et affamés se répandent dans toute la ville et sèment à nouveau le chaos et la désolation. Brad et ses proches doivent organiser la défense de Grover’s Bend avec la complicité des chasseurs de prime et de Charlie McFadden (Don Keith Opper), l’ami de Brad Brown qui a rejoint les chasseurs de prime dans l’espace. Prévu initialement pour Rob Bottin – le spécialiste incontesté des effets spéciaux dans le cinéma des années 80/90 – « Critters 2 » sera finalement confié à Mick Garris, qui signera son premier long-métrage pour le cinéma en 1988, adaptant son propre scénario co-écrit avec David Twohy.

Si le premier film était un décalque honnête du « Gremlins » de Joe Dante et des films de petits monstres des années 80, « Critters 2 » va plus loin en multipliant l’humour noir et la dérision, incluant quelques scènes absurdes où les chasseurs de prime prennent des looks improbables – dont celui d’une jeune femme guerrière aux formes très généreuses – ou le shérif habillé en lapin de Pâques qui se fait attaquer par les monstres, sans oublier la scène hilarante et grotesque où les Critters s’amusent à mettre le bazar dans un fast-food en s’empiffrant de burgers, sans oublier l’affrontement final, où les créatures forment une boule géante et roulent en dévastant tout sur leur passage. Malgré un budget modeste de 4 millions de dollars, « Critters 2 » parvient à mélanger habilement humour et frissons avec quelques scènes gores assez sanglantes et des idées plutôt réjouissantes, réunissant quelques uns des acteurs du premier film (Scott Grimes, Don Keith Opper, Terrence Mann, etc.). Parmi les clins d’œil du film, on notera le moment où Ug, le chasseur de prime, prend l’apparence de Freddy Krueger, une allusion plus qu’évidente à la franchise des « Nightmare on Elm Street », produit à l’époque par New Line Cinema. Au final, « Critters 2 » s’avère être une série-B comico-horrifique plutôt divertissante et réussie malgré la maigreur des moyens, typique de ce genre de production de la fin des années 80, avec des créatures bien mieux animées et quelques effets spéciaux un brin plus convaincants que ceux du premier film, qui semblaient plus limités.

« Critters 2 » marque les débuts de la collaboration entre le réalisateur Mick Garris et le compositeur anglais Nicholas Pike en 1988. Ce dernier composera par la suite la musique des films suivants du cinéaste, incluant « Sleepwalkers » (1992), « The Shining » (1997) et « Riding the Bullet » (2004), sans oublier sa participation à plusieurs productions Disney (« Captain Ron », « Blank Check », « The Prince and the Pauper », etc.). « Critters 2 » s’avère être une partition symphonique à la fois sombre, énergique et entraînante, mélangeant humour et frisson à la manière du film. Pour parvenir à ses fins, Nicholas Pike a regroupé un orchestre d’une quarantaine de musiciens enregistrés près de San Diego, accompagnés de quelques éléments électroniques plus typiques des 80’s. Le score de « Critters 2 » est porté par une ambiance aventureuse assez agréable, dans la lignée des travaux de Jerry Goldsmith sur les films de Joe Dante à la même époque (on pense notamment à « The ‘Burbs » et surtout « Gremlins »). Le film repose avant tout sur quatre thèmes majeurs, un motif cyclique et tournoyant constitué d’une série de notes très rapides (à 0:08 dans « Primordial Planet »), associé aux Critters – à noter que Pike accompagne aussi les attaques des monstres par un thème secondaire, une sorte de marche espiègle et sournoise souvent confiée au basson (à 0:29 dans « Primordial Planet »), dans un style qui rappelle le thème écrit par David Newman pour les monstres du premier film, avec un soupçon de fantaisie en plus. Le deuxième thème est celui associé dans le film à la ville de Grover’s Bend. Beaucoup plus reconnaissable, ce thème évoque clairement une atmosphère rurale très ‘americana’ grâce à sa mélodie inspirée d’Aaron Copland, et que l’on découvre dès le début du film à la flûte dans « Grover’s Bend » - on pense ici au style western de Bruce Broughton sur « Silverado » - Le troisième thème est celui associé à Charlie, l’ami de Brad dans le film, devenu chasseur de primes extra-terrestre. Enfin, les chasseurs aliens du film ont droit aussi à leur thème, un motif harmonique de notes descendantes, à la fois mystérieux et majestueux.

Le film débute dans une séquence spatiale très visuelle qui permet à Nicholas Pike de poser les bases de sa partition (« Primordial Planet ») : le thème des Critters est dévoilé dès l’ouverture, souvent accompagné de tenues dissonantes de cordes et de synthétiseurs étranges suggérant la menace des monstres. Le thème est par ailleurs largement développé dans « Quigley Killed » pour la première scène d’attaque du film, où le motif des créatures devient plus agressif, plus menaçant, à l’aide de timbales et de cuivres belliqueux. Le thème de Charlie, déjà suggéré au milieu de « Primordial Planet », est dévoilé par un cor anglais élégant et majestueux dans « Charlie Thinkin » dès 0:18, tandis que le motif des Critters est repris à 1:06 pour suggérer la présence des oeufs. Dans « Brad in the Attic », le thème de Charlie est repris par une flûte à 0:22 sur fond de cordes planantes et de clavier électrique cristallin – élément sonore récurrent du score – Dans « Nana’s House », c’est au tour du thème de Grover’s Bend d’être repris par quelques bois (flûte, clarinette), des cordes et un piano. L’arrivée des monstres dans la ville permet à Pike d’amplifier le matériau thématique associé aux monstres avec le brutal « Critters at Burger Plant ». Malgré des moyens très limités, le compositeur parvient à insuffler une vraie force à son orchestre, en jouant plus particulièrement sur les percussions – timbales, xylophone, shakers, piano – et les vents pour renforcer l’idée du chaos et de la panique dans la séquence (hilarante) où les monstres sèment la pagaille dans un fast-food. Le compositeur verse même dans l’humour pur et dur avec « Bunny Attack », pour la scène où les Critters attaquent le shérif déguisé en lapin de pâques. Le morceau débute sur un solo enfantin de basson avant de céder à la terreur pure pour un assaut orchestral extrêmement agressif, reprenant le motif cyclique et tournoyant des monstres.

Dans « Transform the Playmate », Pike illustre l’une des scènes de métamorphose physique d’Ug (Terrence Mann) à l’aide de sonorités avant-gardistes de cordes (glissandi en sul ponticello), idée aussi reprise dans « Transform the Nerd » et à la fin de « Rectory », où l’on retrouve le thème des chasseurs aliens. Le motif associé aux monstres reprend finalement le dessus, largement amplifié dans « Nana’s Critters » pour évoquer d’autres méfaits des boules de poil maléfiques (non sans humour). Le thème de Charlie revient dans « It’s Me, Brad » de manière touchante, puis très vite, le compositeur met l’accent sur quelques éléments percussifs plus martiaux, évoquant la contre-attaque des habitants de Grover’s Bend (notamment dans le jeu très prononcé des timbales). Même chose pour « Critters at Gazette » où le piano est mis en valeur au côté de l’orchestre. Pike accentue les ostinatos rythmiques martiaux à la fin de « Transform the Nerd » pour évoquer l’idée de la bataille finale contre les créatures, idée développée plus intensément dans « Cheesehead Gets It » qui prend des allures de musique belliqueuse et guerrière. Le climax est atteint avec « Setting the Trap », lorsque les habitants de Grover’s Bend préparent le piège dans l’entrepôt pour détruire les Critters, pour ce qui reste l’un des meilleurs morceaux du score, excitant et diablement frénétique. La bataille s’amplifie dans l’agité « Night » et l’impressionnant « Critters Roll », où le motif des monstres prend des airs de « Dies Irae » grégorien, pour la scène finale où les monstres forment une boule géante. Enfin, le compositeur se fait plaisir en reprenant le thème de Charlie et le thème majestueux des chasseurs de prime aliens dans « Grover’s Bend Farewell », suivi d’une superbe coda entièrement basée sur le thème americana de Grover’s Bend dans « Finale », où la mélodie, plus rythmée et dynamique, se transforme en véritable musique de western à la Aaron Copland, façon « Appalachian Spring » ou « Billy the Kid ».

Partition énergique, vivante et bourrée d’humour, « Critters 2 : The Main Course » est un premier coup d’essai réussi pour Nicholas Pike, qui signe sa première grande musique de film pour le cinéma américain en 1988, et marque sa première collaboration avec Mick Garris. Visiblement assez inspiré par son sujet, Pike contourne le problème du manque de moyens par une écriture symphonique très classique et assez riche, multipliant les idées thématiques et les ambiances avec un savoir-faire indéniable. Entre le thème western de la ville de Grover’s Bend, les marches comiques et sournoises des Critters, les ostinatos guerriers lors de la bataille finale, la mélodie nostalgique de Charlie ou le motif majestueux des chasseurs de prime extra-terrestres, « Critters 2 » est un score somme toute très généreux qui procure un plaisir d’écoute immédiat, et ce même si l’ensemble n’a rien de follement original ou d’extrêmement mémorable. Nicholas Pike succède donc brillamment à David Newman sur le premier film de 1986 et signe un score orchestral de très grande qualité, apportant humour, action et frissons au film de Mick Garris, une excellente entrée en matière pour un compositeur qui semble avoir gardé un très bon souvenir de l’enregistrement de « Critters 2 » avec ses musiciens comme en témoignent des notes de l’auteur dans le livret de l’album d’Intrada.



---Quentin Billard