1-Down in Mars 4.06
2-Armitage Main Theme 4.30
3-Second Type 5.00
4-Chase 4.13
5-The Killer 4.53
6-A City Without Sunshine 4.09
7-Phantom World 3.59+
8-Cyber Transmission 1.22
9-Armitage The Short 1.09
10-A Tear of Cyborg 2.14
11-Bioroid 5.05
12-D'Anclaude 3.26
13-A Crystal Drop 3.14
14-More Agressive 4.26
15-Cyber Battle 3.56
16-Silent War 5.20
17-Multi-Matrix (Ending Theme) 4.38*
18-Here With You 4.33**
19-Cheat! Cheat! 4.14**

*Ecrit par Julian Mack
**Interprété par Linda Hennrick
+Ecrit par Hiroko Kasahara.

Musique  composée par:

Hiroyuki Namba

Editeur:

Pioneer PICD-1009A

Album produit par:
Hiroyuki Namba

(c) 1996 Anime Internation Company. All rights reserved.

Note: ***
ARMITAGE III :
POLY-MATRIX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hiroyuki Namba
« Armitage III » est à la base une série d’OAV japonais mettant en scène une jeune femme cyborg nommée Naomi Armitage qui vit dans un monde futuriste où cohabitent les humains et les androïdes. Après 4 OAV réalisés par Hiroyuki Ochi en 1995, un long-métrage sorti au cinéma en 1996, « Armitage III : Poly-Matrix », qui s’avère être un condensé des 4 précédents OAV résumés sur un seul film de 90 minutes. Réalisé à nouveau par Hiroyuki Ochi, le film se déroule en 2046, alors que la population humaine a abandonné la Terre pour partir coloniser Mars avec l’aide d’androïdes de première génération qui ont aidé la terraformation de Mars et la construction de la ville de Saint Lowell. Ross Sylibus est un policier de Chicago qui est envoyé à Saint Lowell pour y faire équipe avec sa nouvelle partenaire, la jeune et sexy Naomi Armitage. A son arrivée à l’aéroport, Sylibus croise la route d’un mystérieux individu qu’il a déjà aperçu à bord de la navette et qui transporte une étrange mallette, de laquelle s’écoule du sang. Armitage ordonne alors à l’homme de s’arrêter et une violente fusillade éclate dans l’aéroport. L’homme en question réussit finalement à s’enfuir, tandis que ses gardes robots sont tués. Armitage et Sylibus découvrent alors que la mallette contient le corps sans vie de Kelly McCannon, la dernière grande chanteuse de country du monde, et qui s’avère être en réalité un androïde d’une catégorie nouvelle : la troisième génération, imitant à la perfection les êtres humains. Peu de temps après, une vidéo pirate est diffusée sur tous les écrans de télévision dévoilant le meurtre de Kelly McCannon et révélant à tous sa véritable identité. L’homme, qui se nomme René D’Anclaude, révèle à tous le fait que les robots de la troisième génération vivent parmi la population humaine depuis des années, et que de nombreuses personnalités bien connues sont en fait des androïdes. La ville est alors la proie de nombreuses émeutes alors que plusieurs robots de la troisième génération sont attaqués et capturés. Armitage et Sylibus décident d’enquêter sur les agissements du sinistre D’Anclaude et découvrent que la plupart de ses victimes sont des femmes androïdes. L’une de ses victimes envoie alors un message à Armitage contenant le nom de tous les robots de la troisième génération afin de les protéger des attaques de D’Anclaude. Armitage s’avère être à son tour une androïde de troisième génération, recherchée à son tour par la police. Avec la complicité de Sylibus, Armitage recrute alors un jeune homme nommé Julian Moore, qui va les aider à mener à bien leur enquête et stopper les agissements de René D’Anclaude.

« Armitage III : Poly-Matrix » est une virée détonnante dans un univers cyberpunk qui rappelle les grands classiques du genre : on pense bien évidemment à « Ghost in the Shell », sorti deux ans avant ce film, ou le cultissime « Blade Runner » de Ridley Scott, bien que le scénariste du film Chiaki Konaka explique qu’il a aussi été influencé par le « Dunwich Horror » d’H.P. Lovecraft. Plutôt destiné à un public adepte de mangas et de shonen, « Armitage III » brasse quelques thèmes classiques de la science-fiction, inspiré notamment d’Isaac Asimov, le tout sur fond de décors futuristes assez crédibles et d’une animation de qualité – bien que le graphisme s’avère un brin daté – Ici, l’histoire est vue du point de vue des robots et non pas des humains : même Ross Syllibus semble être en retrait par rapport à la jolie Naomi Armitage, androïde policière rebelle bien décidée à découvrir la vérité sur ses origines, et qui cherche à devenir une humaine à part entière – cf. la révélation concernant le fait que les femmes de la troisième génération peuvent donner la vie comme des humaines – Chose plutôt rare dans une production de ce genre, le scénario aborde clairement l’évolution du féminisme dans une société futuriste et porte une réflexion intéressante sur le rôle de la femme dans le monde des hommes, le tout servi par d’excellentes scènes de combat et un affrontement final particulièrement dense et violent. A noter que le film est sorti dans deux versions : celle de 95 minutes pour le cinéma, et une version plus longue de 135 minutes, qui réduit les coupes par rapport aux 4 OAV d’origine. On regrettera par moment un montage un peu rapide et abrupt qui met de côté certains détails intéressants des OAV originaux au profit d’un rythme plus fluide et soutenu. Sans atteindre le génie de « Ghost in the Shell » ou d’autres films cyberpunk de l’époque, « Armitage III : Poly-Matrix » s’avère être malgré tout un film d’animation de grande qualité, dévoilant une société martienne bien sombre tout en évoquant la difficile cohabitation entre les humains et les androïdes, dans la lignée de « Blade Runner ».

La partition électronique du musicien japonais Hiroyuki Namba apporte un rythme et une énergie considérable au film d’Hiroyuki Ochi. Afin de renforcer l’aspect futuriste/cyberpunk du film, Namba opta pour une approche entièrement synthétique, à l’aide de pads typiques des 90’s, de loops électro et de samples futuristes. C’est le cas pour l’arrivée de Sylibus sur Mars au début du film (« Dawn in Mars ») à l’aide de nappes synthétiques modernes et de samples répétitifs évoquant la planète Mars de manière froide et mécanique, dans un style qui rappelle indiscutablement le travail de Vangelis sur « Blade Runner ». Le thème principal, dévoilé dès le début du film dans « Armitage the Main Theme », évoque aussi bien le personnage de Naomi Armitage que l’enquête associée aux troisièmes générations. Le thème se reconnaît à sa mélodie de 6 notes mystérieuses sur fond de rythmique électro moderne. A noter que la partie centrale du « Main Theme » inclut un étrange sample de saxophone et de guitare basse free jazz, renforçant l’approche expérimentale et résolument moderne voulue par Hiroyuki Namba sur le long-métrage d’Hiroyuki Ochi. « Second Type » confirme l’esthétique générale de la partition de « Armitage III : Poly-Matrix » à grand renfort de basse synthétique, de pads, de cordes samplées et de guitare électrique trash (rendue quasi méconnaissable avec sa distorsion extrême). Namba nous plonge ici dans une ambiance robotique totalement futuriste en accumulant les pads en tout genre, les samples de voix et les loops divers pour créer une atmosphère assez surréaliste, dans la lignée des groupes électro de l’époque – on pense notamment au duo japonais Midori Takada et Masahiko Satoh, et leur fameux album « Lunar Cruise » sorti en 1991, bien qu’on pense aussi à Aphex Twin ou Autechre – La fusillade dans l’aéroport au début du film permet à Hiroyuki Namba de nous offrir le premier morceau d’action du score dans « Chase » à l’aide d’une batterie rock, de samples divers et de claviers largement improvisés. Dans l’excellent « The Killer », le compositeur accentue la tension pour l’affrontement avec D’Anclaude à l’aide d’une section rock/électro incluant guitare électrique, basse et batterie, annonçant le deuxième thème majeur du score, un thème de 6 notes associé au sinistre René D’Anclaude, assez présent dans le film.

On remarque que le « Main Theme » est un peu moins présent par la suite dans le film, avoir été pourtant intégralement présenté au début du film. Dans « A City Without Sunshine », le compositeur illustre la ville de Saint Lowell dans un énième passage dynamique de type pop/électro à l’aide de pads analogiques, de samples de guitare électrique, de claviers et de loops. Le thème principal revient enfin brièvement dans « Cyber Transmission », évoquant encore une fois Armitage dans une séquence où elle récupère des informations par le biais de sa connexion avec son allié Julian Moore. « A Tear of a Cyborg » évoque quand à lui l’humanité d’Armitage à l’aide d’une mélodie intime interprétée ici par un pad aigu assez étrange et plutôt kitsch, qui démontre encore une fois l’inventivité des idées sonores d’Hiroyuki Namba sur « Armitage III : Poly-Matrix ». « Bioroid » nous replonge quand à lui dans l’univers sonore robotique du début du film à l’aide de samples, loops divers et guitare électrique rock, incluant quelques passages de guitare improvisée plus expérimentaux. Le sinistre « D’Anclaude » illustre l’implacable nemesis de Sylibus et Armitage en reprenant intégralement le thème menaçant de six notes de René D’Anclaude dans un nouvel arrangement de samples de cordes plus sombres. Plus intéressant, « A Crystal Drop » est constitué d’une étrange série de sonorités cristallines incluant un piano vaporeux et des pads aigus et mystérieux quasi oniriques, tandis que « Cyber Battle » illustre une autre scène de bataille avec D’Anclaude dans le dernier acte du film. C’est l’occasion pour Hiroyuki Namba de reprendre encore une fois le thème menaçant de D’Anclaude (par exemple à 0:50 ou à 2:36) dans un morceau d’action techno/électro résolument futuriste et expérimental, avec des samples particulièrement étranges et inventifs. « Silent War » nous plonge pour finir dans une atmosphère plus planante à l’aide de nappes et de pads new-age plus optimistes qui semblent annoncer l’issue de la bataille et la romance entre Sylibus et Armitage à la toute fin du film. Typique des musiques nippones électroniques des années 90, « Silent War » devrait par ailleurs séduire les fans des musiques japonaises de cette époque, avec des harmonies et des sonorités caractéristiques.

Le score de « Armitage III : Poly-Matrix » est donc un très bel exemple de musique électronique japonaise des années 90. Hiroyuki Namba se voit offrir l’opportunité de reprendre une bonne partie de sa musique pour les quatre OAV de 1995 et les développe ici avec beaucoup de dynamisme et d’inventivité, même si le compositeur se contente bien souvent de reprendre les mêmes morceaux et les mêmes thèmes simplement réadaptés sur les images du long-métrage de 1996. Le résultat reste pourtant toujours aussi mémorable, notamment grâce à l’inventivité de son approche électronique résolument moderne pour l’époque et particulièrement futuriste. Refusant toute approche orchestrale jugée trop conventionnelle au regard de l’esthétique cyberpunk du film, Hiroyuki Namba concocte ainsi un score à base de claviers, guitare électrique, rythme techno/électro et samples en tout genre pour parvenir à ses fins, un peu comme le fit Vangelis sur le « Blade Runner » de Ridley Scott en 1982. La musique de « Armitage III : Poly-Matrix » évoque ainsi un univers complexe de sonorités robotiques, de morceaux d’action rock/électro déchaînés, de claviers improvisés et de nappes new-age modernes à l’aide de ses deux thèmes principaux assez présents dans le film – et ce même si l’on regrette le fait que le « Main Theme » soit finalement peu présent dans le reste du film – Un travail de très bonne facture qui devrait aisément séduire les fans de musique électronique japonaise des années 90 et des amateurs de bande son d’anime cyberpunk post « Ghost in the Shell ».




---Quentin Billard