1-Armitage Theme 4.27
2-Terraforming 1.02
3-Replicas 4.47
4-The First Error 1.56
5-Strings The Fighter 1.56
6-Demitrio's Plot 3.27
7-Mother's Love 1.49
8-Heaven's Door 3.59
9-Ross' Battle 4.48
10-Reunion 4.11
11-Robots and Humans 2.14
12-The Chase 2.06
13-Armitage Theme-Orchestral 3.21
14-Mouse-Genius Network 0.16
15-A Plot 1.40*
16-Armitage Theme-Saving Yoko 4.27
17-For The Future of Mars 2.25
18-Replicas vs. Armitage 2.43
19-Ocean on Mars 3.39
20-Red Planet (Ending) 4.36
21-Armitage-Near Me 3.28*
22-Baby Yoko 4.00*

*Not Used In Feature.

Musique  composée par:

Julian Mack

Editeur:

Pioneer PIO-CD-5180-2

Arrangements et compositions:
Julian Mack for Nightjar. LLC
Mixage score:
Mack at Nightjar Studios
Mastering:
Mack and Eddy Schreyer At Oasis
Label Manager/A&R:
Todd Culberhouse
Promotions/Marketing:
John Hunter
Coordination projet:
Tina Carson

(c) 2002 Pioneer LDC. All rights reserved.

Note: ***
ARMITAGE III :
DUAL-MATRIX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Julian Mack
Après 4 OAV sortis en 1995 et un premier long-métrage animé produit en 1996, la saga japonaise « Armitage » est de retour avec ce second film animé sorti en 2002, « Armitage III : Dual Matrix », réalisé par Katsuhito Akiyama. Le film nous offre l’opportunité de replonger dans cet univers de cyberpunk sombre sur fond de crises politiques et sociales dans une société martienne divisée sur le sujet de la cohabitation entre les humains et les androïdes de troisième génération. Quelques années après les événements de « Poly Matrix », Naomi Armitage et Ross Sylibus vivent paisiblement sur Mars à Saint Lowell en compagnie de leur petite fille Yoko, sous de nouvelles identités. Le gouvernement martien décide alors de mettre en place le projet Zephyria, un vaste programme de terraformation massive qui leur permettra de coloniser l’intégralité de la planète par l’apport de ses propres océans en utilisant l’eau d’astéroïdes de glace. Le gouvernement de la Terre lutte de son côté pour conserver son pouvoir sur la colonie martienne et garder le contrôle de la planète rouge. C’est dans ce climat de tension politique que surviennent les premiers incidents qui bousculent la société martienne : une usine illégale qui conçoit des robots de troisième génération est sauvagement attaquée par un groupe de mercenaires dirigés par le colonel Strings, qui anéantissent le personnel humain de l’usine et les androïdes. Alors que Ross intervient et réussit à sauver héroïquement une partie des scientifiques qui travaillent à l’usine, Armitage, intriguée, décide d’enquêter sur cette attaque et rencontre le colonel Strings sur Terre. Mais ce dernier est finalement abattu par des agents de l’ERC (Earth Robotronics Corporation), un puissant conglomérat dirigé par Demetrio Mardini. Ce dernier demande alors à Armitage de lui livrer les informations sur la procréation des troisièmes générations afin de créer une nouvelle race d’individus qui serviraient d’esclave pour sa cause. Refusant catégoriquement d’obéir à Demetrio, Armitage parvient à s’enfuir de justesse après avoir combattu un robot géant de combat. Gravement blessée, Armitage est récupérée par un certain Mouse, un cyborg spécialisé dans la réparation des troisièmes générations, qui réussit alors à remettre Naomi sur pied. Mais la jeune femme ignore alors que Mouse est en réalité un informateur travaillant pour le compte de Demetrio, qui compte lui livrer les informations recueillies dans la mémoire d’Armitage. Peu de temps après, les agents de Demetrio capturent la jeune Yoko pour forcer Ross à ne pas voter la loi pour les droits civiques des robots. Ross et Armitage jurent alors de tout faire pour sauver leur fille et stopper les plans machiavéliques de Demetrio.

« Armitage III : Dual Matrix » s’avère être une suite plutôt convaincante, notamment grâce à un scénario un brin plus soutenu et une animation 3D de bien meilleure qualité, résolument plus moderne. Toujours aussi inspiré de « Blade Runner », « Total Recall » ou des romans d’Isaac Asimov, « Dual Matrix » est une prolongation intéressante de l’univers cyberpunk du premier film, dans une société futuriste en proie à de nombreux troubles politiques et sociaux, sur fond de conspiration corporatiste et de manipulation politique. On y retrouve ainsi Naomi Armitage (à nouveau interprétée par l’actrice américaine Juliette Lewis) et Ross Sylibus qui mènent dorénavant une vie de famille avec leur petite fille Yoko, qui sera au cœur même de l’histoire de cette seconde mouture, avec une relation intéressante entre la mère et la fille, qui découvre finalement que sa génitrice est en réalité un androïde. Les influences de « Ghost in the Shell » et « Gunnm » sont toujours très présentes, mais force est de constater qu’un gros effort a été entrepris autour des décors futuristes du film, du design visuel et de ses ambiances sonores. Poursuivant sa réflexion sur les rapports entre l’humanité et les robots conçus à l’image des hommes, « Armitage III : Dual Matrix » mélange action, suspense et émotion avec un certain brio, même si le film n’a rien de très surprenant et ne renouvelle nullement le genre. Grâce à son ambiance de conspiration et de course contre la montre, le film se laisse voir et nous offre quelques belles séquences d’action à couper le souffle, avec un affrontement final épique dans une station spatiale où les héros doivent combattre de terribles clones d’Armitage. Niveau scénario, l’intrigue est parfois un peu confuse même si le fond de l’histoire reste somme toute assez simple et sans surprise. On regrettera la piètre qualité des dialogues et l’absence d’originalité d’un film qui tient en haleine jusqu’à son dénouement mais à bien du mal à s’imposer parmi les grands classiques du genre. Il manque à ce « Dual Matrix » un soupçon de génie qui lui aurait permis de se hisser au même rang que le méga classique de l’animation nippone, « Ghost in the Shell ». Qu’à cela ne tienne, « Dual Matrix » est surtout destiné aux fans de l’univers des OAV et à ceux qui apprécient les mangas futuristes et les shonen/cyberpunk.

Après un premier score électronique très réussi d’Hiroyuki Namba, la partition musicale de « Armitage III : Dual Matrix » est confiée cette fois-ci au compositeur américain Julian Mack. Originaire de Los Angeles, Mack est un spécialiste de la musique électro qui a fondé avec son frère Felix Mack le studio Nightjar en 2000. Julian Mack a étudié la philosophie à Londres avant de rejoindre le groupe de Frank Zappa en tant que guitariste dans les années 90, ce qui l’amena très rapidement vers le monde de la musique. Avec son frère Felix, Julian Mack travaille depuis plusieurs années pour la télévision, le cinéma, l’animation et les jeux vidéos. C’est donc sans surprise que Katsuhito Akiyama décida d’engager le compositeur sur « Armitage III : Dual Matrix ». Pour les besoins du film, Mack élabore ainsi une partition électronique/rock moderne dans la continuité du score du premier film de 1996, avec l’ajout de quelques sonorités orchestrales (samplées) et d’étranges vocalises féminines évoquant le personnage de Naomi Armitage dans le film. Le score de « Dual Matrix » repose sur un thème principal qui se distingue par ses trois voix féminines mystérieuses dévoilées au début du film dans « Armitage Theme ». La nouvelle mélodie associée à Armitage (entendue aux voix à 1:25) se distingue de par son caractère étrangement mélancolique, le tout accompagné d’un loop électro moderne dans la continuité du premier score d’Hiroyuki Namba. Respectant l’atmosphère cyberpunk de la série et les codes musicaux du genre, Julian Mack développe l’ambiance futuriste et robotique qui correspond parfaitement à l’univers musical de « Armitage ». Si les banques de sons orchestrales de « TerraForming » ou « Strings the Fighter » font office de simple jingle musical dans le film – « TerraForming » est un spot TV diffusé sur des écrans de Saint Lowell annonçant la terraformation prochaine de Mars par le biais du projet Zephyria – « Replicas » nous permet de retrouver l’ambiance cyberpunk du premier film dans un nouveau morceau électro/rock moderne à l’aide de batterie, basse, guitare électrique trash et loops électro-techno modernes, sans oublier les vocalises féminines obsédantes, illustrant l’héroïne du film - le morceau accompagne la scène de l’attaque de l’usine illégale de robots au début du film –

« The First Error » nous plonge quand à lui dans une ambiance plus sombre à l’aide de FX de pizzicati aléatoires de cordes, de drones divers, de claviers et d’une étrange flûte synthétique. C’est l’occasion pour Julian Mack de renouer ici avec le style un brin expérimental de la bande son du premier film, en proposant de toutes nouvelles sonorités plus typiques des années 2000. Dans « Demitrio’s Plan », Mack élabore une ambiance étrange à mi-chemin entre l’électro, le jazz et le lounge sur un tempo rapide pour évoquer la conspiration orchestrée par Demetrio Mardini dans le film, et ce de manière assez inventive (ce n’est pas vraiment le genre d’ambiance musicale à laquelle on s’attendrait pour évoquer l’idée d’une conspiration maléfique !). Dans « Mother’s Love », les voix féminines reviennent pour évoquer aussi bien Armitage que son lien avec sa petite fille Yoko. Les voix symbolisent alors judicieusement l’idée de la maternité et de l’amour d’une mère pour sa fille, dans une harmonie vocale a cappella plutôt mélancolique, onirique et assez saisissante. « Ross’ Battle » développe une partie de rock/électro tendance heavy-metal, avec ses riffs caractéristiques de guitare électrique (le morceau n’est d’ailleurs pas utilisé dans le film). Dans « Reunion », Mack évoque les retrouvailles entre Armitage et Sylibus à la fin de l’affrontement avec l’hélicoptère des sbires de Demetrio, dans une ambiance un brin plus intimiste et optimiste, à l’aide de loops électro plus légers et de cordes synthétiques et de clavier symbolisant l’espoir et la survie. Mack développe ensuite cette ambiance intime et un brin plus mélancolique dans « Robots & Humans », censé accompagner la scène où Yoko découvre que sa mère est un robot et semble effrayée par Armitage. Le compositeur met ici l’accent sur les cordes (samplées) avec une partie mélodique de hautbois synthétique très réussie. A noter que dans le film le morceau est remplacé par une section de « Reunion », déjà utilisé dans une scène précédente.

La bataille avec les hommes de main de Demetrio s’intensifie dans « The Chase », énième morceau rock/heavy-metal à base de riffs barbares de guitare et de rythmes déchaînés. Julian Mack fait monter la tension ici grâce à un tempo plus rapide où l’on retrouve pour l’occasion les éléments sonores associés à Demetrio. Le morceau est par ailleurs utilisé à plusieurs reprises pour la plupart des scènes d’action au milieu du film (tandis que d’autres passages ne seront finalement pas retenus). La scène où Armitage et Sylibus partent ensuite secourir Yoko permet à Mack de reprendre le thème principal d’Armitage dans une version plus rythmée et nerveuse dans « Armitage Theme – Saving Yoko ». « Replicas » nous permet de retrouver l’ambiance cyberpunk du premier film dans un nouveau morceau électro/rock moderne à l’aide de batterie, basse, guitare électrique trash et loops électro-techno modernes, sans oublier les vocalises féminines obsédantes, illustrant l’héroïne du film - le morceau accompagne la scène où Naomi Armitage affronte ses deux clones maléfiques durant le troisième acte du film. « Replicas vs. Armitage » évoque l’ultime combat entre Armitage et ses deux clones sur l’ascenseur menant à la station spatiale de Demetrio. Le combat se termine enfin avec « Heaven’s Door », énième morceau rock/heavy-metal avec ses riffs déchaînés de guitare électrique trash et son rythme nerveux, alors qu’Armitage hurle le mot de passe secret de Mouse, ‘Heaven’s Door’, pour se transformer et vaincre ses ennemies. Le film se termine ainsi au son de « Ocean on Mars » qui se distingue par son pop/électro plus rafraîchissant symbolisant l’espoir et la paix retrouvée. Le générique de fin permet à Julian Mack de nous offrir un dernier morceau rock/électro dans « Red Planet (Ending) », la boucle étant bouclée.

Julian Mack signe donc une partition résolument rock/metal pour « Armitage III : Dual Matrix », plus rythmée et beaucoup plus agressive que celle d’Hiroyuki Namba sur le premier film de 1996. Le compositeur mélange ici les parties électroniques modernes et les riffs de guitares saturées pour parvenir à ses fins, maintenant un rythme et une énergie continue tout au long du film – à noter que le score n’est pas présenté dans l’ordre chronologique sur l’album, qui contient par ailleurs plusieurs morceaux non utilisés dans le film – La musique bouillonnante et survoltée de Julian Mack épouse donc parfaitement l’ambiance cyberpunk du long-métrage de Katsuhito Akiyama, n’oubliant jamais la partie plus émotionnelle/humaine à travers certains passages plus intimes et mélancoliques, malheureusement plus limités lorsque le compositeur utilise ses banques de son orchestrales un brin artificielles. Le score de « Armitage III : Dual Matrix » s’avère être néanmoins le compagnon idéal du score de « Poly Matrix » d’Hiroyuki Namba à travers une esthétique plus orientée vers le rock et les rythmes d’heavy-metal qui correspondent parfaitement à cette histoire de bataille de robots et de conspiration martienne. Sans grande originalité particulière, le score de Julian Mack file donc là où on l’attend et s’inscrit parfaitement dans la continuité des musiques d’anime cyberpunk japonais, même si l’on aurait aimé entendre quelque chose d’un brin plus ambitieux – les parties orchestrales samplées sont moyennes – avec des thèmes plus mémorables.



---Quentin Billard