1-Générique début 1.48
2-La main de César 0.36
3-Chasse au sanglier et découverte
du chantier secret 2.35
4-Bagarre au village/Anglaigus
au camp Babaorum 0.41
5-Tentatives de déforestation 1.21
6-Les arbres magiques 1.08
7-César et Prospectus annoncent
le domaine des Dieux 1.53
8-Le grand tirage au sort 1.32
9-Colère d'Anglaigus/Astérix offre
la potion aux esclaves 0.43
10-Construction du domaine/Astérix
et Obélix découvrent l'édifice 1.15
11-La BossAstérix 1.28
12-Tea for Two (Xavier Cugat) 2.25*
13-Famille Petiminus
perdue dans la forêt 1.35
14-Arrivée au village gaulois 0.52
15-Visite du sénateur Prospectus
au domaine des Dieux 0.58
16-Rien ne va plus au village gaulois 1.50
17-César jubile/Astérix et le
village abandonné 1.07
18-Apeljus et Obélix à la
recherche d'un sanglier 1.13
19-Apeljus et Panoramix en danger 1.11
20-La rivière 2.02
21-Extinction des feux 0.37
22-Astérix attaqué et la
ruse des fausses baffes 2.00
23-Astérix et la catapulte 1.09
24-Dulcia ouvre la porte 0.30
25-A la rescousse d'Apeljus
et Panoramix 1.49
26-Panoramix prépare la
potion magique 1.15
27-Avec et sans potion 0.52
28-Attaque romaine 0.55
29-Un banquet pour Obélix/
Astérix et la potion incomplète 2.33
30-Retour d'Obélix et bataille finale 2.39
31-Fugue n°5 in D, BWV 850 1.37**
32-Reddition 1.28
33-Les adieux 1.04
34-Banquet final 0.34

*Ecrit par Vincent Youmans
Interprété par Xavier Cugat
**Ecrit par J.S. Bach
Arrangement vocal de Philippe Rombi.

Musique  composée par:

Philippe Rombi

Editeur:

BOriginal/Cristal Records 88875048652

Musique produite par:
Philippe Rombi
Orchestrations:
Philippe Rombi, Nicholas Charron,
Sylvain Morizet, Mathieu Alvado,
Jehan Stefan, Tim Perrine

Orchestre:
Brussels Philharmonic
Montage musique:
Cecile Coutelier
Préparation musique:
Guy-Paul Rombi
Assistant scoring:
Rutger Arents, Karel Bruggeman,
Maria Kantorowicz, Martin Müller

Producteur exécutif musique/supervision:
Hubert Cornet
Coordination score:
Rahel Feidler
Supervision musique:
Jeff Genie
Mixage score:
Stéphane Reichart
Assistante du compositeur:
Cecile Tournesac
Assistant préparation musique:
Alexis Savelief

(c) 2014 M6 Studio/Belvision/Grid Animation/M6 Films/SNC/Canal +/Mikros Image. All rights reserved.

Note: ***1/2
ASTÉRIX : LE DOMAINE DES DIEUX
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Philippe Rombi
Après une série de films d’une qualité plus que douteuse, Astérix a droit cette fois-ci à une adaptation en film d’animation 3D, dont la sortie, annoncée dès 2010, est prévue pour 2014. Réalisé par Alexandre Astier (connu pour la série TV « Kamelott ») et Louis Clichy, « Astérix : le Domaine des dieux » s’inspire de la 17ème bande dessinée de René Goscinny et Albert Uderzo et nous propose une toute nouvelle aventure drôle, vivante et colorée, largement magnifiée par une 3D agréable et bien utilisée. On y retrouve donc notre éternel village d’irréductibles Gaulois situé en Armorique 50 ans avant Jésus-Christ, opposés à la domination de Jules César et de son empire romain. Devant l’impertinence et l’obstination des Gaulois, Jules César décide de mettre au point un nouveau plan pour soumettre ses éternels rivaux à son joug : construire un grand quartier résidentiel romain de luxe, le Domaine des dieux, dans la forêt environnante qui jouxte le village Gaulois. Objectif de la manœuvre : séduire les villageois et les attirer dans ces nouvelles résidences pour les forcer à vivre selon le monde de vie romain. Astérix, Obélix et tous leurs amis décident alors d’empêcher la construction du Domaine des dieux en s’en prenant régulièrement à l’ambitieux architecte Anglaigus, qui doit oeuvrer avec des esclaves numides en grève et des légionnaires romains qui ont des revendications syndicales. Mais lorsque les nouveaux habitants romains du Domaine des dieux viennent faire leurs achats au village Gaulois et enrichissent l’économie locale, les compagnons d’Astérix comprennent qu’il est dans leur intérêt de faire des affaires et d’ouvrir leurs portes aux romains. Astérix réalise alors que ses semblables sont tombés dans le piège tendu par Jules César, et décide d’empêcher la domination romaine par des actions plus ciblées et moins brutales.

Plus proche de l’univers de la BD que les précédents films live, dont on retiendra surtout les deux premiers films – dont celui d’Alain Chabat, un modèle de dérision et d’humour dans la lignée directe des « Nuls » - « Astérix : le Domaine des dieux » est une franche réussite, d’abord pour son animation très soignée, son graphisme coloré et son utilisation adroite de la 3D, mais aussi parce que le film d’Alexandre Astier et Louis Clichy s’inscrit dans la continuité des précédents films d’animation inspirés de la BD : « Astérix le Gaulois » (1968), « Astérix et Cléopâtre » (1968), « Les Douze Travaux d’Astérix » (1972), « Astérix et la surprise de César » (1985), « Astérix chez les Bretons » (1986), « Astérix et le coup du Menhir » (1989), « Astérix et les Indiens » (1994) ou le récent « Astérix et les Vikings » (2006). Bien plus intéressant que le film précédent de 2006, « Le Domaine des Dieux » vaut surtout par l’humour apporté par Alexandre Astier, créateur de la série « Kamelott » qui nous réserve ici tout son art des répliques cinglantes et des dialogues sarcastiques en utilisant l’anachronisme et les allusions modernes pour arriver à ses fins. Pour parvenir à ses fins, l’acteur/réalisateur s’entoure pour commencer d’un casting de luxe, à commencer par le vétéran Roger Carel, qui, à 87 ans passées, reste encore une fois l’éternel interprète d’Astérix pour le cinéma d’animation (il double le personnage depuis 1968 !). A ses côtés, on retrouve Guillame Briat (interprète d’Obélix, vu dans la série « Kamelott »), mais aussi Lorent Deutsch, Laurent Lafitte, Alain Chabat, Elie Semoun, Géraldine Nakache, Artus de Penguern, Florence Foresti, Lionel Astier, François Morel, Baptiste Lecaplain, etc.

Multipliant les gags, les moments ironiques et les situations émouvantes, le film d’Astier et Clichy est un pur bonheur qui porte au passage un regard sarcastique et grinçant sur la société de consommation moderne : entre les répliques du légionnaire syndicaliste ironiquement campé par la voix suraiguë d’Elie Semoun, le discours politique de l’esclave interprété par Laurent Lafitte, la critique du système économique/mercantile qui touche le village Gaulois et l’hypocrisie des habitants de l’Armorique face au système capitaliste érigé par l’empire romain (on y voit une critique de nos sociétés contemporaines), dénonçant par la même occasion le comportement « mouton » de la populace gauloise, « Astérix : le Domaine des dieux » est un pur festival d’humour et de dérision qui jongle adroitement entre l’univers original de la BD de Goscinny/Uderzo et les exigences d’une production d’animation moderne (un graphisme relooké, une utilisation judicieuse de la 3D). A ce sujet, il faut noter que Louis Clichy a travaillé pour Pixar/Disney, et utilise ici tout son savoir-faire au profit d’une animation qui rappelle les productions de la souris aux grandes oreilles, avec notamment quelques gags savoureux comme le moment où Astérix et ses compagnons replantent les arbres que les romains ont déraciné pour construire la résidence. Néanmoins, et contrairement à « Astérix et les Vikings », qui tentait de satisfaire le jeune public des années 2000 en surfant sur des effets de mode contemporains, « Le Domaine des dieux » s’avère bien plus proche du ton original de la BD grâce à son graphisme épuré, ses décors magnifiques et ses répliques cinglantes affublées d’un sous-texte politico-social très rafraîchissant, une vraie réussite du genre !

Philippe Rombi se voit offrir l’opportunité d’oeuvrer dans l’univers musical des adaptations animées d’Astérix au cinéma, succédant ainsi à Gérard Calvi, Vladimir Cosma, Michel Colombier, Harold Faltermeyer et Alexandre Azaria. Pour comprendre l’approche musicale de Philippe Rombi sur « Astérix : le Domaine des Dieux », il faut d’abord se référer aux notes d’intention du réalisateur Louis Clichy au sujet de la musique de son film : « Quand on commence à appréhender la musique d’un film d’animation d’Astérix, on pense d’abord à une musique communicative, un peu cartoon, qui va extrapoler les baffes et la prise de la potion magique. J’avais forcément en tête la musique de Gérard Calvi (compositeur de la plupart des dessins animés Astérix). Mais au fur et à mesure de l’évolution du récit, puis de l’image, plusieurs angles se dessinaient. » Le réalisateur ajoute par la suite que le projet nécessitait une musique ample en rapport avec les décors réalistes du film, à la manière d’un film live. Il fallait donc une partition musicale qui puisse à la fois évoquer les décors, les personnages et les différentes situations du film, en utilisant les codes du péplum ou des films médiévaux/fantastiques. Avec ces précieuses indications, Philippe Rombi élabore une partition variante les ambiances et les styles, à l’aide d’un grand orchestre symphonique de 90 musiciens, évoquant l’action et l’aventure avec une bonne dose de bonne humeur, le compositeur citant en préambule du projet des modèles comme John Williams, Jerry Goldsmith ou Alan Silvestri, ou des classiques comme Ravel, Prokofiev ou Stravinsky. Avec « Générique de Début », le film s’ouvre au son de percussions tribales/guerrières trépidantes (incluant un xylophone) et d’un orchestre énergique et coloré, dominé par les bois, les cuivres et des cordes agitées. A 0:58, on découvre un superbe thème héroïque savoureux de cuivres associé à Astérix dans le film. Très vite, le ton est donné : la partition d’Astérix sera placée sous le signe de l’aventure et de l’humour !

Si le score n’évite pas les moments plus illustratifs comme « La main de César », où l’on devine les sonorités plus sombres et agressives associées à Jules César dans le film, on apprécie le charme et l’énergie communicative de « La Chasse au Sanglier », avec ses orchestrations survitaminées incluant des cordes et des bois qui semblent se poursuivre judicieusement. Le thème héroïque d’Astérix est repris ici à 0 :53 dans une fanfare cuivrée triomphante très réussie. Comme toujours, Philippe Rombi fait preuve d’un savoir-faire indéniable et d’un classicisme d’écriture impressionnant, multipliant les couleurs instrumentales avec une élégance très rafraîchissante. Qui dit film d’animation dit évidemment musique mickey-mousing, comme le confirment « Bagarre au village/Anglaigus au camp Babaorum » ou « Tentative de déforestation » - à noter ici les touches celtiques évoquant l’Armorique et les gaulois dans « Bagarre au village » - les bois sautillants de « Tentatives de déforestation » apportent l’humour nécessaire aux gags du film (pour la séquence où Astérix et les gaulois replantent systématiquement tous les arbres déracinés par les romains), tout comme « Les arbres magiques » et ses pizz sautillants avec son motif bondissant de bois et son rythme pop kitsch évoquant vaguement les années 60. L’énergie qui se dégage de la musique de Rombi est ici clairement communicative et constitue une écoute fort agréable sur l’album comme dans le film. « Cesar et Prospectus annoncent le domaine des dieux » permet à Rombi de pasticher les fanfares romaines des péplums des années 40/50 avec ses appels caractéristiques de trompettes, pour la scène où César annonce la construction du Domaine des Dieux dans la forêt près du village gaulois. Idée intéressante ici : Rombi change de style et introduit à 1:27 une bossa nova traditionnelle pour évoquer le confort et le luxe de la résidence du Domaine des Dieux.

Les fanfares romaines reviennent dans « Le grand tirage au sort » au cours duquel Rombi s’amuse à pasticher les hymnes britanniques à la manière d’Edwar Elgar pour la scène où les premiers romains sont choisis lors d’un grand tirage au sort pour habiter les nouveaux appartements du Domaine des Dieux. « Construction du Domaine/Astérix et Obélix découvrent l’édifice » fait quand à lui la part belle aux percussions exotiques avec un orchestre plus agité alors que la construction du Domaine des Dieux commence enfin. On retrouve ensuite la bossa nova associée à la luxueuse résidence romaine dans « La BossAsterix », qui évoque clairement par ses flûtes, ses rythmes brésiliens caractéristiques et sa guitare les bossas traditionnelles d’Antonio Carlos Jobim, Stan Getz ou de Joao Gilberto. Rombi va même jusqu’à reprendre un arrangement instrumental kitsch et savoureux du fameux « Tea for Two » de Vincent Youmans, dans la fameuse version rumba de Xavier Cugat, une touche d’humour supplémentaire et rafraîchissante au sein d’une partition énergique et colorée. « Famille Petiminus perdue dans la forêt » évoque la rencontre entre les gaulois et la famille Petiminus, qui habite le Domaine des Dieux. Rombi renoue ici avec un style mickey-mousing sautillant à l’aide de bois, cordes galopantes et xylophone bondissant. Dans « Arrivée au village gaulois », le thème d’Astérix est repris à travers une marche militaire plus ironique lorsque les romains arrivent au village gaulois et commencent à faire leur marché. On retrouve le lot habituel de fanfares romaines dans « Visite du sénateur Prospectus au Domaine des Dieux » avec une nouvelle pastiche de marche militaire romaine/américaine alors que le sénateur Prospectus chargé d’assurer la construction du Domaine des Dieux vient visiter le chantier. Soucieux de varier les ambiances et les styles, Rombi reprend ensuite un arrangement celtique dansant du thème d’Astérix dans « Rien ne va plus au village gaulois », et ainsi de suite.

« César jubile/Astérix et le village abandonné » développe la partie plus sombre et menaçante associée à Jules César à l’aide de cordes et de cuivres plus graves. On entre ainsi dans la deuxième partie du film, où l’on devine une certaine gravité dans « Apeldjus et Panoramix en danger », malgré l’omniprésence des touches de mickey-mousing plus ordinaires. Plus intéressant, « La Rivière » nous propose une très belle mélodie pour flûtes, hautbois et cordes sur un tempo de valse nostalgique pour la séquence de la rivière. On retrouve ici une écriture virevoltante et impressionniste des bois qui évoque vaguement la célèbre « Moldau » de Bedrich Smetana. La coda héroïque de « La Rivière » pastiche quand à elle les musiques héroïques hollywoodiennes à la façon de John Williams ou d’Alan Silvestri. Plus touchant, « Extinction des feux » calme le jeu à l’aide d’une mélodie plus mélancolique et apaisée à base de cordes, de chimes et de harpe. La contre-attaque d’Astérix débute alors dans « Astérix attaqué et la ruse des fausses baffes » et « Astérix et la catapulte », avec ses cuivres héroïques évoquant John Williams. Dans « Dulcia ouvre la porte », Rombi nous propose un bref morceau de jazz langoureux et sensuel non dénué d’humour dans le film, mais c’est l’aventure qui reprend le dessus dans « A la rescousse d’Apeldjus et Panoramix », pour la scène où Astérix et Obélix partent sauver le jeune romain Apeldjus et Panoramix. On appréciera par ailleurs l’énergie virevoltante de « Panoramix prépare la potion magique » dont les rythmes dansants rappellent parfois les musiques d’aventure/comédie de Danny Elfman ou de Marc Shaiman dans les années 90. « Attaque romaine » est un autre morceau d’action bondissant dominé par une écriture énergique des cuivres.

On regrettera néanmoins le côté très morcelé du score, le rythme et le montage du film empêchant bien souvent le compositeur de développer pleinement ses ambiances, à travers des morceaux qui dépassent très rapidement les 2 minutes. C’est ce qui explique pourquoi on passe très vite d’une ambiance à une autre sur un rythme survolté et sans temps mort, pas forcément idéal pour la cohésion d’ensemble et de l’écoute. L’aventure domine dans « Un banquet pour Obélix/Astérix et la potion incomplète » et le superbe « Retour d’Obélix et bataille finale », où Rombi se voit enfin offrir l’opportunité d’écrire un superbe morceau d’action de plus de 2 minutes, à grand renfort de cuivres héroïques et triomphants et de rythmes guerriers/tribaux repris du « Générique de début » pour la bataille finale contre les romains, sans aucun doute le meilleur morceau de toute la partition de « Astérix et le Domaine des Dieux » - à noter une conclusion chorale très réussie – Dans « Reddition », la paix est enfin retrouvée avec le traditionnel happy-end et une envolée orchestrale optimiste et solennelle, tandis que « Les Adieux » apporte une certaine émotion au final, avant la grande reprise triomphante du thème d’Astérix dans l’inévitable « Banquet final ». On ressort donc plutôt comblé par l’écoute de « Astérix : le Domaine des Dieux », une partition symphonique ultra classique et très référentielle qui témoigne du savoir-faire habituel de Philippe Rombi qui s’en donne ici à coeur joie, même si l’ensemble n’a rien de foncièrement original et demeure trop souvent limité à l’écran au simple statut de pastiche humoristique et de morceaux mickey-mousing illustratifs et fonctionnels – d’où le caractère ultra morcelé du score épousant le montage survolté du film – Les références musicales sont ici évidentes, Rombi maniant les orchestrations et l’écriture musicale avec une science indéniable très rafraîchissante dans une production musicale française assez moribonde depuis quelques années. Sans être extrêmement mémorable, la partition de « Astérix : le Domaine des Dieux » constitue donc une jolie réussite de la part de l’un des meilleurs compositeurs français travaillant à l’heure actuelle pour notre cinéma.




---Quentin Billard