1-A Golden Childhood 3.57
2-The Great Secret 3.01
3-A New Family 2.15
4-Life and Laughter 1.35
5-The First Branch 2.11
6-Nice and Airy 1.53
7-Orphaned 3.47
8-The Stag 4.56
9-Rich Beyond Reason 1.43
10-Fairy Godmother 2.48
11-Pumpkins and Mice 4.33
12-You Shall Go 3.02
13-Valse Royale 2.06
14-Who Is She 3.20
15-La Valse de l'Amour 2.35
16-La Valse Champagne 1.35
17-La Polka Militaire 1.48
18-La Polka de Paris 1.23
19-A Secret Garden 2.48
20-La Polka de Minuit 2.03
21-Choose That One 1.17
22-Pumpkin Pursuit 2.29
23-The Slipper 1.00
24-Shattered Dreams 4.10
25-Searching the Kingdom 2.52
26-Ella and Kit 2.12
27-Courage and Kindness 4.39
28-Strong 3.14*
29-A Dream is Wish
Your Heart Makes 2.01**
30-Biddi-Bobbidi-Boo
(The Magic Song) 1.22***

*Interprété par Sonna Rele
Ecrit par Patrick Doyle,
Kenneth Branagh, Tommy Danvers
Produit par TommyD
**Interprété par Lily James
Ecrit par Mack David, Al Hoffman,
Jerry Livingston
Produit par Patrick Doyle
***Interprété par Helena Bonham Carter
Ecrit par Mack David, Al Hofman,
Jerry Livingston
Produit par Patrick Doyle.

Musique  composée par:

Patrick Doyle

Editeur:

Walt Disney Records D002179702

Produit par:
Patrick Doyle
Producteur exécutif de l'album:
Kenneth Branagh
Direction musicale pour
Walt Disney Studios Motions
Pictures and the Disney
Music Group:
Mitchell Leib
Productrice musique:
Maggie Rodford
Orchestrations:
Patrick Doyle, James Shearman
Orchestre conduit par:
James Shearman
"La Valse de l'Amour"
Conduite par:
Patrick Doyle
Superviseur montage musique:
Christopher Benstead
Montage musique:
Peter Clarke
Programmation musique:
Rupert Cross
Assistant Track Lay:
Bradley Farmer
Préparation MIDI:
Martin Higgins, Alex Redfern
Orchestre:
The London Symphony Orchestra
Choeurs:
New London Children's Choir
Assistant producteur musique:
Laura Nakhla
Music business affairs:
Scott Holtzman, Don Welty,
Marc Shaw

Artwork and pictures (c) 2015

Note: ****
CINDERELLA
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Patrick Doyle
Après le succès du « Alice in Wonderland » de Tim Burton en 2010 et celui de « Maleficent » en 2014, les studios Disney réfléchirent sérieusement à la possibilité de renouer avec les contes de fée au cinéma, profitant d’un effet de mode propice au genre ces dernières années. C’est ainsi que « Cinderella » (Cendrillon) fut rapidement évoqué à travers une nouvelle adaptation cinématographique live, dans la continuité du célèbre dessin animé Disney de 1950 et du fameux conte de Charles Perrault. Confié à Kenneth Branagh, « Cinderella » sort au cinéma en 2015 où il est présenté à la Berlinale 2015. On y retrouve ainsi l’histoire bien connue d’Ella (Lily James), une jeune fille élevée par des parents bienveillants, et dont le père (Ben Chaplin), un riche commerçant, quitte régulièrement la maison pour ses nombreux voyages d’affaire. Tout va pour le mieux pour la jeune fille qui parle aux animaux et vit le parfait bonheur pendant des années, jusqu’au jour où la mère d’Ella (Hayley Atwell) tombe gravement malade et décède en quelques jours, mais pas avant de confier à sa fille le secret de la vie : elle doit toujours être courageuse et se montrer bienveillante envers les autres. Quelques années plus tard, Ella est devenue une jeune femme et vit aux côtés de son père. Ce dernier lui révèle alors qu’il souhaite refaire sa vie en épousant Lady Trémaine (Cate Blanchett), la veuve respectable de Lord Sir Francis Trémaine, son ami décédé qui était un riche commerçant rencontré au cours d’un de ses voyages. Peu de temps après, Lady Trémaine s’installe dans la demeure familiale avec ses deux filles capricieuses et gâtées, Anastasie (Holliday Grainger) et Javotte (Sophie McShera). Un jour, le père d’Ella doit de nouveau s’absenter pour un voyage d’affaire duquel il ne reviendra jamais. Terrassée par la perte de son père, Ella se retrouve seule à la maison avec sa belle-mère cruelle qui la maltraite et ses deux demi-soeurs méchantes. S’inquiétant des finances de la maison, Lady Trémaine renvoie alors le personnel de la demeure et commence à traiter Ella comme une employée de maison. Un matin, Anastasie et Javotte trouvent la jeune femme endormie près du feu dans la cuisine, le visage couvert de cendres, et lui trouvent un surnom : Cendrillon. Ella s’enfuit alors dans la forêt sur son cheval et croise la route d’un jeune homme séduisant prétendant être l’apprenti d’un château, sans se douter qu’il s’agit en réalité de Kit, le Prince Charmant (Richard Madden). Ella tombe alors amoureuse du jeune prince et va tout faire pour tenter de le revoir. Pendant ce temps, le roi décide d’organiser un grand bal au cours duquel son fils devra choisir sa future épouse, une princesse respectable, afin d’assurer la pérennité du royaume par le jeu des alliances. Mais Kit n’a qu’une idée en tête : retrouver la belle inconnue qu’il croisa dans la forêt. Pendant ce temps, Ella/Cendrillon rêve de se rendre au bal et désespère à l’idée de revoir un jour le prince. C’est alors que la bonne fée de Cendrillon intervient et crée avec sa baguette magique une somptueuse calèche avec une grande robe bleue, des gardes, un cocher et des souliers en verre. Transformée en princesse, Ella peut enfin se rendre au bal organisé par le roi afin d’y retrouver le beau prince et de déclarer sa flamme. Mais il y a une règle très simple, instaurée par le fée elle-même : si elle ne quitte pas le bal avant minuit, le sort sera rompu pour de bon.

« Cinderella » connaît très vite un succès critique et financier dès sa sortie en 2015 : le film est salué pour la beauté de sa mise en scène, la poésie des effets visuels, la qualité des costumes, des décors et les scènes royales somptueuses. Le film doit aussi beaucoup aux costumes magnifiques de Sandy Powell et plus particulièrement à la somptueuse robe bleue que porte Lily James dans le film, inspirée de celle de Cendrillon dans le dessin animé de 1950. Le casting du film réunit quelques seconds rôles solides incluant Cate Blanchett – superbe interprète de la belle-mère tyrannique et acariâtre – Richard Madden (vu dans « Game of Thrones »), Derek Jacobi, Ben Chaplin, Helena Bonham Carter, Stellan Skarsgard, Hayley Atwell et Nonso Anozie, sans oublier la jeune Lily James, brillante interprète de Cendrillon, et qui apporte à son personnage une certaine poésie et une légèreté qui rappelle l’héroïne du dessin animé de 1950. Le film est un brillant hommage à l’œuvre de Perrault et de Disney, tout en portant la personnalité de Kenneth Branagh, qui parvient à insuffler à son récit une dimension british plutôt inattendue, notamment dans les scènes costumées au palais royal qui rappellent clairement ses films shakespeariens : on retrouve ici l’influence de « Henry V » ou de « Hamlet » dans la manière dont Branagh parvient à caractériser les relations entre le roi, le prince et les membres de la cours, incluant de sinistres comploteurs qui manipulent le roi pour faire en sorte que le prince épouse la princesse d’un grand royaume, et non la belle inconnue qu’il a croisée dans la forêt. C’est au cours de ces scènes où l’on se rend compte à quel point Kenneth Branagh était le choix idéal pour cette nouvelle version de « Cinderella ». Le film vaut aussi pour la qualité de ses effets spéciaux féeriques, avec une scène onirique et merveilleuse durant laquelle la bonne fée conçoit la calèche de Cendrillon, sa robe bleue et ses souliers de verre. Le réalisateur reste par ailleurs très proche du conte d’origine mais parvient à s’intéresser davantage aux conventions sociales et aborde par la même occasion la place des femmes dans la société française du XVIIe siècle, même si le récit est trop souvent sacrifié aux effets spéciaux et aux scènes plus larmoyantes, d’autant que Lily James semble un peu lisse dans son personnage, tout comme Richard Madden – seule Cate Blanchett impressionne réellement ici – Mais qu’importe, la magie opère malgré tout, et même si l’on connaît l’histoire par coeur, c’est avec plaisir que l’on replonge dans un vieux conte de notre enfance largement magnifié par une mise en scène classique et une direction d’acteurs impeccable. Entre poésie, romance et aventures, « Cinderella » est un pur ravissement pour les yeux et devrait séduire les nostalgiques des contes de fée et des Disney à l’ancienne. A une époque de surenchère visuelle et de blockbusters abrutissants, un film simple, poétique et émouvant comme « Cinderella » fait clairement chaud au coeur !

Le film offre l’occasion à Kenneth Branagh de retrouver son complice de toujours, Patrick Doyle, qui livre l’une de ses plus belles partitions pour « Cinderella ». Visiblement très inspiré par son sujet, Doyle concocte sur ce film un score symphonique éminemment classique et romantique, dans la continuité de ses anciens travaux pour les films shakespeariens de Branagh. Enregistrée avec les prestigieux musiciens du London Symphony Orchestra et la chorale d’enfants du New London Children’s Choir, le score de « Cinderella » est une œuvre extrêmement mélodique, romantique et émouvante, où règne une féerie et une poésie constante avec quelques moments d’aventure plus typiques du compositeur. Le film débute ainsi sur « A Golden Childhood » évoquant l’enfance heureuse d’Ella au début du film : cordes, vents, cuivres, piano sont mis ici en valeur dans un ensemble optimiste, joyeux et virevoltant. A noter ici une citation à un air populaire anglais, « Lavender’s Blue », célèbre comptine pour enfant du XVIIe siècle largement popularisée en 1948 par l’acteur/chanteur Burl Ives dans le film de Walt Disney « So Dear to My Heart ». Dans le film, l’air est chanté par la mère d’Ella qui le fredonnera à son tour lorsqu’elle deviendra plus grande et qu’elle passera ses journées enfermée dans son grenier par sa belle-mère acariâtre. Patrick Doyle cite explicitement la mélodie dans « A Golden Childhood » à la flûte à 1:22 puis au célesta à 3:24, illustrant ainsi l’enfance heureuse d’Ella. A noter que la mélodie sera ensuite reprise dans « Fairy Godmother » et à la fin de « Who Is She ? », puis dans « Ella and Kit » à la fin du film. Dans « The Great Secret », Patrick Doyle introduit un thème tragique de cordes, de violoncelle et de piano particulièrement poignant, pour la scène où la mère d’Ella agonise et révèle à sa fille le secret de la vie : être toujours bienveillant envers son prochain. On retrouve ici l’écriture lyrique classique habituelle de Patrick Doyle dans le pupitre des cordes, aisément reconnaissable dès les premiers instants de la partition de « Cinderella ». Dans « A New Family » et « Life and Laughter », on retrouve cette écriture mélodique et très classique à l’aide des cordes, du piano, des vents et d’instruments additionnels (guitare, célesta, harpe, clavecin, etc.). « A New Family » introduit par ailleurs un autre thème du score, un motif menaçant et plus maléfique pour Lady Trémaine, la belle-mère d’Ella. Le thème est introduit par des contrebasses dès 0:51 et restera malgré tout un motif secondaire du score (on notera néanmoins ici l’emploi des choeurs d’enfants lors de l’apparition de ce thème sombre), peu présent par la suite hormis vers la fin du film.

Dans « Life and Laughter », Doyle fait ce qu’il sait faire de mieux et nous propose une première valse classique évoquant la musique du XVIIIe siècle et XIXe siècle, comme il le fit régulièrement dans ses musiques pour les films de costumes shakespeariens de Kenneth Branagh dans les années 90 – on pense aussi aux valses classiques de sa musique pour « Harry Potter and the Goblet of Fire » - « The First Branch » introduit un autre thème du score, reconnaissable à sa mélodie ascendante et optimiste dominée par les cordes et le piano, illustrant la vie d’Ella auprès de sa nouvelle famille, avant de basculer dans le drame. On note ici le soin apporté aux orchestrations, privilégiant chaque partie instrumentale de manière très classique et académique, incluant de nombreux accompagnements au piano, à la harpe, au célesta et parfois même au clavecin. « Nice and Airy » rappelle l’enfance heureuse d’Ella avec l’utilisation réussie et discrète du clavecin et des choeurs d’enfants, mais c’est avec « Orphaned » que les choses se corsent, alors qu’Ella apprend que son père est mort au cours d’un de ses voyages. Devenue orpheline, la jeune fille devient la servante de sa belle-mère tyrannique et de ses deux filles irascibles. Doyle reprend ici l’adagio poignant de cordes de « The Great Secret » pour évoquer avec émotion le chagrin d’Ella qui se retrouve seule au monde, obligée de se débrouiller seule avec une belle-famille qui la méprise totalement. La seconde partie de « Orphaned » demeure quand à elle plus légère, reprenant l’écriture fluide du début en alternant entre cordes, piano, célesta et violon, sans oublier la partie chorale mixée de manière discrète. « The Stag » est en revanche l’un des premiers morceaux majeurs de la partition de « Cinderella ». Après une reprise de l’adagio poignant pour Ella/Cendrillon, la musique évolue très vite vers une envolée symphonique majestueuse reprenant le thème familial d’Ella qui s’enfuit de chez elle à cheval. A 1:23, on découvre un autre thème du score, la superbe fanfare héroïque et chevaleresque du prince Kit, excellente mélodie triomphante qui rappelle les moments épiques de « Harry Potter and the Goblet of Fire » (hélas, l’album omet quelques morceaux entendus dans le film et notamment des reprises du thème du prince, qui n’apparaît curieusement qu’une seule fois sur le CD !). La mélodie s’apaise alors lorsque le prince rencontre Ella dans la forêt, Patrick Doyle introduisant alors le véritable thème principal de la partition : le somptueux thème de Cendrillon, omniprésent dans toute la seconde et dernière partie du film.

La mélodie est gracieusement dévoilée ici par un cor à 3:38 dans « The Stag » pour ce qui reste l’un des premiers moments forts de la partition. La reprise lyrique et passionnée du thème aux cordes à 4:20 est par ailleurs un vrai moment de grâce dans la musique de Patrick Doyle, qui nous rappelle à quel point le compositeur n’est jamais autant inspiré que lorsqu’il s’agit d’écrire de grands thèmes rêveurs, poétiques et romantiques. Dans « Rich Beyond Reason », Doyle nous propose une autre valse classique qu’il reprendra pour la scène du bal dans « La Valse Champagne », lors d’une scène de danse entre Kit et Cendrillon – déguisée en princesse grâce à sa bonne fée – Dans « Fairy Godmother », on retrouve une allusion poignante à « Lavender’s Blue » développée ici en mineur aux cordes avant de céder la place à un moment de magie plus optimiste pour la scène avec la bonne fée d’Ella qui l’aide à se transformer en princesse avec sa calèche magique. C’est l’occasion pour Doyle de nous offrir un moment de pure fantaisie musicale à l’aide de sonorités cristallines (célesta, harpe, piano) et du choeur d’enfants, idée qui se prolonge dans l’enjoué et dynamique « Pumpkins and Mice », alors que la bonne fée utilise sa baguette magique pour transformer la citrouille et les animaux de Cendrillon – Doyle ponctue le morceau de quelques légères touches de mickey-mousing sans jamais en faire de trop pour autant, notamment grâce à une approche mélodique constante – Le thème romantique de Cendrillon est repris à 3:41 lors de la transformation de la jeune fille en princesse, un pur moment de féerie musicale accentué ici par des orchestrations virevoltantes et une reprise grandiose du thème avec les choeurs susceptible de provoquer quelques frissons d’émotion. Dès lors, on entre dans la seconde partie du film avec l’excellent « You Shall Go », lorsque Cendrillon décide de se rendre au bal organisé par le prince Kit. Doyle développe ici le superbe thème de Cendrillon apportant une dimension de plus en plus magique et féerique à sa musique et au film de Kenneth Branagh, et ce jusqu’à l’arrivée de la jeune princesse au château du prince, scène pour laquelle le thème est repris de manière majestueuse et solennelle avec une touche ‘british’ typique de Patrick Doyle.

Les six pièces classiques écrites par le compositeur pour la longue séquence du bal se composent essentiellement de pastiches aux musiques viennoises de Johann Strauss du XIXe siècle : on y trouve ainsi la « Valse Royale », « La Valse de l’Amour », « La Valse Champagne » (déjà citée dans le morceau « Rich Beyond Reason ») et trois somptueuses polkas traditionnelles : « La Polka Militaire », « La Polka de Paris » et « La Polka de Minuit », des pièces qui pourraient aisément s’inscrire dans le répertoire viennois classique de l’époque. Le thème de Cendrillon est cité délicatement dans « Who Is She ? », alors que le prince remarque la jeune princesse et sa somptueuse robe bleue et désire danser avec elle. On baigne ici dans une ambiance féerique et romantique particulièrement magique et émouvante dans le film, typique du compositeur – à noter la reprise orchestrale/chorale grandiose de « Lavender’s Blue » accompagnée de cloches majestueuses à 2:15 – Les auditeurs les plus attentifs remarqueront par ailleurs que la mélodie de « La Polka Militaire » était déjà citée au début du film à la fin de « A Golden Childhood », un petit clin d’oeil musical agréable qui nous permet d’apprécier le sens du détail de Patrick Doyle dans le traitement des mélodies de sa partition de « Cinderella ». Quand à l’air de « la Valse Champagne », il servira partiellement de base mélodique pour la chanson co-écrite par Patrick Doyle, Kenneth Branagh et Tommy Danvers, « Strong », interprétée par Sonna Rele dans le générique de fin du film. Dans « A Secret Garden », la musique interrompt la scène du bal lorsque Ella et Kit s’éclipsent discrètement du château pour visiter le jardin secret derrière le bâtiment. L’ambiance devient ici plus intime, plus poétique et délicate notamment dans le jeu des cordes, du piano et du célesta. On retrouve le thème familial de Cendrillon, repris ici avec beaucoup de délicatesse lors de la conversation entre la jeune fille et le prince, avant d’être interrompu par des cloches qui annoncent minuit. La musique cède rapidement le pas à une envolée orchestrale aventureuse lorsque Cendrillon doit s’enfuir alors que le charme sera rompu dès que les douze coups de minuit retentiront.

Doyle nous offre alors un superbe morceau d’aventure/action dans le dynamique et énergique « Choose That One », plus typique de ses musiques d’aventure hollywoodiennes habituelles. La poursuite avec la calèche-citrouille s’intensifie dans « Pumpkin Pursuit », superbe morceau d’action trépidant rythmé au son des cloches (celles de minuit), de cuivres robustes, de cordes virevoltantes et de percussions déterminées. L’énergie incroyable et la puissance orchestrale qui se dégage du puissant « Pumpkin Pursuit » rappelle quelque peu le superbe « Creation » que Patrick Doyle composa pour le « Frankenstein » de Kenneth Branagh en 1994, pour ce qui reste un autre moment fort de la partition de « Cinderella ». L’émotion domine alors le dernier acte du film, qui débute avec « The Slipper » et s’intensifie dans « Shattered Dreams ». On retrouve ici le motif sournois de Lady Trémaine, dans une ambiance plus morose et mélancolique lorsque la belle-mère de Cendrillon déchire sa robe et l’empêche de retourner voir le prince. « Searching the Kingdom » évoque la scène où le prince organise une grande battue dans tout le royaume pour retrouver la jeune fille à la robe bleue qui est partie en laissant son soulier en verre. Doyle évoque ici avec majestuosité la stature royale du prince à l’aide d’orchestrations plus solennelles et légères (utilisation des trompettes, du clavecin), citant occasionnellement le thème féerique de Cendrillon. Enfin, les choses s’arrangent dans le romantique « Ella and Kit » lorsque Ella et le prince se retrouvent enfin et se déclarent leur amour l’un pour l’autre – à noter une très jolie reprise de « Lavender’s Blue » au piano à 1:04 – Enfin, le thème familial d’Ella et le thème de Cendrillon concluent magnifiquement le film dans le féerique « Courage and Kindness » pour le traditionnel happy-end de ce conte de fée.

Patrick Doyle signe donc une partition classique d’une grande beauté pour « Cinderella », s’affirmant dans la parfaite continuité des grands maîtres classiques du passé qui ont composé des musiques autour du célèbre conte de Charles Perrault : Jules Massenet, Gioachino Rossini, Sergueï Prokofiev, etc. A noter par ailleurs que le conte continue encore et toujours d’inspirer autant les artistes puisque la jeune compositrice Alma Deutscher vient d’écrire un opéra sur « Cendrillon » en 2016 (à seulement 10 ans !). Au final, le score de « Cinderella » marque la onzième collaboration entre Patrick Doyle et Kenneth Branagh avec une partition magique, romantique et féerique très inspirée, touchée par la grâce et le lyrisme classique habituel du compositeur. La musique apporte une vraie délicatesse et une véritable magie aux images, sans jamais verser dans la mièvrerie. Le score de « Cinderella » est donc un retour vibrant aux musiques féeriques classiques des productions Disney d’antan, qui n’a pas peur d’évoquer l’émotion et la magie avec un vrai premier degré et un charme un brin suranné qui rappelle les grandes heures de la musique de film d’antan. Le seul reproche que l’on pourrait formuler à l’égard de la partition de Doyle, c’est le manque de suspense ou de noirceur d’un score somme toute très lyrique et très sage, là où James Newton Howard avait su apporter un soupçon de nuance dans l’excellent « Maleficent » (2014), autre conte de fée récemment remis au goût du jour par Disney sur un ton plus sombre et fantaisiste. La faute n’est pas directement imputable à Patrick Doyle mais plus à Kenneth Branagh et au studio qui ont décidé d’orienter le film pour un jeune public en évacuant toute forme de noirceur pour ne conserver qu’une trame narrative ultra classique et très académique, hormis quelques scènes dramatiques développées de manière ponctuelle. Il y a une certaine innocence dans la musique de « Cinderella » qui évoque parfaitement le personnage de Lily James dans le film mais manque parfois de profondeur, d’une nuance qui aurait permis de faire la différence avec d’autres productions du même genre. Néanmoins, force est de constater qu’on tombe très vite sous le charme d’une partition féerique et envoûtante qui devrait en séduire plus d’un et nous inciter à nous replonger dans ce superbe conte de fée brillamment remis au goût du jour par Branagh et Disney : une très belle réussite !




---Quentin Billard