1-The Pleasantville Theme 1.06
2-Real Rain 4.31
3-Bud's a Hero 1.25
4-In The Bath 2.07
5-Mural 2.05
6-Make-Up 1.39
7-The Art Book 1.22
8-Punch 0.30
9-Together 0.45
10-Waking Up 1.30
11-No Umbrellas 1.05
12-Burning The Books 1.27
13-The Aftermath 2.01
14-A New Day 4.59
15-Goodbye 1.32
16-The Sweater 0.15
17-Let's Go Bowling 1.32

Musique  composée par:

Randy Newman

Editeur:

Varèse Sarabande
VSD-5988

Album produit par:
Randy Newman, Bruno Coon
Montage de la musique:
Bruno Coon

Artwork and pictures (c) 1998 New Line Cinema. All right reserved.

Note: ***1/2
PLEASANTVILLE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Randy Newman
'Pleasantville' reste d'après l'un des meilleurs films américain de l'année 1998. Réalisé par Gary Gross, 'Pleasantville' est en fait une fable satirique racontant comment deux jeunes ados américains atterrissent dans l'univers de la série qu'ils regardent, 'Pleasantville', série en noir et blanc dans laquelle on décrit la vie d'une petite ville des années 50, tranquille, aseptisée, sans violence ni pollution, sans sexe, sans danger, etc. Les deux jeunes ados, David Wagner (Tobey Maguire) et sa soeur Jennifer (Reese Witherspoon) vont apporter de la couleur dans la vie des habitants de Pleasantville et vont leur apprendre à découvrir tout ce qui est en eux. Gary Gross réussit toujours à trouver le ton juste, le film jouant astucieusement sur des métaphores plus qu'évidentes, dont une allusion grinçante au nazisme lorsque les habitants de Pleasantville descendent dans la rue vers la fin du film pour brûler tous les livres. Avec un second degré consommé et extrêmement ironique, Le film s'affirme comme une redoutable satire de la mentalité américaine hyper-conservatrice, réactionnaire et ultra-puritaine.

Randy Newman a écrit pour 'Pleasantville' un score très réussi, même s'il ne restera pas dans les annales de la musique de film. Newman s'est essentiellement concentré autour d'une idée précise: faire évoluer sa musique tout au long du film alors que les mentalités des habitants de Pleasantville évoluent petit à petit plus lentement. Randy Newman a composé un thème pour Pleasantville qui se trouve en fait être le jingle de la série qui passe à la télévision. Le thème fait bien évidemment 'jingle' plaisant des années 50 et convient parfaitement par son aspect naïf à l'univers de la série TV. Plongé au coeur du sujet, Newman utilise continuellement l'orchestre symphonique, dans lequel il exploite divers éléments pour donner de plus en plus de couleurs à sa musique (et, parallèlement, à la série TV). On commence sur quelques pièces douces évoquant l'aspect plaisant de la ville et de ses habitants, avant de partir sur quelques morceaux plus joyeux, comme par exemple lorsque le compositeur utilise une pièce de piano rappelant parfois les fameuses mélodies de piano que l'on passait dans les films muets de la fin du 19ème siècle pour couvrir le bruit de la pellicule. Randy Newman donne ainsi un petit côté rétro à la musique, parfait pour le contexte du film de Gary Ross. Il décrit aussi l'univers plaisant de la ville à travers quelques pièces de style héroïque, comme par exemple pour les parties de basket au début du film ou lorsque David (alias Bud Parker dans la série TV) éteint l'incendie dans l'arbre, Newman affirmant un ton plus ironique dans ces passages.

La musique prend petit à petit des couleurs, à l'instar des personnages du film qui commencent à se coloriser, alors qu'ils apprennent quelques petites choses sur la vraie vie. On appréciera par exemple cette comparaison des couleurs image/musique, parfaitement ressentie durant tout le film étant donné que Randy Newman s'est réellement penché sur ce sujet. La musique conserve toujours un ton doux voire parfois lyrique pour les échanges amoureux entre Mary Sue (Reese Witherspoon) et son prétendant, et qui joue parfois volontairement sur les clichés des musiques romantiques un peu mielleuses. Mais c'est le côté émotionnel qui prend très vite le dessus, comme par exemple pour la scène où le personnage de Jeff Daniels découvre et exprime sa passion pour la peinture. Newman utilise alors un thème émouvant que l'on pourrait appeler 'thème de la vie', renforcé par les cordes avec le reste de l'orchestre. A noter la très belle apparition de ce que certains appellent aussi le 'Mural Theme' pour la scène où Bud et son ami tagent les mûrs de dessins de peinture, alors que la nouvelle loi de la ville interdit la peinture et les couleurs. Le thème évoque clairement dans cette scène très forte la liberté de choisir sa vie et d'exprimer sa passion, thème que l'on retrouve aussi pour la scène où Bud montre ce qu'est la pluie aux habitants de Pleasantville. A noter aussi le passage fantaisiste où Betty (la mère de Bud incarnée par Joan Allen) se masturbe dans sa baignoire, découvrant les plaisirs sexuels solitaires. Alors que Betty commence à ressentir l'orgasme, la musique prend des proportions de plus en plus puissantes, avec l'utilisation ironique d'un choeur puissant à la Danny Elfman, juste avant que l'arbre en face de la maison prenne feu pour conclure habilement de façon satirique la scène en question.

On trouve aussi un autre thème que l'on réentendra surtout vers la fin du film, celui qui semble correspondre aux personnages principaux du film, une belle mélodie intime qui exprime clairement l'épanouissement des rapports humains dans 'Pleasantville'. Tout au long du film, la musique ne cesse jamais d'évoluer, aboutissant à un climax triomphant pour la scène où toute la ville finit par être colorisée, la musique glorieuse de ce passage étant évidemment très stéréotypée (ce qui semble être aussi volontaire dans le contexte de la série TV des années 50 et son côté 'rétro'!). La fin du film attire vraiment notre attention ici, marquée par le retour des thèmes principaux avec une nouvelle variante du jingle de la série. Mais ces thèmes ont mûris. Ils ne sont effectivement plus les mêmes (Tout comme le principe du style "sonate" dans la musique classique où, après une exposition et un développement, les thèmes réapparaissent changés au cours de la réexposition). Ils ont, comme les personnages, vécus des expériences. Les personnages ont changés leur vision des choses, s'accompagnant en parallèle avec des thèmes ayant eux aussi subi ce changement. Il s'agit sans aucun doute de la facette la plus réussie de la composition de Randy Newman pour le film de Gary Ross.

Au final, le score de 'Pleasantville' reste toujours simple, et malgré plusieurs bonnes idées, cette petite partition orchestrale ne marquera pas les annales du genre. Reste que 'Pleasantville' est une oeuvre simple et touchante, parfaitement adaptée au contexte et au second degré de l'excellent film de Gary Ross, un score que l'on recommandera surtout à tous les amateurs des musiques de comédie de Randy Newman!


---Quentin Billard