1-Maybe Pain Can Save Us 3.02
2-Cerca Trova 3.17
3-I'm Feeling A Tad Vulnerable 2.08
4-Seek and Find 2.03
5-Professor 4.26
6-Venice 5.44
7-Via Dolorosa #12
Apartment 3C 4.20
8-Vayentha 4.38
9-Remove Langdon 3.17
10-Doing Nothing Terrifies Me 3.24
11-A Minute to Midnight 1.52
12-The Cistern 6.43
13-Beauty Awakens The Soul To Act 5.58
14-Elizabeth 4.33
15-The Logic of Tyrants 5.07
16-Life Must Have Its Mysteries 3.54
17-Our Own Hell On Earth 6.19

Musique  composée par:

Hans Zimmer

Editeur:

Sony Classical 88985301922

Direction musicale pour Sony Pictures:
Lia Vollack
Album produit par:
Hans Zimmer
Producteurs exécutifs album:
Ron Howard, Brian Grazer
Score Wrangler:
Bob Badami
Musique additionnelle de:
Steve Mazzaro, Andrew Kawczynski,
Richard Harvey, Michael Tuller,
Paul Mounsey

Monteur musique:
Dan Pinder
Service de production musicale:
Steve Kofsky
Ingénieurs technique score:
Chuck Choi, Stephanie McNally
Programmation synthé:
Hans Zimmer, Mel Wesson,
Andy Page, Drew Jordan,
Chas Smith, Satnam Singh Ramgotra

Score et album mix:
Stephen Lipson
Assistant mix score:
John Witt Chapman
Orchestrateurs:
Oscar Senen, Joan Martorell
Orchestre:
Synchron Stage Orchestra
Conduit par:
Johannes Vogel
Opérateur ProTools:
Martin Weismayr
Design instrument digital:
Mark Wherry
Equipe sampling:
Taurees Habib, Raul Vega,
Drew Jordan

Manager studio pour
Remote Control Productions:
Shalini Singh
Assistante d'Hans Zimmer:
Cynthia Park
Assistants techniques:
Jacqueline Friedberg, Julian Pastorelli,
Lauren Bousfield

Artwork and pictures (c) 2016 Columbia Pictures. All rights reserved.

Note: **1/2
INFERNO
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Hans Zimmer
« Inferno » est le quatrième livre de la série d’ouvrages conçus par Dan Brown mettant en scène le professeur en symbologie Robert Langdon, après « Da Vinci Code », « Angels & Demons » et « The Lost Symbol ». Etonnement, le Symbole Perdu devait être adapté au cinéma, avec Tom Hanks dans le rôle principal, Ron Howard à la production et Mark Romanek à la réalisation. Tout semblait bien parti jusqu’à ce que Sony Pictures annonce au dernier moment que le projet était finalement annulé pour une obscure raison –l’intrigue de « The Lost Symbol » ressemblant un peu trop selon le studio à celle du film « National Treasure » avec Nicolas Cage – Du coup, c’est le quatrième livre de Dan Brown, « Inferno », qui est finalement porté à l’écran, avec le retour de Ron Howard à la réalisation. L’histoire débute lorsque le professeur Robert Langdon (Tom Hanks) se réveille dans une chambre d’hôpital à Florence en Italie. Amnésique, il ne se souvient plus de ce qu’il s’est passé ces derniers jours mais est hanté par d’étranges visions apocalyptiques évoquant le monde des enfers. Le Dr. Sienna Brooks (Felicity Jones) s’occupe alors de lui et lui révèle qu’il est devenu amnésique après avoir été blessé par balle à la tête. Une policière italienne arrive alors pour interroger Langdon, mais cette dernière s’avère être Vayentha (Ana Ularu), une tueuse venue pour assassiner Langdon. Ce dernier réussit alors à s’échapper de l’hôpital avec la complicité de Sienna, qui décide de s’enfuir avec lui. De retour chez Le Dr. Brooks, Langdon fait la découverte d’un pointeur Faraday, un projecteur d’image miniature qui contient une représentation de la Carte de l’Enfer de Sandro Botticelli, inspirée de l’Enfer de Dante. Langdon comprend qu’il s’agit d’un indice lié au milliardaire Bertrand Zobrist (Ben Foster), un riche généticien qui considère que la surpopulation mondiale doit être contrecarrée par des mesures extrêmes. Zobrist s’est suicidé il y a peu de temps après avoir été traqué par des agents du gouvernement, qui cherchent à mettre la main sur le virus « Inferno » que Zobrist a crée, et qui s’avère être une puissante arme biologique capable d’anéantir toute l’espèce humaine. Langdon et Sienna se lancent alors dans un véritable jeu de pistes, déchiffrant l’énigme conçue par Zobrist à travers le monde, tandis que Vayentha et des agents du WHO (World Health Organization), dirigés par Elizabeth Sinskey (Sidse Babett Knudsen) et l’agent Christoph Bouchard (Omar Sy), recherchent à leur tour le virus pour des raisons différentes. Quand à Langdon, il cherche alors à retrouver la mémoire et à se souvenir de ce qu’il s’est passé afin d’empêcher un groupe de terroristes de déclencher une épidémie mortelle qui pourrait ravager le monde à tout jamais.

« Inferno » s’avère être un thriller rondement mené, dans la continuité des deux opus précédents, à ceci près que l’aspect religieux et ésotérique de la franchise est réduit ici à des simples allusions à la Carte de l’Enfer de Botticelli et à l’Enfer de Dante. Le film s’avère intriguant et captivant, plutôt bien rythmé malgré quelques longueurs et un scénario parfois un peu confus : on a par exemple du mal à comprendre les révélations d’Harry Sims (Irrfan Khan) à Robert Langdon vers le dernier acte du film, révélations qui semblent ne pas tenir debout et jettent un voile d’obscurité sur une partie du scénario, visiblement bâclé sur certains détails. Ron Howard compense alors par un twist plutôt inattendu qui modifie complètement l’orientation de cette grande course poursuite pour empêcher un virus mortel de se répandre partout dans le monde. Niveau casting, Tom Hanks a pris un coup de vieux et semble plus bouffi et un brin hagard : il n’a visiblement plus la même pêche que dans « Da Vinci Code » ou « Angels & Demons », ce qui n’empêche pas le réalisateur de le filmer régulièrement en train de courir à nouveau à travers les quatre coins du globe, à la recherche d’indices pouvant lui permettre de résoudre l’énigme de Zobrist et de Inferno. Aux côtés de Tom Hanks, on retrouve la jolie Felicity Jones – auréolée de succès avec le carton plein de « Rogue One » - l’indispensable frenchy Omar Sy, Irrfan Khan, Ben Foster ou l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen. Cette fois-ci, l’univers des symboles et des énigmes que déchiffre Langdon paraît plus hasardeux, moins assumé : malgré quelques scènes de flashbacks introductives très impressionnantes et incroyablement apocalyptiques, le film s’enlise dans certains détails grotesques – la tueuse envoyée par Harry Sims, le personnage de Bouchard – et semble recycler les formules habituelles des thrillers mettant en scène des épidémies virales façon « Outbreak », « Contagion » ou « 28 Days Later ». Niveau décors, « Inferno » nous fait voyager à travers Florence, Venise et Istanbul, avec l’affrontement final se déroulant en plein coeur de la mythique Citerne Basilique. En soulevant l’épineuse question de la surpopulation mondiale, « Inferno » aurait pu aboutir à une réflexion passionnante mais préfère au contraire délaisser tout ce qui faisait la substance du livre de Dan Brown – dont la fin a été totalement modifiée – prenant de larges libertés par rapport à l’ouvrage original au détriment d’un scénario plutôt mitigé.

« Inferno » offre l’occasion à Ron Howard de retrouver son compositeur fétiche, Hans Zimmer, après « Da Vinci Code » et « Angels & Demons ». Plus orientée vers une esthétique électronique moderne, la partition de « Inferno » favorise essentiellement l’expérimentation, Zimmer ayant conçu la musique comme une sorte de périple musical chaotique et sombre, très éloigné de l’approche classique des deux premiers scores. A la première écoute, on retrouve dans « Inferno » une approche électronique très proche de ce que le compositeur a fait sur « Chappie », une sorte de retour aux sources pour Hans Zimmer qui renoue ainsi avec un style plus proche de ses travaux synthétiques des années 80/90. Dès « Maybe Pain Can Save Us », le ton est donné : des pads et des drones se succèdent ainsi pour nous plonger dans une atmosphère lugubre et oppressante, incluant les inévitables loops mécaniques et artificiels qui ponctuent une bonne partie de la musique de « Inferno », incluant ici un travail de sampling autour des guitares électriques, rendues méconnaissables à travers des effets de filtre. Une pulsation électronique entêtante typique du compositeur instaure ici un rythme pressant et nerveux dès le début du film, débouchant naturellement sur « Cerca Trova » où les sonorités synthétiques renvoient clairement à la période 90’s de Zimmer. Premier morceau d’action-clé du score, « Cerca Trova » multiplie les percussions barbares et les rythmes agressifs avec le retour d’un motif bien connu de « Da Vinci Code » entre 2:00 et 2:12, le motif de la conspiration, que Zimmer réemploie tout au long de « Inferno » pour évoquer les méfaits de l’organisation de Zobrist. Dans « I’m Feeling A Tad Vulnerable », on retrouve le style action électro de Zimmer dans un style proche de ses partitions 80/90’s telles que « Drop Zone », « Black Rain » ou « Peacemaker » - le compositeur va même jusqu’à réemployer ici des samples de piano mécanique utilisés à l’époque de « The Rock » - A 0:48, on retrouve le fameux thème principal mémorable de « Da Vinci Code », le « Chevaliers de Sangreal », repris ici aux synthétiseurs et associé tout au long du film au personnage de Robert Langdon.

« Seek and Find » illustre quand à lui la scène où la policière italienne tente d’abattre Langdon et Sienna à l’hôpital au début du film. Zimmer verse clairement ici dans l’expérimentation pure et dure à l’aide d’un travail de sound design chaotique et anarchique à base de sons industriels manipulés, distordus et grinçants. « Seek and Find » évoque clairement les troubles et la confusion de Langdon au début du film, hanté par d’étranges visions apocalyptiques et incompréhensibles qui brouillent sa mémoire. Zimmer saisit ici l’occasion d’évoquer les visions du personnage de Tom Hanks par le biais de ce magma sonore inconfortable et extrêmement dérangé, peut être l’un des morceaux les plus expérimentaux et les plus cauchemardesques que Zimmer ait été amené à écrire depuis bien longtemps pour un film. « Professor » intensifie les pulsations synthétiques et les ostinatos rythmiques répétitifs, avec une nouvelle allusion au thème principal de « Da Vinci Code », transformé ici en motif énigmatique associé au secret de l’Enfer de Dante. Zimmer parvient ainsi à créer une ambiance énigmatique et intrigante en multipliant les idées sonores et les rythmes en tout genre sans jamais perdre de vue les allusions thématiques. Dans « Venice », le compositeur dévoile un nouveau thème de piano mélancolique associé à Elizabeth Sinskey dans le film. Vers 1:24, les fans de Zimmer apprécieront de retrouver ses fameux samples de choeurs masculins que le compositeur utilisait souvent à l’époque de « Crimson Tide » ou « Peacemaker ». Ici aussi, on baigne dans une ambiance hypnotique et étrange à l’aide de ces notes répétitives des synthétiseurs et ces ambiances sonores sombres et immersives qui maintiennent en haleine tout au long du film – à noter une autre allusion au thème principal vers 3:22 –

« Via Dolorosa #12 Apartment 3C » prolonge les expérimentations sonores d’Hans Zimmer avec une série de nappes sonores et de pads étranges. Le sound design est ici très présent mais n’exclut jamais le rythme et les loops entêtants qui parsèment une bonne partie de la musique de « Inferno ». Résolument sombre et atmosphérique, la musique évolue ainsi entre ses morceaux d’action nerveux et ses ambiances lugubres et intrigantes qui nous incitent à poursuivre l’aventure pour découvrir les secrets de cette sombre énigme sur fond de menace mondiale. « Vayentha » accentue à son tour l’idée du chaos et du désordre comme dans « Seek and Find » de manière anarchique et grotesque. « Remove Langdon » est quand à lui un autre morceau d’action nerveux dans la continuité des partitions Media Ventures des années 90. A noter ici un motif de 4 notes de clavier, qui rappelle le score de « Broken Arrow », et que le compositeur emploie à quelques reprises dans ses passages d’action, le tout sur fond de rebondissements rythmiques multiples et de nombreuses ruptures sonores plutôt inhabituelles de la part du musicien teuton. Avec « Doing Nothing Terrifies Me », on entre dans le dernier acte du film après la révélation concernant le Dr. Sienna Brooks. L’ambiance s’apaise quelque peu ici avec un piano mélancolique et des nappes plus mystérieuses. Dans « A Minute to Midnight », Zimmer élabore un crescendo dramatique intensifié par des choeurs puissants, débouchant sur la séquence finale de « The Cistern », 6 minutes d’action pure où la tension monte régulièrement à l’écran, jusqu’à un nouveau crescendo dramatique et élégiaque assez saisissant vers la dernière partie du morceau. « The Cistern » se conclut par ailleurs sur une grande reprise du thème principal, grandiose et épique, à ne surtout pas manquer. Dans « Beauty Awakens the Soul to Act », Zimmer utilise un violon soliste pour apporter un semblant d’émotion à sa musique vers la fin du film.

Dans « Elizabeth », on réentend le thème de Sinskey joué par un piano délicat et mélancolique, pour ses retrouvailles avec Langdon à la fin de l’histoire, juxtaposé ici à une reprise éthérée du thème principal par des synthés new age. « The Logic of Tyrants » (non utilisé dans le film) est l’ultime morceau d’action du score, où le thème principal de « Da Vinci Code » est repris de manière plus conséquente à la manière d’un thème d’action, un peu comme dans l’intense « Our Own Hell On Earth ». Enfin, « Life Must Have It’s Mysteries » développe une dernière fois le thème de piano d’Elizabeth et le thème principal de Langdon avec l’utilisation très réussie de cordes, de choeurs, d’un violon et d’un violoncelle soliste. « Life Must Have It’s Mysteries » accompagne en réalité la reprise puissante de « Chevaliers de Sangreal » pour le générique de fin du film, d’une manière similaire au final de « Da Vinci Code », avec l’apport du violon en plus. Dommage que l’album omette certains passages du score et notamment les reprises du motif de la conspiration de « Da Vinci Code », curieusement peu présent sur le CD de « Inferno » alors qu’on l’entend un nombre assez conséquent de fois dans le film. Au final, « Inferno » s’avère être un score particulièrement déroutant, très différent de « Da Vinci Code » et « Angels & Demons », dans le sens où Hans Zimmer souhaitait expérimenter davantage et troubler le public à travers une musique plus chaotique, plus électronique et plus moderne. Le résultat, en demi-teintes, fonctionne plutôt bien dans le film mais risque de s’avérer extrêmement fastidieux et très hermétique en écoute isolée. Même Zimmer lui-même ironise au sujet des premières pistes de l’album en expliquant que l’écoute sur CD devrait être précédée d’un avertissement ! Clairement, nous sommes bel et bien face à une partition électronique très bruyante, massive, répétitive, difficile à encaisser sur ses 70 minutes, mais qui apporte néanmoins son lot de bonnes idées et de trouvailles sonores malgré l’utilisation fastidieuse de l’électronique.

« Inferno » mérite clairement son nom : la dimension ‘infernale’ de la musique transparaît ici par la multiplication de rythmes nerveux, de morceaux d’action bouillonnants et d’allusions thématiques intrigantes (même s’il manque sur l’album la plupart des reprises du motif de la conspiration de « Da Vinci Code » !). Hans Zimmer en profite aussi pour renouer avec un style musical ‘action’ hérité de son passé chez Media Ventures dans les années 90 : certains passages reprennent ainsi des idées sonores ou des samples qui semblent surgir tout droit de scores tels que « Drop Zone », « Crimson Tide », « The Rock » ou « Peacemaker ». Hélas, trois fois hélas, malgré toutes ses bonnes idées, « Inferno » s’avère être un score très répétitif et assez indigeste sur sa longueur, qui manque cruellement de relief et s’embourbe dans de l’expérimentation très hermétique et très bruyante pour les scènes de vision apocalyptiques du film, là où on se serait attendu à quelque chose d’un peu plus ambitieux, de beaucoup plus construit et original. Zimmer tente de décontenancer son auditoire avec quelques prises de risque évidentes dans le contexte du film mais finalement un peu décevantes en écoute isolée. Malgré toutes ses ambitions, le score de « Inferno » risque fort d’en rebuter plus d’un et de provoquer quelques maux de crâne évident. Il n’en demeure pas moins que le score, très différent de « Da Vinci Code » et « Angels & Demons », est un hommage évident à tout un pan de la filmographie d’Hans Zimmer, une sorte de retour aux sources pour le compositeur qui renoue avec l’univers familier de l’électronique et des synthétiseurs, son principal registre de prédilection depuis toujours. Dommage néanmoins que le score soit assez indigeste et très répétitif sur la longueur, mais le résultat à l’écran reste somme toute assez impeccable, sans être ce que le compositeur a fait de mieux sur un film de Ron Howard !




---Quentin Billard