1-Main Title/Catherine/Execution 4.12
2-The Prison Cellar 0.56
3-The Entity Is Released 3.31
4-Death In Solitary 8.25
5-Barbed Wire Unleashed 0.42
6-Stripdown 5.06
7-Rabbit's Escape And Death 5.27
8-The Inmates Sense The Entity 2.16
9-The Warden's Recurring Nightmare 5.02
10-Sandor Calls Up The Spirit 1.51
11-The Prison Break/Finale 4.54

Musique  composée par:

Richard Band/Christopher L. Stone

Editeur:

Intrada Signature Editions ISE 1045

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Orchestrations et interprétations:
Richard Band, Christopher L. Stone
Musique mixée et produite par:
Richard Band, Christopher L. Stone
Assistante de production:
Regina Fake

Artwork and pictures (c) 1987 Empire Pictures and Eden Ltd. All rights reserved.

Note: ***
PRISON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Richard Band/Christopher L. Stone
Bien avant de se faire connaître avec ses films d’action des années 80/90, Renny Harlin signait en 1988 son deuxième long-métrage, « Prison », une série-B horrifique et claustrophobique produite par Charles Band, grand ponte de la série-B/Z des années 80. Réalisé avec un budget plutôt mince, « Prison » est l’un des derniers titres distribué par le studio défunt Empire Pictures, qui fermera ses portes la même année suite à une longue série de problèmes financiers. L’histoire débute avec l’exécution d’un condamné à mort, Charlie Forsythe en 1964. Condamné à la chaise électrique, Forsythe (Viggo Mortensen) clamera son innocence jusqu’au bout et lancera une malédiction sur tous ceux qui l’ont exécuté injustement pour un crime qu’il n’a jamais commis. 25 ans plus tard, faute de budget, l’état du Wyoming décide de rouvrir les portes de la prison abandonnée de Creedmore, qui accueille désormais 300 nouveaux détenus. Malgré les protestations de Katherine Walker (Chelsea Field), l’établissement est confié à la direction d’Eaton Sharpe (Lane Smith), un homme violent et injuste responsable de l’exécution de Forsythe il y a une vingtaine d’années. Ses méthodes, très décriées, s’avèrent être d’une autre époque, alors que Sharpe dirige la prison d’une main de fer. Burke (Viggo Mortensen), l’un des taulards de l’établissement, semble différent des autres. Alors que les prisonniers travaillent à la réfection du bagne en creusant de nouvelles galeries, une entité maléfique est brusquement libérée des entrailles de l’établissement, l’esprit de Charlie Forsythe, qui hante la prison et s’attaque violemment aux pensionnaires des lieux. Burke et ses compagnons de cellule comprennent qu’ils seront les prochaines victimes du fantôme de Forsythe et vont chercher par tous les moyens à échapper à cet enfer, jusqu’à ce qu’ils finissent par réaliser que l’entité maléfique cherche en réalité à se venger d’Eaton Sharpe, 25 ans après l’exécution de Forsythe sur la chaise électrique.

« Prison » s’avère être une série-B horrifique plutôt réussie, avec quelques effets gores inventifs, du suspense et une mise en scène claustrophobique intéressante. Renny Harlin profite des décors glauques d’une prison rénovée pour nous plonger dans une atmosphère crasseuse et mystérieuse où un esprit maléfique sème le chaos partout où il passe. « Prison » est un mélange intéressant de film de maison hantée et de film carcéral – genre très à la mode dans les années 80/90, surtout depuis le succès du « Shawshank Redemption » de Frank Darabont en 1994 – mettant en scène un jeune Viggo Mortensen très convaincant, dans un de ses tous premiers rôles au cinéma, bien avant de connaître la consécration avec les « Lord of the Rings » de Peter Jackson. L’acteur joue ici le rôle habituel des gros durs qui peuplent les films d’action habituels de Renny Harlin, dans un univers où les tensions entre gardiens et prisonniers se multiplient dangereusement, jusqu’à l’arrivée du fantôme destructeur prêt à assouvir une vieille vengeance de 25 ans. « Prison » s’avère ainsi généreux dans ses scènes de mise à mort violentes, parfois très inventives – on reconnaît déjà le style sanguinolent de Renny Harlin – et ce malgré des moyens techniques évidemment très limités. L’atmosphère lugubre du récit s’inscrit dans la continuité des films d’épouvante des années 80 et des productions Charles Band, avec quelques seconds rôles solides (Chelsea Field, Lane Smith, Tom Everett, Lincoln Kilpatrick). Hélas, le film se plantera lamentablement à sa sortie en salles en 1988, mais n’empêchera pas pour autant Renny Harlin de signer un deuxième film d’épouvante en 1988, « A Nightmare on Elm Street 4 », qui permettra au réalisateur de décrocher le premier gros succès de sa carrière avant le carton plein de « Die Hard 2 » en 1990 et « Cliffhanger » en 1993. A noter qu’Harlin renouera avec le genre du film horrifique bien plus tard, en signant le thriller horrifique russe « Devil’s Pass » en 2013.

La partition électronique de Richard Band et Christopher L. Stone apporte à son tour une ambiance sonore intense et immersive au film de Renny Harlin. Prévu à l’origine comme le compositeur principal de la musique de « Prison », Richard Band fut contraint de passer la main à un autre compositeur sur le film de Renny Harlin, notamment à cause d’un conflit d’emploi du temps. C’est ainsi que Christopher L. Stone intervint finalement sur la musique de « Prison » aux côtés de son ami Richard Band. Spécialiste de la musique électronique dans les années 80 et grand connaisseur des nouvelles technologies musicales, Stone venait de mettre au point dans son studio un tout nouvel instrument nommé le WaveFrame, synthétiseur moderne sur lequel le score de « Prison » fut intégralement interprété. Avec quelques idées thématiques déjà écrites, le score de « Prison » évolua très vite grâce à l’apport sonore du WaveFrame qui permit à Band et Stone d’expérimenter davantage autour des timbres sonores de l’instrument et d’improviser une bonne partie des idées musicales du film. Le score débute ainsi sur « Main Title/The Execution », dévoilant le thème principal du score, motif froid et mystérieux de cordes synthétiques calqué manifestement sur le « Main Titles » du « Aliens » de James Horner - comme toujours chez Richard Band, on retrouve ici son défaut habituel, à savoir une mauvaise manie à repiquer des idées chez d’autres compositeurs ! – Des roulements de caisse claire annoncent ici l’exécution de Forsythe au début du film, avec quelques dissonances de cordes stridentes qui nous plongent ici dans une ambiance d’épouvante typique du score de « Prison ». Dans « The Prison Cellar », Band et Stone créent une atmosphère horrifique à l’aide d’effets sonores avant-gardistes des cordes (samplées) et de percussions agressives. Malgré des moyens limités, le WaveFrame permet de concevoir ici des sonorités orchestrales somme toute étonnamment réaliste, surtout pour un score écrit et interprété sur un synthétiseur en 1988. A noter un effet sonore récurrent dans la partition, une sorte d’écho métallique déjà très présent dans le « Main Title », et qui reviendra ici tout au long du film pour suggérer la présence du fantôme de Forsythe dans la prison.

« The Entity is Released » suggère la libération de l’entité maléfique qui s’abat sur la prison. Le morceau débute au son d’échoplex de cordes à la manière de Jerry Goldsmith et évolue très vite vers une atmosphère de suspense suffocant, incluant quelques allusions au thème principal à la « Aliens ». Un glissandi soudain des cordes et des clusters de cuivres (samplés) annoncent ici la libération du fantôme pour l’un des premiers moments horrifiques spectaculaires de la partition. Dans « Death in Solitary », le duo Band/Stone nous offre un premier morceau d’action terrifiant et intense à l’aide de percussions martelées et de cordes scandées violemment dans le grave, tandis que « Barbed Wire Unleashed » dévoile quelques samples de bois (clarinette, hautbois) et de cordes pour renforcer la tension et plonger davantage l’auditeur dans une ambiance mystérieuse et inquiétante, alors que les prisonniers comprennent que plus rien n’est sûr dans cette prison hantée par une entité destructrice et mortelle. Les échos métalliques associés aux murs de la prison et au fantôme reviennent alors dans « Stripdown », avec un travail de cordes dissonantes avant-gardistes à la manière de Penderecki ou Ligeti. Les deux compositeurs créent ici une ambiance oppressante et menaçante grâce à leur travail remarquable autour des samples du WaveFrame (qui permet un certain réalisme dans le jeu des banques de son orchestrales). De la même façon, « Rabbit’s Escape » évoque une autre scène horrifique mettant en scène les méfaits sanguinaires de l’entité, reprenant l’esthétique et les ponctuations percussives violentes de « Death in Solitary », à grand renfort de cuivres enragés et agressifs. L’entité traque alors les prisonniers dans le lugubre et dissonant « The Inmates Sense the Entity » où Band et Stone créent une ambiance étrange à l’aide de percussions métalliques diverses suggérant clairement l’environnement suffocant de la prison – à noter à 2:13 un sample de glissando de piccolo clairement emprunté là aussi au « Aliens » d’Horner –

« The Warden’s Recurring Nightmare » évoque la sombre destinée d’Eaton Sharpe avec des allusions au thème principal, débouchant sur « Sandor Calls Ups the Spirit » et ses dissonances meurtrières et anarchiques. Le film se termine sur « The Prison Break/Finale », alors que Burke parvient à s’échapper de la prison et que Sharpe mort finalement la poussière, un ultime morceau de terreur sans compromis, agressif, dissonant et extrêmement nerveux, avec une coda plus apaisée et mystérieuse. Ainsi donc, Richard Band et Christopher L. Stone livrent une partition horrifique extrêmement intense pour « Prison », écrite dans un style atonal/avant-gardiste typique des films d’épouvante de l’époque, servie par l’interprétation impressionnante du WaveFrame. Seule ombre au tableau : le thème principal est clairement calqué sur « Aliens » de James Horner et certains passages rappellent beaucoup tout ce qui a déjà été fait dans le domaine des musiques horrifiques hollywoodiennes. Il manque à la partition de « Prison » un certain relief, une certaine nuance (peut être thématique ?). L’ensemble demeure trop répétitif et assez indigeste sur la longueur pour pouvoir convaincre pleinement, d’autant que la qualité sonore de l’enregistrement est plutôt terne (le souffle est présent sur l’enregistrement d’origine et n’a donc pas pu être corrigé par Intrada !). La musique parvient néanmoins à apporter une ambiance suffocante et cauchemardesque au film de Renny Harlin, mais déçoit par son manque d’originalité et de relief. On aurait aimé entendre quelque chose d’un brin plus ambitieux, de plus personnel, d’autant que les influences musicales sont ici parfois trop évidentes, comme souvent avec Richard Band. Le score de « Prison » est donc à réserver en priorité aux aficionados du compositeur américain et de ses traditionnelles musiques horrifiques des années 80/90 !




---Quentin Billard