1-Taming the Dinosaurs 4.12
2-The Rig 4.49
3-The Monster 3.01
4-Hope Is Not A Tactic 3.54
5-Negative Pressure Test 4.57
6-Well From Hell 4.35
7-Cut The Pipe 5.34
8-Mud 5.19
9-Stop The Crane 2.03
10-Fire On The Rig 3.16
11-Burn Or Jump 5.09
12-Roll Call 7.44
13-Home 3.12
14-Take Me Down 4.48*

*Ecrit et interprété par
Gary Clark Jr.

Musique  composée par:

Steve Jablonsky

Editeur:

Warner Bros Records (digital download only)

Produit par:
Steve Jablonsky
Supervision montage musique:
Katrina Schiller
Montage musique:
Ryan Rubin
Mixage musique:
Jeff Biggers
Conseiller technique score:
Lori Castro
Programamtion synthés:
Klayton (Celldweller)
Coordination musique:
Peter Rotter
Percussions:
Jon Jablonsky
Consultante musique:
Liza Richardson
Design musique d'ambiance:
Jon Aschalew

Artwork and pictures (c) 2016 Di Bonaventura Pictures/Participant Media. All rights reserved.

Note: **1/2
DEEPWATER HORIZON
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Steve Jablonsky
« Deepwater Horizon » s’inspire d’un fait divers tragique survenu le 20 avril 2010 lors de l’explosion de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique. Considérée à juste titre comme la catastrophe écologique la plus importante jamais survenue aux Etats-Unis, le désastre de « Deepwater Horizon » eut un impact majeur sur l’écosystème et l’économie locale. La marée noire qui suivit l’explosion répandit plus de 780 millions de litres de pétrole dans l’océan et menaça gravement la survie de plus de 400 espèces. Il paraissait ainsi évident que le cinéma américain s’intéresse à cette histoire tragique en l’adaptant au cinéma. C’est maintenant chose faite avec le long-métrage de Peter Berg, sorti en salles en 2016 et retraçant assez fidèlement les origines et le déroulement de cette catastrophe maritime sans précédents. On y suit l’histoire de Mike Williams (Mark Wahlberg), un électricien qui travaille sur la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon appartenant à la compagnie britannique BP, et qui se situe dans le golfe du Mexique. La plate-forme fonctionne à plein régime depuis plusieurs années pour extraire les 800 millions de litres de pétrole qui se situent dans les profondeurs de la terre. Mike et son patron Jimmy Harrell (Kurt Russell) forment une équipe soudée et professionnelle, dont l’entente cordiale insuffle un certain sens du travail au reste des ouvriers de la plate-forme. Mais l’arrivée de Donald Vidrine (John Malkovich) et Robert Kaluza (Brad Leland), des responsables de la société BP arrivés fraîchement sur la plate-forme pétrolière, remet en cause le fonctionnement de l’équipe de Mike et Jimmy. Ce dernier découvre alors que les test de pression n’ont pas été réalisés comme convenu, et ce à la demande expresse de Donald Vidrine qui souhaite doubler la cadence de forage sur la plate-forme pour des questions de profit, au grand dam de Mike et Jimmy. Peu de temps après le début du forage, une série d’incidents techniques très graves provoquent une gigantesque explosion à bord de la plate-forme, tuant 11 personnes et blessant 17 autres membres de Deepwater Horizon. Mike tente alors de sauver la vie des ouvriers et du personnel pour évacuer d’urgence la plate-forme en proie aux flammes.

Reprenant les grandes lignes de la catastrophe de Deepwater Horizon, le film de Peter Berg est un drame réaliste assez oppressant, qui nous plonge dans l’univers clos des travailleurs sur les plate-formes pétrolières des grosses compagnies qui exploitent l’or noir depuis plus d’un siècle. Habitué aux films réalistes, Peter Berg n’en est pas à son premier coup d’essai puisqu’il signait déjà en 2013 « Lone Survivor », drame inspiré de faits réels survenus en Afghanistan, évoquant l’échec de l’opération Red Wings des SEALs contre les talibans en 2005 – Berg conclut par ailleurs cette trilogie de drames inspirés de faits divers avec « Patriots Day » en 2016, qui revient sur le double attentat du Marathon de Boston en 2013. « Deepwater Horizon » nous plonge quand à lui dans l’enfer d’un terrifiant embrasement à bord d’une plate-forme pétrolière qui se transforme en un gigantesque piège sans issue pour les 126 travailleurs coincés à bord de ce véritable cataclysme ambulant. Filmé caméra à l’épaule, « Deepwater » prend des tournures de documentaire dans la manière dont il évoque avec sobriété durant le premier acte du film le quotidien routinier des journées de travail des ouvriers, tout en insistant sur l’entente entre les travailleurs, les petites blagues pour se distraire entre deux tâches ardues, la fête organisée pour le retour du patron ou bien encore les discussions banales dans la salle des machines. Berg parvient à filmer ses acteurs de manière naturelle, affirmant une vraie cohésion d’ensemble au sein de l’équipe, avec le vétéran Kurt Russell impeccable en chef d’équipe avisé, figure paternelle évidente pour la centaine de travailleurs de la plate-forme. A ses côtés, Mark Wahlberg – acteur fétiche de Peter Berg - campe un chef électricien introduit lors d’une scène astucieuse où Mike aide sa fille à un travail scolaire où elle doit présenter le métier de son père à ses camarades de classe, une scène prémonitoire qui semble en dire long sur le drame à venir.

Après une excellente exposition savamment dosée, ni trop longue ni trop courte, le drame éclate enfin lorsqu’une terrifiante explosion balaie une partie de la plate-forme pétrolière – la séquence de l’explosion est absolument terrifiante, peut-être la scène pyrotechnique la plus hallucinante que l’on ait vu au cinéma américain depuis des années ! – Dès lors, le film se transforme en survival viscéral et brutal d’une rare intensité, d’autant plus incroyable qu’il s’agit d’une histoire vraie. Berg est par ailleurs suffisamment malin pour éviter de verser dans le mélodrame mais parvient à rappeler astucieusement les rouages du système et la puissance des grandes compagnies pétrolières et de leur insatiable course au profit. En disséquant les tenants et les aboutissants de cette catastrophe, le scénario de « Deepwater Horizon » se voit doublé d’un message social évident quoiqu’un peu simpliste sur la forme – les bons ouvriers, pères de famille et travailleurs acharnés, face aux mauvais dirigeants corrompus qui ne pensent qu’au profit – et fait porter la responsabilité de la catastrophe sur le dos de BP, avec une série d’accumulations ahurissantes de négligences dictées par la loi de l’argent (le plus incroyable étant le message final du film qui révèle qu’aucune charge n’a été retenue contre les dirigeants de BP !). A ce sujet, John Malkovich s’impose ici en dirigeant arrogant et insupportable, véritable caricature du capitaliste borné qui sort rarement de son bureau et n’hésite pas à humilier le personnel en les comparant à des animaux – par ailleurs, dans une interview récente, Peter Berg raconte les difficultés créées par les dirigeants de BP pour tourner son film et explique en même temps qu’il ne voulait pas que son film condamne BP en rappelant que nous sommes tous complices de ce système capitaliste d’exploitation pétrolière en conduisant des voitures, en prenant les transports en commun ou les avions – On pourra toujours reprocher le discours social un peu simpliste du film, mais l’esthétique réaliste de l’ensemble et son approche de film catastrophe rappelant les grandes heures du cinéma de genre des années 60/70 font de « Deepwater Horizon » une vraie réussite formelle, un film coup de poing dont on ressort particulièrement sonné.

Le compositeur Steve Jablonsky retrouve Peter Berg sur « Deepwater Horizon » après avoir signé les musiques de ses films précédents, « Battleship » (2012) et « Lone Survivor » (2013). Pour sa troisième collaboration à un film de Berg, Steve Jablonsky signe un score d’action/suspense plutôt ordinaire pour « Deepwater Horizon ». Fidèle à son goût pour le sound design moderne, Jablonsky, qui avait déjà expérimenté sur les sons en créant des samples à partir d’un appareil médical dans « Battleship », construit cette fois-ci sa musique de « Deepwater Horizon » à l’aide d’un sample de sonar enregistré et manipulé pour les besoins du film. « Taming the Dinosaurs » introduit un premier morceau plus aérien et majestueux avec son motif de clavier électrique sur fond de pulsations synthétiques entêtantes et de cordes planantes. Le thème de « Taming the Dinosaurs » est associé à Mike Williams et à tous ses collègues de la plate-forme pétrolière Deepwater Horizon : elle évoque l’entraide et la fraternité des ouvriers tout en suggérant le calme avant la tempête. Dès « The Rig », Jablonsky introduit le sound design du score pour évoquer l’immense plate-forme pétrolière symbolisée ici par des sonorités industrielles et glaciales, quasi déshumanisées, hormis des allusions au motif principal de claviers. Ici aussi, une pulsation électronique constante maintient une certaine tension et suggère l’activité humaine à bord de Deepwater Horizon. Dans « The Monster », Steve Jablonsky va plus loin en accentuant les sonorités mécaniques et les nappes synthétiques obscures. On y découvre le sample de sonar accompagné ici de nappes sonores industrielles qui évoquent les immenses structures métalliques et complexes de Deepwater Horizon, comme une sorte de monstre de fer. On retrouve ici un style électronique plus expérimental et abstrait qui rappelle clairement les travaux d’Atticus Ross et Trent Reznor chez David Fincher.

« Hope is Not a Tactic » développe le motif principal de clavier de manière plus sombre. Jablonsky accentue ici les pulsations synthétiques et les sonorités en écho assez caractéristiques du score de « Deepwater Horizon ». Dans « Negative Pressure Test », le compositeur continue d’expérimenter pour la scène où les ouvriers s’apprêtent à lancer le test de pression sous l’assistance de Donald Vidrine, l’un des pontes de BP. Jablonsky fait monter la tension à l’aide de sonorités dissonantes et de nappes obscures avec l’omniprésence de ces pulsations synthétiques et de ces basses entêtantes et répétitives. Ici, point de mélodie à l’horizon : le compositeur privilégie une approche essentiellement sonore, élaborant tout un canevas de nappes synthétiques, de pads et de loops en tout genre pour parvenir à ses fins. Le final plus chaotique de « Negative Pressure Test » annonce clairement la catastrophe à venir. Dès lors, « Well from Hell » met les bouchées doubles avec un assaut de sonorités stridentes, de clusters agressifs, des pads synthétiques et des drones en tout genre. La musique évoque clairement sur les images l’idée d’un mécanisme, d’une immense structure instable, sur le point d’exploser. On nage clairement ici en pleine expérimentation sonore la plus abstraite qui soit. Les samples de sonar reviennent ensuite dans « Cut the Pipe » où la catastrophe est sur le point de se produire, suggérée ici par des sonorités distordues et totalement déshumanisées. Idem pour « Mud » avec ses notes répétitives et frénétiques de basses et ses loops électroniques agressifs. « Fire on the Rig » évoque l’immense incendie qui ravage la plate-forme pétrolière à l’aide de nappes sombres et de basses hypnotisantes.

« Stop the Crane » fait monter la tension avec le retour plus dramatique du motif principal de clavier (reconnaissable à ses sons en écho), alors que Mike et ses collègues tentent d’empêcher la grue de s’effondrer. Jablonsky nous amène ensuite logiquement à la scène où Mike et Andrea (Gina Rodriguez) doivent quitter d’urgence la plate-forme pétrolière en flammes en sautant dans l’eau. Hélas, le morceau verse dans une surenchère sonore fastidieuse et frôle dangereusement la cacophonie et le trop-plein sonore, là où une construction musicale plus équilibrée se serait certainement avérée bien plus payante (notamment en écoute isolée !). Heureusement, le morceau se termine sur des accords plus majestueux et solennels évoquant l’héroïsme de Mike et des survivants qui réussissent à s’en tirer. « Roll Call » accompagne quand à lui la séquence finale de manière plus mélancolique et apaisée, avec le retour du motif principal et ses notes en écho, rêveuses et éthérées. Dans « Home », Jablonsky compose le seul morceau réellement acoustique du score, avec l’utilisation d’un violoncelle, d’un violon, de guitares folk du soliste Tom Strahle et d’un piano pour le final du film. Hélas, cela ne suffit pas à sortir le score de « Deepwater Horizon » d’un profond ennui et d’un manque flagrant d’inspiration.

Moins intéressant que « Battleship » ou « Lone Survivor », le score de Steve Jablonsky est presque exclusivement dédié à un large travail de sound design et d’expérimentation sonore intéressant, mais d’une pauvreté flagrante en écoute isolée. Hormis un thème principal rachitique, le score s’avère décevant de par son absence de constructions musicales cohérentes et sa volonté manifeste de surenchérir les images par une cacophonie sonore fastidieuse et lassante. Il y a évidemment de bonnes idées dans les recherches et les manipulations sonores, mais cela ne suffit pas à en faire une oeuvre digne d’intérêt. « Deepwater Horizon » reste donc un score purement fonctionnel qui a bien du mal à survivre en dehors des images. C’est d’ailleurs sans surprise et en toute logique que Peter Berg s’est tourné vers le duo Atticus Ross/Trent Reznor pour son nouveau film très attendu, « Patriots Day », qui revient sur les attentats du Marathon de Boston en 2013.



---Quentin Billard