1-Coming In For A Landing 1.56
2-The Seal of Collie Baba 4.34
3-The Pyramid (alternate) 2.55
4-The Ducks Use Their Marbles 1.10
5-Webby Discovers The Lantern 4.43
6-Scrooge Gets Depressed 1.17
7-Back Home 0.22
8-Meet The Genie 2.30
9-Mrs. Beakley Meets The Elephant 1.39
10-Ice Cream Sundae From The Sky 1.43
11-The Story of the Talisman 2.25
12-Morning Becomes Merlock 1.00
13-Merlock Sneaks Into The Mansion 6.01
14-Scrooge Gets The Lamp 0.20
15-I Wish For The Treasure
Of Collie Baba 1.48
16-Merlock Goes For Scrooge
(alternate) 6.16
17-Dijon The Master 4.25
18-Mission Impossible 5.45
19-Merlock Takes Control 10.06
20-End Credits 4.18

The Extras

21-The Pyramid (original) 2.54*
22-Merlock Goes For Scrooge
(original) 2.27*

*Not Featured in Film.

Musique  composée par:

David Newman

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 372

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Orchestrations:
David Newman
Mixage score:
Tim Boyle
Supervision montage:
Craig Pettigrew
Consultant projet:
Randy Thornton
Manager de production:
Regina Fake

Artwork and pictures (c) 2017 Disney Enterprises, Inc. All rights reserved.

Note: ****
DUCK TALES THE MOVIE :
TREASURE OF THE LOST LAMP
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Newman
Depuis sa création en 1947 par le dessinateur/scénariste américain Carl Barks, Scrooge McDuck (que nous connaissons dans nos contrées sous le nom d’Oncle Picsou), le célèbre canard le plus riche du monde, a vu ses aventures déclinées sur tous les supports pendant de nombreuses décennies. Présenté pour la première fois dans une série de comic books américains au début des années 50, jusqu’à ce que de nombreux artistes succèdent à Barks et se réapproprient à leur tour le personnage, la version la plus célèbre des aventures de Picsou en bande dessinée restant celle de Don Rosa avec « The Son of the Sun » en 1987. Au cinéma, la carrière de Picsou a été un peu plus timide, car hormis quelques courts-métrages d’animation entre les années 40 et 70, il faudra attendre les années 80 pour que Picsou obtienne enfin son propre show télévisé grâce aux studios Disney, avec la célèbre série d’animation « Duck Tales », que nous connaissons en France sous le titre « La Bande à Picsou », diffusée à la télévision entre 1987 et 1990 – avec la très fameuse chanson du générique interprétée en V.F. par Jean-Claude Corbel – Devant le succès de la série TV, les producteurs envisagèrent très vite de concevoir un long-métrage d’animation au cinéma, qui serait ainsi censé boucler l’histoire de la série TV. C’est ainsi que fut conçu « Duck Tales The Movie : Treasure of the Lost Lamp » (La Bande à Picsou, le film : le Trésor de la lampe perdue), sorti au cinéma en 1990, et qui s’avère être l’une des premières productions du jeune studio DisneyToon, filiale des studios Disney fondée en 1988. L’histoire débute dans le désert égyptien. Picsou, ses 3 neveux Riri, Fifi, Loulou et sa nièce Zaza se rendent sur le site de fouilles archéologiques à bord de l’avion de Flagada Jones, à la recherche d’une chambre secrète récemment découverte et qui cache le trésor de Cali Baba que Picsou recherche depuis 40 ans. Mais le canard milliardaire découvre à la place le trésor secret de Cali Baba et une carte le menant tout droit à la mystérieuse lampe magique. Merlock, le sorcier maléfique, se trouve lui aussi sur le site égyptien et convoite le précieux trésor qu’il recherche depuis des siècles afin de restaurer sa puissance passée. Merlock charge alors son homme de main le voleur Dijon d’accompagner Picsou en tant que guide afin de lui dérober la lampe une fois qu’il l’aura trouvé. Peu de temps après, le sorcier réussit à s’emparer du trésor à l’intérieur d’une grande pyramide tandis que Picsou et ses proches doivent s’enfuir par une rivière souterraine, emportant avec eux la précieuse lampe magique. De retour à Canardville au manoir de Piscou, Zaza frotte la lampe magique et libère un génie qui devient le nouvel ami des enfants. Ces derniers le déguisent en petit garçon et le font passer pour un enfant ordinaire auprès de leur oncle. Pendant ce temps, Merlock et Dijon ont retrouvé la trace de Picsou et comptent bien récupérer la lampe magique par tous les moyens.

« Duck Tales The Movie » clôt ainsi une série animée de qualité en faisant office d’ultime épisode d’1h15, réalisé par Bob Hathcock. Le film fut une vaste production internationale puisque l’écriture du scénario et du storyboard se sont déroulés en Californie, l’animation a été réalisée en France et en Angleterre, et les couleurs ont été produites en Chine. Les concepteurs du film ont pu jouir d’une certaine liberté sur cette production animée de 20 millions de dollars qui s’inscrit dans la continuité directe de la série de 1987. On a néanmoins reproché au film une animation plutôt inégale et un scénario assez inconsistant qui accumule les poncifs et propose quelques stéréotypes un peu gênants pour une production destinée aux enfants. Outre le postulat de base qui rappelle « Indiana Jones »– d’où le visuel de l’affiche qui s’inspire du film de Spielberg – « Duck Tales The Movie » vante les mérites de l’entraide et de la solidarité mais montre à côté de cela un personnage de voleur arabe totalement cliché et ultra réducteur – avec un accent arabe atroce – On y voit aussi l’avion de Flagada Jones détruire incognito de précieuses antiquités égyptiennes et repartir de sitôt comme si de rien n’était, sans oublier cette scène où Piscou est jeté en prison, libéré grâce à la caution que paient ses petits neveux en réunissant tout leur argent - par ailleurs, en échange, Picsou, en éternel radin qu’il est, n’offre quasiment rien à ses neveux : visiblement, cela ne le gêne pas que des enfants se soient vidés les poches pour sortir de prison un oncle peu reconnaissant – N’oublions pas non plus le personnage du génie, que tout le monde cherche à exploiter dans le film comme une sorte d’esclave qui n’est là que pour exaucer les voeux des gens (heureusement, la morale sera sauve lorsque Picsou décidera de lui rendre sa liberté à la fin du film !). Visuellement, le film est plaisant mais n’atteint jamais les niveaux des productions Disney de l’époque. L’humour est très enfantin et l’on regrette l’absence de personnages-clé de la série – Donald, Gripsou, Géo Trouvetou, Bubba, les frères Rapetou, Miss Tick – qui auraient certainement apporté davantage d’intérêt à ce long épisode de 74 minutes. Si tout le milieu du film s’avère peu passionnant, le troisième acte est en revanche bien plus réussi, avec des scènes sombres comme celle où Picsou se fait voler son coffre-fort géant par Dijon ou lorsque Merlock transforme le coffre en une gigantesque forteresse maléfique volante, aux cornes acérées et monstrueuses – une séquence étonnamment sombre pour un film destiné aux enfants – Malgré toutes ses bonnes idées – les neveux de Picsou qui s’introduisent dans le coffre-fort géant en se prenant pour des militaires – « Duck Tales The Movie » est un film d’animation inégal et pas vraiment passionnant, qui respecte l’univers de la série animée de 1987 mais n’apportera rien de plus à l’univers de la Bande à Picsou.

Le compositeur David Newman était le choix idéal pour écrire la musique de « Duck Tales The Movie ». Newman avait déjà écrit en 1984 la musique du court-métrage de Tim Burton « Frankenweenie » et celle du film animé « The Brave Little Toaster » en 1987. Dans une note du livret de l’album, le compositeur précise par ailleurs qu’il a beaucoup aimé travailler sur ce film pour lequel il a joui d’une certaine liberté en signant l’un de ses scores favoris (il précise même que les concepteurs du film lui ont donné très peu d’indications et qu’il a donc pu faire tout ce qu’il voulait, chose plutôt rare sur une production Disney !). Enregistrée avec un grand orchestre de taille conséquente (une quarantaine de cordes, 4 flûtes, 6 clarinettes, 1 cor anglais, 2 hautbois, 1 basson, 7 cors, 6 trompettes, 5 trombones, 3 tubas, 2 harpes, un piano, une basse Fender et plusieurs percussions), le score de « Duck Tales The Movie » pose d’emblée le ton en instaurant une esthétique résolument classique et symphonique dans le film, à l’aide d’une poignée de thèmes et de mélodies en tout genre. Les fans de la série TV de 87 reconnaîtront une brève allusion au célébrissime thème de Mark Mueller dans « Coming in for a Landing » (aux pizz à 0:09). Puis très vite, un premier thème est introduit dès 0:04: le thème d’aventure. A 0:30, Newman dévoile le second thème du score aux cuivres, un thème d’action intervenant surtout dans les moments les plus agités. A 1:13, on découvre une mélodie plus espiègle en tierces parallèles (avec l’utilisation d’un clavier électrique), thème aventureux associé à Picsou dans le film. En 1 minute 59, David Newman pose ainsi les bases thématiques de sa partition et se fait plaisir, avec une fougue orchestrale et une verve mélodique épatante, soutenue par des orchestrations très riches et généreuses, typiques des musiques de films animés Disney des années 90.

Dans « The Seal of Collie Baba », on retrouve le thème d’aventure et surtout le thème de Picsou, largement développé tout au long de la première séquence où Picsou, Flagada Jones et ses neveux recherchent le trésor de Cali Baba dans la pyramide égyptienne. On appréciera ici le ton aventureux du score qui rappelle par moment les travaux de Ron Jones pour la série TV, et la manière dont Newman développe le thème de Picsou sous la forme d’une marche espiègle. A 1:51, on découvre un quatrième motif, le thème du voleur Dijon, plus sournois et comique avec son hautbois et son tambourin aux accents orientaux. Le maléfique Merlock voit son thème introduit aux cuivres à 1:44. On reconnaît la mélodie de Merlock à ses notes ascendantes et menaçantes, thème pas foncièrement mémorable mais qui apporte la noirceur nécessaire pour les scènes avec le grand méchant du film : on retrouve le thème tout au long de la seconde partie de « The Seal of Collie Baba », notamment aux violoncelles à 2:20 ou à 2:56, ainsi que dans la plupart des scènes avec le sorcier maudit. « The Pyramid » reprend le thème d’aventure joué dès l’ouverture du morceau par des cors intrépides – on ressent clairement ici l’influence des « Indiana Jones » de John Williams au niveau de l’écriture et des orchestrations – entrecoupé d’allusions au motif menaçant de Merlock, durant la scène où les héros visitent la pyramide à la recherche du trésor. Le thème de Picsou est repris à 1:40 par des cordes plus légères suggérant la détermination du milliardaire à découvrir ce qu’il recherche depuis des années. Dans « The Ducks Use Their Marbles », David Newman dévoile le thème associé au trésor de Cali Baba, un motif joyeux et très coloré entendu à 0:24.

« Webby Discovers the Lantern » débute avec grâce et élégance dans une ambiance quasi magique à l’aide de synthétiseurs cristallins, de cordes douces et d’un violon soliste de toute beauté, alors que Zaza découvre la lampe du génie. Le motif oriental de Dijon est repris à 0 :57 très reconnaissable à son duo hautbois/tambourin, tandis que le motif d’action fait son grand retour avec celui de Merlock et de Picsou. Soucieux de conserver une approche mélodique constante, Newman développer ses thèmes avec une certaine liberté et une aisance remarquable, croisant les mélodies à profusion à la manière de leitmotive wagnériens. La thématique de Merlock devient ici plus imposante avec ses cuivres robustes, tandis que le sentiment d’aventure domine lorsque Picsou et ses compères s’échappent de la pyramide – on notera ici l’omniprésence des cuivres et notamment des trompettistes qui s’en donnent à coeur joie ! – Si « Scrooge Gets Depressed » vient tempérer l’ensemble avec des cordes plus mélancoliques, alors que Picsou déprime après avoir raté le trésor de Cali Baba – on retrouve ici le très joli thème de violon de Zaza – « Back Home » ramène la jovialité et l’énergie dans un score ultra coloré et virevoltant dans l’esprit de ce que faisait Bruce Broughton sur les films d’aventure des années 80/90. Dans « Meet the Genie », on retrouve le thème de violon de Zaza, cité brièvement à 0:48, tandis que l’on découvre le personnage du génie au son de son propre thème, joyeux et bondissant, avec quelques touches de mickey-mousing habituelles. On est frappé ici par la richesse épatante des orchestrations, qui contribuent à l’énergie survitaminée du score et de ses nombreuses couleurs instrumentales. Le thème de Picsou est repris au début de « Ice Cream Sundae from the Sky », alors que Picsou décide de faire un pique-nique au parc avec Zaza, Riri, Fifi et Loulou. Newman se fait plaisir en développant à profusion le thème principal de Picsou de manière protéiforme, privilégiant aussi bien la narration que la structure musicale, et une écriture musicale somme très détaillée et extrêmement colorée.

Le thème de Merlock, cité brièvement au milieu de « The Story of the Talisman », est repris dans « Morning Becomes Merlock », alors que le méchant sorcier a retrouvé la trace de Picsou et s’infiltre chez lui, déguisé en rat. La séquence du rat (« Merlock Sneaks Into The Mansion ») permet justement à David Newman de se laisser aller à un peu de fantaisie avec une alternance entre mickey-mousing illustratif pour l’avancée du rat, développements mélodiques du thème de Picsou et même quelques idées sonores plus extravagantes. Le morceau est très riche et profite de sa longueur (6 minutes) pour développer pleinement toutes les idées du compositeur – à noter par exemple l’emploi plus comique de kazoos à 3:29, à 4:38 ou vers 4:52 – « Scrooge Gets the Lamp » développe à la clarinette le thème d’aventure alors que Picsou met la main sur la lampe magique, suivi de « I Wish For the Treasure of Collie Baba » où l’on oscille entre le thème principal et celui de Dijon. Les 6 minutes de « Merlock Goes For Scrooge » développe essentiellement les différents thèmes du score, tandis que « Dijon the Master » rappelle le thème d’aventure et le thème d’action, durant la séquence où Dijon devient le maître du coffre-fort de Picsou et réussit à chasser le milliardaire - à noter la sympathique reprise du thème de violon de Zaza et ses notes descendantes reconnaissables à 2:35 – Dans « Mission Impossible », le thème de Picsou est repris sous sa forme initiale de marche aventureuse alors que Picsou et ses neveux se lancent à l’assaut du coffre-fort pour combattre Dijon et récupérer le bien du milliardaire. Newman illustre cette scène d’infiltration avec de nombreux tempos de marche, de caisse claire martiale et une multitude d’allusions thématiques.

On arrive ensuite au climax de la partition, « Merlock Takes Control », 10 minutes très intenses où la thématique de Merlock culmine admirablement alors que le sorcier transforme le coffre-fort en forteresse volante maléfique – durant la séquence la plus sombre du film – On retrouve ici de nombreuses allusions à la thématique de Merlock mais aussi à son motif secondaire associé à ses pouvoirs magiques, un motif de cuivres massifs réutilisé à plusieurs reprises dans le film. « Merlock Takes Control » est un pur tour de force orchestral, un véritable poème symphonique au cours desquels les différents thèmes du score se croisent et s’affrontent, dans un véritable festival de développements mélodiques assez ahurissant – notamment dans la façon dont Newman développe le motif lugubre de Merlock et son motif secondaire de cuivres, souvent joué en contrepoint des autres thèmes, et notamment le thème d’action – Le morceau est traversé de fulgurances mélodiques spectaculaires, comme cette reprise grandiose du thème d’aventure aux cors à 5:58 ou l’envolée triomphante et joyeuse du thème de Picsou à 6:29. Le générique de fin (« End Credits ») récapitule les principales idées thématiques d’une partition symphonique riche et généreuse, dans la moyenne de ce qui se faisait à la même époque sur les productions Disney, notamment chez Alan Menken ou Bruce Broughton. David Newman se fait plaisir et nous offre une partition riche, vive et colorée, reposant sur une richesse thématique impressionnante et une générosité dans les orchestrations et les couleurs instrumentales. Posée de façon ordinaire sur les images, où elle accompagne le film de manière quasi ininterrompue en contribuant au rythme survolté du long-métrage, la musique prend tout son sens en écoute isolée sur l’album publié en 2017 par Intrada, qui révèle enfin tous les détails d’une musique bien plus riche qu’elle n’y paraît – avec, cerise sur le gâteau, un mixage généreux hormis quelques petits clics occasionnels qui se baladent sur l’enregistrement - Les fans de David Newman et de la Bande à Picsou auraient tort de passer à côté de cette petite pépite qui, à défaut d’être LE chef-d’oeuvre de la carrière du compositeur, pourrait bien devenir l’un de leurs albums favoris, nom d’un canard !



---Quentin Billard