1-Opening Titles 2.38
2-Getting Fired 1.57
3-The Hospital 1.35
4-Drive to Stepford*/
Gates of Stepford 1.46
5-House Tour/First Night/
First Morning 2.18
6-Claire's SUV*/Drive to SMA 1.56
7-Heart to Heart 2.34
8-To Sara's/Sara's House*/
Exterior SMA 2.14
9-Book Club/20 Dollars 1.40
10-Cupcakes/Dave's Car 0.55
11-Pre-Sneak/Sneaking Around 2.12
12-Roger Gets His/You'll Never Change/
Rover Remote/Jo Logs In 3.21
13-To Bobbie's 0.59
14-Bobbie's Kitchen 1.34
15-Where Are My Children? 1.44
16-Rotunda/Jo's Descent/
Mike and Claire's Intro/Walter
and Jo's Intro 3.03
17-Midsummer Waltz 1.50
18-Lab 1A*/Mike's Speech 1.10
19-Claire's Speech 3.14*
20-Claire's Demise*/Keep Shopping 1.46*
21-End Credits 5.31

Bonus Tracks

22-EBS Play-On (source) 0.24
23-Balance of Power (source) 0.36
24-Who Loves You More?
(unused score) 0.51
25-I Can Do Better (source) 1.53*
26-Midsummer Waltz (early take) 1.51
27-Getting Fired (alternate) 1.58
28-To Bobbie's (alternate) 1.02
29-Where Are My Children?
(alternate ending) 1.17
30-Claire's Demise (alternate) 1.11
31-Midsummer Waltz (alternate take) 1.50

*Contains material not used in film.

Musique  composée par:

David Arnold

Editeur:

La La Land Records LLLCD 1299

Musique additionnelle:
Joel McNeely, David Mansfield
Producteur exécutif album:
Dan Goldwasser
Producteurs exécutifs pour
La La Land Records:
MV Gerhard, Matt Verboys
Orchestrations:
Nicholas Dodd
Enregistrement et mixage:
Robert Fernandez
Monteur musique:
Nic Ratner
Assistant montage:
Mick Gormaley
Programmation musique:
Rob Playford
Préparation musique:
Bob Bornstein
Direction de la musique pour
Paramount Pictures:
Randy Spendlove
Coordinateurs album:
Kim Seiniger, Eric Ybanez
Consultant projet:
Lukas Kendall

Artwork and pictures (c) 2014 Paramount Pictures. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE STEPFORD WIVES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by David Arnold
Remake du film homonyme de Bryan Forbes tourné en 1975, « The Stepford Wives » (« Et l’homme créa la femme » – au passage, bravo aux traducteurs de la VF pour l’énorme spoil du titre français !!!) permet au britannique Frank Oz de renouer avec le genre de la comédie qu’il affectionne tout particulièrement, le tout agrémenté ici d’une dose de fantastique et d’un peu de suspense gentillet. Le réalisateur de « Little Shop of Horrors » et « Bowfinger » confie cette fois-ci les rôles principaux à Nicole Kidman et Matthew Broderick, en s’inspirant comme son alter-ego de 75 du roman satirique d’Ira Levin publié en 1972. On y suit l’histoire de Joanna Eberhat (Nicole Kidman), une productrice de télévision à succès qui se retrouve mise à la porte après qu’un candidat de son émission « I Can Do Better » ait tenté de tirer sur elle et le public. Alors que Joanna plonge dans une profonde dépression, son mari Walter (Matthew Broderick) décide de l’emmener elle et ses deux enfants à Stepford, une petite banlieue chic du Connecticut. La famille y découvre une magnifique résidence pavillonnaire privée, où ils font la connaissance de leur voisine Bobbie Markowitz (Bette Midler), une ancienne alcoolique devenue écrivain, et Roger Bannister (Roger Bart), un homosexuel pétillant qui vient tout juste de s’installer dans la résidence avec son compagnon Jerry (David Marshall Grant). Un jour au cours d’une fête, Joanna, Bobbie et Roger sont témoins d’une scène étrange : l’une des voisines, Sarah Sunderson (Faith Hill), est soudainement prise d’une crise incontrôlable alors qu’elle dansait, et perd rapidement connaissance. Le mystérieux Mike (Christopher Walken) arrive alors et demande à ce que Sarah soit emmenée ailleurs. Joanna remarque néanmoins que le corps de Sarah émet d’étranges étincelles lorsque Mike tente de la toucher. Claire (Glenn Close), la doyenne, se présente ensuite à Joanna comme l’épouse de Mike, qui n’est autre que le dirigeant de Stepford. Joanna tente alors d’alerter Walter sur ce qu’elle a vu mais son mari refuse de la croire et finit par perdre patience. Considérant que leur mariage est fichu, Joanna, malheureuse, s’excuse pour son mauvais comportement passé et décide de sympathiser avec les autres épouses de Stepford. Joanna découvre alors que les femmes du village sont entièrement soumises à leur mari pour une raison qu’elle ignore encore, car que Stepford cache un terrible secret en son coeur, un mystérieux secret jalousement gardé par Mike et Claire.

« The Stepford Wives » fait clairement office de cas d’école dans le monde du cinéma hollywoodien. Tourné en 2004, le film s’avérait totalement foireux dès le départ. Initialement conçu comme une comédie noire, Frank Oz eut toutes les peines du monde à boucler son film comme il le souhaitait, avec un budget initial de 95 millions de dollars. Les producteurs débattirent longuement sur le ton du film, jugé trop sombre ou trop cynique, d’autant que les premiers screen tests furent peu élogieux. Le film subit des coupes drastiques et un remontage conséquent. Plusieurs scènes passèrent alors à la trappe, obligeant Oz à retourner de nouvelles scènes pour des raisons de continuité tout en modifiant intégralement la fin, jugée trop gentillette et trop mielleuse. A cela s’ajoutèrent de nombreux problèmes entre le réalisateur et certains acteurs, qui se détestaient cordialement sur le tournage. Oz déclara lors d’interviews plus récentes que le principal problème venait surtout d’un budget trop conséquent qui l’obligea à faire un gros film de stars alors qu’il souhaitait réaliser une comédie plus intimiste. L’actrice Bette Midler fut par ailleurs particulièrement désagréable sur le tournage en 2003. Quand aux autres stars du film, elles tentèrent à tour de rôle d’imposer leur égo sur le film, si bien que le résultat final est un gigantesque gâchis, même pas drôle et à peine divertissant. Le film évoque le fantasme de domination des hommes sur les femmes, symbolisé ici par l’univers froid et mécanique de la ville de Stepford, où tout semble idéal, faussement paisible et entièrement basé sur les apparences. Les maris se divertissent dans les clubs, les femmes sont de bonnes épouses, se réunissent ensemble pour discuter et rentrent à la maison préparer de bons petits plats. « The Stepford Wives » est évidemment une satire des sociétés patriarcales dominées par l’homme, et si l’idée de départ était plutôt bien trouvée, le résultat à l’écran est particulièrement médiocre malgré des moyens évidents.

Nicole Kidman cabotine tout au long du film et devient vite insupportable, Matthew Broderick a l’air peu concerné par l’histoire en plus de jouer de manière approximative (il déclarera plus tard lors d’une interview avoir trouvé le film ennuyeux et peu intéressant !), Roger Bart campe un homosexuel totalement cliché et inutile dans l’histoire, Christopher Walken continue de se ridiculiser après avoir cachetonné dans des comédies nullissimes tout au long des années 2000 – et notamment dans « The Country Bears », « Kangaroo Jack » ou le gigantesque nanar « Gigli » - et que dire de vétérans du cinéma hollywoodien comme Glenn Close ou Bette Midler, dont la participation à un projet aussi lamentable laisse songeur. Au final, malgré son univers très coloré, ses bizarreries visuelles et son humour décalé et satirique, « The Stepford Wives » rate complètement la marche et se casse la figure lamentablement, notamment à cause d’un scénario bancal et mal écrit, d’interprètes qui surjouent ou, à contrario, ne jouent pas du tout (si Broderick s’en fichait à ce point, pourquoi l’avoir engagé ? On en vient presque à regretter que l’acteur initial, John Cusack, ait quitté le navire !), et d’une mise en scène totalement lisse et aseptisée, qui passe complètement à côté de son sujet à force de trop vouloir tout édulcorer pour mieux faire passer la pilule, un fait regrettable quand on sait pourtant que le concept de départ possédait un côté suffisamment subversif et satirique pour faire grincer quelques dents. Fort heureusement, le film ne dure qu’1h35 mais reste un ratage quasi intégral, hormis peut être un générique de début intrigant, classique et kitsch, évoquant l’univers des publicités pour les ménagères américaines des années 50/60. Le film connaîtra un succès très modéré à sa sortie en salles en 2004 mais restera considéré comme un échec artistique au regard du film original de 1975, bien plus réussi et intéressant.

Seule la musique orchestrale de David Arnold semble réussir à trouver son compte sur « The Stepford Wives ». A noter qu’à l’instar du réalisateur Frank Oz, le compositeur lui-même a connu quelques déboires sur le film, les nombreux remontages et changements scénaristiques de dernière minute l’obligeant ainsi à réécrire une bonne partie de sa musique dans la précipitation – Arnold déclare dans une note du livret de l’album qu’il n’eut qu’à peine 10 jours pour réécrire l’intégralité de sa partition – Malgré tout, le résultat est très satisfaisant et constitue sans difficulté le seul véritable point positif de ce naufrage cinématographique navrant. Enregistrée à New York en 2004, la partition de « The Stepford Wives » réunit un grand orchestre symphonique et une grande chorale pour les besoins du film, le tout dirigé par le complice habituel de David Arnold, Nicholas Dodd – à noter que Joel McNeely et David Mansfield ont apporté leur contribution à la bande originale du film en signant un peu de musique additionnelle et quelques orchestrations afin de permettre à David Arnold de boucler la musique dans les temps – Le film débute au son du thème principal de « Opening Titles », une valse frénétique dominée par des orchestrations très classiques et une chorale entonnant des « ha ha ha » fantaisistes associées aux femmes de la ville de Stepford. Les choeurs sont ici l’élément clé du score, apportant une touche d’extravagance à un score non dénué d’humour (à la manière de Danny Elfman). Quand à la valse, elle évoque clairement les apparences trompeuses et le faste artificiel de Stepford à la manière des grandes valses classiques. Arnold se fait plaisir et nous offre une musique richement écrite et solidement orchestrée comme à son habitude.

Le thème de valse restera très présent tout au long du film, varié de façon multiple, comme avec un célesta solitaire et quelques pizz de cordes au début de « Getting Fired », alors que Joanna perd son job au début du film. Le morceau évolue ensuite vers un style plus extravagant avec le retour de la valse et des « ha ha ha » des choeurs féminins. Dans « The Hospital », le ton est plus serein avec le second thème du score, une mélodie de piano mélancolique sur fond de cordes et de guitare associé à Joanna et Walter dans le film, et qui nous permet de découvrir la facette plus lyrique de David Arnold, trop souvent cantonné au cinéma aux musiques de films d’action/d’aventure. « Drive to Stepford/Gates of Stepford » permet au compositeur de nous offrir un morceau plus classique à la manière d’un scherzo bondissant façon Beethoven, alors que Joanna, Walter et leurs enfants arrivent à Stepford au début du film, ce qui permet au compositeur de reprendre son thème principal de manière majestueuse lors de la découverte de la ville. « House Tour/First Night/First Morning » s’oriente davantage vers la comédie avec ses inévitables pizzicati sautillants et ses bois plus légers, incluant une reprise du thème de piano de Joanna et Walter. « Claire’s SUV/Drive to SMA » reprend des fragments du thème de valse avec ses cordes bondissantes à la limite du mickey-mousing, ses rythmes de marimba et ses choeurs féminins caractéristiques – on y découvre aussi une partie de choeur masculin un brin plus sournoise – Le thème romantique du couple Joanna/Walter est repris ensuite au piano dans « Heart to Heart » évoquant les difficultés du couple et leur envie de s’en sortir malgré les épreuves. Si l’on pourra toujours reprocher l’emploi facile de mickey-mousing dans « To Sara’s/Sara’s House/Exterior SMA », on appréciera davantage l’humour de « Book Club/20 Dollars » avec l’utilisation amusante de synthétiseurs plus mystérieux, ou le célesta léger de « Cupcakes/Dave’s Car ».

« Pre-Sneak/Sneaking Around » suggère les doutes et la suspicion de Joanna et Bobbie, qui décident alors d’inspecter discrètement le club des hommes de Stepford afin d’en savoir plus sur les activités de leurs compagnons. Arnold parvient à assombrir l’ambiance sans jamais trop se prendre au sérieux : quelques cordes et des éléments électroniques discrets suffisent à plonger le spectateur/auditeur dans une atmosphère plus intrigante et énigmatique où le danger semble bien réel. Cette ambiance se prolonge dans « Roger Gets Hit/You’ll Never Change/Rover Remote/Jo Logs In », alors que Joanna a enfin découvert le secret de Stepford. « To Bobbie’s » impose alors un ton plus urgent avec ses ponctuations martelées et son utilisation intéressante d’ambiances sonores synthétiques et de cordes dissonantes. David Arnold suggère ici une atmosphère de thriller sans en faire de trop, et réussit à conserver un second degré constant lorsqu’il évoque la subite transformation de Bobbie dans « Bobbie’s Kitchen », devenue mystérieusement une femme au foyer « modèle ». On devine ensuite une tension et un climat d’urgence dans « Where Are My Children » lorsque Joanna découvre que ses enfants ont disparus. « Rotunda/Jo’s Descent/Mike and Claire’s Intro/Walter and Jo’s Intro » plonge davantage dans une ambiance sombre et énigmatique au cours de laquelle David Arnold se fait plaisir, entre des cordes denses et même quelques sursauts orchestraux plus terrifiants. La musique nous fait clairement comprendre que quelque chose ne va pas et que le caractère faussement idyllique de la communauté de Stepford cache en réalité de biens sombres secrets. La section centrale du morceau s’avère même étonnamment dramatique et intense, typique du style plus lyrique d’Arnold.

« Midsummer Waltz » reprend le thème de valse, suivi d’un autre thème de valse plus enjouée et légère associée à Claire (Glenn Close) dans la dernière partie du film – il s’agit en réalité du thème original composé par Arnold et finalement remplacé par le thème du « Opening Titles » - Dans « Lab 1A/Mike’s Speech », la musique conserve le ton sombre et mystérieux du second acte du film à la limite du thriller. « Claire’s Speech » reprend le thème de « Midsummer Waltz » dans un très bel arrangement pour cordes et voix féminines, alors que Claire révèle à tous la vérité sur son passé et les secrets de Stepford. Le morceau s’avère particulièrement poignant, y compris dans l’emploi d’une chanteuse soliste avant de se conclure de manière plus massive et brutale, pour ce qui reste l’un des plus beaux morceaux de la musique de « The Stepford Wives ». « Claire’s Demise » reprend par ailleurs la thématique de Claire lorsque cette dernière agonise alors que l’on découvre que Mike est un robot que Claire construisit afin de concevoir le mari idéal. Le thème de Claire est repris ici par un violon soliste passionné et émouvant dans une conclusion poignante, avant de se conclure sur un rythme de valse effréné. Enfin, David Arnold se fait plaisir et reprend une dernière fois son thème principal de valse ainsi que son très beau thème pour Claire dans l’inévitable « End Credits ». « The Stepford Wives » s’avère donc être une belle surprise de la part d’un David Arnold qui nous livre une partition bien différente de ses musiques épiques et dantesques pour Roland Emmerich, un score plus léger, fantaisiste et amusant, qui apporte une énergie considérable au film de Frank Oz. Le score s’avère généreux dans ses mélodies et ses orchestrations et nous propose de bien belles idées musicales (les choeurs) qui rompt avec le style habituel des musiques de comédies hollywoodiennes standard. Sans être un chef-d’oeuvre dans la carrière de David Arnold, « The Stepford Wives » demeure très réussi malgré tout et dévoile une toute autre facette du compositeur, à découvrir grâce à l’excellent album publié par La La Land en 2014 !




---Quentin Billard