1-Main Title 1.44
2-Ain't Crossing Street 1.01
3-Initiation 2.32
4-Meteor Strikes 2.47
5-Jefferson Reed 0.38
6-Stromburg Theory 2.38
7-Offensive Plan 1.00
8-Jet Magazine 2.12
9-X-Ray Vision (Version 2) 1.18
10-Jeff Protects Dad 2.07
11-Something's Coming 1.45
12-Mrs. Walker 1.31
13-Off to Work 0.54
14-Cleaning Up The Hood (Version 2) 2.33
15-Emergency Meeting 1.04
16-Slinky's Like Life 1.51
17-The Imposter 3.15
18-Jeff Catches Bullets (Version 2) 1.31
19-Forced Entry 1.40
20-Jeff Says He'll Leave 2.22
21-Double-Cross 6.05
22-Meteor Spill 3.08
23-Karate Duel 4.06
24-Oh No Ellington 1.55
25-Ultimate Hero 1.44
26-Reviving Ellington 1.24
27-Bloods and Crips Unite 3.06

The Extras

28-Poor Lewis 0.22
29-Ellington Speaks 0.38
30-X-Ray Vision (original) 0.52
31-Jealous Boyfriend 0.32
32-Simon Says 0.19
33-Suspicious Polaroid 0.17
34-Cleaning Up The Hood (revised) 2.29
35-Emergency Meeting (alternate) 0.37
36-Take Off The Uniform 0.23
37-Jeff Catches Bullets (original) 1.29
38-Karate Duel (alternate) 4.06

Musique  composée par:

Cliff Eidelman

Editeur:

Intrada Special Collection Vol. 274

CD produit par:
Douglass Fake
Producteur exécutif CD:
Roger Feigelson
Orchestrations:
Mark McKenzie, Randy Miller,
Lolita Ritmanis, William Ross,
Pat Russ

Monteurs musique:
Robin Eidelman, Virginia S. Ellsworth,
David Slusser, Jacqueline Tager

Superviseurs musique:
Sharal Churchill, Sharon Heyward
Manager de production:
Regina Fake

American Federation of Musicians.

Artwork and pictures (c) 1993/2014 Metro-Goldwyn-Mayer Studios Inc. All rights reserved.

Note: ***1/2
THE METEOR MAN
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Cliff Eidelman
Comédie de science-fiction écrite, produite, réalisée et interprétée par Robert Townsend, « The Meteor Man » est un pastiche des films de super-héros qui se déroule entièrement dans les quartiers noirs d’une banlieue de Washington. Partant du constat que la plupart des films de super-héros ont souvent été interprétés par des acteurs blancs par le passé, Robert Townsend décida de concevoir une satire de ce type de cinéma entièrement dominé par un casting d’acteurs afro-américains. On y suit l’histoire de Jefferson Reed (Robert Townsend), un enseignant d’une école de Washington qui voit son quartier subir les menaces et la terreur imposée par le violent gang des Golden Lords, dirigés par Simon Caine (Roy Fegan), qui collabore avec le baron de la drogue Anthony Byers (Frank Gorshin). Un soir, Jefferson tente de sauver une femme qui se fait agresser dans la rue et se retrouve poursuivi à son tour par le gang. Obligé de se cacher dans une poubelle, Jefferson se retrouve alors violemment percuté par une étrange météorite verte qui le blesse très gravement et rentre ainsi dans son corps. Jefferson se réveille alors quelques jours plus tard à l’hôpital, sans la moindre blessure : il a miraculeusement guéri. L’enseignant ne tarde pas à comprendre que le météore lui a offert d’étranges pouvoirs, comme celui de voler, de voir avec une vision à rayon-X, de tirer des lasers, de courir très vite, d’être invulnérable, de pratiquer la télékinésie, d’absorber le contenu entier d’un livre rien qu’en le touchant ou de porter un poids phénoménal (il possède aussi la faculté de communiquer par télépathie avec son chien Ellington). Seul problème : ses pouvoirs ne durent que 15 minutes. Passé ce délai, il doit recharger sa force en touchant à nouveau le météore. Jefferson confie ensuite à ses parents Ted (Robert Guillaume) et Maxine (Marla Gibbs) son ambition de protéger la communauté de son quartier du gang des Golden Lords en utilisant ses super-pouvoirs fraîchement acquis. Sa mère lui fabrique alors un costume sur mesure, puis Jefferson devient ainsi « Meteor Man », combattant le crime et le trafic de drogue qui sévit dans les rues et amenant deux bandes rivales, les Crips (Cypress Hill) et les Bloods (Naughty by Nature), à se réconcilier pour reconstruire tous ensemble le quartier en plantant un grand arbre vert en plein coeur du ghetto. Mais Simon Caine et sa bande des Golden Lords ne l’entendent pas de cette façon et découvrent ainsi le secret de Meteor Man. Dès lors, ils se lancent dans de violentes opérations de représailles contre Jefferson et son entourage. Meteor Man va devoir ainsi fédérer toute la communauté de son quartier et inciter les habitants à se révolter contre les gangsters pour pouvoir ramener le calme dans le ghetto, en utilisant ses super-pouvoirs, que Simon convoite à son tour.

« The Meteor Man » est un parfait résumé de l’oeuvre de Robert Townsend, célèbre acteur et comique afro-américain des années 80/90, souvent comparé à ses concurrents Eddie Murphy ou Richard Pryor. On se souvient que l’acteur, formé à un très renommé club d’improvisation dans les années 70, se spécialisa plus particulièrement dans la réalisation de films évoquant la culture afro-américaine tout en dénonçant le racisme envers les noirs aux USA. Son premier film indépendant, « Hollywood Shuffle », réalisé en 1987, était une comédie satirique fustigeant clairement les stéréotypes envers les acteurs blacks à Hollywood, et connut un certain succès, lançant la carrière de Townsend au cinéma. La même année, l’acteur/réalisateur tournait « Eddie Murphy Raw », un pur numéro de stand-up avec Eddie Murphy d’après des sketchs co-écrits par Murphy lui-même et Keeneen Ivory Wayans. Townsend poursuivra sur sa lancée avec le film musical « The Five Heartbeats » en 1991 puis « The Meteor Man » en 1993. Hélas, malgré toutes ses bonnes idées, cette fois-ci, la sauce ne prend pas. « The Meteor Man » est bourré de bonnes intentions et évoque d’importants sujets de société comme la criminalité dans les ghettos américains et le problème des gangs, mais sans jamais trop se prendre au sérieux. Du coup, le film hésite trop souvent entre la comédie et le drame – malgré ses gags et son humour, le film est ponctué de scènes de fusillade assez violentes – si bien que le résultat s’avère curieusement bancal et extrêmement frustrant.

« The Meteor Man » est ainsi la réponse de la communauté black au « Superman » de Richard Donner, sur un monde parodique et évidemment fort satirique, hélas, le scénario ne suit pas et certains gags lourdingues échouent lamentablement à provoquer le moindre sourire – le combat final entre Jefferson et Simon, où ils se trompent de livre : croyant lire un livre sur l’art du combat, ils lisent finalement un livre sur la mode et se comportent alors de manière efféminée – C’est d’autant plus dommage qu’il y avait pourtant matière à faire quelque chose d’un peu moins porté sur la dérision étant donné la gravité du sujet abordé. Le film se rattrape néanmoins avec une excellente bande son et un casting de qualité, réunissant quelques grands noms de la communauté afro-américaine d’Hollywood : James Earl Jones (avec une moumoute complètement improbable !), Robert Guillaume, Eddie Griffin, Bill Cosby, Don Cheadle, Roy Fegan (l’un des acteurs fétiches de Townsend) et quelques caméos de Sinbad, John Witherspoon, le rappeur/acteur Biz Markie, le chanteur Luther Vandross et les groupes de hip-hop Cypress Hill et Naughty by Nature. Les acteurs semblent avoir passés du bon temps sur le film mais le résultat est inégal et un peu décevant, bien en dessous du potentiel de son réalisateur.

La partition symphonique de Cliff Eidelman est probablement l’un des meilleurs éléments de « The Meteor Man ». Le compositeur fut un choix évident pour les producteurs de la MGM, Eidelman s’était fait connaître à la fin des années 80 avec ses musiques pour « Magdalene » (1989), « Triumph of the Spirit » (1989), sans oublier « Delirious » (1991), « Leap of Faith » (1992), « Untamed Heart » (1993) ou ses musiques plus spectaculaires pour « Star Trek VI : The Undiscovered Country » (1991) et « Christopher Colombus : The Discovery » (1992). C’est Richard Townsend lui-même qui décida de choisir Cliff Eidelman après avoir écouté une sélection de ses musiques pour le film « Leap of Faith ». Townsend révéla ainsi qu’il était lui-même un passionné de musique de film et qu’il souhaitait un grand score symphonique pour son film, dans la plus pure tradition du genre, indépendamment des chansons hip-hop du film. Pour concevoir sa partition pour « The Meteor Man », Cliff Eidelman s’est ainsi basé sur des modèles musicaux évidents, et notamment les travaux de John Williams ou d’Alan Silvestri, « Back to the Future » ayant manifestement servi de source d’inspiration pour la musique d’Eidelman. Dès la première écoute, on est frappé ici par la puissance et l’ampleur du travail d’Eidelman dans le film, dans la continuité des grandes musiques d’aventure des années 90, porté par l’interprétation sans faille des musiciens du Twentieth Century Fox Scoring Stage. Pour Eidelman, l’objectif était clair : livrer une vraie musique de super-héros avec son lot d’exploits et d’héroïsme musical dans la plus pure tradition du genre. Le « Main Title » pose les bases avec une ouverture mystérieuse portée par les bois, les cuivres, les cordes et des choeurs synthétiques. A 1:15, le thème principal est dévoilé, prenant l’apparence d’une superbe fanfare héroïque associée à Meteor Man dans le film.

« Ain’t Crossing Street » nous présente le motif de 5 notes plus sombre et menaçant du gang des Golden Lords, lorsque Jeffrey rencontre les malfrats dans la rue au début du film. On notera ici le rôle des cordes, des timbales et du piano suggérant un sentiment de danger qui évoque à la fois Michael Kamen et Alan Silvestri. « Initiation » apporte quelques dissonances avant un premier motif clé à 1:00, un thème d’action dominé par ses cordes turbulentes, ses ponctuations cuivrées et ses timbales martelées – qui s’avère en réalité basé sur le motif des Golden Lords - On notera ici la richesse des orchestrations et l’opulence de l’écriture symphonique d’Eidelman (l’emploi du xylophone et des rythmes martelés fait irrémédiablement penser à Silvestri !), dans la continuité de son travail sur « Star Trek VI : the Undiscovered Country ». Le ton monte d’un cran dans « Meteor Strikes » où le compositeur suggère un sentiment de panique lorsque Jefferson est touché par le météore au début du film. L’orchestre s’en donne ici à coeur joie, avec ses cordes déchaînées et ses ponctuations agressives de cuivres/timbales, dans une ambiance assez terrifiante et sombre. Les choeurs synthétiques mystérieux reviennent ici pour suggérer l’état pitoyable dans lequel se retrouve Jefferson après avoir été frappé par le météore. Et le héros renaît enfin dans « Jefferson Reed » où le thème principal de la fanfare est repris en grande pompe avec ses 5 premières notes aisément reconnaissables.

On devine un semblant d’humour dans le très mickey-mousing « Stromburg Theory » pour la scène à l’hôpital qui vire totalement à la comédie, tandis que « Offensive Plan » reprend le motif des Golden Lords de manière menaçante et sournoise, incluant quelques éléments synthétiques rappelant le « Back to the Future » d’Alan Silvestri. « Jet Magazine » reprend les éléments mickey-mousing de « Stromburg Theory », mais le score se distingue surtout lors de ses moments d’action ou ses grands morceaux de bravoure comme « X-Ray Vision » alors que Jefferson/Meteor Man découvre et maîtrise ses nouveaux pouvoirs. Idem pour « Jeff Protects Dad » où l’on retrouve des variantes du motif des Golden Lords, au moment où Jefferson sauve son père d’une attaque du gang en pleine rue, avec un nouveau morceau d’action excitant et déchaîné. Le motif du gang revient ensuite dans le sombre « Something’s Coming », avec le motif d’action et une superbe envolée du thème principal à 0:55, qui rappelle le « Silverado » de Bruce Broughton. Eidelman ne fait d’ailleurs rien pour cacher ses inspirations et va même jusqu’à citer un passage du « Back to the Future » de Silvestri à 1:16. La musique s’apaise le temps d’un « Mrs. Walker » plus mélancolique et dramatique dominé par les cordes, les bois, la harpe, le piano et quelques synthés, morceau plus touchant rappelant le style lyrique habituel de Cliff Eidelman. Le thème principal de Meteor Man est dévoilé dans son intégralité dans « Off to Work », alors que Jefferson décide de nettoyer les rues de son quartier et de ramener la paix dans son voisinage. « Off to Work » est l’un des moments fort de « The Meteor Man », car malgré la courte durée du morceau, la reprise triomphante de la fanfare principale est un pur bonheur pour les amateurs de musique de super-héros !

Idem pour « Cleaning Up the Hood » qui prolonge l’esprit de « Off to Work », entrecoupé de cuivres musclés et d’envolées héroïques old school. Inversement, « Slinky’s Like Life » s’avère beaucoup plus sombre et menaçant dans son emploi des cordes. « The Imposter » évoque la scène où Michael (Eddie Griffin), le meilleur ami de Jefferson, décide de se faire passer pour Meteor Man avant de se retrouver traqué par des malfrats dans le centre commercial, qui le prennent pour le vrai Meteor Man. Eidelman se fait ici plaisir et nous offrir un nouveau morceau d’action tonitruant et excitant, servi par une écriture très colorée et une utilisation remarquable des percussions (timbales, caisse claire, cymbales, toms) et des cuivres. « Jeff Catches Bullets » conclut cette scène avec un énième déchaînement orchestral en règle. Idem pour « Forced Entry » et ses ponctuations de cuivres/timbales belliqueuses. Si le mélancolique « Jeff Says He’ll Leave » tente de calmer le jeu alors que Jefferson annonce qu’il veut mettre fin à ses activités de super-héros et quitter le quartier, les 6 minutes explosives de « Double-Cross » nous amènent vers l’intense bataille finale dans le quartier, opposant Meteor Man et ses proches aux troupes de Simon Caine et ses Golden Lords. Le morceau s’avère à la fois dramatique et belliqueux, opposant le thème principal au motif du gang. Le morceau s’achève par ailleurs sur la trompette majestueuse de l’incontournable Malcolm McNab qui rappelle, par son jeu particulier, le style des musiques afro-américaines du passé. « Meteor Spill » illustre le duel entre Jefferson et Simon à travers l’un des meilleurs morceaux d’action du score, dominé par de superbes envolées de cuivres chevaleresques digne des films de swashbuckling façon Erich Wolfgang Korngold. Le duel s’intensifie dans « Karate Duel » alors que Jefferson et Simon profitent de leurs super-pouvoirs pour apprendre d’une traite les arts martiaux et s’affronter à grand coup de prises de karaté.

« Karate Duel » est un autre morceau d’action-clé du score, Eidelman maintenant un sentiment d’excitation durant les 4 minutes de la scène, parsemées de clins d’oeil musicaux évidents (notamment à Alan Silvestri, Michael Kamen et John Williams) et de grands moments de bravoure. « Oh No Ellington » développe le motif des Golden Lords qui prend ici une certaine ampleur à travers le jeu des cuivres pour la scène de la mort du chien de Jefferson. L’excellent « Ultimate Hero » apporte quand à lui un pur sentiment d’héroïsme et de triomphe en imitant clairement le style des marches du « Superman » de John Williams, alors que Meteor Man reprend enfin le dessus au cours de la bataille. « Bloods and Crips Unite » nous amène au crépuscule de la bataille finale alors que les deux anciens gangs rivaux s’unissent à Jefferson et ses proches pour combattre Simon et ses troupes dans la rue. Eidelman dévoile ici de nouvelles marches guerrières et intensifie l’action avec des fanfares triomphantes et épiques résolument old school et fort plaisantes à l’écran, où la musique parvient à gagner en puissance et en intensité au cours de ces 20 dernières minutes explosives – à noter que le final triomphant de « Bloods and Crips Unite » fait parfois penser à Robert Folk ! –

Cliff Eidelman nous offre donc avec « The Meteor Man » une superbe partition d’action dans la tradition des grandes musiques d’aventure des années 80/90. S’inspirant de modèles musicaux évidents (Silvestri, Williams, Kamen, Korngold, etc.), Eidelman use des formules musicales typiques des musiques de films de super-héros d’antan et livre pour « The Meteor Man » un score symphonique très classique d’esprit, vif et coloré, usant de ses références pour mieux atteindre son objectif dans le film, où la musique ne cesse de gagner en puissance jusqu’aux 20 dernières minutes résolument épiques, héroïques et démesurées. Longtemps restée inédite en CD, la musique de « The Meteor Man » peut enfin être appréciée dans son intégralité grâce à l’excellent album publié par Intrada en 2014, présentant le score de Cliff Eidelman dans l’ordre chronologique incluant quelques morceaux plus courts placés en fin d’album et quelques alternés. Les fans des scores d’aventure des années 80/90 devraient donc vivement apprécier « The Meteor Man », même si l’ensemble reste peu original et s’inspire massivement d’autres compositeurs de l’époque.




---Quentin Billard