1-Rocking Europe From
The North Sea 0.08*
2-Cum On Feel The Noize 4.31**
3-Opening Titles 2.28
4-Start With The Individual 0.40
5-Meet Evey 1.11
6-David Q 0.59
7-Jane Relocates 1.41
8-Flower Scene 0.46
9-Evey Burning 1.44
10-319, Music Radio 0.07*
11-Telegram Sam 3.44***
12-Not Scientific Proof 1.39
13-Jane Gets Electrocuted 1.33
14-Bathtub Attack 2.50
15-Cult of Lilitu 1.38
16-Harry and Kristina's Death 2.15
17-Brian Rescues Jane 4.25
18-The Quiet Ones 1.47
19-From A Point At Sea 0.18*
20-Silver Machine 4.44+

*Radio Caroline Jingle
**Interprété par Slade
Ecrit par Neville Holder
et James Lea
***Interprété par T.Rex
Ecrit par Marc Bolan
+Interprété par Steven Roth
Ecrit par Robert Calvert
et Dave Brock.

Musique  composée par:

Lucas Vidal

Editeur:

Varèse Sarabande 302 067 270 8

Musique interprétée par:
Lucas Vidal
Producteurs exécutifs pour
Varèse Sarabande:
Cary E. Mansfield,
Bryon Davis, Bill Pitzonka

Programmation musique électronique:
Peter Brown
Producteur exécutif musique:
Steve Dzialowski
Mixage score:
Steve Kempster
Supervision musique:
Andy Ross
Coordinateur musique:
Nate Underkuffler
Music business and
legal executive:
Charles M. Barsamian
Music clearance and licensing:
Chris Piccaro

Artwork and pictures (c) 2014 Tiger Shark Productions Limited. All rights reserved.

Note: **
THE QUIET ONES
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Lucas Vidal
« The Quiet Ones » (Les âmes silencieuses) est un film d’épouvante réalisé par John Pogue et sorti en 2014 – il s’agit d’une nouvelle production du prestigieux studio de la Hammer Film – Il s’agit par ailleurs du tout premier long-métrage que tourne John Pogue en tant que réalisateur, l’homme étant alors surtout connu en tant que scénariste pour des films tels que « The Skulls », « Rollerball » ou « Ghost Ship ». Dans « The Quiet Ones », on découvre l’histoire de Joseph Coupland (Jared Harris), un professeur de l’Université d’Oxford connu pour ses méthodes très controversées et peu orthodoxes, et qui décide d’organiser une grande et dangereuse expérience sur une jeune femme nommée Jane Harper (Olivia Cooke). Il est épaulé dans son expérience par trois de ses étudiants : Brian McNeil (Sam Claflin), qui va filmer l’expérience, ainsi que Kristina Dalton (Erin Richards) et Harry Abrams (Rory Fleck-Byrne), qui vont assister le professeur dans toutes ses démarches. Jane Harper est enfermée dans une pièce car elle produit des événements étranges autour d’elle et a été abandonnée très jeune par ses proches. Mais les responsables du financement du projet critiquent ouvertement les méthodes employées par Coupland, obligeant le professeur à changer d’endroit pour continuer son expérience dans une maison isolée de l’autre côté du pays. Le professeur cherche alors à comprendre le mystère d’Evey, une créature à l’apparence d’enfant/poupée que Jane est la seule à voir, et qui incarne toute son énergie négative. Coupland demande alors à Jane de transférer toute cette énergie sombre dans une poupée afin de la détruire et d’éliminer tout le mal qui est en elle. Mais Brian commence à critiquer ouvertement les méthodes de Coupland, reprochant le manque d’éthique dans sa manière de traiter la jeune femme. Au fil des jours, l’expérience devient de plus en plus dangereuse alors que chaque apparition d’Evey devient plus agressive, plus menaçante pour Jane et son entourage, jusqu’au jour où l’entité maléfique décide d’attaquer Coupland et les étudiants. Brian se rend alors à Oxford pour y faire quelques recherches et découvre que le symbole apparu mystérieusement sur Jane est la marque d’une vieille secte qui vénérait un démon sumérien il y a quelques années. Les membres de ce culte dirigé par Evey Dwyer utilisait ainsi une jeune fille aux pouvoirs psychiques développés afin de permettre à leur divinité de naître dans le monde physique. Dès lors, Brian comprend l’horreur de la situation : tandis que Coupland refuse de croire au paranormal et résonne obstinément comme un scientifique rigoureux, Brian, lui, sait que Jane est en réalité possédée par l’esprit démoniaque d’Evey.

« The Quiet Ones » s’inspire de l’affaire de l’expérience de Philip qui se déroula à Toronto en 1972, où un groupe de chercheurs de la Société de Recherche Psychique de Toronto tenta de créer un « fantôme » de toute pièce afin de prouver de manière scientifique la supercherie des séances de spiritisme à travers la manipulation de l’esprit humain. Le film « The Apparition » de Todd Lincoln sorti en 2012 s’inspirait déjà de cette expérience célèbre. John Pogue réalise ainsi un suspense horrifique haletant dans cette nouvelle production de la Hammer tourné trois ans après « The Woman in Black », qui marqua en 2011 le retour du célèbre studio anglais au cinéma. Le film de John Pogue, sorte de relecture modernisée du « The Haunting » de Robert Wise (1963), met en scène un professeur et son groupe d’étudiants qui s’enferment dans un lieu isolé afin de procéder à une expérience dangereuse sur une jeune femme étrange et solitaire. Le film vaut surtout par son ambiance de huis-clos dans laquelle les principaux protagonistes semblent enfermés, une expérience sans issue nourrie par la folie d’un professeur obstiné qui refuse de croire aux théories paranormales malgré les événements étranges et terrifiants qui prennent vie tout autour de lui. Assez habilement, la mise en scène de John Pogue alterne entre un point de vue cinématographique traditionnel et une caméra amateur à la première personne, à la manière des « found footage » que l’on voit régulièrement sur nos écrans depuis le succès de « The Blair Witch Project » en 1999. L’énigme de Jane et de la mystérieuse Evey est largement développée tout au long du récit, à la manière d’un puzzle dont les pièces s’assemblent lentement jusqu’au coup de théâtre final et aux terrifiantes révélations qui feront basculer les dernières minutes du film dans l’apocalypse et l’horreur pure. En alternant les différents formats d’image (l’histoire est censée se dérouler dans les années 70) du format 1.66 aux pellicules 16mm en passant par des fausses images d’archive en 4/3, « The Quiet Ones » s’avère être un film visuellement étonnant, dont le scénario, plutôt classique, s’inspire vaguement des films de possession façon « The Exorcist ». A noter que l’histoire de la jeune femme et de son lien avec une secte qui vénère un démon rappelle curieusement le scénario très similaire du jeu vidéo « Silent Hill » sorti en 1999 (Alessa Gillespie / Jane Harper : même combat ?). Hélas, le film sera boudé par le public à sa sortie en salles en 2014 et passera directement par la case DTV en France, où il sera vendu sous le titre « Les âmes silencieuses ».

La partition musicale du compositeur espagnol Lucas Vidal apporte à son tour une ambiance horrifique et intense au film de John Pogue. Le score est entièrement écrit pour synthétiseurs et interprété par Lucas Vidal lui-même. Le ton est donné dès le « Opening Titles » avec ses sonorités étranges, lugubres et ses voix samplées distordues. Le compositeur travaille ici les sons et élabore un sound design atmosphérique très présent tout au long du film, expérimentant autour de sa palette de sons électroniques en tout genre. Le « Opening Titles » donne le ton du score en imposant une climat atmosphérique et sombre typique de la musique de « The Quiet Ones » - notamment dans l’emploi des voix samplées – « Start With the Individual » prolonge les sons électroniques et crée une ambiance mystérieuse avec un piano vaporeux au début du film, alors que Brian rejoint l’expérience menée par Joseph Coupland. Les voix synthétiques reviennent dans « Meet Evey » pour les premières scènes avec Jane. Les choeurs samplés semblent surgir ici de l’au-delà, une façon pour Lucas Vidal de suggérer l’idée que la jeune femme est probablement habitée par une entité maléfique. Dans « David Q », le musicien espagnol expérimente autour de ses samples, concevant une atmosphère oppressante assez intense dans le film en évacuant toute forme de mélodie conventionnelle. « Jane Relocates » s’inscrit dans la continuité de ces précédents morceaux avec des pulsations métalliques filtrées – à noter la façon dont Vidal retouche les fréquences des sons et joue sur les effets de chorus, de réverbération, d’inversion de phase ou de filtres en tout genre – Les sonorités associées à Jane/Evey reviennent enfin pour rappeler le mystère autour de l’énigmatique Evey.

« Flower Scene » tente de calmer le jeu avec un piano vaporeux sur fond de nappes synthétiques, tandis que « Evey Burning » nous plonge dans un climat angoissant alors que les apparitions d’Evey deviennent de plus en plus inquiétantes dans le film. « Not Scientific Proof » suggère de la même façon une atmosphère étrange et mystérieuse avec ses nappes obscures, tandis que « Jane Gets Electrocuted » évoque les tourments et les blessures de Jane, possédée par Evey. Vidal opte ici pour une approche minimaliste à l’aide de pulsations graves étrangement filtrées, idée reprise dans « Bathtub Attack » où les pulsations semblent s’accélérer étrangement, avec un filtre qui rend les sonorités méconnaissables (notamment dans la façon dont le compositeur a retouché l’attaque des sons et modifié leurs fréquences). On nage ici en pleine atmosphère sonore abstraite, Vidal expérimentant autour d’un sound design basique mais plutôt bien conçu sur les images, et assez surréaliste en écoute isolée. « Cult of Lilitu » évoque les origines d’Evey Dwyer et le culte démoniaque de sa secte qui vénérait un démon sumérien il y a de nombreuses années. La musique devient ici plus menaçante, plus oppressante, avec ses nappes sonores macabres débouchant sur le brutal « Harry and Kristina’s Death » et le retour des voix synthétiques d’Evey. Vidal conçoit ici des sonorités étrangement bourdonnantes et saturées, évoquant la mort d’Harry et Kristina lors de l’attaque de l’entité démoniaque vers la fin du film. « Brian Rescues Jane » s’oriente quand à lui vers une série de nappes sonores latentes et lugubres marquées par le retour des pulsations entêtantes de « Bathtub Attack » alors que Brian s’oppose à Joseph et sauve Jane à la fin du film.

Le score de « The Quiet Ones » s’avère donc être assez particulier et plutôt hermétique, constitué exclusivement d’un sound design électronique moderne dans lequel Lucas Vidal expérimente différentes techniques en programmant ses sons de multiples façons. Le problème, c’est que cette approche très particulière fonctionne parfaitement dans le climat de tension et d’angoisse du film mais ne parvient pas à s’épanouir pleinement en écoute isolée, à tel point que l’on s’interroge vraiment l’utilité d’avoir édité cette musique sur CD. A l’inverse de compositeurs comme Christopher Young, Marco Beltrami ou Joseph Bishara qui parviennent à apporter quelque chose de particulier et d’intéressant à leurs musiques horrifiques les plus expérimentales, Lucas Vidal rate le coche sur « The Quiet Ones » et livre un travail de sound design pas foncièrement mauvais mais d’une platitude étonnante et particulièrement ennuyeux en écoute isolée. C’est d’autant plus regrettable que l’on se serait pourtant attendu à quelque chose de bien plus passionnant étant donné le caractère extrêmement intense et immersif du film de John Pogue. Vidal n’apporte donc rien de bien neuf au film et se contente d’un sound design mollasson et très ordinaire comme on en entend régulièrement de nos jours sur de nombreuses productions horrifiques actuelles. Même les fans de musique d’épouvante risquent fort de piquer du nez à l’écoute de « The Quiet Ones » : dommage !




---Quentin Billard