1-Main Title 1.44
2-Mike Smokes Outside, Pt.1 2.12
3-Placing the Embryo, Pt.1 1.37
4-Placing the Embryo, Pt.2 1.05
5-Workday 0.48
6-Going to Be a Father 2.00
7-Taking Anna Home, Pt.2 0.55
8-Mike Talks to John 3.07
9-Peeping Anna, Pt.1 1.51
10-Yoga 1.03
11-You Are So Lucky 1.28
12-Anna Dresses Up 2.22
13-Peeping John 1.28
14-Anna's Video 1.58
15-Mike Pays a Visit, Pt.2 1.17
16-Stabbing Mike 0.52
17-Anna Takes a Dip 1.04
18-Giving the Case to Todd 1.01
19-She's Dangerous 1.40
20-Rock-a-Bye 1.57
21-Breaking the Table 2.50
22-Never Becomes a Kidnapping 1.05
23-Tracking Down Anna, Pt.1 1.35
24-Tracking Down Anna, Pt.2 1.38
25-The Lakehouse 1.51
26-Anna Sees John and Laura 1.18
27-John Goes To Hospital 0.50
28-Anna Attacks Laura, Pt.1 1.26
29-Anna Attacks Laura, Pt.2 1.03
30-John Has the Baby 0.44
31-Lakehouse Aftermath, Pt.1 1.10
32-Lakehouse Aftermath, Pt.2 1.12

Musique  composée par:

John Frizzell

Editeur:

Madison Gate Records

Score produit par:
John Frizzell
Orchestrations:
Philip Klein
Enregistrement et mix score:
Schuyler Johnson
Orchestre conduit par:
Allan Wilson
Monteurs musique:
Brian Richards, Derek Syverud
Album produit par:
John Frizzell
Direction de la musique
pour Sony Pictures:
Lia Vollack

(c) 2016 Screen Gems/Unique Features. All rights reserved.

Note: **1/2
WHEN THE BOUGH BREAKS
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by John Frizzell
Hollywood semble avoir toujours un thriller ou deux à nous refourguer de temps à autre au cinéma, y compris à une époque où le genre – très prisé dans les années 90 – semble tomber quelque peu en désuétude, la faute à une production saturée, à des scénarios de plus en plus indigents et des moyens bien plus attirants du côté de la télévision. Dans « When the Bough Breaks », le réalisateur Jon Cassar s’intéresse cette fois au sujet très controversé des mères porteuses, thème peu exploité au cinéma américain. John Taylor (Morris Chestnut) et sa femme Laura (Regina Hall) mènent une existence dorée : ils occupent des postes importants dans leurs professions respectives et ont une grande et luxueuse maison, mais le couple n’arrive pas à avoir d’enfant. C’est pourquoi ils décident de faire appel à une mère porteuse en la personne d’Anna Walsh (Jaz Sinclair), une belle et jeune femme de 22 ans. Tout semble aller pour le mieux pour Anna comme pour les Taylor : l’entente est cordiale, chacun aspire au meilleur et tout le monde s’impatiente de voir le bébé naître. Mais les choses se corsent lorsque Mike Mitchell (Theo Rossi), le compagnon violent d’Anna, bat cette dernière et la force à arnaquer les Taylor, l’incitant à garder l’enfant pour elle. Mais au fil des mois, la situation semble évoluer, et Anna commence à nourrir une obsession viscérale pour John, dont elle tombe amoureuse. Après avoir tué son compagnon gênant, Anna commence à entamer un jeu de séduction dangereux avec John, un jeu qui pourrait basculer à tout moment. Avec un scénario à peine digne d’une série TV du dimanche soir, « When the Bough Breaks » a bien du mal à convaincre pleinement. Malgré les bonnes recettes du film à sa sortie en salles en 2016, le long-métrage de Jon Cassar n’a pas convaincu les critiques et une partie du public, la faute à une réalisation d’une platitude incroyable et un scénario ultra prévisible et sans surprise. Rappelons au passage que Jon Cassar est surtout connu pour ses nombreuses réalisations télévisuelles, puisqu’il a tourné des épisodes pour des séries telles que « 24 », « Wicked City », « Nikita », « Revolution », « Person of Interest », « Terra Nova », « The Kennedys », « Profiler » ou bien encore « Fringe ».

« When the Bough Breaks » est par ailleurs son second long-métrage pour le cinéma après le western « Forsaken » tourné en 2015, et clairement, le film semble sortir tout droit d’un programme télévisé que l’on peut parfois apercevoir certains après-midi ou en soirée le week-end. Malgré un casting très réussi – Morris Chestnut, excellent, avec Regina Hall, Jaz Sinclair ou Theo Rossi – le film brasse très vite de l’air, notamment lorsqu’il accumule les situations clichés et les scènes ultra prévisibles, désamorçant tout le suspense qu’il tente maladroitement de mettre en place. C’est d’autant plus regrettable que le thème de la mère porteuse méritait un autre traitement à l’écran. On appréciera malgré tout le malaise qui s’installe pernicieusement tout au long du film, grâce à l’interprétation de la jeune Jaz Sinclair, qui, d’une jeune demoiselle innocente et souriante, se transforme lentement en une femme fatale manipulatrice, véritable veuve noire toxique et hystérique. Par ailleurs, toute la première partie du film s’avère incroyablement gnangnan et peu intéressante, jusqu’aux premières scènes avec le compagnon violent, qui viennent pimenter un peu ce thriller mou du genou – le montage PG-13 édulcoré du film n’arrangeant rien à l’affaire – Dès lors, l’ambiance devient plus pesante et un brin plus intrigante, mais le tout reste trop lisse et trop convenu pour satisfaire pleinement, d’autant que tout semble téléphoné, avec des situations déjà vues maintes fois auparavant. Quand à l’aspect érotique du récit, il reste très suggéré et largement édulcoré (politique habituelle de censure des studios), là où un vrai cinéaste avec un vrai point de vue aurait pu y apporter quelque chose de réellement subversif, à la manière d’un Paul Verhoeven. Prétendre que « When the Bough Breaks » est à côté de la plaque par rapport à son sujet n’est certainement pas exagéré, il y avait vraiment matière à faire quelque chose de bien plus intéressant et ambitieux. Une déception, en somme !

John Frizzell rappelle encore une fois avec « When the Bough Breaks » qu’il est l’éternel compositeur des musiques de thriller, un genre dans lequel il semble enfermé depuis de nombreuses années, à l’instar de son collègue Elia Cmiral. Comme sur tous les précédents films à suspense qu’il met en musique avec une constance et un professionnalisme indiscutable, Frizzell aborde « When the Bough Breaks » sans grande surprise particulière, balisant le terrain à l’aide du traditionnel mélange d’orchestre et d’électronique, suivant les recettes éculées de scores similaires comme « Teaching Mrs. Tingle » (1999), « Stay Alive » (2006), « Whiteout » (2009), « The Roommate » (2011) ou « The Loft » (2014). Le film débute de manière ordinaire avec un « Main Title » plus optimiste et aérien, dévoilant le thème principal du film à l’aide d’un accompagnement enjoué de piano, de synthétiseur et de cordes lumineuses, le calme avant la tempête. La musique évoque dès l’ouverture le bonheur apparent de John et Laura qui vivent une existence dorée et s’apprêtent à se lancer dans leur projet d’enfant. « Mike Smokes Outside » vient pourtant contredire le caractère paisible de l’ouverture à l’aide de cordes et de nappes synthétiques plus ambiguës lorsque le couple rencontre Mike, le compagnon d’Anna. Le traditionnel duo piano/cordes devient ici plus sombre, plus mélancolique, notamment dans l’emploi des nappes électroniques atmosphériques. La musique instaure ici un climat de doute : Mike et Anna sont-ils réellement les personnes qu’ils prétendent être ? John et Laura vont-ils réussir à avoir leur enfant dont il rêve tant depuis si longtemps ? Les préparatifs pour la mère porteuse débutent dans « Placing the Embryo » avec des arpèges de piano plus déterminés et des cordes plus touchantes dans « Placing the Embryo, Pt. 2 ».

« Workday » évoque le quotidien du travail de John à l’aide de rythmes électroniques modernes et d’accords plus optimistes du clavier. « Going To Be A Father » suggère l’enthousiasme de John qui s’apprête à devenir père dans quelques mois. Ici aussi, il y a un sentiment d’espoir et d’enthousiasme touchant dans la musique de Frizzell, qui apporte une légèreté inattendue à ses notes de piano et de cordes staccatos. On pourrait dire de même pour « Taking Anna Home » qui reprend le thème principal de piano et de cordes. Mais « Mike Talks to John » semble rompre le bonheur apparent du couple lorsque Mike commence à révéler son vrai visage et son montre plus menaçant. Frizzell renoue ici avec son style suspense habituel à l’aide d’un sound design plus élaboré aux synthétiseurs et de cordes plus sombres. « Peeping Anna » semble quand à lui plus mélancolique avec son écriture épurée de piano et de cordes – Frizzell choisit volontairement d’écarter les bois de l’orchestre – « You Are So Lucky » reprend les premières notes de piano du thème principal et tente de suggérer l’amitié d’Anna pour le couple John/Laura lorsqu’ils décident de la recueillir chez eux afin qu’elle échappe à la brutalité de son compagnon Mike. Mais encore une fois, rien ne semble acquis et les apparences sont souvent trompeuses. « Anna Dresses Up » illustre la scène où Anna s’habille avec les vêtements de Laura ce qui semble troubler particulièrement John. On appréciera ici la détermination du jeu des cordes, du piano et des éléments électroniques qui paraissent ici plus vifs et énergiques tout en conservant une approche assez minimaliste, notamment à travers le jeu caractéristique du piano, plus mélodique et un brin classique – curieusement, on remarque ici des influences de Danny Elfman dans les sonorités et les harmonies de « Anna Dresses Up » -

« Peeping John » et « Anna’s Video » affirment clairement l’orientation thriller de « When the Bough Breaks » : Anna est bien une psychopathe torturée qui cache son jeu depuis le début aux Taylor et va tenter de séduire John de manière sournoise, jusqu’à menacer gravement l’intégrité de son couple. Le compagnon violent d’Anna revient ensuite dans « Mike Pays A Visit » où Frizzell accentue le sound design et les dissonances dans un registre qui rappelle parfois son travail sur le film « Stay Alive ». « Stabbing Mike » verse quand à lui dans l’horreur pure pour la séquence où Anna poignarde à mort Mike. Frizzell accentue ici la violence de la scène à l’aide de dissonances meurtrières et de sonorités électroniques chaotiques révélant la folie de la jeune femme. On entre ainsi dans le deuxième acte du film avec le lugubre et atmosphérique « Anna Takes a Dip ». « She’s Dangerous » fait monter la tension avec une écriture plus nerveuse des cordes et des rythmes électroniques, sans grande surprise particulière. Plus intéressant, « Rock-a-Bye » permet à Frizzell de détourner le son d’une berceuse de boîte à musique qu’il rend ici plus sournois, étrange et oppressant, un morceau intéressant dans lequel le compositeur de « Alien Resurrection » rappelle son goût pour l’expérimentation. La tension va crescendo dans l’oppressant « Breaking the Table » puis « Tracking Down Anna ». Idem pour « Anna Sees John and Laura » où Frizzell accentue le travail autour des dissonances menaçantes.

« Anna Attacks Laura » illustre la séquence où Anna agresse Laura vers la fin du film. On retrouve ici le style horrifique habituel de John Frizzell dans le jeu brutal, avant-gardiste et dissonant des cordes sur fond de pulsations électroniques déchaînées. Les rythmes plus déterminés de « John Has the Baby » nous amènent quand à eux au dernier acte du film qui débouche sans surprise sur « Lakehouse Aftermath », après la confrontation finale contre la diabolique et perverse Anna. Frizzell conclut alors le récit sur un sentiment de soulagement de paix retrouvée avec un mélange de cordes/piano plus mélancolique et apaisé. « When the Bough Breaks » est donc un énième score à suspense atmosphérique et routinier signé en pilotage automatique par un John Frizzell peu inspiré, qui se contente donc du minimum syndical sur le long-métrage de Jon Cassar. Le compositeur fait ce qu’il sait faire habituellement sans jamais chercher à apporter quoique ce soit de neuf au genre. C’est d’autant plus regrettable que l’on sait pourtant à quel point ce compositeur est capable de faire des choses bien plus ambitieuses et inspirées quand le sujet s’y prête vraiment. Hélas, il est vraiment dommage de constater à quel point John Frizzell gâche son talent sur des films indignes de lui depuis plus de 20 ans déjà, et ce n’est certainement pas sa participation mineure à « When the Bough Breaks » qui viendra contredire ce fait. La musique fait son boulot à l’écran mais reste plutôt ennuyeuse et décevante en écoute isolée. On espère que John Frizzell saura réagir et se dégoter des projets bien plus stimulants à l’avenir, qui lui permettent enfin de retrouver sa fougue créatrice de « Alien Resurrection » !



---Quentin Billard