House

1-Opening Titles 2.34
2-The Abduction 1.38
3-Hey, Rog! 0.43
4-A Fiery Sandywitch 1.54
5-Ding-Bat Attack 2.12
6-2nd Hand 1.16
7-Viet Memories/The Chimney 1.52
8-Big Ben Chase 3.44
9-Cujo, The Racoon 2.16
10-Viet Rescue 1.20
11-"TransparAuntie" 2.03
12-Roger Gets A Hand 1.47
13-Close Shave 1.27

House II : The Second Story

14-Opening Titles 2.15
15-An Alternate Universe 2.15
16-Avast Ye Aztecs 2.23
17-There's A Jungle In There! 1.22
18-"Skulldiggery" 1.51
19-Lookin' For The Varmit
Who Shot My Pa 3.52
20-Arnold The Barbarian 2.08
21-Ptera, Ptera, Ptera 1.25
22-I Love You, Gramps 2.36
23-A Rare Commodity 1.45
24-Finale Grande 2.36
25-End Titles 2.00

Musique  composée par:

Harry Manfredini

Editeur:

Varese Sarabande VCD 47295

Album produit par:
Tom Null
Musique produite par:
Harry Manfredini
Monteur musique:
Jay Alfred Smith
Orchestrations additionnelles:
Arlon Ober

(c) 1985 New World Pictures. All rights reserved.

Note: ***
HOUSE
ORIGINAL MOTION PICTURE SOUNDTRACK
Music composed by Harry Manfredini
« House » est l’un des ces petits classiques du cinéma d’épouvante des années 80 curieusement tombé dans l’oubli au fil du temps mais qui possède un charme assez particulier. Produit par Sean S. Cunningham (l’auteur des premiers « Friday the 13th ») et le pape de la série-B 70/80’s Roger Corman par le biais de son défunt studio New World Pictures, « House » est le troisième long-métrage de Steve Miner, réalisateur américain spécialisé dans les films d’horreur, et auteur de « Friday the 13th Part 2 » (1981) et « Friday the 13th Part III » (1982). Le film raconte l’histoire de Roger Cobb (William Katt), un écrivain en panne d’inspiration, tout juste séparé de sa femme et dont le jeune fils Jimmy a disparu mystérieusement il y a quelques années. Le jour où Roger apprend que sa tante s’est suicidé en se pendant dans sa grande maison, l’écrivain décide de s’y installer pour tenter de prendre un nouveau départ et faire le point sur sa vie. Roger y fait la connaissance de son nouveau voisin un brin curieux, Harold Gorton (George Wendt), et commence à être témoin d’événements étranges qui surviennent dans la maison. Des esprits maléfiques hantent les lieux et commencent à harceler Roger. Luttant avec des fantômes qui pourraient être liés à son passé, Roger décide d’écrire un nouveau roman sur ses souvenirs de la guerre du Viêt-Nam. Mais les manifestations surnaturelles se multiplient, à tel point que Roger est désormais aux bords de la folie. L’écrivain malmené finit enfin par réaliser que ces événements ont un lien avec la disparition de son fils Jimmy et le replongent mystérieusement dans son passé, au Viêt-Nam, où il côtoya un autre soldat américain, Big Ben (Richard Moll), avec lequel il combattit sur le front.

Avec un scénario plutôt malin mélangeant horreur et humour, « House » est une série-B plutôt sympathique et distrayante, un film dont la genèse est assez particulière, puisque le réalisateur Steve Miner devait tourner à l’origine un tout autre film : il était ainsi prévu que le cinéaste réalise une nouvelle version de « Godzilla » en partenariat avec le studio japonais de la Toho sur un scénario de Fred Dekker. Mais le projet tombe finalement à l’eau alors que Miner ne parvient pas à réunir les fonds nécessaires pour concevoir son film – les japonais produiront leur propre « Godzilla 85 » cette année-là – Après l’annulation de « Godzilla », Steve Miner se voit confier un tout nouveau scénario écrit par Fred Dekker, qui l’envoie à Sean S. Cunningham, un producteur/réalisateur que Miner connaît bien puisque les deux hommes ont déjà travaillé ensemble par le passé. Et c’est ainsi que toute l’équipe prévue à l’origine sur « Godzilla » se retrouve finalement à travailler sur « House ». Le film est une variante décalée et atypique des histoires de maison hantée, genre revenu à la mode dans les années 80 depuis le « Poltergeist » de Tobe Hooper/Steven Spielberg en 1982. Mais la vraie bonne idée de « House », c’est de jouer ici la carte de la dérision permanente, sans omettre pour autant l’aspect horrifique et oppressant du récit. Steve Miner conçoit une atmosphère anxiogène à l’intérieur de cette immense demeure qui abrite des esprits maléfiques et toute une galerie de créatures monstrueuses qui vont constamment tourmenter le pauvre Roger Cobb.

A ce sujet, le film n’est guère avare en scènes mémorables : la séquence de l’attaque de l’énorme femme mutante, la scène du monstre qui habite le placard d’une chambre de la maison, la scène où Roger descend dans l’au-delà et se fait attaquer par une étrange créature ailée, la scène de la maison aux bords de la falaise, ou l’attaque finale du soldat zombie dans la maison. « House » ménage son lot de suspense et de frissons avec un délire permanent, oubliant de se prendre trop au sérieux au détour de quelques gags bien amenés, comme cette scène où Roger se déguise en soldat du Viêt-Nam, prépare des caméras dans la chambre pour filmer la créature du placard et court très vite à l’extérieur de la maison en se ridiculisant devant son voisin ébahi – la pause de William Katt en habits de soldat, à genoux et les bras levés vers le ciel pourrait être un pastiche de l’affiche de « Platoon » d’Oliver Stone sorti la même année - Petit succès surprise en 1986, « House » n’aura pas coûté grand chose et rapportera plus de 22 millions de dollars de recette. Le film sera récompensé par le prix de la critique au Festival international du film fantastique d’Avoriaz en 1986 et engendra trois suites, « House II : The Second Story » (1987), « House III : The Horror Show » (1989) et le DTV « House IV » (1992), qui marquera le retour de William Katt dans le rôle de l’écrivain Roger Cobb. Film culte de l’épouvante des années 80, le succès surprise de « House » lancera la mode des comédies horrifiques qui se multiplieront dans les années 80/90, inspirant ainsi des réalisateurs comme Sam Raimi, Larry Cohen, Joe Dante ou Peter Jackson.

La musique de « House » a été confiée sans surprise à Harry Manfredini, compositeur attitré à cette époque des productions Sean S. Cunningham, et qui a déjà travaillé sur les deux précédents films de Steve Miner : « Friday the 13th Part II » et « Friday the 13th Part III ». Le score de « House » s’inscrit ainsi dans l’exacte continuité des précédents travaux de Manfredini, à savoir un mélange hybride entre de l’électronique typique des années 80 et une partie orchestrale assez modeste – compte tenu du budget modéré du film – Plus variée que « Friday the 13th », la musique de « House » suggère aussi bien l’humour du film que les moments de suspense et de terreur, offrant du fil à retordre aux musiciens de l’orchestre au détour de quelques passages cuivrés plus virtuoses et techniques. Le score débute avec le « Opening Titles » qui débute sur un étrange solo de contrebasse accompagné d’un mystérieux motif descendant de synthétiseurs 80’s un peu kitsch. L’électronique nous plonge ici dans une atmosphère de maison hantée typique des musiques d’épouvante de cette décennie. Le morceau alterne assez curieusement entre le duo contrebasse/synthés et des parties plus mélodiques incluant un cor soliste. Dans « The Abduction », Manfredini développe ses orchestrations à l’aide de cordes et de cuivres, dévoilant le thème de cordes associé au petit Jimmy dans le film. Le compositeur illustre la scène du flashback où Roger Cobb se souvient de la disparition de son fils Jimmy près de la piscine. On retrouve ici une écriture plus agressive des cordes avec ponctuations cuivrées et parties synthétiques rappelant clairement « Friday the 13th », dans une ambiance aussi étrange que l’ouverture.

Inversement, « Hey, Rog ! » évoque avec dérision la scène où Roger prépare les pièges dans la maison pour tenter de capturer la créature et s’habille en soldat du vietnam. Le morceau prend ici l’apparence d’une marche militaire cuivrée pseudo-héroïque et non dénuée d’humour. Dans « A Fiery Sandywitch », Manfredini pastiche son style horrifique habituel à l’aide de cuivres vrombissants et criards dans un registre suraigu pour la scène de l’attaque de la créature dans la maison. « Ding-Bat Attack » accompagne la scène où les outils de jardinage attaquent Roger. Manfredini accentue ses effets sonores synthétiques et développe sa palette de sons électroniques renforçant le caractère étrange et cocasse des séquences les plus absurdes du film, sans jamais perdre de vue le second degré constant du métrage de Steve Miner. Le compositeur n’hésite pas à verser ici dans l’expérimentation pure à l’aide de ses sonorités électroniques farfelues pour évoquer la folie de ces scènes saugrenues. Dans « 2nd Hand », Roger doit affronter la main coupée de l’horrible sorcière. Ici aussi, Manfredini parvient à trouver le juste milieu entre le ton horrifique du film et un humour plus irrévérencieux à l’aide d’une utilisation souvent très inventive des synthétiseurs et des couleurs orchestrales. Dans « Viet Memories and The Chimney », l’orchestre s’en donne à coeur joie à l’aide d’envolées symphoniques enragées et déchaînées où les cuivres et les cordes se lancent dans un scherzo totalement débridé et agressif sur fond de percussions agitées. Même chose pour la confrontation avec le zombie de Big Ben dans « Big Ben Chase ». Manfredini nous livre ici un morceau d’action nerveux entièrement accompagné par un ostinato mélodique entêtant de synthétiseurs.

Dans « Cujo, The Racoon », le compositeur évoque la séquence où Roger et Harold tentent de capturer ensemble la créature grotesque qui se cache dans un placard de la maison. Manfredini développe ici les accents militaires plus ironiques de « Hey, Rog ! » tout en faisant monter la tension jusqu’à un nouveau sursaut orchestral terrifiant pour une énième apparition monstrueuse de la créature. Manfredini se montre ici particulièrement inventif dans l’utilisation des synthétiseurs couplés à une partie orchestrale enragée, n’hésitant pas à concevoir d’étranges effets sonores farfelus et inhabituels. Dans « Viet Rescue », on retrouve le thème de Jimmy alors que Roger parvient à retrouver son fils et à le ramener dans le monde des humains. La musique devient ici plus mélodique, plus chaleureuse, exprimant l’une des premières victoires de l’écrivain face aux créatures qui lui pourrissent la vie. Dans « TransparAuntie », le compositeur reprend le thème du « Opening Titles » avec le retour du duo contrebasse/synthés de l’ouverture. « Roger Gets A Hand » parvient à son tour à trouver un juste équilibre entre l’horreur et l’humour avec une écriture très inventive de l’orchestre, sans oublier le retour du motif de cors de « Opening Titles ». Enfin, « Close Shave » rappelle l’extravagance de l’esthétique musicale voulue par Harry Manfredini avec un énième déchaînement orchestral ponctué d’effets sonores synthétiques particulièrement bizarres.

Le compositeur se fait donc plaisir et nous offre une musique plutôt sombre et fantaisiste pour « House », une partition assez inventive sans être foncièrement originale en soi, souvent considérée comme l’un des meilleurs scores du compositeur, à découvrir à travers l’album publié par Varèse Sarabande, incluant le score de « House II : The Second Story ». Harry Manfredini semble se payer du bon temps sur le film de Steve Miner et se prend un peu moins au sérieux que sur « Friday the 13th », avec une bonne dose d’humour et de dérision. Le résultat est assez particulier et devrait séduire les inconditionnels du compositeur et ceux qui apprécient les musiques horrifiques des années 80 et les musiques plus fantaisistes et extravagantes, à l’image du film lui-même. On espère par ailleurs que Varèse Sarabande ressortira un jour une intégrale des partitions musicales d’Harry Manfredini pour la série des « House », qui restent des classiques des musiques d’épouvante des eighties !




---Quentin Billard